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18 octobre 2019

Le portable à Paul

Paul, tu commences à nous emmerder avec ton portable. Une demi–heure que tu te répètes. Tu es en boucle mon grand. Ça passe pas, ça passe pas on va pas en faire un fromage. Fais comme nous, profite, regarde autour de toi, tu es au fond des gorges, on a mis une heure à descendre sur ce chemin presque vertical, on s’est bousillé les cuisses, j’ai les genoux en flammes alors s'il te plait, baigne toi tranquille, ce soir on remonte et tu le récupères ton réseau ! Putain tu vas pas nous gâcher tout l’après midi quand même?
Paul a attrapé sa serviette il s’est éloigné de nous et il est parti bouder dans un coin derrière un énorme rocher dans le virage. C’est qu’on était tous, plus ou moins, devenus zinzins avec ce rectangle de lumière. Moi le premier. Il appelait notre regard des centaines de fois par jour. Il réclamait un ou deux de nos doigts avec force. Il fallait voir les gens dans les transports, au restaurant, dans la rue EN MARCHANT, dans les voitures EN CONDUISANT, risquer leur vie et celles des autres pour avoir les yeux concentrés sur ce truc. Maintenant, il réglait nos vies, la racontait, la rythmait. On était tous devenus débiles. Avant de sortir on regardait l’appli météo au lieu de jeter un œil par la fenêtre. Avant d'aller consulter on s'inquiétait du mal qui nous rongeait. On ne se parlait plus on se s émessait. Les plus atteints étaient ceux qui n’avaient pas connu la vie sans.  Du reste ils ne pouvaient plus vivre sans. L’écran de leur engin était devenu leur fenêtre sur le monde. Sacrément riquiqui comme baie vitrée. Leurs pensées étaient proportionnelles. Ainsi Paul qui nous cassait les bonbons dans un des endroits les plus beaux du pays parce qu’il n’avait pas de réseau. Les plus vieux avaient vécu sans cette malédiction et pouvaient encore se souvenir du bon temps. "Paul, tu nous les brises. Tu vas lever la tête pendant une ou deux heures, jeter un œil sur le vrai monde, ça va te faire du bien aux cervicales et au cerveau. Crois moi, tu ne devrais pas mourir si tu ne peux pas te brancher une heure."
À cet endroit la rivière, je devrais plutôt écrire l’autoroute à canoës se resserrait un peu, aussi la circulation paraissait plus dense et c’était un défilé continu de rouges, de jaunes, de verts avec des types et des femmes dessus, un bob ou une casquette inélégants au possible sur leurs têtes rougies aux corps avachis dont on ne voyait que les genoux saillir, le haut engoncé dans des gilets de sauvetage constrictors et fluos qui leur donnait des allures de joueur de baby foot vivants, une rame à la main dont on sentait bien qu’ils l’auraient volontiers refilé à quelqu’un d’autre. Ouf. En passant près de la plage où on était installé certains nous jetaient des regards perdus disant en gros : Sortez nous de là, on en a marre de ramer on veut rester avec vous sur votre plage et se baigner nous aussi, cette après midi est un cauchemar! 
Les autres avançaient en se la racontant.
Nous on avait galéré pour arriver ici. D’abord il avait fallu rouler sur une bonne moitié de la route des gorges de l’Ardèche, une route dessinée à l’alcool sans doute et à l’alcool fort. Puis on avait trouvé le parking perdu dans la garrigue. Il était assez grand parce qu’en bas, il y avait le camping des culs nus comme on disait dans le coin. Il était connu jusqu’au fin fond de la hollande celui-là. Et donc bondé de grands blonds bronzés parlant très fort. On avait garé la bagnole, sous les chênes verts,  on l’avait vaguement protégée du soleil puis on avait enquillé le sentier qui s’était très vite mis à ressembler à un escalier sans marche ni palier. On s’accrochait aux branches un peu solides, on manquait de se retrouver sur les fesses toutes les trois minutes, on suait, on peinait, on se griffait parfois aux épines des cardes, on soufflait comme des forges portatives, on se faisait peur, on souffrait. Bref, on en bavait. En ahanant, en rougissant, en dégoulinant, on se disait qu'on était en train de mériter le bain qu’on allait prendre. Une fois en bas on a passé un beau moment malgré le défilé des canoés, des kayaks, malgré les cris des embarqués qui réonnaient contre les parois abruptes. L’automne avait commencé à faire virer les couleurs des versants et la rivière s’était mise à charrier les premières feuilles tombées plus haut comme des confettis de fin de fête. Le ciel tout au dessus était lui, d’un bleu électrique. Et puis le soleil est passé de l’autre côté de la falaise, l’ombre a grandi sur la plage, le frais s’est pointé, il a fallu plier bagage et remonter.
Paul a pris les devants, pressé de retrouver son réseau. On l’a suivi pendant les premiers mètres  et très vite on ne l’a plus vu. Il a dû grimper comme une fusée Titan au décollage. Trois bons quarts d’heure plus tard, nous sommes arrivés sur le parking rouges, trempés, épuisés, les yeux exorbités, les  poumons en feu. Paul était là appuyé contre la voiture.
D’une voix hachée à cause du souffle manquant un a demandé : "Alors Paul les nouvelles sont bonnes, tu as retrouvé tes barrettes ?" 
Non, il a fait.
Il était blanc comme une aile de poulet. 
"Paul c’est bon tu as « checké » tes mails, tout va bien ? Tu revis?"
Non, a-t-il dit un peu plus fort et énervé.
Il était pâle comme une aube.
"Ben Paul t’es encore fâché, tu ne nous parles plus ? "
D’une voix tremblante à peine audible en se déplaçant vers le sentier qui descendait, d’une voix pleine de rougne, il a juste dit :   J’ai oublié mon portable en bas...
On a éclaté ! 
"Ah merde, c'est con. T'as pas une appli pour qu'il remonte tout seul?" 
"C'est de votre faute à vous aussi, avec vos idées à la con."

