Bon
sang !
Qu’est-ce que je les ai aimés ces débuts de soirées où l’on regardait l’heure pour savoir si on pouvait raisonnablement commencer à s’en servir un ou bien s’il fallait attendre encore un peu…
Qu’est-ce que je les ai aimés ces débuts de soirées où l’on regardait l’heure pour savoir si on pouvait raisonnablement commencer à s’en servir un ou bien s’il fallait attendre encore un peu…
Que je les
ai aimés ces repas qu’on prenait au moment du couchant, l’intense lueur orangée
qu’il mettait dans ton regard, ce qu’elle donnait à lire, la douceur du moment
quand le vent s’apaise, la table joliment mise entre les deux murs de pierres bien à l'abri de la brise thermique,
l'odeur de ce qui grille s’invitant à la table, la tendresse qui s’installe
entre deux, le noir de la chienne de retour de balade qui s’en vient s’affaisser
enfin apaisée, le vol et les derniers cris des martinets encore en chasse pour
la ration du soir, les cris des petits dans les nids de la grange qui réclament
encore et encore, les premiers passages affamés et chuintant des roussettes,
leurs vols énervés, le rouge du vin dans les verres, l’entier du repas sur le
tissu repassé de la nappe verte, les bougies tout autour allumées, leurs flammes
seulement agitées par des caresses d’air toujours tiède, des grappes de
moineaux chahutant dans le massif des lilas, des cascades de rires d’enfants
attendant la nuit en jouant dans le jardin voisin, tes cheveux mouillés par la
douche prise, ta robe, la petite noire avec les boutons devant, glissée sur une peau cuivrée, pas tout à fait sèche, des
gouttes perlant à ton cou, tes pieds nus aux ongles rougis dans le vert de
l’herbe, une douce odeur d’huile sèche, une pièce de laine sur tes
épaules nues, une musique qui nous vient de l’intérieur par les portes grandes
ouvertes de la maison, les senteurs du chèvrefeuille, en vagues déferlantes, un aboiement de
chien du loin de la ferme du Moulin de quatre sous, les traces encore vives de
la journée vécue, de la nage épuisante dans le sombre de l’eau du lac, l’aller
et retour d’une rive à l’autre, la fatigue ressentie dans les avant bras, la
marche de trois heures avec la noire qui a gambadé autour de nous, au retour,
au couchant, ta main qui s’attarde au passage sur ma nuque, l’air qui d’une
caresse, d’une seule, s’électrise gentiment et le temps qui, maintenant, s’étire
en langueur douillette… La première gorgée de rouge et l’état flottant dans
lequel mettent celles qui suivent, l’enthousiasme à vivre ce qu’elles offrent
et le repas qui s’engouffre dans la tiédeur de la nuit, maintenant conquérante…
Bon
sang ! Que je les ai aimés ces débuts de soirs là…
Et leurs
fins, aussi...
13 commentaires:
Ce sont des soir ou l'on se sent bien vivant et ou l'on se dit que parfois la vie est belle .
Bon week-end Chri
@ Brigitte C'est exactement ça! Bonne fin de semaine à vous aussi, Brigitte.
La lumière était belle...
Des bouleaux ?
@ Michel Des peupliers!
Ah oui, effectivement, peu pliés.
Les boulots le sont beaucoup plus en général.
Oh oui ! La lumière ressemble à celle du texte : douce et pure de l'instant précieux qui reste vif... Sous quels cieux, le petit étang ?
@ M: Sous les cieux de l'Auxois... Ben oui... Pas très loin de Semur en auxois, même...
Me semblait bien que les boules de gui, la brume, et la lumière me parlaient, sans compter le guingois des clôtures ! Bel écrit Chri, très beau texte.
@ M Reconnaissable entre mille comme paysage n'est-ce-pas?
Et les matins ? tu causes pas des matins qui s'insinuent en douce sur les jambes emmêlées, de l'odeur du café qui t'achoppe la narine, de la noire qui aboie au mulot qui se rentre, du souffle de l'herbe sèche derrière le volet clos ? Demain alors ?
Marie.
@ Marie Qué tricheuse... Si, en haut, les jambes sont encore emmélées qui donc est en bas dans la cuisine en train de faire tourner le percolateur?
ben, la bonne non ?
@ Anne de Nîmes: La... quoi?
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