C’est
au moment précis où il est sorti du bureau de son oncologue préféré que l’idée
folle lui est venue...
Il venait de ne pas hurler
de joie en apprenant que cette fois on ne parlait plus de rémission mais de…
guérison. D’une certaine manière, il avait eu de la chance avait ajouté l’autre.
Lui, se disait seulement qu’il avait gagné. Enfin.
Et pourtant, au départ de tout, ses affaires
avaient été très mal engagées… Une vilaine tumeur, détectée un peu tard. S'il en était passé à deux doigts, ce sont quatre
années de sa vie qui, elles, venaient de s’écouler. Pratiquement seize saisons de combats
acharnés… Quatre ans presque perdus à jamais.
Enfin pas tout à fait vraiment… Il en avait plus appris sur lui pendant cette période qu’en quarante ans de vie. Pour combattre cette saloperie, ne pas se laisser coucher par elle, pour ne pas se laisser ni envahir ni anéantir, il était allé chercher en lui des forces qu’il ne savait pas posséder. Il s’était découvert guerrier... d’entre les guerriers. Quoiqu’il ressente, quelles que soient les douleurs, les « désagréments », comme on disait pudiquement des chimios, il avait été vaillant. Debout et vaillant. Il avait fini par faire l’admiration de son entourage et même de l’équipe soignante qui en avait pourtant connu des luttes mémorables.
Enfin pas tout à fait vraiment… Il en avait plus appris sur lui pendant cette période qu’en quarante ans de vie. Pour combattre cette saloperie, ne pas se laisser coucher par elle, pour ne pas se laisser ni envahir ni anéantir, il était allé chercher en lui des forces qu’il ne savait pas posséder. Il s’était découvert guerrier... d’entre les guerriers. Quoiqu’il ressente, quelles que soient les douleurs, les « désagréments », comme on disait pudiquement des chimios, il avait été vaillant. Debout et vaillant. Il avait fini par faire l’admiration de son entourage et même de l’équipe soignante qui en avait pourtant connu des luttes mémorables.
Lui, ça avait été simple
depuis le début, depuis l’annonce des ses résultats, il avait un cancer, bon
d’accord, mais il allait le terrasser. Point final. Ce n’est pas cette
saloperie qui l’abattrait. Repoint.
Avant même de perdre ses
cheveux, il s’était rasé et s’était surnommé Yul. Il avait fait une coquetterie
d’un effet secondaire. Il avait joué sur le même registre tout les temps de sa
bagarre. Pour en arriver à ce jour où l’autre lui avait annoncé qu’il était
guéri.
C’est en remontant dans sa
voiture, qu’il avait pris la décision : Puisque guéri, je suis, dans un
an, jour pour jour je monte le Ventoux à vélo.
Il avait vu un reportage à
la télévision sur le Géant de Provence et l’attrait que cette montagne avait
pour ceux qui pédalent qu’il avait trouvé que c’était un beau challenge, un
autre objectif à atteindre. Certains sont faits comme ça et ne peuvent vivre
sans. Il allait s’en offrir un, il allait se renseigner, puis s’y mettre. Il
avait une année pour y parvenir. Il ne fallait pas perdre de temps.
Toute cette année, il avait
roulé à chaque fois qu’il le pouvait il avait fait trois ou quatre sorties par
semaine de plus en plus longues en durée, de plus en plus dures en dénivelés.
Il s’était fait une jolie bande de potes à qui il avait raconté son histoire et
qui avaient décidé de l’accompagner. Ce serait pour Aout prochain.
Tout s’était passé comme il
avait prévu. Il n’était pas du genre à transiger, il n'était pas de ceux qui prennent les tangentes, qui esquivent.
L’avant veille ils avaient
débarqué dans la petit village au pied du mont. Ils étaient une petite dizaine,
leurs femmes étaient restées à la maison. La veille ils avaient fait une sortie de reconnaissance sur les cinq ou six premiers kilomètres, à faible allure, pour sentir le fauve, tranquilles. Le bon jour, ils avaient décidé de monter plutôt vers la fin
de l'après midi afin d'éviter le plus fort des grosses chaleurs. Ils étaient partis du dernier
village qui précède la montée elle-même. Une vingtaine de kilomètres avec des pentes à un
pourcentage effrayant mais ils s’en fichaient pas mal, ils étaient en forme, entraînés et
surtout prêts à souffrir.
Quelques heures après, quelques litres de sueurs plus tard, ils étaient arrivés presque ensemble en haut
dans une sorte de joie profonde. Ils avaient réussi. Ils avaient bu, regardé le
paysage de là-haut qui coupait le peu de souffle qui leurs restait. Ils
s’étaient essuyés, chaleureusement embrassés, ils avaient mangé une ou deux barres
de céréales puis ils s’étaient tus en se regardant avec admiration. Surtout,
ils l’avaient regardé lui avec une admiration immense. Finalement c'était grâce à lui, tout ce bazar.
Puis, le jour déclinant, il avait fallu repartir. Ils lui avaient dit de prendre de l’avance, à lui l’honneur d’entamer la descente.
Puis, le jour déclinant, il avait fallu repartir. Ils lui avaient dit de prendre de l’avance, à lui l’honneur d’entamer la descente.
Et c’est un type
profondément heureux, bourré d’endorphines qui s’était avancé dans la première
pente. Il s’était laissé glisser sur le bitume comme un oiseau prend son envol…
Peu après le troisième virage, grisé par sa vitesse et le vent qui le rendait
si vivant il en avait fermé les yeux de bonheur…
C’est sans doute pour cette
raison, ont dit les sauveteurs, qu’il n’a pas vu la moto montant vers lui à
pleine puissance…
Vaucluse Matin.
Ventoux: deux morts dans une collision.
PUBLIÉ LE VENDREDI 02 AOÛT À 23H26.
Deux hommes ont perdu la vie ce soir, vers 19h30, sur les flancs
du Mont Ventoux. Il s'agirait d'un cycliste et d'un motard qui se seraient
percutés de plein fouet à environ trois kilomètres du point culminant. Ils sont
décédés sur les lieux.
6 commentaires:
Un véritable cancer, ce Ventoux...
On devrait raser toutes les montagnes.
o.O
@ Michel Oui, les aplatir!
:O)
Il est mort heureux ...C'est déjà énorme, peut importe le moment ...
Si ça se trouve, tout le long de la montée, il se chantait "plus près de Toi".
Marie.
oui, je me la chante chaque fois que je laisse le volant à mon fils -)
Marie
@ Brigitte C'est un peu con pour lui, quand même!
@ Marie Ah... tu la connais?
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