Nos éclats de rire ont accompagné sa colère une bonne partie de sa descente.




27 septembre 2019

C'était un dimanche

C’était un dimanche. 
En début d’après midi. Paul s'est extrait du canapé, il a saisi la laisse pendue dans l’entrée, il a hurlé dans la maison à qui pouvait l’entendre : Je vais faire pisser le chien! Personne n’a répondu : Elle, elle était encore dans la cuisine à se démener avec la vaisselle sale, les beaux parents étaient devant la télévision et des ristrettos allongés, les autres, les enfants, étaient remontés dans leurs chambres et devaient se remplir les cervelles de vide en échangeant des bêtises essentielles avec leurs frérots sur un réseau quelconque ou bien ils perdaient leurs heures, consoles en mains en perpétrant sans haine mais avec énergie un joli massacre virtuel. Le matin, après le petit déjeuner que chacun avait pris de son côté et à des moments différents, il avait amené l’ainé au sport et la fille à son cours de danse. Elle, elle était restée trainer. C’était un dimanche bien comme les autres. Au réveil elle l’avait cherché des doigts avec une main qu’elle avait tendue vers lui, elle lui avait caressé l’épaule, il s’était éloigné et lui avait marmonné dans son sommeil: "Pas envie, dormir encore." 
Elle en était resté là. De ça aussi il n'avait plus envie.
Dès qu’il a attrapé la laisse en corde, le chien avait levé une oreille, remué la queue, lancé un waf joyeux puis il était sorti du panier où il dormait et  s’était mis à tourner autour de son maître en aboyant maintenant avec frénésie. Paul a attrapé son portefeuille, l'a mis dans sa poche arrière, il a ouvert la porte et ils sont sortis. La vue de la laisse avait fait venir l’envie.
Le mistral qui avait soufflé comme un damné ces jours derniers avait calé en fin de matinée et tout dans le coin s’était apaisé comme suspendu. La température était encore douce en cette fin de Septembre et le ciel avait chaviré au grand bleu. Là bas vers l'est il restait encore des nuages noirs qui s'évacuaient lentement. Quelques flaques dans la rue disait aussi la pluie battante des derniers jours. Hier, elle lui avait proposé d’aller passer la journée à la mer qui n'était pas si loin : Il fait beau, on pourra se baigner une dernière fois avant l’automne elle avait dit. Il avait décliné: "Il va y  avoir un monde fou et on va s’emmerder pour revenir, non, non on bouge pas et puis tes parents viennent à midi comme d’habitude, non ?"
Il n’arrivait plus à avoir envie de bouger, de se remuer, de plus grand chose. 
Alors pendant l’entrainement du grand, il était allé chercher un poulet grillé au marché du matin. Il ne l’avait pas pris fermier, ils ne pouvaient plus, ils étaient obligés de faire attention, de surveiller les dépenses, de se restreindre. C’est que deux ans sans boulot avec les traites de la baraque qui leur tombaient régulièrement sur les épaules et tout le reste. Et tout le reste. Les réserves étaient comme eux deux, écrasés.
Le chien connaissait la balade par cœur. Il est sorti du lotissement aux maisons mitoyennes toutes semblables, il a pris le chemin de petits galets ronds qui descendait le long de la rivière en promenant sa truffe à ras du sol comme une tête d’aspirateur mais  en surveillant de temps en temps s’il était suivi. Il l’était. À la hauteur du lit presque partout asséché, tout excité, il a filé droit dans une flaque de flotte brunâtre et s’est couché dans le frais de tout son long. 
Au moins un qui se sera baigné ce dimanche a pensé Paul.  Après une centaine de mètres ils ont rejoint la voie ferrée de la ligne  T G V qui traversait le pays. Ils l’ont longée sur une bonne centaine de mètres. Lui sur les pierres, l’autre à ses affaires allait et venait, farfouillait dans les herbes hautes, les arbustes et la végétation encore dense à cet endroit. Un premier train s’est annoncé en soufflant. Il venait du pont qui passe au-dessus du lit principal et fonçait vers le sud. Les pierres du chemin vibraient, l’air a été bousculé par le souffle du monstre. À son passage le bruit insoutenable. Le chien était venu s’allonger aux pieds de Paul dès qu’il avait perçu l’arrivée des premières voitures. La voie n’était qu’à une dizaine de mètres. Puis le silence. Au dessus d’eux des vols en v de migrateurs commençaient à descendre en suivant le cours. Eux aussi fichent le camp  a pensé Paul. Ils ont repris leur marche. 
Après quelques minutes, ça l'a envahi d’un coup comme une paire de mains serrées sur sa gorge. Rentrer, la fin d'après midi, la pétanque d'après sieste, la belote d'après pétanque, les minutes qui viennent, l'ennui, la fatigue, l'épuisement? Insupportables. 
Alors, il a cherché un arbuste un peu plus gros que les autres, avec la laisse il a attaché le chien au tronc. Il a sorti un crayon qu'il avait toujours dans sa poche, un ticket de caisse de son portefeuille il a griffonné quelques mots sur le blanc qui restait du ticket, il l’a roulé et glissé sous le collier du chien, il lui a flatté les flancs, il a saisi son museau à deux mains et l’a embrassé en pleurant. Il s’est dirigé vers la voie ferrée. Un autre train s’annonçait…
On a ramassé des lambeaux de lui à deux cent mètres de l'impact ont dit les gendarmes. 
Sur le petit mot retrouvé sous le collier il avait juste écrit cette phrase:

"Pardon à tous pour toute la merde que je fous."


09 décembre 2018

Son premier baiser

Ce qu’elle ne savait pas c’était comment s'y prendre, comment le lui dire, mais elle était certaine, absolument certaine que, là où ils en étaient tous les deux, elle devait  lui parler sans plus attendre. 
Elle avait tout tenté pour éloigner ce mur au pied duquel elle se trouvait. Sans y parvenir. Malheureusement. Pour elle et pour lui. Encore quelques jours et elle ne pourrait plus reculer. En vrai, le pied du mur était derrière elle. Elle savait ce qui viendrait avec ses mots, elle n’en avait pas du tout envie. L’affronter lui semblait au-dessus de ses forces, continuer à se taire lui paraissait pire. Elle savait qu’il allait tour à tour sangloter, pleurer, rejeter, ne pas croire, s’emporter, hurler, menacer, s’affaisser, tomber, se murer. Elle aurait aimé s’épargner cette cascade de réactions, s’en préserver pour pouvoir passer directement des sanglots à l’effondrement. Elle lui aurait bien suggéré, puisque c’est ce qui allait inévitablement arriver, autant gagner du temps, autant ne pas gaspiller d’énergie, et ainsi éviter de se vautrer dans la comédie, dans le drame, ne pas surjouer, ni la douleur, ni les emportements. Un peu de discernement, de froideur, de raison que diable. Elle savait aussi qu’il finirait par s’en remettre. À part les très grands drames, on se remet toujours, de tout. Alors, soyons adultes. Ne versons pas dans des caprices bêtement enfantins. Tu vois, tu sens bien que ma décision est mûrie, réfléchie, mieux qu’elle est enfin prise, tu as bien compris que cela étant, je ne reviendrai pas dessus, alors épargne moi ces pleurs, ces cris ridicules. Epargne nous les grimaces et simagrées, ne me menace de rien, ne rend pas les choses plus difficiles qu’elles ne sont, affronte les, accepte les, accompagne les tu verras, tu te surprendras, tu en sortiras grandi, tu seras fier de ta réaction, tu pourras te regarder en face. Tu n’auras pas été cet être faible et larmoyant, nom de Dieu tu te seras comporté en homme, sûr de lui et de sa force. Tu seras resté digne et tu t’aimeras davantage. Tu vois tu as tout à gagner dans cette affaire qui ne sera plus une affaire mais une simple péripétie, une petite aventure, un incident de parcours que la vie réserve. Au fond au lieu de te blesser, je vais t’aider à grandir, à déployer tes ailes, à te défaire des chaînes qui t’entravent. Tu vas après cet épisode devenir, enfin cet adulte que tu penses à tort être aujourd’hui. Il te faut faire quelques progrès. Malgré toi, contre toi même je vais te venir en aide. D’ici quelques mois, quand tu auras réfléchi à tout ça, quand ta peine se sera adoucie, quand tu seras capable à nouveau de peser les pour et les contre avec une balance fiable, tu me remercieras.

