tag:blogger.com,1999:blog-6875396476506575652024-03-13T00:58:03.307+01:00Pour dire...chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.comBlogger1122125tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-92229891789702055302024-01-14T09:25:00.008+01:002024-02-02T14:33:42.750+01:00Feeling Good<p> <span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Pardon ! Pardon ! Pardon !</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Chargée comme une mule d’Oia, elle fendait la foule compacte en ce jour maudit pour la sérénité de grand départ. À côté d’elle sa valise, au bout de chaque bras un enfant, leurs sacs sur son dos et pour couronner le tout le sien de sac à dos gonflé comme un noyé accroché sur son ventre… Pardon ! Pardon ! Pardon ! <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">On va le rater c’est sur marmonnait elle. Quai trois, quai trois, voiture douze vous savez un un et un deux… Vite, les enfants, on grimpe et elle tirait sur les bras de ses deux qui semblaient trouver toute cette excitation très amusante. Ce petit équipage énervé est monté voiture douze pile au coup de sifflet des agents de quai, derrière eux la porte s’est refermée, alors le train s’est mis en route. Entassés dans le minuscule espace engoncée des sacs de voyage il lui a fallu monter à l’étage pour trouver leurs trois places. Une fois les sacs sous les sièges, une fois les enfants assis, une fois les jeux, les livres, les revues, les crayons de couleurs, les tablettes sortis enfin tout ce qu’il faut pour qu’un petit se désennuie et surtout, surtout fiche une paix royale aux autres passagers, elle a pu souffler un peu. Elle a cherché dans son sac à main les billets pour les présenter au contrôleur lors de son passage. Une coulée de sueur a glissé le long de sa colonne vertébrale, elle a enfoui ses deux mains dans son sac et n’a rien trouvé de ce qu’elle cherchait Pire, non seulement les billets qu’elle avait glissés dans son portefeuille de cuir rouge avaient disparu mais son portefeuille aussi. Et dedans bien entendu un peu d’argent liquide mais également l’éventail de ses cartes : Identité, bleue, vitale, conduire etc<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Elle n’a plus rien retrouvé. Elle a fait comme on fait tous dans ce cas là, on cherche à se rappeler le dernier moment où l’objet perdu a été aperçu pour la dernière fois. Elle n’a pas retrouvé cet instant là. Ce pouvait être en sortant de la voiture, dans la gare, sur le quai juste avant de monter en train, dans le train, ce pouvait être partout. L’affaire était mal engagée. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et un stress supplémentaire, un. En avait elle besoin ? Si on lui avait demandé, sur qu’elle aurait répondu non, merci.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Après réflexion, elle souhaitait aller à la rencontre du contrôleur et ne pas attendre qu’il déboule dans le wagon. Mais elle ne pouvait pas laisser ses petits seuls, ils allaient se mettre toute la voiture à dos. Alors fumante de colère rentrée, elle a décidé de l’attendre sagement.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il n’a pas tardé. Il est arrivé dans la voiture en appelant un nom. Le sien. Où êtes vous criait-il ! Elle qui détestait se faire remarquer c’était réussi. Alors comme à la maternelle, elle a juste levé le doigt. Le gars à casquette s’est approché, il était flanqué d’une petite dame toute en soixantaine blanche, un large sourire illuminant son visage. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Bonjour Madame, je viens vers vous parce que cette pette dame a retrouvé tous vos papiers et billets par terre sur le quai juste avant de monter. Elle les a ramassés pensant que vous étiez à bord et elle est venue me voir avec. Alors nous venons vous les rendre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Un large sourire de soulagement lui est tombé du plafond, elle s’est avancée vers la dame et l’a enlacée avec des grappes de merci en bouche.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Vous me sortez d’une belle galère vous savez !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Le contrôleur n’en loupait pas une miette. Et vous savez quoi ? A-t-il dit aux deux femmes. Comme Madame n’a eu de cesse de vous retrouver, je lui offre son billet.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Alors dans la voiture, pendant qu’une pluie de confettis multicolores et joyeux dégringolait du plafond, un passager a lancé sur une enceinte wifi Feeling Good par Nina Simone et tous les autres, debout dans les allées, l’ont reprise en choeur en essuyant les premières larmes devant tant de bisounourserie partagée.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">En vrai, si nous étions moins épais, c’est à cet instant que le monde devrait toujours ressembler.<o:p></o:p></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-46464822246960052052024-01-06T11:36:00.010+01:002024-01-09T09:54:23.585+01:00Chambre trois cent treize<p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Ainsi donc tout, vraiment tout allait s’arrêter là, maintenant ou dans peu de temps un jour ou deux, là maintenant, au plein cœur de ce décembre qui venait à peine de commencer…</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Chambre trois cent treize, je ne crois pourtant pas aux signes, surtout s'ils sont trop évidents, perfusé, drainé, sondé, monitoré, ouvert en deux puis refermé, affalé sur ce lit blanc, vêtu d’une chemise en papier bleu qui n’en faisait qu’à son col, souffrant du ventre, du bas ventre, des fesses, alouette, j’y étais. Au pied du. </span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">J’étais entré la veille par les urgences, j’avais mal depuis deux jours, je pensais à une intoxication alimentaire, un Tartare du vendredi plutôt mal embouché, ou autre chose, au fin fond du lit de la 313 (chambre treize, troisième étage de la clinique secteur viscéral) et j’allais y rester. J’allais mourir. Bientôt. Alors, ici, j’ai eu peur. Une belle peur bien profonde, dense comme une soupe épaisse, je l’ai vue, cette saleté, rôder à l’étage, puis tourner autour de la porte. Et les tout premiers mots qui me sont venus furent : Oh merde pas maintenant, non pas maintenant, j’ai encore quelques trucs à vivre, c’est trop bête on ne meurt pas pour un tartare à moins de lui en avoir fait une belle. J’apprendrais plus tard que ce n’était pas lui la cause de tout ce cirque, mais pour l’instant il avait toutes les faveurs des pronostics et c’est lui qu’on désignait comme le coupable idéal.</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Nous étions jeudi environ, j’avais commencé à avoir mal le samedi matin d’avant, le suspect numéro un avait été avalé le vendredi soir. Toute la journée du samedi, je suis resté à moitié couché en me tordant en deux. Des douleurs par vagues, insistantes de plus en plus fréquentes. Des intestins déréglés comme un marché argentin, des envies de vomir, des allers retours aux toilettes. Bref, le grand inconfort. Avec ça nous étions samedi soir, fin des consultations, ce sera pour lundi maintenant mais ça va s’arranger, ça va passer, je ne vais pas continuer à avoir mal ainsi. Erreur. Le dimanche même ambiance. Je suis allé faire deux courses en voiture chez Leroy, j’aurais mieux fait de pas mais je voulais détourner un peu l’attention de la douleur, parfois ça fonctionne… Pas cette fois, je me suis vite recouché. J’ai appelé le lundi matin. J’ai eu un rendez vous le lundi dans l’après midi. La médecine m’a prescrit une analyse de sang que je suis allé faire de suite. Elle m’a rappelé en fin de soirée. Les analyses ne sont pas bonnes Cricri, il y a beaucoup trop de blanc pour que ce soit honnête, je serais vous j’irais aux urgences. D’ac doc, j’irai demain, à l’aube.</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Le lendemain, j’ai avalé vite fait mon café, il avait un goût bizarre et je suis parti en voiture vers l’hosto le plus proche avec une gentille lettre de ma médecine traitante expliquant ma venue. J’y étais vers les neuf heures. Une fois ma lettre remise on m’a déshabillé, puis allongé sur un brancard dans un hall avec d’autres, des tas d’autres entassés, qui se tordaient plus ou moins de douleur. Un vieux qui n’avait plus toute sa tête nous en faisait entendre de toutes les couleurs. Avec sa grosse voix et son accent, il passait de la supplique à l’insulte avec une dextérité de jongleur coréen. Après l’avoir attaché à son brancard, ils ont fini par le piquer pour l’endormir. Ça a fait un bien fou à tout le monde. Vers dix huit heures on m’a emmené au scanner. Une heure après j’ai vu un type se pencher sur moi. Il m’a juste dit : Bonjour, je suis chirurgien, je vous opère dans une heure. Du ventre ? J’ai supposé.</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Il faut prévenir chez moi, je suis parti ce matin en pensant revenir dans la journée. Nous allons le faire m’a-t-on dit. Oui faites le parce que sinon, je les connais ils vont s’inquiéter et ils n’auront pas tout à fait tort… La batterie de mon téléphone était à zéro et je n’avais pas de chargeur, j’étais coincé, je ne pouvais pas le faire moi.</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Une heure après un anesthésiste jovial me saluait. Eux, je préférais les voir au réveil. Une heure dix plus tard j’étais enfermé dans un sommeil profond. </span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Ils en ont profité pour m’ouvrir en deux vaquer à leurs occupations, nettoyer la zone, réparer les fuites, suturer les trous comme ceux d'une vieille chambre à air, vérifier qu'on ait rien oublié, prélever, refermer, recoudre, perfuser sonder, drainer. L’affaire était entendue, J’avais eu comme le dormeur du val trois trous rouges au colon droit.</span><span style="font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Seulement, moi, je m’étais réveillé. Dans un semi brouillard, j'ai vu passer un gars très élégant avec une grosse écharpe colorée et des lunettes rouges: Je suis l'associé du chirurgien qui vous a opéré, alors vous avez bien failli repartir dans une caisse en bois, vous savez, vous avez eu chaud... Sinon tout va bien? Et sans attendre une réponse, cette pointure psychologue a disparu dans un courant d'air glacial...</span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">C’est seulement après sa visite que j’ai pensé que, cette fois, j’allais mourir. Et j'ai eu peur. Une peur dense, animale, fiévreuse, irraisonnable. Une peur qui nous rend différent quand elle nous quitte. Je ne le savais pas encore mais je n'allais plus être le même gars.</span><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10pt; line-height: 20px;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 10pt; line-height: 20px;">Désormais, je faisais partie de l'équipe de ceux qui l'ont vue de près.</span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-53849105866491084992023-06-12T13:46:00.013+02:002023-06-13T21:48:25.106+02:00Tout au long.<p> <span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Ils se connaissaient depuis si longtemps que même la belle lurette ne se souvenait plus vraiment comment ils s’étaient rencontrés. Et, dans le groupe actuel il y avait eu aussi,</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">le temps oblige, des connaissances croisées. Oui, un peu comme dans le vide quand les étoiles qui se reconnaissent se tournent autour et se serrent.</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Certains s’étaient connus tout jeunes gens puis, le cercle, avec les années, s’était peu à peu agrandi. En revanche son diamètre avait très peu diminué. Les rares qui s’étaient éloignés ne se le devaient qu’à eux mêmes.</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Eux, ceux qui étaient restés avaient, en plus de la fidélité, le talent de faire de la place aux nouveaux arrivants, de sortir une chaise ou un verre pour ceux qui les rejoignaient. Ils avaient souvent ce mot simple à la bouche : Bienvenue. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Les années passant, ils se connaissaient comme s’ils se respiraient et ils acceptaient volontiers les défauts de chacun. Parfois, ils se chambraient un peu mais ça restait bienveillant. C’était une belle qualité. Ils connaissaient tous cette phrase de Hubbard et la trouvait juste: Un ami c'est quelqu'un qui sait tout de toi et qui t'aime quand même.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">À cause de cette fidelité, ils essayaient toujours de se retrouver pour quelques jours dans l’année, peu importait où, ce sont les retrouvailles qui comptaient. Si l’envie de se revoir les prenait, ce n’était pas parce qu’ils devaient, ou parce qu’il fallait ou parce que ça faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vu ou je ne sais quoi, c’est simplement parce qu’à l'idée, ils en éprouvaient du plaisir. Celui d’être ensemble, de se voir et de se parler, de rire et parfois de chanter, de s’asseoir à table et la chose la plus précieuse au monde : Partager du temps. Cette année, ils s’étaient revus mais dans des circonstances telles qu’ils auraient sans doute préféré que ça n’arrive pas. Deux fois presque coup sur coup et pour être des coups c’en était des violents, pour accompagner le définitif départ de deux d’entre eux. Avec le premier qui était parti il y a quelques années maintenant, ils en avaient maintenant perdu trois. Et le chagrin qu’ils en avaient ressenti était à la mesure de leur affection. La douleur de l’absence rend ceux qui ne sont plus là parfois si présents qu’elle est difficile à supporter. Quoiqu’on fasse, où qu’on aille on se heurte à ce mur de l’absence. Et la peine revient. Immanquablement<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Malgré ces chagrins répétés, certains avaient eu la volonté de se réunir. Les autres avaient accepté. Avec envie et aussi un peu de crainte.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ils devaient se retrouver, les quatorze, un dimanche soir dans un petit village de la Haute Vallée du Verdon. Ils y étaient venus souvent ensemble. Depuis longtemps. Ils aimaient l’endroit mais ils auraient tout aussi bien pu aller ailleurs. Ils avaient même emmené les très rares qui avaient été vraiment physiquement empêchés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Le premier soir, après les retrouvailles, les nouvelles données, si certains se voyaient souvent, d’autres ne se se voyaient guère, l’un d’entre eux avait tenu à prendre la parole pour dire quelques mots mais le chagrin qui a déboulé les a enfermés dans sa bouche, c’est un autre qui avait pris le relais. Avec eux, il y en avait toujours un pour le prendre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Le lendemain un d’entre eux était arrivé pour les rejoindre et passer quelques heures avec eux. Il connaissait la montagne mieux que le fond de sa poche et au cours des balades il leur avait donné des clés pour la comprendre et l’aimer encore davantage. Ils avaient fait deux groupes et s’étaient donné rendez vous pour manger ensemble au plein milieu d’un champ de boutons d’or bordé de framboises sauvages. Un bel endroit pour se passer du baume sur le coeur. Puis ils étaient redescendus pour faire quelques parties de boules. Le prétexte à encore parler, parler et parler. Et si, pour ça, certains étaient moins doués que d’autres ceux qui étaient à l’aise le faisaient pour quatre.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Le deuxième jour, ils étaient montés au lac. Ici, on disait le lac. Il avait un nom mais les gens d’ici ne le prononçaient pas. Quand on parlait du lac on savait de quel lac il s’agissait. Pourtant le coin n’était pas avare en lacs. Il y en avait un moulon mais celui là on ne l’appelait pas et quand on l’avait vu une fois, on s’en souvenait. Avant d’y arriver ils avaient traversé des champs de marmottes qui les signalaient de leurs sifflets si reconnaissables. Chacun avaient eu des pensées pour les absents mais sans le dire pour ne pas alourdir l’instant.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Le soir un cavaleur de sommets avait apporté des images merveilleuses de ce monde, </span><span style="font-family: Verdana;">désormais en danger,</span><span style="font-family: Verdana;"> </span><span style="font-family: Verdana;">qu’il avait prises lors de ses escapades</span><span style="font-family: Verdana;">. Un nettoyage au dacryosérum parfait. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ensuite, ils ont passé trois jours ensemble à tantôt se mettre de la pommade, cicatrisante tantôt à s’ouvrir un peu la plaie à l’opinel du cœur : le souvenir. Puis est venu le moment de se séparer. Ils se sont bien embrassés en se disant merci, à bientôt, portez vous bien, veillez sur vous, on se voit bientôt…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">En vrai, pendant tout ce séjour suspendu, les quatorze n’étaient pas quatorze. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">En vrai, sans trop s’étendre, sans trop en parler entre eux pour ne pas souffler sur les braises vives, pour que le chagrin de les submerge pas trop, en vrai, ils étaient dix sept, voire bien davantage tant il est vrai qu'</span><span style="font-family: Verdana;">à partir d'un certain âge on ne sort plus sans ses absents.</span><span style="font-family: Verdana;"> </span><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Tout au long des jours qui nous restent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdNU7XGzyM3rFKrPycbxVEQ2HIzh89TaRfNjfDMljO4AXKnZ9wYnN1fEjdLiFvzNAxIIGqcqePPnAQUBKyzytuSCtToWhlLBhXkqTjfa2N0dvApDzV2i13ntJndG66ZFLIf3CVSMAXzIHwRAok2xsSxZGP82ELS-IHNOFEHYyMb_CIc5EvC6pemg/s4032/IMG_5683.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="376" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjdNU7XGzyM3rFKrPycbxVEQ2HIzh89TaRfNjfDMljO4AXKnZ9wYnN1fEjdLiFvzNAxIIGqcqePPnAQUBKyzytuSCtToWhlLBhXkqTjfa2N0dvApDzV2i13ntJndG66ZFLIf3CVSMAXzIHwRAok2xsSxZGP82ELS-IHNOFEHYyMb_CIc5EvC6pemg/w318-h376/IMG_5683.jpg" width="318" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-81045837841160631932023-04-24T14:52:00.008+02:002023-04-24T21:58:41.906+02:00Soir d'été<p> <span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Avant de monter là-haut, ils n’y étaient attendus qu’en début de soirée, ils avaient fait un détour par la rivière. Dans le coin, c’était une visite inévitable. Quand on venait ou bien même quand on revenait dans le pays, on se devait de passer lui dire bonjour, lui faire un petit signe, une vague courbette, un égard rendu et parfois davantage si la magie opérait. On jetait un œil, on lui montrait qu’on l’avait regardée et basta. C’était un peu au dessus de la politesse, presque une obligation. Elle opérait souvent, la magie.