25 mars 2011

Une bien bonne.

Dix neuf heures trente, dans un village maintenant gagné par la nuit. 
Il revient de la ville d'à côté où il est aller poser sa motocyclette pour une révision. En partant, il a laissé la lumière du salon allumée, il revient de suite. Il n'a pas rangé les courses qu'il vient de faire pour le repas du soir. Il le fera à son retour du garage puisqu'il revient de suite. Il est parti en moto, il l'a laissée là-bas et c'est un mécanicien qui le dépose en rentrant chez lui. Pendant le trajet, ils ont parlé de la cigarette et du fait d'arrêter, l'autre aimerait bien, lui l'a fait. Ils conviennent tous les deux que ce n'est pas une chose facile, qu'il arrive qu'on en ait encore, trois ans après, des envies très fortes, des bouffées d'envie devrait-il dire. Ce court trajet a été agréable. Le jeune homme a gentiment pris soin de lui dès le départ. Le jeune homme avait allumé son lecteur CD et comme du rap s'en est échappé, il a seulement dit: Je change de musique...
Vous pouvez laisser celle là, ça ne me dérange pas. Mais le gars avait quand même changé. Tant de prévenance, j'ai l'air si vieux que ça? Avait-il pensé. Et puis malgré tout... ce n'était pas mal qu'il change. Il l'avait déposé à quelques mètres de chez lui. Ils s'étaient dits au-revoir et c'est un type plutôt gai qui s'était avancé vers sa maison.
Devant sa porte, il avait sorti les clés. Le verrou du haut n'avait rien voulu savoir. Mais alors rien. Pas question d'entrer par le garage, les clés étaient sur celles de... la moto. Il avait fait le tour de sa baraque pour voir si par hasard une fenêtre n'était pas restée ouverte. Fermées. Il avait essayé de pousser toutes les portes fenêtres. Toutes fermées.
Il avait réessayé une bonne heure avant de se résoudre. Il avait ouvert, grand ouvert tous ses chakras, il avait invoqué le dieu des serrures, il avait menacé mais rien. Il était allé jusqu'à la caserne des pompiers  pour voir s'ils n'avaient pas de double ou de passe des garages, mais il vivait dans un village si petit qu'il n'y avait pas de permanence. Il était revenu la clé basse. Il avait un peu pesté, intérieurement puis extérieurement, puis davantage qu'un peu. Mais rien n'y avait fait. Il avait un peu forcé sur la clé qui, bien entendu avait fini par casser dans la serrure. Cette fois,  à moins de briser quelque chose, une porte, une fenêtre, un volet, une porte de garage, il était à la porte de chez lui. Il faisait nuit maintenant et il était enfermé dehors. Il lui restait sa voiture, les clés, son porte feuille.
C'est avec une rage contenue qu'il avait repris le chemin de la ville d'à côté. Il s'était arrêté dans une pizzeria où il avait mangé. Autant pour se nourrir que pour réfléchir. 
Si possible. Qu'avait-il devant lui comme solutions?
Dormir dans la voiture en attendant le lendemain que le garage des motos ouvre? Les nuits étaient encore fraîches et il ne voulait pas fâcher sa vieille pote, Hernie. Il se voyait déjà le lendemain froissé comme un costume de lin, hagard du manque de sommeil, hébété, tremblant de froid. Non merci. Appeler des amis à cette heure pour leur tomber dessus? Leur tomber dessus, comme tu y vas, et alors ce sont des amis, non? Oui, mais moi je n'oserais pas. Oui, mais toi tu es un peu con. Et quand je dis, un peu, c'est un euphémisme... C'est ce qu'ils vont sans doute me dire s'ils lisent ça et qu'ils pensent que c'est vrai. Oui, oui, mais non. L'idée lumineuse, pour s'en sortir avec un peu de dignité, il l'a eue, il était temps, au moment du café: Un hôtel, voilà la solution. Il passera une nuit confortable, il se glissera sous  une douche agréable le lendemain, il engloutira un petit déjeuner acceptable en attendant l'heure de  l'ouverture du garage.
Il avait pris une chambre dans un hôtel pour VRP. A quelques kilomètres de sa maison. Il y avait mieux comme dépaysement.
Et c'est un type fatigué qui s'était endormi vers dix heures du soir dans une chambre d'hôtel pour représentants de passage, en se disant, j'en ai fait encore une bien bonne aujourd'hui et en regardant, avec bienveillance, ce qu'on était, parfois, amené à faire pour approvisionner un blog en histoires...


Mais au regard du poids qu'il avait sur le coeur, comme une mauvaise nouvelle, cet épisode là n'était rien. 
Rien du tout.







9 commentaires:

Tilia a dit…

???
Vous me faites peur avec votre mauvaise nouvelle. Avec vous on ne sait jamais si c'est de l'art ou du bidon...

Le coup "à la porte de chez soi" ça me rappelle cette histoire d'échelle (lire le 2 et le 3... Mouarff !!).
Je rigole maintenant, mais j'y étais et j'ai un peu balisé en voyant mon distrait de gendre jouer les acrobates au deuxième étage !

chri a dit…

@Tilia Pas d'inquiétude pour moi-même, Tilia mais mauvaise nouvelle quand même. C'est la vie qui veut ça. Pour mon "aventure" elle s'est bien terminée puisque j'ai récupéré les clés le... lendemain.

véronique a dit…

alors, moi naïve ... je me suis dit "chic" l'histoire n'est pas finie ! va y avoir une suite de mauvaises nouvelles !

vrai que c'est pas très grave d'oublier ses clés ... perso, çà m'est arrivé deux fois de claquer la porte avec les clés à l'intérieur, donc impossible d'en re-glisser une dans la serrure, de clé ... et les deux fois, figurez vous, que ce sont les pompiers (et oui les pompiers sympas ! très sympas !, très très sympas !! ) qui sont venus avec leur échelle pas trop grande, j'étais au deuxième étage : la fenêtre laissée entr'ouverte m'a sauvée, un super pompier acrobate a escaladé la façade et hop ni une ni deux, il était à l'intérieur ! un truc de fou hein !!
la seconde fois, même scénario.... j'étais très furieuse, ces jours là, contre moi, vous imaginez et puis une fois chez moi, bien heureuse de constater qu'une bonne étoile veillait sur moi !pourquoi je vous raconte çà ? aucune idée !
un bien pour un mal .... chai pas

véronique a dit…

un mal pour un bien ...

chri a dit…

@Véronique: Vrai qu'une fois le lendemain la mésaventure s'avère très très peu grave... mais sur le coup: boulettes quand même!

Nathalie H.D. a dit…

Je fais partie de ceux qui se disent que quand même cette andouille de C., il aurait trouvé un lit à L'isle s'il voulait, ou à Avignon....

En revanche la mauvaise nouvelle m'inquiète.

Avant mon quatrième étage ici, j'ai toujours vécu dans des bateaux ou dans des maisons courant d'air où il était facile d'entrer. Seule la porte de devant était fermée. Il suffisait de passer par derrière...

Au 4ème c'est plus problématique mais tant que je vis avec ma fille il y a toujours une 2ème clé pas bien loin.

chri a dit…

@Nathalie J'ai depuis vendredi... matin, la clé du garage sur mon trousseau. L'hotel St Louis? Pas terrible.

Anonyme a dit…

Manquait plus, le lendemain, que de trouvrer la porte fracturée ...
Mais bon, un happy end, c'est bien aussi.

slev
(encore que le poids sur le coeur inquiète un peu).

chri a dit…

@Slev Le poids est dû à Jours de chagrin...

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