Mon amour, mon bel amour, je suis devenue végétarienne. À partir de maintenant jusqu’à nouvel ordre, je ne mangerai plus d’animaux morts. 
À cause de Marguerite. La vache ? Non, Duras et ce qu’elle a écrit: Les animaux sont mes amis or je ne mange pas mes amis.
J’ai dit : Mais… Elle a posé un doigt sur ma bouche pour me faire taire, s’est approchée de moi et m’a embrassé doucettement dans le cou.  C’est le baiser le plus tendre que j’ai jamais reçu. Son premier baiser de végétarienne.

Je me suis senti envahi d'un plaisir infini. Désormais, j'étais serein, il n'y avait plus que le froid qui pouvait me mordre.





12 novembre 2018

Pierre ou le loup?

« On ne les voit jamais que lorsqu’on les a pris... » 
Léo Ferré La mort du loup.                                 

Il devait pleuvoir depuis trois ou quatre jours et autant de nuits. La banlieue était humide et froide. Le ciel de la journée si noir qu’on pouvait craindre des pluies de poissons morts. Il ne fallait, malheureusement pas s’attendre à autre chose d’autre avant trois bons mois. Il faisait nuit dès quatre heures de l’après midi et la plupart des gens se dépêchait de rentrer chez eux pour ne plus voir ça. Pour ne plus être trempés jusqu’aux os, aussi. Puis, le noir profond s’était installé. Des rafales de vent hargneuses projetaient des trombes agressives de flottes froides sur les volets fermés de bonne heure, les arbres, fagots debout s’agitaient nerveusement sous les attaques incessantes des courants d’air glacé, des soleils de tungstène donnaient aux rues désertes des lueurs orangées. Bref, Il ne faisait pas bon traîner dehors. 
Vers onze heures du soir, il n’y eut plus de vivant dans cet endroit que quelques chats de gouttières fuyant. A une extrémité de rue, les phares jaunes d’une voiture au ralenti sont apparus. Ils ont fait briller les gris océans des flaques d’eau sale puis se sont immobilisés le long du trottoir, les deux roues de l’engin dans le torrent du caniveau. La silhouette à l’arrière, du côté du chauffeur, paya, ouvrit sa portière et sortit. Le taxi redémarra dans des gerbes sombres et disparut à un angle de rue. L’homme resta sur le trottoir, immobile comme un bloc de granit posé, là. Sous les gifles du vent, de la pluie battante, il remonta le col de son manteau d’un geste inutile et dérisoire tant cette ombre dense était ruisselante. L’homme se recula pour que son regard embrasse l’ensemble de la rue. Il y était et tout ou presque lui revenait. Il avait quelque temps avant donné cette adresse au chauffeur, sans trop y réfléchir, en fait, il avait donné la première qui lui était venue... Celle là ou bien une autre, là où il en était, quelle importance ? Le gars avait bien commencé à râler qu’il était tard, que c’était loin, alors, il avait juste répété l’adresse sans hausser le ton, mais d’une voix qu’on ne discutait pas, en le regardant droit dans le fond du cerveau. Et l’autre avait ravalé ses reproches, vaincu. Finalement, elle lui convenait parfaitement cette banlieue, ce n’était pas sur le chemin du retour mais avec ce genre d’homme, il était prêt à s’asseoir sur son confort...C’est ce qu’il avait su se dire. Il y a des regards auxquels on ne résiste pas, même quand on est chauffeur de taxi... L’homme de marbre n’était pas revenu dans cet endroit depuis des siècles, mais rien n’avait changé. Cette virée, ici, c’était comme un plongeon. Avec ce qui tombait, le bassin risquait tout sauf le vide... La rue se décida à le faire traverser. En face, un peu sur la droite, il reconnut la vitrine d’une papeterie. Il s’approcha. Sur la vitre ruisselante, son reflet lui fit peur. Sur la porte, près de la poignée, une étiquette était collée. 
Comme il se penchait pour la lire, la porte s’ouvrit violemment...
Un soleil éclatant jaillit de l’intérieur, à sa suite, trois gamins en blouses grises, les jambes presque nues, les mollets habillés de longues chaussettes blanches tire bouchonnées, s’enfuirent en riant. Derrière eux, un homme chauve, bedonnant, une paire de lunettes sur le front. Il chercha les gosses du regard et lorsqu’il les aperçut, il leur lança:
__ Bande de vauriens ! Revenez ici, de suite ou je vous taille les oreilles en pointe!
Les trois garçons s’arrêtèrent de courir, firent demi-tour et sortirent des poches de leurs blouses des rouleaux noirs. Ils les brandirent à bouts de bras vers le commerçant en éclatant de rire. Avant de reprendre leur course, ils lui tirèrent trois langues noircies par la réglisse. Alors l’homme eut un vague sourire et en se frottant le menton, il lâcha sans grande conviction :
 __ Petits voyous !
Au dessus de son épaule, un client, le visage sévère lui dit :
__ Vous voulez que je vous les rattrape ? Ils n’iront pas bien loin !
 __ Non, pensez donc c’est que des bonbons, c’est que des gosses !
 __ De la graine de racaille c’tengeance, oui !
Le commerçant agacé :