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il faut voir ça lui avait-il dit, on se doit d’y passer. Elle avait été d’accord pour le suivre. Tu verras, elle est magnifique mais quand même un peu froide avait-il ajouté, ne t’attend pas à du confortable. Froide comment ? C’est de l’eau qui remonte d’un gouffre enfoui et qui semble mordre comme un chien fou les mollets et qui va ne plus te les lâcher. Tes jambes, si tu les trempes devraient s’en souvenir. Généralement on se souvient de cette première rencontre, puis si l’on revient régulièrement on s’habitue. Même d’une année sur l’autre comme si le corps gardait la mémoire de la sensation, comme on reprend la conversation là où elle s’était arrêtée avec un ami qu’on ne voit pas très souvent. Ça tombe bien je suis venu m’offrir de jolis souvenirs a-t-elle dit. Une fois sur sa rive, après s’être extasiée comme il fallait devant sa transparence, sa clarté et le doux chant de sa course sur les pierres visibles, elle avait remonté très haut sa jupe longue et elle était descendue par les trois marches de l’escalier de larges pierres. Comme prévue, ses mollets avaient été largement mordus, saisis, agrippés. Elle avait suffoqué en s’avançant de quelques pas, mais elle était entrée volontiers dans le froid. Elle avait même fait quelques pas dans la presque glace sans dire un mot, juste en acquiescant : Ah oui elle est bien bien fraiche, tu n’as pas menti. Mais quelle beauté. Je ne te le fais pas dire. Ils étaient ensuite restés de longues minutes à écouter sa mélodie joyeuse et courante. Ses mollets et ses cuisses avaient eu le temps de dérougir, de récupérer leur couleur habituelle. Je ne sens plus mes jambes avait-elle affirmé à plusieurs reprises. C’est bien comme ça elles ne te sont plus douloureuses. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis comme le soleil descendait, comme leurs ombres s’allongeaient pour atteindre maintenant le milieu du lit courant, ils avaient remis leurs chaussures, ils s’étaient levés et ils avaient regagné leur véhicule. C’est qu’avant d’arriver là-haut, ils avaient encore une bonne partie du pays à traverser. Ils allaient le faire à la meilleure heure. Le soleil commençait à préparer sa couche, il semblait enflammer de ses rayons les cimes des arbres, dans le creux des vallons le noir s’était déjà presque tapi. Les pierres blanches des villages traversés prenaient des teintes orangées C’était d’une beauté si extraordinaire qu’un Alzheimer vigoureux avait du souci à se faire avant qu’on ne se souvienne plus d’y avoir passé fût-ce une seule soirée. Après le dernier village parcouru, ils avaient encore une belle route, puis un chemin de pierres et de poussière, à faire dans le cœur de colline et plus ils montaient plus ils récupéraient de la lumière. Ils ont fini par garer leur engin presque au sommet sur un vaste parking à peine indiqué.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">La bâtisse était un peu en contre bas du chemin et le soleil l’illuminait des mille derniers feux du jour. Ils ont emprunté le chemin qui y menait, et après avoir fait le tour du propriétaire, ils se sont installés à une solide et rustique table de bois sur le devant les vieux murs de pierres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il n’y avait pas de carte, juste un menu à prendre ou à laisser. Comme ils étaient venus pour prendre, bien leur en a pris. C’était aussi bon que beau.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Vers le dessert on leur a apporté des plaids de laine chaude. Une fois le soleil couché, il s’était mis à fraîchir. L’altitude ? On leur avait proposé de rentrer mais ils n’ont pas souhaité bouger. Quelques bougies éclairaient maintenant leur table. Ils étaient bien dehors, d’autant qu’avec l’humidité du soir l’air sentait un joli mariage : chèvres et maquis. Dissimulés par l’obscurité, ils ont fini en léchant les assiettes…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Puis ils sont allés payer et ils sont remontés dans leur engin.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Au-dessus de leurs têtes, assez loin d’eux mais ça paraissait si proche, les étoiles s’étaient mises à scintiller comme de fausses bougies d’anniversaires qui ne s’éteignent jamais. Le noir n’était que scintillements, comme s’il était habité.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">La nuit s’annonçait courte mais belle.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ils se sont doutés qu'ils feraient comme la chèvre de l’autre là, avec sa mauvaise rencontre, ils ne se laisseraient vaincre par le sommeil qu’une fois les premières lueurs de l’Est apparues.</span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-1290460485868985452023-04-16T08:58:00.009+02:002023-04-28T20:31:06.025+02:00Du milieu du Pacifique Ocean<p> <span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 14pt; text-align: justify;">Alchimer Journal de bord Extrait.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic";">J+6 Avril 2023<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 10.5pt; line-height: 21px;"><br /></span><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le soir tombe, un an et quatre mois d'escale, nous partons. Longtemps le halo d'Auckland fera tache dans la nuit. J'ai aimé cette ville, ses arbres surtout. J'aime ce pays, J’aime ce pays parce que la nature est encore forte, les rivières y ont des droits, des consciences veillent, malgré les traîtrises et le mépris par endroits. Ce pays parce que nous y avons trouvé le lieu et les personnes pour Alchimer. Ce pays parce qu'il est la possibilité d'un départ autrement, qu'il est une île, et qu'une île, c'est une route avec la mer au bout. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Cinq longs bords de près pendant la nuit furent la condition pour pointer l'étrave plein Est le premier avril à sept heures à la sortie du golfe Hauraki, face au large et ses deux mille sept cent milles de Pacifique jusqu'à Tahiti. Trois à quatre semaines de mer. À peu près l'équivalent d'une traversée de l'Atlantique, sur une route moins bien pavée. Les deux 1er jours sont lents ; vents modérés à faibles, comme prévus sur le grib météo. Je m'étais dit qu'une entrée en matière en douceur valait mieux, avant de rejoindre le flux Sud Ouest -assez soutenu, mais favorable- d'une dépression passant dans le sud de la Nouvelle Zélande. Nous y sommes le troisième jour. Le vent monte, notre vitesse aussi. Notre cap est choisi en fonction d'une nouvelle donnée dans le dernier bulletin : une dépression est en formation dans le nord de la NZ, côté mer de Tasman. Sa trajectoire croiserait notre route d'ici six jours. À confirmer, car ces choses évoluent, ce n'est qu'à trois jours que la prévision devient fiable. Dilemme : - ralentir pour la laisser passer, au risque de fort vents contraires dans son sud ; <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">- la contourner plein nord par sa gauche, mais se retrouver près des Kermadec, une chaîne de montagnes sous marine posée à neuf mille mètres de fond et montant ses sommets à cent vingt mètres de la surface, quarante deux mètres pour le plus haut... une zone où la houle lâche des déferlantes infréquentables par mauvais temps.- calculer et tenter un point de rencontre pour traverser la dépression à l'endroit le plus maniable. Elle n'est pas très creuse, sa vitesse est constante, son environnement est clair ; nos conditions actuelles se maintiendront en piquant un peu vers le sud. On adaptera. C'est jouable. Les fichiers météo ("grib" dans le jargon) confirmeront. Et aussi qu'il faudra approcher des quarantièmes de latitude sud. Ça donnera peu de sommeil, mais quelques belles journées dans une mer dopée de ses vingt cinq / trente nœuds de vent ; à filer sous voilure réduite par monts et vallées, écumantes souvent, grisantes toujours. Jusqu'à ce fameux matin. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Une aube un peu pâle, je me mets à la barre pour prendre le pouls du jour. Et là, sur mon tribord, comme au ralenti, il apparait, le géant, le maître-rêve, je le reconnais aussitôt, il a passé tant de temps dans mes sommeils d'apprenti marin, impossible poème mille fois clamé dans le vide des nuages, déployant au vent l'élégance suprême de ses ailes. Pas un battement. Il glisse infiniment, immense, précis, lent presque, tant son vol est coulée permanente. D'une volte soudaine son ventre blanc s'offre aux premières lueurs de l'Est, ses pointes caressent, plume contre écume, le rire vertigineux des vagues. Il vient de si loin, de mers si vastes, de cieux si profonds, à nouer les fils du temps et de l'espace. Peut-être bien que lui aussi me reconnait, il m'ouvre à l'intense symphonie de ses arabesques, il est archer, le vent son violon, l'océan sa voix. C'est mon cœur et mon âme qu'il joue en silence. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Mon Albatros, le sang de mes traverses, plus jamais je ne marcherai vraiment. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je descends dans le carré, Paul, mon équipier se réveille. - Ça y est, Paul ...! <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">- Quoi, la dèp approche ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;">- Non, non je l'ai vu, j'ai vu un albatros. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Bon c'est fait. Arrivée à Moorea. </span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">3150 milles 24 jours. </span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Route parfois cabossée, mais bateau et bonhomme en forme. Juste quelques bricoles standard et heures de sommeil à rattraper. </span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Et p... que c'est bon de l'eau chaude, bleue translucide, avec des poissons dedans !</span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Restera plus qu'à s'y remettre, dans le bain.</span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Et toi ? Le printemps, printanier ?</span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /><span style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;">Embrassade du tropique sud. </span><br style="font-family: CenturyGothic; font-size: 14px; text-align: start;" /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt; line-height: 22px;"> </span></p><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt;">A suivre....</span><div><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt;"><br /></span></div><div><span style="font-family: "Century Gothic"; font-size: 11pt;">Martial Barriel.</span></div>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-75372780850902420152023-03-21T22:17:00.024+01:002023-03-23T14:53:35.494+01:00Neuf cinq six huit <p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">J’étais venu passer quelques jours dans cette banlieue parce qu’on me l’avait demandé. Je n’étais pas en terre inconnue, j’y avais vécu un bon nombre d’années. En vrai, ici, j’étais chez moi. Je savais ce qu’il y avait derrière les immeubles, les maisons, les rues, le quartier. Je</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">connaissais le coin mieux que le fond de mes poches.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis, être demandé ça ne me déplaisait pas, ça me donnait encore un peu l’illusion de pouvoir servir à quelque chose ou quelqu’un. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Là où j’en étais de ma vie, il m’arrivait parfois me sentir vaguement inutile et ce n’était pas toujours une sensation agréable mais c’était ainsi, il valait mieux l’apprendre de bonne heure pour être moins surpris le jour où ça vous tombait dessus et ce jour là venait relativement vite. Il se pointait à la vitesse d’un missile de croisière si je voulais être précis. Toute une partie de l’existence on vous payait pour que vous vous leviez le matin à pas d’heure, pour que vous sortiez de chez vous en zombie défait, pour que traversiez une banlieue livide et sale sous une pluie fine et traversante, pour que vous alliez, six heures par jour dans le meilleur des cas, « officier », fonctionner, bref, travailler et puis un beau jour ou un sinistre jour, c’est selon, on vous paie encore, certes un peu moins, mais pour exactement le contraire. C’est à dire que désormais on vous paye pour que vous restiez chez vous. Et surtout faites bien ce que vous voulez. C’était la période qui précède la descente finale, le retour à l’écurie, celle qui est avant l’emménagement en Ehpad, autrement dit avant la grande disparition, juste avant la mise en boite définitive et l’envol pour Sagitarius A, enfin dans ce coin là. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Pendant ce temps soit disant béni, vous avez la liberté de faire ce que vous voulez de votre vie mais l’énergie ET surtout les moyens en moins. Je n’arrivais pas encore à savoir quelle période j'allais préférer.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Donc, j’étais venu où on m'avait appelé. De ma campagne. Ici, c’était une banlieue huppée, argentée mais pas si chic. Ici, ce n’était pas Versailles, ni la Vallée de Chevreuse. Ici ce n'était pas l'Ouest parisien mais son opposé. Plein Est. C’était une banlieue plutôt clinquante où l’argent possédé se montrait volontiers aux poignets. (Se montrait au poignet, vous l’avez ?). C’était une banlieue de gros quatre quatre noirs mats, de SUV suédois, de berlines allemandes et de marché du dimanche matin le plus cher d’Europe occidentale. On pouvait trouver des bagues en diamants tombées dans les filets de soles. Voyez le genre. J’avais fini de parcourir les allées pour admirer les étalages des poissonniers, des traiteurs libanais où chaque petite barquette de tarama vous coutait un smic ou un avant bras. J’avais juste regardé. Je n’achetais plus ici depuis que je ne travaillais plus. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis, j’ai eu besoin de retirer du liquide à un distribanque. Il me fallait deux trois billets bleus pour boire un café. Dans mon souvenir, la banque était en face de l’autre côté de l’avenue qui mène à la Marne. Je m’y suis rendu. Une fois mon affaire traitée, j’ai ressenti une présence juste derrière moi, je me suis tourné et j’ai aperçu vite fait une silhouette élancée de femme élégante, couverte d’un manteau de laine rouge, carré rouge autour du cou, terminée en haut par un feutre rouge à larges bords. Le genre de silhouette d’ici en somme. Une presque Geneviève De Fontenay. Elle s’est adressée à moi en me tendant une carte bancaire : "Vous pouvez me sortir des sous s’il vous plait ? Je ne sais pas faire ça, je n’y arrive pas et puis ça m’ennuie." M'a-t-elle dit. J’ai été un peu surpris, elle n’avait pas l’air d'avoir un âge si avancé que ça. Et puis elle a continué sur le ton légèrement autoritaire d'une personne habituée à être obéie ou du moins écoutée : "Sortez moi six cent euros, je ne sais décidément pas me servir de ce truc."<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">La vache ! Six cent euros pour un marché. Il n’était pas donné mais quand même. J’ai glissé sa carte dans la fente et au moment où je lui disais de ne pas me donner son code, au moment où je l’invitais à le taper sur le pavé, je l’ai entendue crier en détachant bien les chiffres: NEUF CINQ SIX HUIT. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">J'ai esquissé un chut bien trop tardif...<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Je les ai entrés dans la machine, </span><span style="font-family: Verdana;">tout en lui disant</span><span style="font-family: Verdana;">: "Madame vous savez, vous ne devriez pas faire ça, vous avez de la chance d’être tombé sur moi..."</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Là, </span><span style="font-family: Verdana;">douze billets de cinquante sont apparus, et, en vrai, ma sainte honnêteté a légèrement vaciller, il m'est venu de grosses envies de cavalcade opportune... En main, j’avais sa carte, son code, et déjà six cent balles, autant dire un bon début de dimanche… Une petite accélération, un tour de paté de maison et</span><span style="font-family: Verdana;"> l'affaire était dans le sac, les carottes cuites, la messe dite et le marché conclu. Avec son allure et ses talons hauts elle n’était pas du genre à courir bien longtemps. Pendant une nano seconde, je me suis vu changer de voiture en payant cash en carte avec une carte que je n’avais pas volée, qu’on m’avait remise en mains propres… Je changeais mon vieil ordi de dix ans, je me payais un Leica M6, un billet de première pour Hiva Oa et deux trois autres trucs. J</span><span style="font-family: Verdana;">e me suis dit que p</span><span style="font-family: Verdana;">our sortir six cent euros comme ça, elle devait en avoir sous le pied...</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Bon Dieu quel dimanche de feu j’allais passer !</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis je suis redescendu, une voix derrière elle a dit : Il a raison le monsieur, vous ne devriez pas faire ça. Elle, hautaine, elle a haussé les épaules en balançant : Il a l’air bien honnête et puis quoi, ce n’est que de l’argent…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">9 5 6 8… <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Plusieurs jours après, je me demande encore: En lui rendant sa carte et ses billets n'ai-je pas totalement foiré mon dimanche? Je t'en foutrais de l'honnêteté! De la bêtise, oui. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"> "Ce n'est pas l'honnêteté qui met des épinards dans le beurre." <o:p></o:p></span><span style="font-family: Verdana;">Comme disait Balkany.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 32px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-52877284339885527232023-01-27T11:55:00.016+01:002023-04-02T17:50:30.282+02:00Pour un peu<p><span style="font-family: verdana;">Dire que tout <span style="text-align: justify;">ne tient à pas grand chose.</span><span style="text-align: justify;"> </span></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Pour un pe</span><span style="font-size: 11pt; line-height: 22px;"><span style="font-family: verdana;">u, j’ai manqué de l’envoyer vers une mort quasi certaine. Pour un peu, on ne le retrouverait que dans quelques jours, recroquevillé sous un rocher, sous un arbre, dans le haut des collines, congelé ou presque, en tous les cas très mal réchauffé, déshydraté, raide de faim ou alors même au printemps prochain qui sait.