__ Vous n’avez pas été môme, vous ?
 __ Parfaitement, mais je n’ai jamais rien volé, moi ! 
 __ Vous auriez du ! Et puis, ils ne volent rien, je leur donne, c’est un jeu entre nous.
 __ Et en plus vous êtes complices, un jour ils viendront vous faire la peau pour quelques billets, vous ne l’aurez pas volé...Si  ça ne tenait qu’à moi...Ils prendraient une de ces volées...
 __ Dites, vous n’avez pas compris grand-chose, vous. Allez, allez vous en, Monsieur, ne remettez pas les pieds ici. 
Puis il laissa l’air abasourdi du client sur le trottoir et rentra dans sa boutique en lui claquant la porte sur le nez.
L’homme du taxi sourit en revivant ce moment. Sur l’étiquette qu’il lisait était écrit :
Prochènement, ici, ouverture d’une boutique de Jeux Vidéos. Il ne put retenir :
__ Merde, pauvres gosses ! 
Il se releva et traversa la rue balayée par l’hiver, courbé sous les bourrasques. Il longea un mur grillassou, écaillé par le temps en laissant sa main traîner sur les pierres comme pour les lire en braille. Il s’arrêta devant une porte massive surmontée d’un fronton sur lequel était gravé : Ecole de garçons.
Cette porte, il l’avait franchie de nombreuses fois. Il se revit, raide comme un petit caporal, la tête rejetée en arrière à s’en défaire les cervicales, mourant de peur de se faire alpaguer les oreilles par le Directeur surveillant le tout comme un amiral.
Même s’il ne savait pas pourquoi, l’homme qu’il était devenu sentait que c’est là qu’il fallait entrer. Il se souvint d’une porte à l’arrière de l’école, une porte facile à franchir, une porte qu’il avait sauté quelques fois pour se la faire buissonnière. Il se dirigea vers l’angle de la rue, le contourna. Le bleu clignotant d’un gyrophare l’envoya sous une estafette garée là. Le bleu passa à quelques mètres de lui et s’éloigna. En se relevant, il se tint le côté. Il souffrait. Il se remit en marche plus rapidement malgré la douleur.
« Pas maintenant, pas encore, c’est trop tôt, il faut que j’entre là dedans... » se dit-il.
Il arriva devant une porte en métal. Elle lui sembla si petite, comme si le Prince découvrait que les douves du château n’étaient qu’un mince ruisselet.
Il vérifia que le calme était revenu dans la rue, que la voie était libre, grimpa sur la grille et passa de l’autre côté. En retombant, il ne pu retenir un cri de douleur qu’il tenta d’étouffer. La douleur lui avait giflé le flanc.  Il resta de longues minutes dans la cour de l’école habitée par le vent, le froid et le poids pesant de ses souvenirs. Rien n’avait changé, tout était en place, jusqu’aux odeurs. Même les tilleuls de la cour semblaient n’avoir pas grandi. Dans un coin de la cour, une porte. Elle donnait sur un escalier qui menait aux classes de l’étage. Là haut, sa classe. Il traversa la cour dans la grande diagonale. En marchant, il remua sur son passage les cris des enfants qui avaient joué et c’était comme un fleuve à traverser au gué. A plusieurs reprises, il manqua d’être renversé par le courant des vies bruyantes, des vies en train de se courir après, de se battre, de se cache cacher, de se gendarmer, de se trappe trapper. Il monta au premier en prenant appui sur la rampe polie, luisante d’avoir tant servie. Sur le palier, deux portes, il ouvrit celle de gauche. Et là, une odeur lui fila droit dans la cervelle. Une odeur qu’il aurait reconnue entre mille... Un mélange lourd d’éponge sale et de craie humide. Il se laissa emporter. Dans la salle, les tables et les chaises n’étaient plus alignées comme pour un défilé militaire, mais agencées en cercle. Sous le tableau, plus d’estrade sur laquelle il avait tant souffert en essayant de se souvenir des rimes du poème de Coppée à apprendre sous les rires moqueurs et soulagés de ceux qu’on n’avait pas appelé. Tout y était ou presque. Jusqu’à SON radiateur qui ronflait. Il prit une chaise et une table et se les colla contre le ronflement. Il y glissa avec douleur ses pieds dessous et s’assit. Il posa sa tête dans ses bras et s’endormit comme une masse. 
Dans son sommeil il entendit une voix lancinante qui dictait : « Alors virgule quand viennent… quand viennent les longues nuits virgule les longues nuits d’hiver virgule et que et que les loups les loups sortent du bois pour chassser, pour chasssser... » Plus encore que la phrase de Jack London, ce qu’il entend c’est le crissement des plumes sur le papier, c’est la diction lente et appuyée de la femme qui marche dans les rangées en posant son parfum lourd et menaçant sur leurs épaules d’enfants, ce sont les soupirs poussés par les gamins qui se demandent s’il faut mettre un r à chasser... Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de trente ans mais pour eux, vieille, elle l’était. Il se retrouve, oubliant le h de horde parce qu’il ne savait pas ce que cela voulait dire, en train d’enlever son pantalon. Oui après, dictée, ils avaient gym et sous son pantalon, un short pour être prêt plus vite. Et là, comme un éclair, la voix cassante, agressive, vouvoyante s’adressant à lui: 
__ Serge Proko ? Mais qu’est ce que vous faites sous votre table pendant la dictée ? 
S’adressant aux autres pour davantage d’humiliation : 
__ Non mais regardez le, celui là avec son pantalon baissé... vous vous croyez où, Proko?  Honteux, surpris, terrorisé, il répondit à côté : 
__ Heu...rien m’dame.
 __ Rien Ma dame, reprit elle cinglante. Les porte plumes suspendus des autres et leurs rires...
 __ Comment ça, rien ? Levez vous et sortez de la rangée que tout le monde vous voit bien! 
Serge, effondré, rouge de honte et de colère se leva et se décala de sa table parce qu’elle ordonnait et qu’il ne pouvait qu’obéir, son pantalon sur les chevilles.
 __ Alors, je vous ai posé une question, REPONDEZ ! L’enfant bafouillant : 
__ Je mets mon short pour la gym, m’dame. 
__ MA dame! Je vais vous en faire gagner du temps pour la gym, moi. Vous allez faire trois tours de cour !
 Comme il relevait son pantalon, elle enfonça le clou avec un sourire tordu: 
__ Non laissez-le baissé, et les mains sur la tête en plus !
Il sortit de la classe marchant avec difficulté, sous les rires des autres qui cascadaient dans ses oreilles. Hors de la classe, il le remonta et descendit les marches en pleurant. Une fois dans la cour, il le rebaissa, mit les mains sur sa tête, se cacha le visage avec les coudes et se mit en marche pour son calvaire. Aux fenêtres des classes, il sentit les regards rieurs de toute l’école que cette saleté n’avait pas manqué de prévenir... Il se réveilla d’un coup. Il était en nage il se leva et c’était comme s’il avait un couteau planté dans le ventre. Il passa une main sous son manteau et la ressortit rouge, poisseuse. En bas dans la cour, une rumeur enflait. Il s’approcha d’une fenêtre et vit la cour était bruissante d’enfants. Il courut vers la fenêtre opposée, celle qui donnait sur la rue. Il l’ouvrit et commença à enjamber l’appui. Cette douleur terrible plantée en lui. Trop haut pour sauter, il renonça. Une cloche sonna et un murmure grimpa l’escalier. Les enfants montaient à l’étage. 
Il était coincé, soulagé et coincé. Déjà, la porte s’ouvrait sur une bouille ronde toute étonnée de le trouver là : 
__ Qu’est ce que tu fais dans notre classe ?  
__ Moi ? 
__ Ben, oui, t’es dans notre classe ? 
__ Heu je suis là pour vous raconter une histoire.
 D’autres gosses poussaient derrière. La maîtresse entra, voyant l'homme:
__  Mais que faites vous là ? Qui êtes vous ?  
Les gamins ne lui laissant pas le temps de répondre : 
__  Il est là pour l’histoire, il va nous raconter la fin. 
Il s’était approché du bureau sur lequel un livre ouvert attendait. 
 __Il vient nous raconter, M’dame, laissez le !
 Ils se dépêchèrent d’aller s’asseoir, Serge se mit entre la maîtresse et la porte lui bloquant la sortie, puis la regarda droit dans les yeux, le même regard qu’il avait adressé au taxi. 
___  Ne faites rien d’autre que vous asseoir et écouter.
Ce qu’elle fit. Il prit le livre sur le bureau. Pierre et le loup. 
__  Vas y M’sieur, elle est bien celle là ! 
Alors devant la maîtresse médusée, sidérée, il raconta l’histoire de Pierre et le loup, sans presque lire le livre. Il s’installa au centre du cercle et devint Pierre, les chasseurs, les canards, le grand-père. Il courait, nageait, volait, chassait, sautait sur les tables, changeait de voix, grimaçait, horrifiait, surprenait. Plus il avançait dans l’histoire, plus il était dedans. Une si grande débauche d’efforts, de mime et de jeu qu’il transpirait à tordre. Les gamins de la classe étaient sous le choc, sans souffle, suspendus à ses lèvres, éblouis. Il en arrivait à la capture du loup quand une sonnerie retentit. La maîtresse, frappa dans ses mains et ordonna aux enfants de sortir. Serge était ruisselant, épuisé, vacillant. Avant d’obéir, les enfants lui firent promettre qu’il serait là après la récréation pour raconter la fin. Il promit. Tous sortirent sauf un. La maîtresse s’en aperçut. 
__ Pierre, tu sors, aussi.  
Non m’dame, je veux entendre la fin.
__ Pierre, c’est non, tu sors avec les autres.  
À cet instant, un grand venu de l’extérieur tira la manche de la maîtresse en lui disant : __ M’dame, le Directeur vous demande,  y a urgence, il dit que vous devez venir de suite... Quand on débute dans le métier, c’est une injonction à laquelle on ne résiste pas. Elle se tourna vers Serge et l’enfant et leur dit :
__ Ne bougez pas de là, je reviens. 
Elle sortit et descendit les escaliers quatre à quatre laissant Pierre, son envie de savoir et Serge. Dans le bureau du directeur, deux hommes en gris et l’ensemble du personnel attendaient :
Ces Messieurs sont de la police, ils recherchent cet homme, en tendant une photo :
__ Il a été élève ici et ils pensent qu’il pourrait y revenir... Il serait dangereux...  
__ Pierre !...Cet homme est là dans ma classe avec Pierre... cria l’institutrice effarée. Les flics se levant d’un bond :
__Bon Dieu où ça ? Conduisez nous !  Le groupe affolé, sortit de bureau et se dirigea vers la classe en courant. Elle dit :
__ C’est là, derrière cette porte.
 Les flics firent reculer tout le monde et crièrent : 
Proko ? Police ! Fais pas le con, relâche le gosse ! 
__ Comme ils n’eurent aucune réponse, ils attaquèrent la porte à grands coups d’épaules. Elle finit par céder, ils la poussèrent doucement. Derrière le corps de Serge Proko s’affaissa. La maîtresse se jeta sur Pierre et l’enlaça.
__ Oh Pierre, tu n’as rien ?   
__ Non m’dame, qu’est ce qu’il a le Monsieur ? On parlait, il est allé près de la fenêtre et il s’est assis contre la porte, il est malade ?  
Un flic, l’air dégoûté avait repoussé un pan du manteau de Proko. 