</span><span style="font-family: Cambria;"><o:p></o:p></span></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’avais décidé de m’aérer, de prendre l’air, de marcher sur ce chemin que je connaissais bien et que j’aimais emprunter entre Le Beaucet et le hameau de Barbarenque. Une route étroite de la largeur d'un véhicule, bordée de chênes, d’oliviers, de cades, de genièvres et, au ras du sol de pierres et de thym sauvage. À la montée on avait une vue large sur le Ventoux à gauche et des anciennes bories à droite. Très très peu de voitures l’empruntaient, le hameau était surtout habité en été et la route ne lui survivait pas.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">À propos de voiture, j’avais laissé la mienne sur le parking du Beaucet. Le mistral qui soufflait depuis plusieurs jours sur la région avait voulu m’embarquer une portière quand j’avais ouvert mais j’avais résisté : Non non ma poule, oui à force de nous fréquenter nous étions devenus familiers, cette porte là j’en ai besoin, j’avais dit. Je la lui avais reprise.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il faisait un froid à ne pas mettre un ours polaire dehors. Grâce au vent déluré qui balayait tout sur son passage, nuages compris, le ciel était bleu électrique, les ruelles et les toits nettoyés. Il n’y avait pas âme qui vive à l’alentour. Une âme résiste à bien des choses mais pas à un froid pareil. À peine pointait-on son nez dehors qu'il était battu, mordu, </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.6667px;">meurtri, </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">griffé, giflé, fouetté. Rougi à vif. C'était le froid d’une armée de gueux. Personne ne s’aventurait dans les ruelles, tout le monde était à l’intérieur calfeutré. Ça se voyait aussi aux fumées qui sortaient à l’horizontale de quelques rares cheminées. Ça crépitait dans les foyers encore habités. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Une fois l’écharpe nouée, le col relevé, la veste de grand froid zippée, j’avais attaqué la montée vers les ruines du château qui dominaient le village. Je les laisserais sur ma gauche et je prendrais la route goudronnée qui monte droit au hameau. La pente était raide et sous les épaisseurs, la chaleur n’a pas tardé à rendre le froid moins insupportable. J’ai traversé le hameau sans rencontrer personne, pas même un inuit perdu. Ici non plus ils n’étaient pas fous. Par ce temps ils restaient dans les igloos. J’ai ensuite emprunté le petit chemin de pierre qui traçait en serpentant vers le sommet de la colline. J’ai marché jusqu’à rencontrer le soleil qui commençait à se coucher et puis j’ai fait demi tour. Je suis repassé dans le hameau toujours aussi vide d’humain. Et vide de tout du reste comme si le froid et le vent avaient tout emporté avec eux. Dans le bleu du ciel, les pies devenaient blanches, les corbeaux, restés noirs auraient claqué des dents s’ils en avaient eues, au sol, les vignes ressemblaient à du bois mort et la terre à une gigantesque plaque d’acier gris.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’est un peu après que je l’ai vu. Il montait sur la route, vers moi. Il était âgé, grand, svelte, le pas décidé. À son approche j’ai vu qu’il n’avait sur lui qu’un petit blouson léger, un pantalon de coton beige, des chaussures de sport et autour du cou une magnifique écharpe bleu ciel. Le tout très élégant. À ma hauteur, avec un accent hollandais chuintant il m’a dit : Bonchour Exquiouse moi Saint Didier c’est par là en me montrant la direction d’où je venais.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’ai été un peu surpris parce que d’ordinaire les hollandais ne mettaient les pieds dans cette région qu’à la belle saison, mais jamais en Janvier ils avaient bien assez de leur froid à eux. Un égaré je me suis dit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’ai réfléchi à propos de sa question puis je lui ai répondu : Bonjour, oui oui c’est par là mais à un moment il vous faudra tourner à droite. Il a dit Merci et il a repris son chemin et moi le mien.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">En continuant de descendre j’ai repensé à sa question. Je m’étais gouré, je l’avais envoyé à l’opposé de l'endroit où il voulait aller.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Oh je ne remonte pas il se débrouillera bien quand il verra son erreur. Oui mais la nuit va tomber, il risque de se perdre et ce n’est pas son blouson qui va le protéger. Oui mais il pourra se mettre à l’abri dans le hameau. Tu parles il faudra qu’il trouve quelqu’un c’est pas gagné...<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Alors j’ai fait demi tour et je lui ai couru après en hurlant : Monsieur hep Monsieur, Monsieur…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Punaise! Il faisait son âge et ses oreilles aussi. Ce n’est qu’arrivé à sa hauteur qu’il s’est retourné.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Haletant, je lui ai expliqué que je m’étais trompé et qu’en vrai je l’avais envoyé à l’opposé de Saint Didier.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">"Oh merci tu sauves moi", il a dit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Mais j’ai failli vous tuer j'ai répondu, coupable comme Judas.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Nous sommes redescendus ensemble jusqu’à la voiture et je lui ai proposé de le ramener jusqu’à Saint Didier. Plus question de le laisser s'égarer dans la nature. Pendant le trajet, j'ai appris avec son accent chuintant qu'il était pensionnaire dans une clinique psy du coin et il n'avait droit qu'à une sortie d’une demi heure dans l’après midi :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">"Je vais faire engueuler moi je suis parte depuis quatre heures, mais à quatre vingt ans je plus un gosse, je me foutre s’ils engueulent moi, le château était si beau. </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Tu sauves moi la vie, je contente de te rencontrer", il faisait comme un mantra.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Sacré twist que la vie proposait. Ça lui ressemblait bien ce genre d'évènement. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il y a des milliers de ponts ténus, de passerelles fragiles, de lines étroites qui permettent d'être très vite d'une rive à l’autre, du rire à la larme, de </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 14.6667px;">l’ombre à la lumière,</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> du verre de rouge à la perfusion, des Baumettes à Matignon, du boulot à l'inaction, du déshonneur à la légion, de l'Amour à la séparation, de la Cour d'Assises au Panthéon et du sauveur à... l'assassin. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Sans rien voir venir ou... si peu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijXFwJepOuJcCuuzgHV6tcS70AWCKidfT5_GBjRl7fx3YdE9ZJCejqrPINN4vvnAjKCelDZdpph6yztDLEmdX9G2lLv10sSoNieIVvgdhMhq6fCYcdhKSm-6plJPuwIDb64UvbuIpLxtUdCEvUMWbuBdnmpX4-OpPS6UYxi-qIYlPSyIx7g6kj0w/s4032/IMG_4881.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijXFwJepOuJcCuuzgHV6tcS70AWCKidfT5_GBjRl7fx3YdE9ZJCejqrPINN4vvnAjKCelDZdpph6yztDLEmdX9G2lLv10sSoNieIVvgdhMhq6fCYcdhKSm-6plJPuwIDb64UvbuIpLxtUdCEvUMWbuBdnmpX4-OpPS6UYxi-qIYlPSyIx7g6kj0w/s320/IMG_4881.jpg" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-70490229751847516432022-12-20T22:50:00.009+01:002022-12-25T22:56:40.811+01:00Une mâchoire.<p> <span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">J’ai une dent contre toi. Une dent? Une seule dent ? </span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Une paire de mâchoires, oui.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Qu’est ce qui te prend à nous enlever les plus droits, les plus intègres, les plus attentionnés, les amis sûrs, ceux dont on se dit celui-là c’est un bon homme, c’est un exemple à suivre. Celui-là, j’aimerais lui ressembler ? Celui-là, sa vie m’importe. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Pourquoi nous l’enlèves tu ? Qu’est ce qui te prends à ne pas vouloir le laisser parmi nous? Tu nous punis de quoi ? Tu le punis de quoi ? D’être trop bon, bienveillant, attentif aux autres, à nous, à ceux qu’il aime ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Que t’ont fait ceux que tu nous les enlèves ? Est ce que ça t’aurait arraché quelque chose si tu les avais laissés, encore un peu, quelques années que nous puissions profiter de leurs qualités, de leur douceur, de leurs attentions, qu’ils nous grandissent encore. Pour que nous puissions rire ensemble, parler, boire des canons, nous regarder avec bienveillance, tendresse et admiration. Surtout notre regard vers vous. Nous les enlever alors qu’ils nous tiraient vers le haut, alors qu’ils nous rendaient meilleurs, par leur simple présence, leurs seule existence, sans en faire des kilotonnes, juste en étant eux mêmes avec leurs sourires lumineux, leurs mots doux et leurs âmes claires.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Tu n’as pas suffisamment de salopards à t’occuper ? Il semble quand même qu’ils soient légions, qu’il en reste un paquet. Je peux te faire une liste si tu veux et crois moi elle sera bien longue, tu auras l'embarras du choix. Mais eux, ceux que tu nous prends ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ceux que tu nous as pris, ceux que tu as choisis, que tu as désignés, que tu as condamnés. Eux, pourquoi eux ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il y a quelques années déjà tu nous avais fait ce sale coup et là, tu recommences. Qu’est ce que c’est que cet acharnement? D’où te vient-il ? Implacablement stupide. Ce besoin de faire tout ce mal, de faire naître tout ce chagrin<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Du reste : Qu’est ce que c’est que ce besoin de meurtrir, de blesser, de peiner, de plonger ceux qui restent dans une peine si douloureuse ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Aujourd’hui j’ai une dent contre toi. Une dent ? Une grosse paire de vilaines mâchoires, plutôt.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Mes premières pensées vont vers les plus proches de ceux que tu as enlevés. Je ne peux pas, je n'y arrive pas, je n’ose même pas imaginer leur douleur, leur si grande douleur de les avoir perdus. La première, la seule et la dernière peine qu’ils leur auront faite de toutes leurs vies.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il en faudra du temps pour admettre qu’on ne vous verra plus, il en faudra des années pour penser que les absents vont désormais exister sous d’autres formes que celles sous laquelle nous les avons connus et qui seront, entre autres, les souvenirs émus que nous aurons d’eux. Ils vont continuer de vivre en nous à travers nous. Ce que nous ferons, nous le ferons en leurs noms, pour eux en pensant à eux. Alors ils seront encore là, parmis nous.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je leur souhaite que ce temps vienne vite et que leur immense peine soit un peu adoucie par la mémoire radieuse de qui ILS étaient. Je les embrasse pour, si possible, que leurs cœurs soient un peu moins fracassés par le chagrin et que vienne vite le temps du souvenir ému de leurs sourires si doux.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ce matin après avoir appris la nouvelle je ne savais qu’une chose avec certitude c’est qu’on en était encore très loin…<o:p></o:p></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-70364000118255488622022-11-18T16:14:00.009+01:002022-11-21T13:12:50.862+01:00Pas de lancier, pas de Bengale<p> <span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">C’est très peu de temps après</span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">être descendu du TER qui venait de L’isle sur la Sorgue et qui filait vers Marseille que je me suis dit que quelque chose ne clochait pas.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Dans ma tête, je descendais à cet arrêt pour attraper une navette vers l’aéroport de Marignane puis, de là, un avion pour Paris d’où un peu plus tard j’en prendrais un autre direction YUL, Montréal, Québec, Canada. Autant dire qu’une petite trotte se préparait mine de rien. La veille puis le matin, j’avais vérifié une demi douzaine de fois si j’avais bien pris mon passeport, oui parce qu’une fois j’étais parti, encore pour Montréal sans lui. Pour moi, on y parlait français, c’était donc comme la France, alors la carte d’identité suffirait. Pas du tout. Il fallait absolument un passeport. Les notions de frontière, de douane, de visa m’étaient passées tout au dessus de la tête. J’avais donc reporté mon voyage après avoir perdu le prix du billet de l’avion que je n’avais pas pris. Pour tenter de me consoler je m’étais dit qu’un type ou une fille avait, lors du vol, dû bien dormir grâce à mon absence sur le siège d'à côté. Ça ne m’avait pas vraiment consolé. Pour le voyage que je m’apprêtais à faire, ils avaient ajouté un certificat qu’ils appelaient Arriv can que si tu ne l’avais pas tu restais dans l’avion et faisait comme en télésiège le retour sans même descendre… Là encore c’était bordé, j’avais les certificats nécessaires, j’étais vacciné, j’avais tout. Il ne me restait plus qu’à atteindre l’aéroport ce que je pensais faire en sortant de cette gare.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">J’ai vite déchanté. Une fois franchies les grilles du fameux Pas des lanciers je me suis dit que ça ressemblait à tout sauf à un arrêt pour navette vers un terminal aussi important que celui de Marignane. Il n’y avait qu’un malheureux bar un peu plus loin et sinon un bout de trottoir désert.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">J’en étais là. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Devant un malheureux arrêt de bus banal face à un bar à peine ouvert dans un coin perdu. Je suis allé au bar où personne ne savait : On ne prend pas l’avion, nous ! M'ont ils envoyé bouler en insistant bien sur le nous…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">J’ai demandé dans la rue à deux trois personnes dont une savait. J’avais dépassé l’arrêt, il me fallait reprendre un TER mais en sens inverse pour une station seulement et là je trouverais la navette. J’en avais pour une bonne demi heure durant laquelle j’ai vu passer au dessus de ma tête frôlant les tuiles des toits dans un vacarme étourdissant les avions venant atterrir à l’aéroport où j’eus aimé me rendre. J’ai payé un billet à la caisse automatique, il n’y avait plus d’humain depuis belle lurette dans toutes ces petites gares, j’ai laissé passer quelques Airbus et je suis monté dans le TER enfin arrivé. J’ai ensuite attrapé une navette bondée pour Marignane Terminal Un qui nous a bien sûr débarqués au Terminal 2. A moi les contrôles, le passage en douane, les free shops, les plateaux repas, les films en altitude, les coudes coincés, les wc pour anorexiques, les trous d'air, les courbatures, le jet lag...<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Je m’en foutais un peu j’avais de la marge en temps. J’étais même large, j’allais en avoir besoin…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Arrivé au guichet des départs on m’a gentiment expliqué sur le ton d'un médecin qui explique de mauvaises analyses, que mon premier avion, celui pour Paris, c'est de Nice qu'il décollait…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1JTLC18DYhIXFQFYYHlRPYsofCffSBb0Pnlx1S5vNO2fowpNBkUEwYuHreY9Y-slEfb_64SUtdnsbr7lrF6EMEJXrMdNc0DbBLlgkGXgsId6ydQvP8FMEo7nsYsfzsvD4klr4s3LNb7dJm2SRTxA3YrvhZS5pLtWvRlXrmoVvBjTv0bZ6yi9XJQ/s2881/a%20CDG%20Embarquement.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2881" data-original-width="2614" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1JTLC18DYhIXFQFYYHlRPYsofCffSBb0Pnlx1S5vNO2fowpNBkUEwYuHreY9Y-slEfb_64SUtdnsbr7lrF6EMEJXrMdNc0DbBLlgkGXgsId6ydQvP8FMEo7nsYsfzsvD4klr4s3LNb7dJm2SRTxA3YrvhZS5pLtWvRlXrmoVvBjTv0bZ6yi9XJQ/s320/a%20CDG%20Embarquement.jpg" width="290" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-62494728847247277432022-10-08T18:57:00.013+02:002022-10-10T14:29:14.826+02:00Quel problème<p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Tous ceux qui étaient dans le wagon, ils n’étaient pas demeurés,</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">avaient compris qu’il y avait un problème. </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Les voisins avaient commencé à se regarder d’un air entendu qui disait on est dans la merde. Mais ce qu’ils ne savaient pas c’était le temps que ça allait durer. Ils étaient arrêtés depuis un bon quart d’heure maintenant à Lyon</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">alors que c’était un train sans arrêt jusqu’à Aix. Et puis une voix a fait : Mesdames Messieurs désolés pour cette arrêt qui n’était pas prévu, panne électrique qui affecte les aiguillages vers Marseille, gna gna gna, ils essaient de réparer (sans blague !) on ne sait pas quand le trafic pourra reprendre mais dès qu’on en sait davantage on revient vers vous pour le dire (vous êtes trop bon !). </span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">On est resté bloqué une heure trente.</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> C'était bien ma veine! Un karma de frelon asiatique: Tout le monde lui tombe dessus.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C'était la fin d’après midi. Donc on aurait une heure trente dans le nez à Avignon… </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: left;">Bien entendu, j’allais manquer le dernier TER pour Fontaine où j’avais laissé ma voiture…</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: left;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: left;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: left;">Il n’y avait pas non plus de service de bus et le taxi coûtait un bras et demi.</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> Heureusement qu’avant de partir, j’avais fabriqué un petit carton sur lequel j’avais écrit: L’Isle sur la Sorgue, la gare où j’avais laissé ma voiture quelques jours auparavant. Je m’étais donné jusqu’au dernier TER pour tenter de faire du stop et puis, si personne ne m’avait embarqué, je me serais rabattu sur le train de 18h30… Celui que je venais de manquer…</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Ce retour de la capitale où j’avais passé quelques jours avait désormais un parfum d’embrouille et de galère. Et ça ne sentait pas si bon que ça.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">À cette période de l’année tu as encore une heure de jour pour montrer ton carton. Après ce serait plus difficile. La nuit les gens deviennent méfiants alors que si on regarde bien les statistiques, il y a autant de crime le jour que la nuit. Il fallait y croire. Hardi le pouce ! Montre le fièrement ton carton !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ce que j’ai fait. Après un petit quart d’heure d’inquiétude, un gars s’est arrêté. Une jolie bagnole allemande confortable. Il m’a dit qu’il n’allait pas là où j'allais mais que là où il en était il pouvait bien faire un détour. Intérieurement je hurlais de joie mais extérieurement je n’ai presque rien laissé voir comme si c’était normal qu’il me prenne dans son engin et qu’il me dépose au bon endroit. Mes chakras étaient ouverts en grand et l’air circulait comme à l'intérieur comme dans une pompe géante. On a passé le trajet à se raconter nos vies enfin surtout la sienne parce que moi je ne suis pas trop du genre à me répandre. Pas la première heure. Il venait de manquer son train pour paris à cause d’un problème électrique sur les voies (un compagnon de galère), lui y habitait et il revenait dans la maison de campagne qu’il avait dans un joli village du coin. Juste pour y passer la nuit puisqu’il reprendrait le train de sept heures le lendemain. Il fallait bien qu’il rentre, il était attendu. Sa maison était dans un village que je connaissais bien. On a donc papoté agréablement lui et moi. J’ai posé quelques couches de remerciements sur le fait de m’avoir évité une sacrée tannée, j’étais content de le connaître, il était agréable. Pas ramenard, simple et il aimait une belle région, comme moi.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Quand il m’a déposé à une centaine de mètres de la gare, je n’ai pas voulu lui faire faire un détour supplémentaire, il faisait nuit. Je l’ai salué et remercié encore une fois. Je suis descendu et j’ai regardé les feux de sa bagnole s’éloigner. J’ai épaulé mon sac et me suis dirigé vers ma voiture. </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Une fois assis, j’ai voulu remettre mon portable à charger… J’ai nettement ressenti le frisson glacial me parcourir l’échine </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">… Non pas ça… Hé ben si il m’est arrivé ça. J’avais laissé mon portable dans la bagnole de mon sauveur… Un karma de moule de bouchot...</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je vais me presser je devrais bien arriver à le rattraper… Je mets le contact… Ah oui mince, évidemment j'avais oublié, le réservoir est vide et le témoin allumé… Je dois donc absolument remettre du carburant sous peine de tomber en rade. Il ne faut pas ajouter de la poisse à la poisse, ça ne se fait pas. Je me suis vu en panne dans la nuit dans la campagne sans portable pour prévenir. J’ai filé à la première pompe venue. Pendant ce temps là mon portable fonçait, lui, se perdre dans la nuit...<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Une fois le réservoir plein, j’ai quand même pris la route pour tenter de le rattraper. Bien sur malgré la petite cinquantaine de kilomètres parcourue au hasard dans la nuit d’Octobre je n’ai jamais remis les yeux sur lui ni sur sa bagnole et encore moins sur mon portable..<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Aussi, j’ai fait demi tour. Il fallait que je prévienne les miens maintenant sinon ils finiraient par s'inquiéter. Ils en étaient restés à l'arrêt panne. Avant il y avait des cabines téléphoniques dans tous les coins mais elles avaient toutes été transformées en cubes de métal. Et je n’avais plus de fixe chez moi depuis belle lurette…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je suis allé dans un restaurant où j’avais mes habitudes pour téléphoner et... manger un morceau. Si ces bêtises m'avaient fermé les chakras, elles m'avaient ouvert l'appétit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’ai pu appeler et dire où on pouvait me joindre pendant une heure et raconter mes aventures.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Là où j’en étais, je n'avais plus qu'à juste récupérer mon portable qui pour tout arranger était en silencieux, je n'aime pas qu'il sonne dans le TGV et donc si on m'appelait mon nouvel ami ne pourrait pas l'entendre... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je ne savais qu’un truc de mon chauffeur. </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Il prenait un train le lendemain matin à sept heures pour Paris... J'ai envoyé valdinguer l'image qui m'est venue du karma d'un taureau de combat...</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’avais une nuit devant moi pour trouver son horaire, me reposer et tenter de savoir, si c'était possible, comment régler ce problème… </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Un problème? Quel problème?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWQcBT-aDe60_wu9YLW2XSJHinpn_dpoEYH7H_eF6crh0kbtSUViCDcf7oVgYHoC_LqChDRdHyrpVKhCWoQy81FNZzImTRUvJ9rZm9wZOPFoBd6VGg5-XACCPvH199-a0zDAL_USascnUhASLGSgbtnIV73Va4ggPoYBfDWQolRnMFD_X5V8hwrg/s163/shopping.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="163" data-original-width="163" height="163" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhWQcBT-aDe60_wu9YLW2XSJHinpn_dpoEYH7H_eF6crh0kbtSUViCDcf7oVgYHoC_LqChDRdHyrpVKhCWoQy81FNZzImTRUvJ9rZm9wZOPFoBd6VGg5-XACCPvH199-a0zDAL_USascnUhASLGSgbtnIV73Va4ggPoYBfDWQolRnMFD_X5V8hwrg/s1600/shopping.png" width="163" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-3113680277805067272022-09-26T18:15:00.017+02:002022-09-28T08:14:02.323+02:00Le voilà<p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Le matin, dans l’encore noir, le café coule avant que les volets soient poussés, d</span><span style="font-family: Verdana;">u reste on a hésité longtemps avant d'ouvrir la fenêtre.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Ce soir on ressortira la couette du placard à couettes.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Avec la pluie de cette nuit, la brume va tout engloutir, comme hier on ne va pas voir l’horizon.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Le beurre n’a pas été rentré cette nuit il sera même un peu dur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;"></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Puisque c’est comme ça, on va rester à l'intérieur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Les cigales n’ont plus le temps de chanter, elles posent du papier peint dans les chambres des petits. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Après les pluies de la semaine passée, l'eau de la rivière est remontée au dessus de nos genoux.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Si le vent a fait place nette, le linge n’a pas séché tout à fait.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Dans tout ce bleu, vers le Sud, passent des vols en v cadencés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Les feuilles les plus hautes du cerisier ont commencé de rougir. Alors, vaguement jalouse, la vigne vierge s'y est mise, aussi.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Le chat n’a pas dormi dehors cette nuit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">On se contente de mettre le nez sur une des dernières roses, on choisit de ne pas la couper.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">On sent parfois au cœur des après-midis des odeurs de fumées de feux de feuilles.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">On pense au numéro de téléphone du ramoneur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">Quelques articulations rappellent leurs existences.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">On hésite à enfourcher la bicyclette.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; line-height: 28px;">On se demande : Où est mon écharpe grise?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Plus trop de doute possible si l’un s’en va, l’automne s’en vient.</span><span style="text-align: left;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjny4nxgMIJMWUeJvLtlpvCUenqFiAwhKoKAhSEWqcI5wydtmI0lxEsH9Ry4TYQ0B-oAAtTk9j_gWKxOOOuCfrz7O3yjwKgR2v7L-99d0FQnfUvcHzViOV1KxqGwPn4t-SqiRmmChOdVQcCMtdkVHiIW6c2tYwv3YXlb8qbpBhISG6PXoECw_fI9A/s1840/Mur%20et%20vigne%20vierge.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1232" data-original-width="1840" height="214" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjny4nxgMIJMWUeJvLtlpvCUenqFiAwhKoKAhSEWqcI5wydtmI0lxEsH9Ry4TYQ0B-oAAtTk9j_gWKxOOOuCfrz7O3yjwKgR2v7L-99d0FQnfUvcHzViOV1KxqGwPn4t-SqiRmmChOdVQcCMtdkVHiIW6c2tYwv3YXlb8qbpBhISG6PXoECw_fI9A/s320/Mur%20et%20vigne%20vierge.jpg" width="320" /></a></div><br /><span style="text-align: left;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-85750343754866546302022-09-08T23:15:00.012+02:002022-09-10T00:06:39.094+02:00Partire<p> <span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Ce qu’il n’aimait pas, se disait-il en gavant son sac de voyage, c’est partir. </span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Arriver ça, l’idée lui semblait depuis toujours davantage séduisante, elle le mettait sous une tension agréable, comme si ses sens s’éveillaient. Comme s’il s’ouvrait au monde. Alors il était prêt à sentir de nouvelles odeurs, de nouveaux parfums, il avait hâte de parcourir de nouvelles rues, d’admirer de nouveaux horizons, de lever les yeux sur des cieux inconnus, prêt à scruter de nouveaux visages, à entendre d’autres musiques mais partir… </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Partir c’était toujours, pour lui, s’arracher de quelque chose, perdre, s’amputer d’un membre,</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">se diminuer.</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Surtout ne lui faites pas, même gentiment, remarquer que pour arriver il faut partir, il risquerait de le prendre assez mal et comme il est d’une mauvaise foi redoutable vous n’obtiendriez pas gain de cause, il se pourrait même qu’il vous envoie bouler assez violemment, s’il ne se fâchait pas, pour la vie, entière. Ce serait quand même ballot de perdre définitivement un ami pour une petite précision de rien, du plus élémentaire bon sens.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il s’était souvent interrogé, il avait retourné le problème dans tous les sens possibles et imaginables, il était remonté le plus loin qu’il a pu dans ses souvenirs, il avait travaillé la question de fond en comble et après cette longue longue recherche il était arrivé à la conclusion que quel que soit l’endroit où il allait, quels que soient les gens que le départ allait l’amener à voir ou retrouver, quel que soit ce qui qui l’attendait au-delà du voyage, la plus merveilleuse des îles, la plus fantastique des villes, le plus merveilleux des paysages, partir, il n’aimait pas ça. Et même pire, le bonheur d'arriver quelque part pouvait être salement gâché si, à peine arrivé, lui venait l'idée qu'il faudrait, un jour, s'en aller. Il avait tellement de mal avec les départs qu'il était absolument incapable de prendre des billets à l'avance comme il fallait le faire. Des billets sur son bureau un mois avant le jour c'était, pour lui, l'assurance d'un mois de contrariété. Aussi il ne lançait la machine qu'à la dernière minute de l'avant dernier jour.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il ferait sans doute une exception pour le Montana où il rêvait d’aller et encore. Dès qu’il se voyait faire des valises même pour le Montana, l’envie d’y aller lui semblait moins impérieuse. Les « à quoi bon » déboulaient très vite, les il y a les films, les livres, tout ce trajet pour ça est ce que vraiment ça vaut le coup, puisque tu sais ce que tu vas y voir, tu sais la grandeur et la beauté des paysages, tu les connais, tu les as déjà vues des centaines de fois… Est-ce-que ça va changer quelque chose que tu vois toutes ces merveilles de tes propres yeux ? Est ce que seuls tes yeux peuvent te montrer la beauté du monde ? Ceux des autres, de ceux qui voyagent, ceux qui quittent, qui partent, qui lévent les camps, qui embarquent ne peuvent pas te suffire ? Alors la tentation était grande de tirer sur la fermeture éclair du sac et de remettre ces quelques tee-shirts, la trousse de toilettes et le reste dans l’armoire avec le sac à dos et le soulagement d’un coup l’envahissait et s’écoulait en lui comme une huile chaude. Son cœur retrouvait un rythme normal, il respirait mieux, c’était joué, il allait rester là, ce soir, il n’allait pas partir.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Partir pour lui c’était mourir un peu. D’ailleurs c’est ce qu’on disait d’un mort.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Nous y étions. Au fond, c’était bien contre cette idée là qu’il était.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">PS Il sait bien qu’il n’y a pas de e à la fin de partir mais il trouve que ça l'équilibre… </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Partire... Une part de soi qui se tire?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Pour faire bonne mesure, il n'aimait pas non plus que les autres partent...</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgptJLyIOjLa4rCdJEsvneDxFw2kuBPYKZS0u4XgUgQTZcIqJspxGEiR5TamqaBLJDsY_LRNzWxzIDnnNZHc2FzQyA7YtWJ9V66n-7qInqE0rkzaPaJ2G9ehRkD9vMcQQHEN_7NcaQW1iwTPrVf2jH-4nZlN2mMPfjzNImRoUa7TGscdXd2irq7iw/s1514/Voiles%20blanches-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1025" data-original-width="1514" height="217" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgptJLyIOjLa4rCdJEsvneDxFw2kuBPYKZS0u4XgUgQTZcIqJspxGEiR5TamqaBLJDsY_LRNzWxzIDnnNZHc2FzQyA7YtWJ9V66n-7qInqE0rkzaPaJ2G9ehRkD9vMcQQHEN_7NcaQW1iwTPrVf2jH-4nZlN2mMPfjzNImRoUa7TGscdXd2irq7iw/s320/Voiles%20blanches-1.jpg" width="320" /></a></div><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-76927481091628878642022-08-07T16:31:00.025+02:002022-08-11T15:15:22.730+02:00L'étoile fuyante<span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Depuis que, par souci d’économie et une volonté de diminuer la pollution lumineuse, la mairie avait eu la bonne idée d'éteindre tous les lampadaires du village entre minuit et cinq heures du matin c'était comme si le ciel nous avait été rendu. </span><br /><p style="text-align: left;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Dans le chemin qui dessert mon jardin, j’en avais deux espacés de trente mètres qui éclairaient comme un Zénith de campagne. Avant, pour avoir accès aux étoiles, aux passages des satellites, aux filantes, il fallait soit monter dans la colline, soit s’installer dans un coin du jardin et viser un camembert de ciel riquiqui. Maintenant à minuit cinq on voyait ce qu’on allait voir. La voute, au-dessus de nous, n’était dérangée que par le vol agité des chauves souris et leurs frrrrr frrr irréguliers. À l’instant où les lumières orangées des lampadaires s’éteignaient, le ciel s’allumait. À nous l'univers et ses constellations, à nous les Alchor, les Mizar, les Bételgeuses, à nous la lune, Saturne et ses anneaux, à nous Vénus,</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">à nous Arcturus, la Grande Ourse et la petite casserole, à nous Cassiopée, à nous le vertige et le cœur serré d'émotions.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Dès que les lampes cessaient d’éclairer les ruelles, on prenait un matelas, un oreiller et on allait s’allonger au beau milieu de la pelouse, couvert d’une serviette de bain pour éviter les attaques de moustiques, la tête bien calée. Alors, on plongeait dans l ‘infini des immensités immenses. Quelques minutes après que l’œil se soit un peu habitué au presque noir, le spectacle commençait. Ici la trace claire d’un satellite fendant le ciel à allure lente et régulière, au loin l’intermittence des feux d’un avion puis nous arrivait le son de ses moteurs à plus de dix kilomètres de notre tête. Là cette étoile plus brillante que les autres, la première à étinceler dans l’encore lumière du jour déclinant, la première à éclaire la nuit comme chante l’autre. Et puis les filantes. Alors elles ! Elles sont imprévisibles et peuvent provenir de partout. Quand elles apparaissent elles tracent dans le noir comme une ligne droite avec une sorte de sifflement, elles peuvent être de plus ou moins longue durée selon leurs tailles, je suppose et puis le noir revient et puis d’autres encore illuminent. Leur vision est nette mais fugace, extrêmement brêve dans le temps et pourtant leurs courses peuvent laisser des traces marquées de leurs passages. Elles nous servent aussi de compteur, de limite. Une fois installés nous nous disons allez trois filantes et je rentre et tant que nous n’avons pas vu les trois, nous restons la tête dans les étoiles. Certains soir c’était plus rapide qu’à d’autres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ce soir là, nous nous en étions donné quatre. C’est à la deuxième que tout est arrivé. Ça s’est passé pile dans l’Ouest. Le matelas au sol était orienté dans l’axe Est Ouest. La tête à l’est. La première j’ai failli la manquer. Elle est venue du Nord, là bas à droite juste au dessus des grands pins voisins. Une trajectoire très courte d’une luminosité faible, une petite filante d’échauffement j’ai pensé. À peu près dix minutes d’attente et je n’ai pas été déçu. Elle est venue de l’Ouest face à moi à environ dix degrés d’écart. Une longue trajectoire sifflante une lumière d’un longue durée et de suite comme un choc dans le jardin à quelques mètres du matelas puis et une légère fumée. Je me suis levé d’un bond, j’ai pris mon téléphone et je suis allé voir à l’endroit de la fumerole. L’herbe était brûlée sur un bon mètre carré. J’ai pu voir un trou assez peu profond dans la pelouse le sol était si sec et au fond de ce trou d’une dizaine de centimètre comme une petite masse, de la taille d’une boule de pétanque. Au début j’ai pris ça pour une boule informe. Je me suis dit que j’avais une chance incroyable, je la prenais sur la tête ou même sur le corps j’avais de fortes chances de ne pas voir le jour se lever. Excité comme une armée de puces, je suis allé remplir une bouteille d’eau que j’ai versée sur la boule pour la refroidir. Je suis alors allé dans le garage ou j’ai attrapé une paire de gants de jardins, elle je l’ai enfilée. Je me suis dit que ce n’était pas le moment de me cramer les mains en la saisissant. J’ai sorti la boule encore fumante du trou. Je l’ai éclairée avec la lampe de mon portable. C’est là que j’ai vu que ce n’était pas une boule informe. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’était comme une tête réduite de jivaro mais là, la surprise m’a laissé sur le cul. Cette boule, vous n'allez sans doute pas me croire, était l'image du Z, vous vous rappelez, le Z, le gars qui nous avait pollué l’atmosphère tout le printemps pendant la campagne présidentielle celui qui avait disparu des médias, celui dont on n’entendait plus parler depuis, maintenant de long mois. Il était reconnaissable entre mille, on avait tellement vu sa tête. Après avoir salué l'exploit d'avoir réussi à réduire une telle grosse tête, j</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">e l’ai balancée dans le puits du compost, au moins, s'il se décomposait qu'il soit utile à quelque chose, en me disant : Merde! Même là-haut sur Algol dans la constellation de Persée ils n’en ont pas voulu, ils nous le renvoient direct! </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">Ils ont dû s'en débarrasser, eux aussi.