Dessous, sur le blanc de la chemise, une tâche rouge comme un soleil couchant s’agrandissait...
__ Non Pierre, c'est terminé. 
L'enfant dépité:
__ C’est dommage, il racontait bien... Il avait pourtant promis de raconter la fin.  

14 mai 2017

Cette après-midi là.

Ils y sont arrivés en fin de matinée. 
Ils ont garé la voiture sur les à-côtés de l’étroit chemin, dans le sens de la pente, ils ont fermé les portes et vérifié qu’elle ne gênait pas, puis ils sont descendus vers la rivière. Ils n’avaient pris, avec eux, qu’une grande serviette de bain et le peu qu’ils avaient acheté pour un rapide pique nique. Une bouteille d'eau minérale, une baguette et deux fruits. Il faut dire qu’ils n’arrivaient plus à manger depuis un ou deux jours. Depuis qu’ils savaient que, désormais, chaque heure passée ensemble les approchaient du moment de leur séparation.
Il faisait une chaleur de juillet, dans le sud. L’air était de plomb, les cigales s’en donnaient à cœur joie, le chemin était pour l’instant désert mais il ne tarderait pas à être envahi tant le coin était prisé et des touristes et des gens du cru. Le chemin de terre descendait vers une rivière pas très  large mais d’un vert amande et d’une transparence étonnante. Elle était aussi fraîche qu’une rivière peut l’être même au cœur d’un été de feu. Elle courait vivement guidée par des rives accueillantes et ombragées. On venait ici pour se tremper et pour s’ensiester gentiment sur ses berges de mousse douce, on venait aussi pour s’alléger du poids de la chaleur accablante qui faisait vibrer le ciel. On y venait  pour oublier les ennuis du moment, pour se nettoyer, comme pour y faire peau neuve.
Les deux qui venaient de garer la petite voiture rouge, ceux qui, maintenant, marchaient au plein milieu du chemin étaient silencieux. À dire vrai, ils étaient partagés entre le bonheur et la tristesse ce qui n’est pas confortable à vivre. Le bonheur d’être encore ensemble, pour quelques heures, la tristesse d'avoir compris que cela ne sera plus vrai à la fin du jour. Ils voulaient cependant profiter de leur après-midi. Pleinement, entièrement, absolument mais quelque chose leur disait qu’ils n’y arriveraient pas. Ils n’avaient pas tort, malgré la fraîcheur de l’eau, malgré les caresses du courant, malgré la beauté de l’endroit, ils étaient déjà dans l’après. L’un sans l’autre. Et ça leur était insupportable. Au fond, ils savaient que cette séparation n’était pas pour quelques jours, ni même quelques mois. Ils avaient compris qu’elle serait définitive et que leur union ne survivrait pas au retour à la « vraie » vie. Ils se donnaient encore la main mais comme des naufragés s’accrochent aux bouées. S'il y avait des lieux propices   aux rencontres en était-il de même pour les ruptures? Où, donc, pouvait-il être bon de se séparer? Y avait-il un seul endroit sur terre qu'on pouvait choisir pour dire stop? La banlieue proche de Tchernobyl? Aucun endroit sur la planète ne pouvait accueillir cet instant si douloureux. Pas même le lit d'une rivière paisible.
Et puis, le soir venant, l’ombre des saules s’épaississant, il a fallu remonter le chemin. Ils l'ont fait dans un silence pesant. La journée qui avait commencé par un réveil joyeux dans une chambre d'hôtel d'un village de l'arrière pays allait se terminer là, dans ce silence tendu. Ils sont arrivés en nage auprès du rouge de la voiture.
Une vitre arrière avait été brisée, leurs sacs de voyage qui étaient restés dans le coffre avaient disparu. Ils étaient au bout de leurs routes. Nus.
Leurs deux vies étaient comme le carreau de la voiture éparpillé en mille fragments sur les sièges.