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtxxoV0Von8XiB46WZ64M2HsX0O0HgizRMD21Sizl6bOkLlugDvHKJ9zDmJ_7q5VSyiBU4Hz0z-eoUSuixPac9I6_DBpu0FRoKBMXiafXrA5Y6JWP6Hd9K78ty9CvxsBYzWhQADqZw_r4tsqQ5n6fb9I1QT1MxsacnSGgHjd02u1UFQyy4c6hTQw/s283/Unknown.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="178" data-original-width="283" height="178" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtxxoV0Von8XiB46WZ64M2HsX0O0HgizRMD21Sizl6bOkLlugDvHKJ9zDmJ_7q5VSyiBU4Hz0z-eoUSuixPac9I6_DBpu0FRoKBMXiafXrA5Y6JWP6Hd9K78ty9CvxsBYzWhQADqZw_r4tsqQ5n6fb9I1QT1MxsacnSGgHjd02u1UFQyy4c6hTQw/s1600/Unknown.jpeg" width="283" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-3164570774992483532022-08-01T23:12:00.029+02:002022-08-23T22:33:09.318+02:00Devant soi<p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Comme j’avais une heure devant moi et qu’il faisait une chaleur à habiter dans</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> un congélateur, j’ai décidé d’aller m’offrir un petit pot citron vert, melon chez les Freto. La maison Freto, c’était trois jeunes garçons, trois amis, qui avaient fait équipe pour ouvrir un glacier bien qu’il y en ait déjà pas mal sur L’Isle. Seulement, chez eux, les glaces étaient bonnes, leurs sourires et leurs énergies engageants tout comme la musique diffusée sur la grande terrasse à l’ombre des platanes juste en bord de Sorgue. Tout pour séduire, du reste, bien qu’ils aient ouvert il n’y a pas si longtemps, ça ne désemplissait pas.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Une fois chez eux, j’avais discuté un peu le bout de gras avec l’un des « frères » et puis j’étais allé m’installer un peu plus loin sur les quais avec mon petit pot pêche caramel (on peut changer d’avis, oui ?) et ma cuillère. Je m’étais assis sur la plus haute des marches. C’est là que je l’ai vu qui était assis lui sur la terrasse la plus près de l’eau, les pieds trempant jusques aux mollets. Il était torse nu, un jean en bermuda et ce qui m’a surpris c’est qu’il n’avait pas pris le temps d’enlever ni chaussette, ni chaussure et à partir des mollets donc, tout trempait dans la flotte qui galopait à cet endroit ressérré.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’entendais d’où j’étais qu’il marmonnait en faisant de grands gestes et il n’avait personne à son côté. Il devait même y aller assez fort parce que ses mots n’étaient pas tous couverts par le bruit du courant. Cependant comme je suis curieux j’ai un peu tendu l’oreille et s’il me fallait quelqu’un pour bien me saper le moral, j’avais trouvé mon champion. Visiblement le gars d’une soixantaine bien entamée n’était pas seul dans sa tête aux cheveux hirsutes et pourtant clairsemés. Il parlait à un autre, absent mais qui paraissait là assis tout contre lui. Dans la main qu’il agitait une canette géante de 7,2. Il en mettait un peu partout.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">La retraite, la retraite beuglait-il en s’interrompant, le retirement comme disent les anglais (monsieur avait des langues) est typiquement une chose, un état auquel on ne pense que quand on est en activité. Tu vois, on peut la désirer, l’espérer, l’appeler de ses vœux certains jours plus que d’autres, certains mois plus que d’autres et puis, un jour on y est. Et là, c’est le bordel, tout change, on bascule dans un autre monde. Celui des payés à rien foutre. T’imagine la gueule que font les autres, t’imagine comment ils te regardent, t’imagine comme ils t’en veulent tous ceux qui continuent de trimer ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Mais là, mon gars, ça peut vriller. Tu vois, c’est comme la richesse, on en rêve quand on n’a pas un rond. Ben oui, les riches ne rêvent plus à le devenir puisqu’ils y sont ! On ne pense pas à Venise quand on est à Venise, on y pense quand on est à Sarcelles ou à Bobigny.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’était un peu décousu mais ça tenant à peu près la route, on voyait où ils voulaient en venir tous les deux…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il a pris un temps puis il a froncé les sourcils comme s’il cherchait un truc et il a repris son fil :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Avoir du temps devant soi est la chose la plus désirée quand on n’a pas une minute, mais quand on a toutes ces heures à remplir devant nous à pas savoir quoi foutre puisqu’on a le temps de tout faire largement, rien ne presse et si on ne finit pas ce soir on fera demain… On n'a le désir de faire que si on n’a pas le temps de faire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’est comme tous ceux qui ont du fric : Une fois que tu as douze montres à cent mille comment avoir envie d’une treizième ? Si tu peux te payer toutes les bagnoles de la terre est-ce qu’une seule peut te faire vraiment envie? T'imagines le bazar dans la tête de ces jeunes gens de vingt ans qui touchent à tout cet oseille? Comment veux-tu qu'ils ne virent pas zinzins! Il y a trois manières de flinguer les gens avec l'oseille: Ils en ont trop ça leur tue le désir, pas assez, ça leur pourrit la vie et juste assez ils ont peur de perdre et n'osent pas espérer davantage.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Il s’est interrompu net et il a sauté d’un coq à un autre âne :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils commencent à me faire chier tous ces cons de riches à racheter des hectares de vignes pour faire du mauvais rosé comme s’il n’y en avait pas assez de vin pas bon en rouge. Ou en blanc. Oui ou en blanc, aussi. Ah je donnerais cher pour les voir à genoux dans la terre en train de sarcler un pied d'olivier, tiens. Le retour aux racines, mon cul.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Cette fois j’étais rincé. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">D’un coup j’en ai eu marre de l’entendre débiter sa si désespérante logorhée, je me suis levé et je l'ai laissé à ses délires en m'éloignant.<o:p></o:p></span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Je suis retourné chez les Freto. Pour</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"> me soigner. J’ai demandé un truc à DEUX boules. Comme ils ne proposaient pas encore lexomil, xanax, j’ai pris verveine, pêche.</span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"><br /></span></p><p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;"><br /></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2qK5HXPcgbh-k5RbxCFBWSDL1wKBFCVmMu_72Z7EQ9rBTstifqJS_HhF1NLVUdaLjcAmNRmm6x3zfhKqhRgNnX4MPtMa1VTU2y3jnx_fS-oSMxissHmmKTrOC_6M71qWMGrLSL1uYHX1TipzJguqaqP0VXO5iUgM57HaW4VHZNXhFV9EZcMd5Rw/s162/Logo%20entoure%CC%81%20(transparent).png" style="background-color: white; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="color: #f3f3f3;"><img border="0" data-original-height="160" data-original-width="162" height="160" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2qK5HXPcgbh-k5RbxCFBWSDL1wKBFCVmMu_72Z7EQ9rBTstifqJS_HhF1NLVUdaLjcAmNRmm6x3zfhKqhRgNnX4MPtMa1VTU2y3jnx_fS-oSMxissHmmKTrOC_6M71qWMGrLSL1uYHX1TipzJguqaqP0VXO5iUgM57HaW4VHZNXhFV9EZcMd5Rw/s1600/Logo%20entoure%CC%81%20(transparent).png" width="162" /></span></a></div><br /><p><br /></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-83139201347136119462022-07-18T17:31:00.007+02:002022-07-29T11:56:30.997+02:00L'esprit du canal<p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Et puis, un beau jour tu décides d’y monter, d'y aller voir, d’en faire un but de balade et, une fois à ses côtés, de le longer, un peu, pour voir... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Tu y arrives par une route étroite qui se prolonge par un pont qui l’enjambe. Forcément un pont. Enfin un pont, une paume serait plus juste. Elle est posée là pour qu’il ne soit pas un obstacle pour qu’on puisse continuer la route et filer dans la colline. En tout, sur la longueur entière de son trajet, il y en a cent cinquante. Ils ont des noms aussi dépaysant que ceux de la ligne verte du métro de Montréal qui va d’Honoré Beaugrand à Angrignon et passe par Radisson, Cadillac, Viau, Joliette, Beaudry. Ici les ponts se nomment Endoussias, Falèche, Vimaise, Cambuisson, Pichichin, La Parisienne. Le même exotisme, la même surprise de ces endroits qu’on ne saurait dire mais ils s’appellent et chacun des noms est une histoire à connaître.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Tu verras c’est facile : Si tu y vas, soit tu passes la paume et tu le remontes, alors tu le côtoies à main droite soit tu restes de ce côté ci et tu le fréquentes à main gauche. Il est accompagné d’un chemin de terre interdit à tout les véhicule à moteur excepté ceux des pompiers. C’est que la colline et ses bois touffus l’enveloppent tout au long de son trajet. C’est ce qui fait son ombre apaisante et donc la raison pour laquelle les mois d’été il est si agréable de l’emprunter, même si tu le prends à rebrousse pente, elle est si douce que seule l’eau la sent. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’est comme une voûte d’arbres, un long chœur de cathédrale laïque de temps à autre bordée d’immenses et vieux platanes qui laissent leur bras trainer si bas qu’il arrive que certaines branches finissent quelques poignées de feuilles dans le droit fil de l’eau qui font comme une main qui s’y abandonnerait, faisant naitre une vague en v de vaguelettes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le courant que tu longes sous cette ombre bienveillante est une perfusion de Durance. Il vient droit des montagnes du Haut Verdon. Son parcours est sinueux puisqu’il suit au mètre près une courbe de niveau. Tu ne sens pas que ça monte mais ça monte puisque l’eau avance poussée par elle même. Tu ne vois pas que ça descend et pourtant ça descend, le courant te le murmure. Ici c’est Newton qui fait tout. Les hommes qui l’ont pensé se sont contentés de creuser, de monter les bords et d’aplanir autour. Oh ils n’ont pas creusé bien profond. Un homme a pied en son milieu et sa largeur n’est que de quatre ou cinq pas mais c’est bien assez pour en faire un courant qui file depuis le dessous de Mérindol pour se jeter dans l’à peu près Rhône, soixante dix kilomètres plus loin. Et c’est toute la région traversée qui s’en régale. Au dessus de lui et en dessous tout ce qui pousse, grandit, se cultive est arrosé, irrigué, vivifié, abreuvé… Tout son long les fruitiers, maraichers et même les jardins privés lui rendent grâce. Il apporte la vie paisiblement, sans qu’on sente l’effort, sans qu’on se rende compte du travail.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Dès que tu te balades à son côté tu ressens tout ça. Il est appelé de Carpentras parce qu’il y passe mais il pourrait aussi être de L’Isle ou de Velleron ou d’un autre village qu’il traverse. Les chiens, les vélos, les chevaux, les coureurs à pied, les poussettes le connaissent comme on connaît un ami.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Tu vois il n’y a pas besoin d’aller loin pour être ailleurs, l’aventure, parfois, peut commencer au fond du jardin…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVZQAMHoEEC2mOGtluBKi85R5-_S6UGo_eYjnhjidzsDXm_XlZ-OeLcuNycCsGLIh2OpHWwPLow1GXXLvydhljDcWSJCFnxpPJ4OE8h2iFJxOA8WHTKGvvXG06p8zNNJ_YfEoaJ-qqXzx3xjnBniEOnVSSM-VNdlmlpwt3SQ9y1x29pBYDRvHJIQ/s4032/Velleron%20canal+.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhVZQAMHoEEC2mOGtluBKi85R5-_S6UGo_eYjnhjidzsDXm_XlZ-OeLcuNycCsGLIh2OpHWwPLow1GXXLvydhljDcWSJCFnxpPJ4OE8h2iFJxOA8WHTKGvvXG06p8zNNJ_YfEoaJ-qqXzx3xjnBniEOnVSSM-VNdlmlpwt3SQ9y1x29pBYDRvHJIQ/s320/Velleron%20canal+.jpg" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><o:p></o:p></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-24730343721347125002022-06-21T11:12:00.017+02:002022-06-25T08:25:15.584+02:00Un karma de gagnant de l'auto<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Cette gare était comme celles de sa génération, construite </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">à l’écart du coeur de ville, </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">en appui d'une autre plus ancienne, elle au centre, </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">pour que les trains qui ne s’y arrêtaient pas puissent foncer à pleine vitesse et pour que ceux qui y font une halte n’aient pas trop de banlieue à franchir afin de ne pas perdre de temps</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">en roulant au ralenti. Elle était toute en longueur et ressemblait</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> </span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">à un gigantesque poisson mort posé en pleine cambrousse avec des rangs de rails le long de l’arête principale. On entrait par la bouche et on sortait par l’arrière ou le contraire en fonction d’où on venait. Une fois rendu là, une fois descendu de votre train, si personne ne venait vous chercher en voiture, si vous renonciez aux taxis à cause de leurs prix exorbitants, ça doublait le tarif du voyage, si le dernier bus venait de passer, on pouvait attraper un TER version campagnarde de l’omnibus qui vous emmène</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;"> vers là où vous finissiez votre voyage. Mais, de ces métros de campagne, il n’y en avait pas pléthore, et encore moins le samedi. Ceux là, ils étaient plutôt programmés en semaine quand les administrations, les lycées et les facs fonctionnaient bref quand les gens travaillaient.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Nous étions samedi, j’arrivais de la capitale en fin d’après midi et je m’étais préparé mentalement à une galère pour accoster chez moi à quinze kilomètres de là. Le dernier TER qui pouvait me transporter à l’endroit où j’avais garé ma voiture ne partait pas avant trois bonnes heures. À peu près un tiers du chemin si je l’avais fait à pied. Je n’avais pas envie de dépenser un bras pour un taxi et les bus étaient aux abonnés absents ni même un autre bras pour boire un verre en attendant. J’avais un bon bouquin mais je venais de lire pendant trois heures et je voulais rentrer. Il avait fait une chaleur lourde pesante même sous la climatisation du train. Je me sentais moite, en nage et crevé. J’aurais pu appeler quelqu’un mais je n’avais pas envie d’emmerder et puis être capable de se débrouiller presque seul procure un vrai plaisir de fond.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Comme j’avais prévu le coup avant de partir, je m’étais fait un petit carton pliant sur lequel, avec un gros feutre noir j’avais écrit le nom de la ville où était garée ma bagnole et donc où j’aimerais bien que quelqu’un, maintenant,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"> m’emmène.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Descendu du train, je suis sorti de la gare et en dépliant mon carton pour le présenter aux conducteurs qui n’allaient pas manquer de quitter l’endroit, j’ai commencé à marcher le long de la dépose minute, mon idée était d’aller me poster dans le tunnel qui passait sous les voies afin d’être à l’ombre en attendant qu’une voiture s’arrête et me propose éventuellement de monter pour me rapprocher. Ce que j’espérais au fond, tout en craignant d’avoir à y rester planté un long moment.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Je ne suis pas arrivé jusqu’au tunnel. La troisième voiture qui a lu le carton, une jolie petite anglaise toute neuve, toutes options, conduite par une maman venant chercher sa fille a mis le clignotant à gauche et s’est rangée le long du trottoir.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’ai avancé vers elle et j’ai demandé bêtement: C’est pour moi que vous vous arrêtez ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ben oui, pour qui d’autre ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Une demi-heure plus tard, plus rapidement qu'en taxi, après un trajet plus qu’agréable, souriant, léger, bienveillant, aux petits soins, je montai cette fois dans ma voiture. J’avais été, comme un prince, déposé juste à ses pneus. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’ai remercié comme il se devait m</span><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt;">es sauveteuses et j'ai passé un coup de brosse sur mon karma de gagnant de l'auto...</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDdGSwsUu9LBGaxABMbomBoU7iRMUIULgDOlUqng_sCeRHVpOuc2hfIPF7xEGB4EwlQBTd5lNdP1gp7xz6bAs0JHolEk2_sLTtW2WU4DOcqk-eEJ0_XEWd9D01WAdIY1fE-X09D71zrgD7i70gTeP3MmeETTtZBOmcFOW7uxIAMcP_iqu01ILheA/s208/Unknown.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="139" data-original-width="208" height="139" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDdGSwsUu9LBGaxABMbomBoU7iRMUIULgDOlUqng_sCeRHVpOuc2hfIPF7xEGB4EwlQBTd5lNdP1gp7xz6bAs0JHolEk2_sLTtW2WU4DOcqk-eEJ0_XEWd9D01WAdIY1fE-X09D71zrgD7i70gTeP3MmeETTtZBOmcFOW7uxIAMcP_iqu01ILheA/s1600/Unknown.jpeg" width="208" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div></div></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-337692057690940212022-06-08T18:09:00.007+02:002022-06-10T16:37:58.234+02:00Si tu devais<p> <span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Mon avenir, mon presqu'amour, </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Avant tout, je veux te dire que ce que tu vas lire ne m’est inspiré par rien. Enfin, rien de ce qui se passe entre nous, rien de ce que nous vivons en ce moment, si tu préfères. Si cela doit te rassurer, je tiens à te dire que je n’ai aucune espèce d'arrière pensée en te parlant de ça. Simplement, il m’arrive, parfois, de réfléchir, en ce qui nous concerne, à toutes les possibilités et celle que je vais évoquer, en est une, parmi d’autres. Donc, surtout, ne sois pas inquiète outre mesure, ce qui suit ne va rien annoncer... Rien de mauvais, rien de désagréable, rien d'irréversible et surtout lis moi :</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Arial;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Si jamais tu devais me quitter, si tes sentiments s’étaient épuisés, vidés comme un réservoir de bagnole, comme l’énergie chez un dépressif, comme un glacier de montagne en été, si tu ne pouvais plus continuer à mes côtés, si je te lassais, si tu rencontrais quelqu’un d’autre de plus fringant, de plus enthousiasmant, de mieux aimant, j’aimerais que cela se passe vite, que tu me l’apprennes sans falbala, ni détour, ni ménagement. Ne te crois pas obligée de me le dire lors d’une soirée particulière, surtout pas en m’emmenant là où nous nous sommes rencontrés ou bien dans le premier restaurant où nous avons mangé, ni sur la première plage où nous nous sommes enlacés, enfin tu vois bien tout ce genre de trucs un peu lourdingues et signifiant pour quelqu’un à fleur de pot comme moi. La nouvelle sera si délicate à avaler autant que la bouchée soit légère… </span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">S’il te plait, épargne-moi la longue lettre accompagnée d'un cadeau qui m’explique que je suis quelqu’un de formidable, de magnifique, d'unique mais que tu ne te sens plus digne de moi, que tu es responsable de tout, que je n’ai rien à voir là-dedans que c’est toi et toi seule qui prend cette si douloureuse, crois moi, décision. Comme si je vivais cette histoire sans rien en sentir. C’est plutôt humiliant, non ?</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Je te remercie de m’épargner aussi les pleurs et les mauvaises réactions que je pourrais avoir, les mots que je pourrais prononcer, ceux que tu pourrais entendre et qui inévitablement dépasseraient mes pensées. Sois gentille, évite moi les phrases assassines, les mots durs, voire les insultes portées par l’incompréhension, le chagrin et la douleur. Épargne moi de mal me comporter, de n’être pas brillant, brillant et ainsi, en plus, de m’en vouloir après…</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Qui sait, évite moi ainsi, la honte de l'envie de la gifle qui pourrait, animée par la douleur, avoir la velléité de sortir de ma main, je ne suis pas tellement au-dessus des autres.</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis, si tu en es là, si tu en es à me dire tout ça c’est que tu as bien réfléchi, que ta décision est prise et que tu ne changeras pas d’avis, même si tu sais que tu peux te tromper. Tu es allé trop loin, tu as franchi la rivière, passé le pont. Il me sera, alors inutile d’espérer quoi que ce soit. En tous les cas pas de te faire revenir en arrière. </span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">L’espoir est une saleté qui entretient la douleur.</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Aussi, pour toutes ces raisons, vois-tu, je ne suis pas contre mais alors là pas du tout, ne souris pas, je ne suis absolument pas opposé à un petit SMS en milieu de journée, pour éviter les réveils difficiles et permettre d'anticiper la soirée. Un SMS du genre lapidaire et respectueux qui mette les choses bien au clair. Quelques mots simples sans pathos : "</span><span style="font-family: "Courier New";">Nous deux, c’est fini",</span><span style="font-family: Verdana;">par exemple. Ou bien: "</span><span style="font-family: "Courier New";">Restons-en là de nous". </span><span style="font-family: Verdana;">Si tu n'ajoutes pas « veux-tu », cela suffira. C'est concis, précis et extrêmement limpide. Pour le domestique et l’intendance, les vêtements, les meubles, les bibelots, les plantes, le bail, les chats, tout le bazar et même les souvenirs, nous verrons cela plus tard. Ne réglons pas tout le même jour. Si tu le peux, nous attendrons que je me sois un peu remis, que je me sois refait une santé, que je sois redevenu présentable bref que j'ai encaissé le coup, avalé la couleuvre et que je l'ai bien digérée, que les hématomes se soient résorbés et les plaies refermées. Je dois te prévenir, je te dois d'être honnête, je suis du genre à cicatriser bien mal. Il me faut du temps, beaucoup de temps, un sacré paquet de foutu temps, même. Mon coeur tremble encore au rappel de médiévales ruptures.</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Mais si jamais tu devais me quitter, oui, j’aimerais que ça se passe comme ça.</span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Au moins, maintenant, là où nous en sommes, tu sais quel sera mon souhait. </span><span style="font-family: Arial;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Pour pouvoir vivre au mieux cet instant, il ne reste plus qu'à nous... rencontrer. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Tu vois, tu ne risques pas grand chose puisqu'avant de te connaître, je suis déjà préparé à l’idée de te perdre.<o:p></o:p></span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-41901550404327337552022-05-12T16:48:00.019+02:002022-05-27T07:35:53.574+02:00Les stents de glace.<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;"><span style="text-align: justify;">Il est arrivé bien en avance sur l’horaire prévu. L'endroit se réveillait à peine. Les premiers rayons d'un soleil brûlant à venir inondaient le porche en béton de l'entrée des urgences. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;"><span style="text-align: justify;">Il avait, comme un bon petit gars, fait tout ce qu’on lui avait demandé de faire avant de venir. La douche avec cette saleté de lotion moussante rose bonbon ? Prise. Il s'en était même badigeonné, la veille au soir, qui lui avait, toute la nuit, laissé sur la peau une odeur au-delà du désagréable. Les deux poignets, jusqu'aux coudes? R</span></span><span style="font-family: verdana; text-align: justify;">asés de près</span><span style="font-family: verdana; text-align: justify;">. Il aurait dû s’enlever aussi tous les poils de l’aine au cas où… Ça il n’avait pas obéi. Pire, il avait renoncé à trouver une esthéticienne qui lui ferait le travail. Toutes les pilules prescrites? Avalées. Le test de covid négatif ? En poche. Les examens sanguins? Effectués. Le taxi ambulance pour être à l’hôpital le matin à jeun à sept heures? Commandé. Prêt, i</span><span style="font-family: verdana; text-align: justify;">l était fin prêt. L'est-on jamais entièrement?</span></p><p><span style="font-family: verdana; text-align: justify;">Si on cherchait bien, il lui manquait peut-être l’envie réelle d’y aller faire un tour mais ça c’était une autre histoire. On lui avait promis que si tout se passait comme prévu il n’y resterait pas là bas</span><span style="font-family: verdana; text-align: justify;"> et serait de retour chez lui le soir même.</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Comme on lui avait demandé, il avait, à reculons, préparé une trousse de toilette au cas où. Quel cas où s’était-il demandé ? Au pire il y restait, définitivement, au mieux il donnait des croquettes à son chat le soir venu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">C’est dire s’il était confiant et serein. L’alternative était celle-ci. Ou je reviens ou pas. Sa confiance en la médecine, surtout celle de province en était à ce degré. Vivent les grands hôpitaux universitaires de banlieue, là où la médecine se pense, s’élabore, se confronte, s’expérimente, se jauge, se transmet, se confronte… Celle des petites villes de province n’était-elle pas une médecine de retombées, de miettes, d'essais-erreurs pe</span><span style="font-family: verdana;">nsait-il au fond. J’aurais dû rester là-haut, près de la capitale là où vivent et travaillent les professeurs, les pointures, les cadors, les expérimentés, les gars qui touchent leurs billes, quoi au lieu de venir tomber malade dans ce trou. Là où vivent les autres, ceux qui ne sont plus là-haut, ceux qui sont descendus de l’escalier, ceux qui ont quitté les nuages de l’excellence, les surfeurs en somme…</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Tout avait commencé l’été d’avant. Il avait garé sa voiture dans le parking souterrain de cette ville où il allait souvent. Celle où il avait passé toutes les vacances de son enfance mais qui ne ressemblait plus à rien de ce qu’il avait connu. Elle avait juste gardé son nom et son vieux coeur, sinon pour le reste on avait remplacé les serres de roses par des immeubles, les champs de strelizias par des Carrefour et les chemins de terre par des quatre voies, autant dire que tout le monde y avait largement perdu au change. Et lui le premier. Il venait de monter les escaliers qui donnaient sur la place de la poste et il avait enquillé la rue de la république qui montait jusqu’à la place De Gaulle. Vers le haut, il avait été obligé de s’arrêter un moment saisi par une forte douleur dans la poitrine et un essoufflement de forge. Puis « ça » avait passé. Il avait mis « ça » sur le compte de l’été, de la chaleur de sa méforme, de la rue qui monte. Quelques mois après il irait souffrir en montagne lors d’une belle balade vers le Lac d’Allos. Cette fois, bien qu'il se soit agi d'une rando de sept heures avec de la neige jusqu'aux chevilles, il s'est dit: il y a quelque chose. Cardiologue, test à l’effort, angor, corono scanner et rendez vous à l’hosto pour une coronographie. Il était prêt. On allait voir ce qu’on allait voir mais pas lui. Il avait soigneusement oublié ses lunettes dans le taxi ambulance qui l’emmenait à l’hôpital. Il ne pourrait ni lire ses messages, ni ses mails, ni le livre prévu pour l’attente éventuelle, il pourrait à peine voir l’écran sur lequel on voyait un tuyau qui ne lui appartenait pas remonter À L’INTERIEUR, punaise, d’une de ses artères cardiaques. Une de celles qui étaient endommagées par le tabac qu’il avait consommé un trop grand nombre d’années. Les coronaires pincées lui avait-on dit. Pour ne pas dire bouchées. Pose de stents. C’est banal avait ajouté le cardiologue. Banal, banal j’aimerais t’y voir. <o:p></o:p></span><span style="font-family: Verdana;">Il ne pouvait pas il n’avait pas ses lunettes. Acte manqué bien réussi.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Ils avaient plié ça en une heure et trois stents. Ils avaient l’air contents d’eux et, déjà s’apprêtaient à traiter le suivant. À lui, il lui avaient demandé de revenir dans une dizaine de jours parce qu’ils étaient comme les coiffeurs il fallait qu’ils égalisent. Après avoir traité le côté gauche du cœur ils devraient s’occuper du côté droit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Cette fois il s’était juré qu’il ne laisserait pas ses lunettes n’importe où.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">C’est avec un cœur à moitié neuf qu’il a passé la journée à s’emmerder dans une chambre d’hosto beaucoup trop vide pour lui. Il s'est promis de ne pas raconter la nuit avec les entrées volcaniques </span><span style="font-family: verdana;">de l'infirmière, les </span><span style="font-family: verdana;">allumages plein feu de TOUTES les lumières et bousculage manu-militari pour prendre les constantes vers une heure, puis cinq heures du matin histoire de bien te saboter le sommeil </span><span style="font-family: Verdana;">et te laisser en plan, hagard avec cette injonction stupide : Rendormez vous bien maintenant… Tu parles.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 18pt; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span face="-webkit-standard, serif" style="font-size: 10pt;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Dans le matin blafard, dans la solitude de la chambre, sur la table à roulettes, l'inutile bouquin qu'il avait emmené. Au cas où... </span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;">Il est resté fermé. Pas comme ses artères.</span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhb2Dk8KtGU19CUYnI_7jD8VLe5owc1TxLXn7FqGTJh6vY5fEckWfXGM1drofvS2F40hIBWyL0QW_3JOSlpXdVQzbNR6z5bZSAJd9tBhK-tNcpJeN4tZjUOuiMeWZ4DBNPEYg7Hitobal442bJMIPR84DIfJMS3W5N41ZD2-jtlZkCptEchXqUzug/s2048/Gwad%2008%20111-EFFECTS.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhb2Dk8KtGU19CUYnI_7jD8VLe5owc1TxLXn7FqGTJh6vY5fEckWfXGM1drofvS2F40hIBWyL0QW_3JOSlpXdVQzbNR6z5bZSAJd9tBhK-tNcpJeN4tZjUOuiMeWZ4DBNPEYg7Hitobal442bJMIPR84DIfJMS3W5N41ZD2-jtlZkCptEchXqUzug/s320/Gwad%2008%20111-EFFECTS.jpg" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: verdana;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-15499456660065857482022-04-18T20:38:00.007+02:002022-04-21T08:58:08.662+02:00Cogne<p> <span style="font-family: Verdana;">Bats, bats taudis de cœur malmené,</span></p><p><span style="font-family: Verdana;">Tape, tape vilain cœur tabassé,</span></p><p><span style="font-family: Verdana;">Cogne, cogne sale cœur égratigné,</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Frappe encore vieux cœur cabossé.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Force, cogne davantage dans les côtes<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Pousse, pousse les pistons dans le circuit<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Tant que tu cognes sans fin, sans faute<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Rien n’est perdu, rien n’est vraiment cuit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Bouge, gigote, vit, danse, tambourine<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Mourir maintenant? Je n’suis pas pour<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Vibre, rougne, ronfle dans ma poitrine<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Partir maintenant? Rien prévu pour<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Allez quoi, et une et deux et une et deux<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Bats comme un vrai cœur d’amoureux,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Envoie du rouge dans les artères,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Que ça bouge, des nuages aux parterres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Jusqu’à demain! Sinon laisse au moins<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le temps de dire au revoir, laisse le moi,<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Dou doum, dou doum, mille fois ou... deux.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Bats toi, s’il te plait, allez, encore… un peu…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl1Xg8pbIEeoaWNpUnglsAP1P3X3vNpwJiuM-zjOolnNJyIq-dlWBgRVN7hgwoB2TrEgLbhwipy79WtRMLFfPX1gVvH4OUmTYg7p1AZ3TrBJ0d-itVaWth0zGc-GtSya4XUMjdklFUpSfSW67TCQIugEEg01cRuBFomSMNYAKL1bEdlY8XrTqnrQ/s3648/L'Isle%20Verres%20brocante%202.JPG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2736" data-original-width="3648" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl1Xg8pbIEeoaWNpUnglsAP1P3X3vNpwJiuM-zjOolnNJyIq-dlWBgRVN7hgwoB2TrEgLbhwipy79WtRMLFfPX1gVvH4OUmTYg7p1AZ3TrBJ0d-itVaWth0zGc-GtSya4XUMjdklFUpSfSW67TCQIugEEg01cRuBFomSMNYAKL1bEdlY8XrTqnrQ/s320/L'Isle%20Verres%20brocante%202.JPG" width="320" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-77131363968250908352022-03-16T08:26:00.004+01:002022-03-20T00:17:07.619+01:00La dernière fois<p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ils y sont arrivés en fin de matinée, ils ont garé la voiture dans la pente de l’étroit chemin, ils ont vérifié qu’elle ne gênait pas le passage, ils ont fermé les portes et ils sont descendus vers la rivière. Ils n’avaient pris avec eux qu’une grande serviette de bain un petit sac à dos avec leurs papiers et portefeuilles et le peu qu’ils avaient acheté pour un repas vite fait. Deux pommes, un paquet de biscuits et une bouteille d’eau chacun.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il faut dire qu’ils n’arrivaient presque plus à manger depuis un ou deux jours. Depuis qu’ils savaient tous les deux que chaque minute les rapprochaient du terrible moment de leur séparation. De leur arrachement, plutôt.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il faisait une chaleur de juillet, dans le sud. L’air était de plomb, les cigales s’en donnaient à cœur joie, le chemin était pour l’instant désert mais il ne tarderait pas à être envahi, le coin était prisé paraît-il. Le chemin caillouteux descendait vers une rivière pas très large, trois ou quatre pas d’homme pressé, mais d’un vert amande et d’une transparence étonnante. Elle était aussi fraîche qu’une rivière peut l’être même au cœur d’un été de feu. Elle courait vivement guidée par des rives accueillantes et ombragées. On venait ici pour se tremper, pour s’ensiester gentiment sur ses berges de mousse douce, pour s’alléger du poids de la chaleur accablante qui faisait vibrer le ciel. On venait ici pour oublier les ennuis du moment, comme pour faire peau neuve. On venait ici pour se détendre, pour se laisser prendre par le paisible et le soyeux. On y venait aussi pour se rafraîchir la vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Les deux qui venaient de garer la petite voiture rouge, ceux qui, maintenant, marchaient au plein milieu du chemin étaient silencieux. À dire vrai, ils étaient partagés entre le bonheur et la tristesse ce qui n’est pas si facile à vivre. Il y a comme ça des mélanges impossible. Le bonheur d’être encore ensemble, pour quelques heures, la tristesse de savoir qu’ils allaient se séparer à la fin du jour. Malgré tout, ils voulaient encore profiter, si possible, de leur après-midi. Pleinement, entièrement, absolument mais quelque chose au profond d’eux mêmes leur disait qu’ils n’y arriveraient sans doute pas. Ils n’avaient pas tort, malgré la fraîcheur de l’eau, malgré les caresses du courant, malgré la beauté de l’endroit, ils étaient ici mais déjà dans l’après. Dans le l’un sans l’autre. Et ça leur était insupportable. En vrai, ils savaient que cette séparation qui s’était annoncée n’était pas envisagée pour quelques jours, ni même quelques mois. Ils avaient compris qu’elle serait définitive et que leur fragile union ne survivrait pas au retour à la « vraie » vie. Ils se donnaient encore la main mais comme des naufragés s’accrochent à des bouées qu’ils savaient crevées. Plus le temps avançait plus la douleur montait comme un goutte à goutte s’instille dans un organisme et répand son liquide. Ils s’emplissaient peu à peu de souffrance. Alors ils ne se disaient pas grand chose eux qui avaient commencé leur ensemble par des mots échangés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis, l’heure tournant, le soir venant, l’ombre des saules s’épaississant, il a fallu plier serviettes et remonter le chemin. Il n’avait pas paru si pentu à l’aller…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ils sont arrivés en nage près du rouge de la voiture.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Quand ils en ont fait le tour, ils se sont aperçu qu’une vitre arrière avait été brisée, que leurs sacs de voyage qui étaient restés sur les sièges avaient disparu. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ainsi, ils étaient au bout de leur route. Nus. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Leurs deux vies étaient comme la vitre arrière de la voiture : brisée, éparpillée en dix mille éclats.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Alors de peur, de colère de tristesse et de lassitude, elle s’est laissée envahir par de longs sanglots mais en refusant l’enveloppe de ses bras.