Alors de colère, de peur, submergée par une profonde tristesse, elle s’est mise à sangloter en refusant l’ouverture proposée de ses bras. Elle ne voulait plus rien de lui pas même sa maladroite tentative de consolation.



27 mars 2017

L'écrivain voyageur.

Comme la plupart de tous les autres matins, excepté le samedi, jour béni du repos, d'un brunch au bar de L'étoile après le rituel du marché, il se levait relativement tôt. 
Dehors, le jour était à peine présent, les rues commençaient à s’animer, les premiers livreurs ouvraient déjà leurs portes arrière. Il filait dans la cuisine après un passage éclair aux toilettes. À l’âge qu’il avait, il s’était déjà levé deux ou trois fois dans la nuit pour pisser… Il irait prendre une douche et se laver les dents, après le petit déjeuner. Un thermos plein de café chaud à la main, il refermerait la porte de l’appartement du troisième en prenant soin de ne pas faire plus de bruit que nécessaire. Qu’à l’intérieur ça dorme encore un peu, que tous ceux qui y étaient ne soient pas réveillés par son départ. Cette bienveillante attention lui conférait une vague aura de héros séculaire. Celle de celui qui part dans le froid du matin pour tuer l’auroch ou le mammouth, assurer la survie du clan, encore endormi, blotti autour du feu finissant. Genre.
Il allait sortir de chez lui, traverser le boulevard sans aller jusqu'au passage piéton, c'est là qu'il courait le plus grand risque de la journée, avec le retour. Puis il entrerait dans l'immeuble exactement face au sien, saluerait le concierge derrière son rideau et monterait en sautillant les six étages, une fois là-haut, il marcherait le long d’un couloir étroitement sombre, il sortirait une clé de sa poche et ouvrirait la porte d’une minuscule chambre de bonne sous la charpente de l’immeuble. Il avait fait remplacer le vasistas ridicule par un velux presqu’aussi grand que la pièce qui l’illuminait comme un projecteur de théâtre. Il avait pu se payer cette chambre qui deviendrait son bureau avec les à-valoir lors de la signature de son contrat concernant les dix premiers volumes de cette série. 
Dans cette ancienne chambre, un bureau sous le velux, derrière, un fauteuil à roulettes confortable au possible, sur le bureau un ordinateur, une imprimante et un broyeur à papiers qui donnait sur une poubelle gigantesque. Ici, on jetait plus qu’on n’amassait. Et sur le chêne du bureau une multitude de dossiers, des livres à demi-ouverts, cornés de frais, des encyclopédies posées en tourelles à l’équilibre précaire, des cartes géographiques, des photos, tout un bazar savant sans doute nécessaire.
Il refermait la porte derrière lui, ouvrait le rideau noir du velux que la lumière dégringole sur le bureau, et il se laissait tomber dans son fauteuil, se frotterait les yeux à deux paumes, ouvrirait l’écran de l’ordinateur. Alors, il regarderait le chapitre écrit la veille, il le garderait ou l’effacerait selon son jugement et il attaquerait le suivant.
Il était à la bourre, il ne lui restait plus que  trois semaines avant la date limite fixée par son éditeur pour le huitième livre de la collection à succès : « Mes Voyages avec un animal. ». 
Il n’était qu’à la moitié du récit de son soit disant dernier :

De Cuzco à Nasca. Lui qui, de sa vie n'avait jamais traversé que le Boulevard  du Montparnasse, y relatait celle inventée  de la cordillère des Andes, d’Est en Ouest jusqu'au bord du Pacifique, à pied, en un été, en seule compagnie d'un lama chauve…


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