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Une fois apaisée, une fois ses larmes séchées, elle s’est installée au volant puis elle a roulé sans un mot jusqu’à la ville la plus proche et, avant d’aller à la gendarmerie pour leur parler du vol et porter plainte, elle l’a déposé sur le devant de la gare. « Tu trouveras bien un train » elle a dit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Puis sans descendre, sans même le regarder elle lui a demandé de sortir de la voiture : « Sors, maintenant » Comme si elle lui demandait de sortir aussi de sa vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Il est sorti. Elle a démarré.<o:p></o:p></span></p><p><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Ils ne se sont plus jamais revus.</span> </p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-65783269091207371952022-03-14T17:00:00.003+01:002022-03-15T10:21:36.866+01:00En un éclair<p><span style="font-family: Verdana; text-align: justify;">Alors, leurs regards se sont croisés et, en un éclair étincelant, tout ce qui était vivant dans le coin a été emporté à des années lumières.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Jusqu’à présent, ils s’étaient aperçus plusieurs fois sans qu’il ne se passe rien. Le calme plat. Oh ils s’étaient bien regardés un peu mais comme on le fait quand on entre dans un bus ou dans une rame de métro et qu’on cherche une place libre. Ce ne sont pas vraiment les gens assis qui vous intéressent. On jette un œil vite fait sur les éventuelles places libres, les endroits possibles où se poser, on jauge le voisinage pour savoir lequel nous sera le moins désagréable, on mise sur le confort voire sur l’odeur éventuelle et puis on choisit, on se détermine, on tranche, on s’assoit. On ne pose pas vraiment le regard sur les personnes autour de la place conquise. Avec eux deux ça c’était joué comme ça au départ. Ils s’étaient croisés dans les couloirs, ils s’étaient aperçus dans les assemblées, ils s’étaient salués certains matins quand ils étaient arrivés ensemble à la grille, ils s’étaient souris une fois ou deux à la cantine mais rien de plus, rien d’autre. Très peu de mots échangés, très peu de phrases. Un bonjour, bonsoir, le tout venant le poli, le civil, le minimum. Il faut dire qu’ils étaient chacun engagés et se pensaient heureux de ce côté là. Ils n’avaient rien derrière la tête, aucun projet, aucun désir autre que celui en cours. En tous les cas, ils n’avaient surtout pas l’idée d’aventure qui pouvait leur venir au cerveau. Du moins se croyaient ils à l’abri de ça. Evidemment, il avait remarqué son joli carré court blond frisé, ses yeux noisettes brillantes, son sourire en coin, malgré sa rareté, et la grâce de ses mains. Il avait aussi, vite fait, aperçu sa silhouette fine et son élégance simple et sa démarche altière, son port de tête sans doute de danseuse, mais rien de plus que déjà pas mal.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et pour dire vrai si jamais l’idée se pointait, ça pouvait arriver, on ne vit pas non plus dans un couloir d’hôpital psychiatrique, comme une tentation, un interdit à braver, comme une barrière à franchir, un mur à escalader, ça leur paraissait représenter un tel bazar, un tel dérangement, une telle montagne à gravir ou a déplacer qu’aussitôt ils la viraient de leurs têtes. Pas de ça. Pourquoi faire ? N’as-tu pas déjà tout ce qu’une personne sensée peut désirer ? N’es-tu pas déjà de ce côté là béni des dieux, de ses apôtres, des fées bienveillantes et de quelques anges amicaux et bienveillants ? De quels frissons aurais tu besoin ? Pourquoi voudrais-tu te sentir davantage vivant que tu ne l’es ? Parce que tu l’es bel et bien, vivant. Tu as tout ou presque ce qu’on peut envier. Alors, d’où te vient cette pensée qui t’a traversé l’espace qu’une seconde. Oublie ça de suite. Dans ta situation, c’est de l’ordre de l’impensable. L’injonction était puissante. C’était oublié, chassé, évacué et tout redevenait normal. Les choses se rangeaient immédiatement.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Ils ont passé six mois de cette façon, travaillant dans le même lieu, mais sans se croiser vraiment, en s’apercevant de temps à autre et de loin. Intérieurement ils étaient même sans le savoir contents que ÇA n’aille pas plus loin, que rien ne se passe autre que ces « bonjour, bonsoir »tirés à quatre épingles, légers comme des plumes nouvelles, ne disant rien d’autre chose que bonjour, bonsoir. Ravis de ne pas s’être engagés sur le difficile et menaçant chemin de l’attirance, voire de l’attraction. Ils avaient chacun leur vie de leur côté, il se trouve simplement qu’ils travaillaient dans le même espace et qu’ils se croisaient parfois. Mais ils ne se devaient rien, ils n’échangeaient rien, rien de plus que tu vas bien ? Merci moi aussi.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Et puis il y eut ce repas de fin d’année auquel participait qui voulait venir. Lui ne voulait pas y aller. Pas question que je passe une soirée de libre avec des collègues de travail auxquels je n’ai pas grand chose à dire en dehors du travail. On avait insisté, on lui avait demandé comme un service de participer. Il s’était laissé faire, il avait dit oui bon je viens mais c’est bien pour te faire plaisir. Ils s’étaient tous retrouvés un soir sur le trottoir devant la porte d’Aux bonheurs de Chine. Certains s’étaient demandé pour la contrepèterie, ça les avait fait rire… Ils étaient entrés. Il s’était retrouvé assis à côté d’elle. Elle lui avait souri en coin et un moment, avec son index droit, elle avait relevé une mèche échappée du carré pour la replacer derrière son oreille et elle s’était tournée vers lui.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana;">Alors, leurs regards s’étaient croisés et, en un éclair foudroyant, tout ce qui était un peu vivant dans le coin avait été emporté à des années lumière.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"> </span></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-73761975782619209232022-02-18T15:47:00.009+01:002022-02-22T08:12:25.609+01:00Pour un type<p> <span style="font-family: Geneva; text-align: justify;">Elle aussi... Elle l’a bien cherché… Mais pourquoi m’a-t-elle dit ça ?</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">C’était dimanche. Je m’étais réveillé un peu plus tard que d’habitude, c’est à dire que je m’étais réveillé à la même heure mais comme depuis plusieurs mois je n’avais plus aucune obligation, cette fois je m’étais rendormi. Et pas parce que nous étions dimanche, non là où j’en étais, les jours de la semaine n’avaient plus guère d’importance. Lundi se confondait avec mardi, qui pouvait être mercredi. Bref, je pouvais boutonner ma vie n’importe comment. Pour les semaines c’était pareil. On finit par perdre contact avec les calendriers, il n’y a plus que la douceur du soir ou la brume du matin pour nous donner quelques repères. Se lever à pas d’heure, se recoucher, se faire un film au beau milieu de la nuit parce qu’on sait qu’on pourra dormir le lendemain, aller pisser douze fois si l’envie nous prend, attaquer un livre à l’aube, plus rien n’importait. Les jours ressemblaient aux jours et les semaines à elles mêmes. Il se trouve que ce jour précis c’était dimanche.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Je me suis fait un café, je me suis douché et j’ai regardé le temps qu’il faisait dehors pour m’habiller. Depuis quelques jours une douceur exquise avait enfin débarquée, on commençait à ne plus s’entourer le cou d’écharpe, on laissait les gants dans la boite, on mettait une épaisseur de moins et quand on ne le faisait pas on finissait par crever de chaud. Ce dimanche là, j’ai juste enfilé une veste légère sur un polo manches courtes et je suis sorti.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Je suis allé jusqu’à la ville proche et je me suis garé là où je me range d’habitude puisque cette fois encore ma place habituelle était libre. J’ai marché un peu le long de la rivière où les couples de canards se formaient. Ça se voyait à l’insistance bornée des mâles à suivre la nage des femelles au centimètre près. Et puis j’ai longé les premiers étalages. J’ai salué les connaissances d’un sourire ou d’un geste de la main.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Quand je suis arrivé à la hauteur de son stand de fromages, je me suis dit tiens une nouvelle, je ne la connais pas, elle… Elle m’a proposé de goûter à un morceau de roquefort qu’elle me tendait sur un morceau de pain. Je lui ai juste dit non merci de la main, je venais de me brosser les dents et je ne voulais pas l’avoir fait pour rien. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">« Oh il boude le monsieur ! » m’a-t-elle envoyé. C’était à côté de la plaque, je ne boudais pas du tout, j’étais même plutôt content d’être là dans ces ruelles connues par cœur, j’étais un peu comme le ravi de sentir à nouveau le chaud sur les épaules, le vent qui avait tant soufflé ces derniers jours avait calé, on sentait dans l’air comme une odeur de sève montante, j’avais même vu en sortant la voiture, les premiers bourgeons apparaître sur les branches de l’amandier, non non je ne boude pas… Pas du tout, j’ai pensé mais je n’ai rien dit. J’ai fait pire…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Je me suis arrêté, je me suis tourné lentement vers elle comme dans un western de Leone et je l’ai fixée deux trois secondes et puis comme un torero enfonce son estocade dans la nuque ensanglantée de la bête fauve, en détachant bien les syllabes qu'elle puisse entendre clairement malgré le masque, j’ai balancé : <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">« Pour un type qui vient d’apprendre qu’il n’en avait plus que pour trois mois, je trouve que je ne m’en sors pas trop mal… »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Et je me suis barré en lui faisant une pécresse, la laissant en plan avec ma sortie dans les oreilles et j'espèrais en plein coeur. </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Intérieurement, je me disais : Quel dommage que tu ne puisses pas voir sa tête, elle doit être… </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;">Je voulais juste que l</span><span style="font-family: Geneva;">e malaise ait changé de camp.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiaWY11ZQC1vA0R9eHIQ-gHChfrt1t85MJuUt55QY8MgAJDAEV-oTdlrfpHum0oTXLT07WM_oKST_z0GSCr3x3NUGEm62JhV25zX8Lb8tZZvBZBDmSDckxOOeXuGrK7O-2_sHh_m9usVmPS86U_vSbkAPKCtANUargAOUMqj3DXIb82b-NXOlmR5A=s4032" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiaWY11ZQC1vA0R9eHIQ-gHChfrt1t85MJuUt55QY8MgAJDAEV-oTdlrfpHum0oTXLT07WM_oKST_z0GSCr3x3NUGEm62JhV25zX8Lb8tZZvBZBDmSDckxOOeXuGrK7O-2_sHh_m9usVmPS86U_vSbkAPKCtANUargAOUMqj3DXIb82b-NXOlmR5A=s320" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: Geneva;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-13747395080627237072022-02-05T14:28:00.006+01:002022-02-05T17:58:34.687+01:00Comme two (outils)<p> <span style="font-family: Verdana;">On peut, parfois,</span><span style="font-family: Verdana;"> s</span><span style="font-family: Verdana;">e détester </span><span style="font-family: Verdana;">comme le feu et l’eau</span></p><p><span style="font-family: Verdana;">comme la racine et la binette</span></p><p><span style="font-family: Verdana;">La bêtise et la bienveillance</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le mensonge et la vérité<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Les cheveux et le vent<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le jour et la nuit<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">L’aube et le crépuscule<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">L’amour et le temps<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">L’avenir et le cancer<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le brouillard et l’horizon</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le virus et le vaccin<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">L’intelligence et la certitude<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">La tour de Pise et le fil à plomb<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">...</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">MAIS on peut aussi<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">S’entendre comme le papier et le feu<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">comme tes lèvres et mon cou<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le vent et les plumes<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">l'herbe et le mouton</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">le bus et l'arrêt</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">la vitesse et la lumière</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">La mer et l’horizon<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">La vague et l’embrun</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Ma peau et ta main<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Ma pomme et tatin<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">L’aile et l’oiseau<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Les cigales et l’été<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Cinq heures et le thé</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">La vache et le lait<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">La pluie et le jardin<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le s et le T <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le vert et tes yeux</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;">Le À et le suivre…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span style="font-family: Verdana;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjmnCa4q2ha0MuzmFBO5XFRH7qcs2_Ki1aeVurs27riGytbOh9hjNaVTguwhOnjkLwNjy5OaXFKTNvZNcRAseoyuvxeHG0VdHG3MhPXHhwWISlEjNteoxIraNUSj1r1Mf3EBax8V8rjV7gsDB4hKKMsSTV69y6dMhF1iOa8wrXhylXfa1K98JtcFQ=s4032" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjmnCa4q2ha0MuzmFBO5XFRH7qcs2_Ki1aeVurs27riGytbOh9hjNaVTguwhOnjkLwNjy5OaXFKTNvZNcRAseoyuvxeHG0VdHG3MhPXHhwWISlEjNteoxIraNUSj1r1Mf3EBax8V8rjV7gsDB4hKKMsSTV69y6dMhF1iOa8wrXhylXfa1K98JtcFQ=s320" width="240" /></a></div><br /><span style="font-family: Verdana;"><br /></span><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-45488296130762541172021-12-13T12:33:00.010+01:002022-02-05T00:22:59.716+01:00L'un et l'autre<p><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; text-align: justify;">Comme l’un avait quelques jours libres devant lui, il a proposé à l’autre de les passer avec lui, là-haut, dans un village de moyenne montagne où il avait construit presque entièrement de ses mains un joli chalet.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils y étaient déjà venus ensemble, eux deux seuls, à plusieurs, en famille. L’endroit était superbe, le chalet confortable et la compagnie agréable. Il faut dire que même s’ils ne se voyaient pas tous les jours, ils se connaissaient depuis une bonne quarantaine d’année et que si ils avaient dû se fâcher, ils l’auraient fait bien avant. Tout ça pour dire qu’ils s’entendaient bien. Sans doute parce qu’ils partageaient à peu de choses près une même vision de la vie, des choses et des gens. Ils avaient les mêmes valeurs comme on dit. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ça aide à une entente cordiale. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Et même en vieillissant, même en étant devenus presque tout à fait vieux, mais pas encore trop, ce qui désormais en faisait plus guère de doute, ils n’avaient pas encore réussi à devenir si pénibles. Ni pour eux mêmes, ni pour les autres. Ils ne marchaient sur les pieds de personne, ils écoutaient ce que racontait l’autre quand ils parlaient avec quelqu’un et disaient bonjour poliment aux boulangères. Certes, ils n’avaient pas découvert le vaccin contre l’arthrose spongiforme, ils n’avaient pas non plus écrit « Belle du seigneur », ils n’avaient pas réalisé « La leçon de piano », ni peint Guernica, ni composé la Pastorale, ils n’avaient pas trouvé le remède imparable à la si dramatique salopation générale des rivières, des fleuves, des deltas, des mers et des océans qui menaçait de plus en plus mortellement la terre entière d’une catastrophe planétaire pourtant depuis longtemps annoncée, ni comment éviter que les routes du monde se peuplent de pauvres gens en marche vers un endroit simplement vivable, ils étaient défaits et mettaient du temps à s’en remettre quand par malheur ils avaient écrasé un écureuil, un hérisson qui traversait la route sous leurs pneus, ils n’avaient trouvé aucune solution pour les trop nombreux qui dormaient dehors sous la pluie et dans le froid sans l’espérance qui rend la vie simplement supportable. Ils n’avaient rien fait de toutes ces grandes choses qui font avancer l’humanité mais ils avaient essayé leur vie durant d’être les meilleurs maris possible pour l’un, les meilleurs parents, et grands parents, fils et amis possible pour les deux et ça n’a pas l’air de grand chose mais pour l’harmonie d’ici bas, pour tenter de rendre ce monde moins moche, ça pouvait, peut-être, aider.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Aussi, l’autre avait accepté la proposition. Et comme aucune objection ni réticence n’avait été avancée, ils s’étaient donné rendez vous un certain jour à une certaine heure et ils avaient pris route.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Après cinq bonnes heures de voyage, ils étaient arrivés sous une pluie battante mais ils s’en fichaient car la météo annonçait une belle journée le lendemain.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Après un tour de village comme on fait le tour du propriétaire, comme on va voir les nouveautés, comme on va essayer de savoir ce qui s’est passé pendant l’absence, on rencontre toujours quelqu’un pour raconter, ils ont passé une soirée tranquille à se remettre du trajet. Le lendemain, ils se sont préparés parce que l’un, celui qui connaissait le coin mieux que le fond de sa poche a suggéré d’aller faire un tour par là. L’autre était d’accord. Alors ils se sont équipés, ils ont préparé un casse croûte. Le ciel était d’un bleu lumineux, la neige avait recouvert les sommets, les champs et les bois et c’était juste beau à regarder. Un grand soleil d’hiver avait, dès son levé, viré tous les nuages et la journée s’annonçait superbe même si le vent n’avait pas encore tout à fait lâché l’affaire. Ils avaient roulé un peu puis ils avaient garé la voiture près d’une chapelle aux proportions si douces. Ils étaient montés le long du torrent de Chasse jusque sur les plateaux au-dessus. Ils avaient avancé dans le profond du blanc à pas lents sans trop de paroles. Ils ont fait une halte auprès des cabanes de Marie. Ce qu’on appelait ici des cabanes étaient des refuges d’alpage où, avant, quand la montagne était travaillée, les bergers qui montaient l’été y passaient la plupart de Juillet Aout en gardant les troupeaux avant de les redescendre dans la vallée pour l’hiver. Les cabanes étaient construites avec les matériaux trouvés sur place et permettaient de s’abriter des pluies d’orage et du frais des petits matins. Certaines étaient maintenant retapées mais elles n’étaient habitées que très peu de jours dans l’année. Il n’y avait ni eau ni électricité et seul un petit poêle à bois permettait de se chauffer si besoin. Elles étaient souvent aux abords d’un plateau sur lequel le troupeau pouvait brouter en paix, pendant qu’ils le regardaient faire et veillaient sur lui. Autant dire que leur emplacement avait été choisi avec soin et qu’à chaque fois ou presque on pouvait dire à leur côté : On est pas bien là ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">On était bien là. Mais poussés par le vent frisquet ils ne se sont pas attardés, ils ont vite avalé leur casse croûte, ils ont fini par un thé encore chaud du thermos et ils sont redescendus à l’heure des loups, à l’heure où l’ombre des arbres s’étire comme une escouade de chats silencieux et se répand en nappes sombres sur les champs enneigés. Ils ont mis moins de temps qu’à l’aller mais le retour comme l’autre partie de la vie paraît souvent moins long.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le lendemain ils se sont levés presque de bonne heure. Le soleil étincelant commençait à peine à éclairer les sommets d’en face. Au fur et à mesure de sa montée dans le bleu, la vallée s’éclairerait et le froid de la nuit s’estomperait. Le vent glacial avait calé, les promesses d’une belle journée étaient souriantes. Comme ils avaient décidé d’aller voir LE lac, ça tombait bien. Celui là, c’était un peu la vedette du coin. Il faisait la une de toutes les brochures du pays, il était celui qu’on monte voir surtout l’été en tongs et en hordes, celui qui donne son nom à toute la vallée, du col à l’autre lac dans lequel la rivière finissait par se jeter, celui dont on demande : Vous l’avez vu ?…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Là, au plein milieu de l’hiver c’était une autre histoire, IL ne s’offrait pas au tout venant. Du reste, là-haut, de l’endroit où ils ont garé la voiture jusque au retour, ils ont passé la journée seuls. À part quelques chamois dans les tours rocheuses qui le dominaient et le protégeait à la fois et la vibration devinée dessous la neige des ronflements sourds des marmottes endormies ils n’ont vu ni senti dégun de toute la journée. Personne à la montée, personne là-haut au pied de la chapelle fermée où ils ont fait leur pause, personne à la descente. Même les choucas n’ont pas, ce jour là, volé si haut. Trois heures de montée dans une neige profonde mais légère à cause du froid, trois heures à souffler comme des éléphants de mer, trois heures à ne pas transpirer que du bas du dos, engoncés dans des épaisseurs de pulls et tee-shirts, empêtrés de bonnets, gants et écharpes. Trois heures à se maudire Mais qu’est ce que je fous là ? De quoi me punis-je ? Qu’ai je donc commis pour m’infliger ça ? Pour l’un, trois heures à penser au moment où on va renoncer et lui annoncer : Vas y, finis toi je t’attends là, je te récupère à la descente, je n’en peux plus. Et puis, au détour d’une dernière grimpette, d’un dernier virage on finit par arriver au bout du chemin, on s’approche de l’autre qui attend patiemment et, là, là on LE voit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Alors toutes les questions, tous les doutes sont d’un revers effacés comme une éponge humide passe sur le tableau désormais comme neuf. On sait pourquoi on a fait tout ce chemin. On comprend pourquoi dans sa poitrine ça a cogné, on comprend pourquoi ses poumons se sont enflammés, pourquoi la sueur a coulé à flots le long du dos. On saisi les mollets douloureux, les reins à bout et les cuisses en souffrance… C’était pour voir ÇA ! Calmement pour ne pas troubler cet instant, on jette un œil à l’autre, on pose les quatre fesses sur l’humide de la la neige, on descend une demi bouteille d’eau gelée et on regarde en se taisant ou on se tait en regardant, les deux fonctionnent assez bien.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">On ne s’attarde pas parce qu’il faut encore descendre avant que la nuit arrive et qu’on ne puisse plus voir le chemin. Après deux bonnes heures de descente, on arrive à la voiture épuisé, rincé, pétri mais le cœur empli d’une joie intense. Une joie à la mesure de la fatigue.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">On était venu le voir, on l’a vu on est conquis.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils ne verront pas tout du film du soir, ils anticiperont un peu sur la nuit…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le lendemain ils se lèveront un peu plus tard que la veille, des courbatures plus délicates à déplacer. Le ciel sera déjà passé au bleu, le soleil aura déjà inondé l’angle de la forteresse qui domine le village. Ils prendront le café et l’un dira : Ça te dit d’aller manger des côtelettes là, au dessus, à la ferme abandonnée de Chastelas? Au début tu verras ça monte un peu mais rien à voir avec hier, on sera au soleil, une balade tranquille, on reviendra sans doute par le Pont de Misson, au début ça monte un peu (air connu) et cerise sur le gâteau on risque de voir des chamois c’est leur quartier par là. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Allons-y ! Si tu dis que c’est une balade facile, je te crois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils ont préparé les sacs à dos, ils y ont mis une grille ronde de barbecue et tout ce qu’il fallait pour un repas copieux ce n’est pas parce qu’on ne s’attable pas qu’on ne peut pas se gâter, et ils sont partis à pied du chalet.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Pour grimper fort ça grimpait fort. Droit. De suite. En quelques minutes ils ont aperçu là en dessous, à oeil droit, les toits du village blotti dans ses remparts, les faïences colorées des tuiles du clocher, les fumées de quelques foyers allumés qui montaient droit dans le bleu du ciel. Eux, ils étaient déjà en nage, rougis par l’effort et sacrément réchauffés. Après une heure d’efforts soutenus, sans trop de parole, ils sont arrivés sur une sorte de plateau où trônait une ferme abandonnée. Devant les bâtiments une esplanade d’herbe couchée, son exposition faisait que la neige n’y avait pas tenu. Au beau milieu de cette placette, des pierres posées en rond dessinaient un foyer. Ils sont allés ramasser du bois mort alentour ils ont arrangé quelques pierres et ils ont allumé un feu. Après un moment ils ont posé la grille sur les braises nouvelles et ils y ont glissé quatre côtelettes d’agneau sorties du sac à dos. Elles ont été vite grillées, saupoudrées de sel, de poivre et d’un mélange d’herbes sèches thym, romarin, sarriette, comme il fallait, et avalées avec gourmandise. Là, ils étaient passés dans la ligue supérieure. Le casse croûte vite englouti avait fait place à un repas de choix pris le cul dans l’herbe les yeux dans le bleu. Ils se sont régalés autant du repas que de l’instant. Et puis ils ont rangé et sont redescendus en passant par le Pont de Misson. Le jour commençait à faiblir quand ils ont posé leurs sacs.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le lendemain ils ne sont pas sortis à cause de la neige qui tombait à gros flocons leurs jambes et leurs cœurs ont passé la journée à rendre grâce aux éléments.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Le jour d’après, le grand beau temps était revenu et avec lui le frais d’hiver sec et sans vent.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils ont fait la balade du canal avec de la neige au-dessus des chevilles. Au début ça monte un peu… et puis après on passe sur un chemin étroit qui longe un canal de la largeur d’un avant bras qui servait autrefois à irriguer les champs exposés sud qui dominent le village. Une merveille de balade au plein soleil avec toujours à vue, à œil gauche les toits là bas, tout en bas. Il faisait une douce fraicheur et la neige accumulée sur les branches des sapins ou des chênes tombait en pluie de diamants à leur passage. Puis au bout du canal, après une halte au pied d’un chalet inhabité en hiver d’une harmonie incroyable. Ils ont bu au filet d'eau claire descendu en ligne directe du ciel, comme un elixir de jouvence magique qui, malgré le gel, coulait dans un tronc évidé puis ils ont poursuivi leur descente.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">C’était leur dernier tour, pour cette fois. Le lendemain, ils sont retournés dans leurs plaines. Avant de se quitter, l’un a remercié l’autre pour ces jours suspendus. L’autre a dit juste : De rien, merci à toi d’être venu.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Ils avaient passé cinq jours ensemble à partager simplement des plaisirs simples à se faire plaisir et à se le dire. Où qu’ils aillent, désormais, ils emmèneraient avec eux les souvenirs de ces jours en espérant qu’ils les gardent si vifs en mémoire que le souffle leur manque un peu quand ils y repenseront...<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Verdana; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhw3WXX-A9FRT7rlOnxjk_FS09soIgk0pukjPEZGxtuUiSTuzQf-SVVu_oyukXpPcqZmCbZhe7YsP43XyI8UPRWAF8xB-Kr0nMYYSmL6Ey-jkre-v6oC2aw4tLs8M0aRxWSS-a4dG39CeZV08WJGcM2UdGovWyfzd3sPDkjWfaXp7s9PcP4dN99tQ=s2048" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="2048" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhw3WXX-A9FRT7rlOnxjk_FS09soIgk0pukjPEZGxtuUiSTuzQf-SVVu_oyukXpPcqZmCbZhe7YsP43XyI8UPRWAF8xB-Kr0nMYYSmL6Ey-jkre-v6oC2aw4tLs8M0aRxWSS-a4dG39CeZV08WJGcM2UdGovWyfzd3sPDkjWfaXp7s9PcP4dN99tQ=w459-h305" width="459" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiSZXWcuobG4q4t8NS5xnfkYDV4MIqThYtDsxzIOZzP1ev0rGemzPrMghSeMtVvei_zQ9OHL-WDGmEJ0GsRhDDIqgImyEdvkpMKfcni06tQ6YcJkvrlO9-6zfDX6uiASE2fLeEKMkkiFPasp7wST26mk8qkd2KjiBbgS-6cPSHMAX6UDUMn2CfOOw=s2048" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiSZXWcuobG4q4t8NS5xnfkYDV4MIqThYtDsxzIOZzP1ev0rGemzPrMghSeMtVvei_zQ9OHL-WDGmEJ0GsRhDDIqgImyEdvkpMKfcni06tQ6YcJkvrlO9-6zfDX6uiASE2fLeEKMkkiFPasp7wST26mk8qkd2KjiBbgS-6cPSHMAX6UDUMn2CfOOw=w220-h241" width="220" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhd9It5_GH5Ijum9bcgVWRBMuadOyr5EjtoXJehMtcSlS4zHZWiQx2hyfSNJVQE-3at5n81pRGAsA69k0KcBMxkFw7e6rahfuYzXVS8nWn9yIMmz7P2NFZIkh4i2bcwhER2gMD7iFqI68FxeOVXoR6h_OdUNf2X8pyZBRDtK4aazZcWrhD5v5M-TQ=s2048" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhd9It5_GH5Ijum9bcgVWRBMuadOyr5EjtoXJehMtcSlS4zHZWiQx2hyfSNJVQE-3at5n81pRGAsA69k0KcBMxkFw7e6rahfuYzXVS8nWn9yIMmz7P2NFZIkh4i2bcwhER2gMD7iFqI68FxeOVXoR6h_OdUNf2X8pyZBRDtK4aazZcWrhD5v5M-TQ=s320" width="240" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjEjvl8ccYoZjgYIpUuGc-KgJBo7PL7w-M5adysCP8aXRywVOfH5qiV0tYgS2ehOu2DoJe-M_J12A2_vvogxUT4ClndVfGbgntXS1ol-Y9XR-sOn3unEsLUqMz_ciaY_W7K454ZUdMOmi1UM20Fp1hdQGYairw0U1mEm8QmMLTTSJHeeEOovl3Rzg=s4032" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjEjvl8ccYoZjgYIpUuGc-KgJBo7PL7w-M5adysCP8aXRywVOfH5qiV0tYgS2ehOu2DoJe-M_J12A2_vvogxUT4ClndVfGbgntXS1ol-Y9XR-sOn3unEsLUqMz_ciaY_W7K454ZUdMOmi1UM20Fp1hdQGYairw0U1mEm8QmMLTTSJHeeEOovl3Rzg=s320" width="240" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-687539647650657565.post-20764409013529131112021-11-29T13:01:00.014+01:002021-12-02T17:48:44.695+01:00Cette fois<p><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; text-align: justify;">Cette fois on commençait enfin à pouvoir l’évoquer. La menace se précisait jour après jour. On n’allait pas tarder à entrer dans le dur.</span><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; text-align: justify;"> </span><span style="font-family: Geneva; font-size: 14.666666984558105px; text-align: justify;">Il ne s'annonçait plus, il frappait à la porte, il était là.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Jusque là, la nappe avait à peine finie d’être repassée, on avait juste pu plonger une main dans la coupelle de cacahuètes à la sortie de la cuisine mais, si quelques bouteilles avaient été débouchées, les verres n’avaient pas encore été remplis. Cependant, une horde de serveurs en livrées blanche immaculée, la démarche tonique s’approchait martialement et en rangs serrés de la table du banquet au son d’une musique du genre militaire. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Oh nous savions tous qu’il nous restait encore quelques belles heures devant nous mais au fond nous savions aussi qu’avec les amuse-bouches c’était le début de l’hiver qui pointait le bout de son vilain nez. Gris, vents, pluies, froid, absence de ciel seraient notre lot commun désormais et encore nous nous avions la chance de vivre sous un toit.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">En nous il y avait toujours cette croyance qui nous persuadait que l’été avait à peine fini de s’installer, qu’il venait tout juste de prendre ses aises, que nous n’étions pas encore complètement habitués à ses douceurs. Du reste s’habitue-t-on aux douceurs des choses ? N’est-on pas à chaque fois surpris par elles ? Ne provoquent-elles pas toujours d’agréables étonnements ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Dans les rues glacées, les feuilles qui n’avaient pas eu le temps d’être ramassés avec aucune pelle s’amoncelaient en immenses tas humides qui commençaient à pourrir, dans les recoins épargnés des courants d’air, les jours se levaient de plus en plus tard et la nuit désormais pressée débarquait en plein milieu des après-midis. Il nous fallait nous envelopper chaudement, il fallait nous dissimuler sous des couches de vêtements alors qu’hier encore un vague vieux tee-shirt suffisait. Et le cou et le cou et les mains et les mains et le nez et le nez. Couverts, protégés, enfouis à l’abri du monde extérieur de ses virus et de ses intempéries. L’hiver était une saison de nez qui coulent, de rabougris, de frileux, de craintifs, d’enfermés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Les terrasses étaient vides, les tables et les chaises empilés, bâchés, rangées de côté, inutiles. Jusqu’à l’envie de s’y attarder nous avait quittés. Fini le partage, les heures animées, les chants, les flots de parole enjoués. L’hiver est une saison de solitude, de silence et de repli sur soi ce qui n’est pas forcément une compagnie souhaitable…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Tout ça ne laisse pas de marbre, ça a des effets qu’il vaut mieux regarder plutôt que de les nier Et oui, « Je dors moins bien la nuit, j’écoute patiemment, de la maison les bruits... »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Et oui, je recherche fréquemment la compagnie du silence du chat dans la maison duquel je vis. </span><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt;">Oui aussi, je suis orphelin et depuis un an, déjà.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Oui, encore, j’ai des douleurs à apaiser mais je ne saurais laquelle choisir pour en être débarassé en premier, une cheville, un dos ou des épaules et depuis quelques années, je fais une cure d’énergisant dont j'ai vu à la TV la pub: Pion3 version senior... J’ai désormais une patience de beurre mou. J'ai arrêté de fumer et je ne peux plus boire tous les verres que je voudrais. Je suis maintenant obligé de choisir entre entrée et dessert. Je me lève à l’aube, je n’aime plus flaner au lit. Du reste, je n’ai plus de raison d’avoir envie de flaner au lit puisque je ne suis plus tenu de me lever ou alors pour des rendez vous médicaux. Je suis saisi plus facilement par des sanglots lors d’un film même s'il 'est pas si émouvant. Je commence à me poser des questions sur la diction des acteurs français, j’ai le sentiment qu’avant je les comprenais mieux… J’aime aussi écouter la musique un ou deux volumes au-dessus, je l'entends mieux voyez vous. Je m’intéresse de moins en moins à ce qui m’ennuie, j’ai autre chose à faire qu’essayer de comprendre. </span><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt;">J’ai des avis de plus en plus tranchés, je suis de moins en moins enclin à disons expliquer, envisager une autre voie, pardonner, même. J’accomplis de plus en plus sans les retarder les taches domestiques qui doivent être effectuées comme nettoyer la hotte aspirante, changer les torchons de cuisines, jeter les éponges usagées, passer la poussière sur les meubles, vider le sac des emballages, remplir le compost, changer les draps, étendre les lessives. Je me fiche de plus en plus de ma façon de m’habiller aller faire les courses, le jugement des autres n’est plus un critère. Ceux que j'aime le plus vivent loin, on ne se voit plus que par petits bouts ou par écran interposé quelques minutes ça et là. On ne partage plus leur quotidien, leur quotidien s'organise ailleurs puisqu'ils en ont eux aussi fondé une. Ce qui bizarrement est plutôt un signe d'une certaine réussite. Le boulot a été fait. Mais la question de leur bonheur reste toujours posée. On se le demande toujours ça: Sont-ils heureux?</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt;">Tout ça finit par attrister, un peu.</span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">Au fond, ce qui me chagrine le plus c’est que je n’arrive pas à savoir, avec certitude, ce qui, entre l’arrivée imminente de l’hiver et celle qui s’annonce, inexorable de la vieillesse, des deux me serre le plus le cœur.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">J’y étais, en plein, sauf qu’après la saison dure nous savons que les jours finiront par rallonger alors qu’avec la vieillesse… Aurais-je le bonheur de voir encore refleurir ce rosier que j'aime tant?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">___ Dis donc pépère, on t’a pas livré en joie de vivre ces derniers temps ? Si j'étais toi, vieux, je doublerais la dose de Pion 3... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;">___ Heu là, dis, si tu la fermais un peu ? Pour cette fois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"><span style="font-family: Geneva; font-size: 11pt; line-height: 22px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: Cambria; line-height: 24px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ma7dp2f0fAM/YaTAryuQ-6I/AAAAAAAANDY/BCNyZdWlyCklgZYdnY_1-yH9mFmqnTEswCLcBGAsYHQ/s2048/Chennevieres%2Bbords%2Bde%2BMarne.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-ma7dp2f0fAM/YaTAryuQ-6I/AAAAAAAANDY/BCNyZdWlyCklgZYdnY_1-yH9mFmqnTEswCLcBGAsYHQ/s320/Chennevieres%2Bbords%2Bde%2BMarne.jpg" width="240" /></a></div><p></p>chrihttp://www.blogger.com/profile/01055264315821739057noreply@blogger.com4