Pour Les impromptus littéraires de la semaine. Il fallait écrire dans le texte un parfum de scandale.
De mémoire de nez, de tarin, de pic, de cap, de promontoire, de
péninsule, de naseau, de pif, de hure, de trompe, de nase, de narine, on
n’avait jamais senti une chose pareille. Qu’une odeur dégage une telle
puissance, ça ne s’était jamais humé. Du reste ça n’était pas humain.
Il suffisait d’une vaporisation brêve pour que les effets soient irréversibles, maximums, dévastateurs et
malheur à celui ou celle qui s’y risquerait. Un psschiit et la face de
l’endroit changeait. Plus rien n’était comme avant. Après une ridicule,
minuscule expulsion dans l’air, les volets claquaient, les chiens hurlaient à
la mort comme des cygnes égorgés, les voitures se rayaient, les sonnettes des
maisons s’agitaient, la confusion
régnait, les églises, les temples, les mosquées les synagogues s’emplissaient
de fidèles apeurés, agenouillés, affolés, les grilles des magasins se fermaient
seules, les réverbères s’éteignaient avant de s’écrouler, les cabinets de
médecins étaient pris d’assauts, les urgences des hôpitaux s’engorgeaient, les
pigeons pris dans le nuage d’odeur volaient sur le dos, les mouettes à reculons
et les moineaux ne moinaient plus, les chats se couchaient sur le côté en
miaulassant, les pommes tombaient dans les filles, les sardines sortaient de
boites, les gars de la marine, les nuages s’arrêtaient de grossir, les rivières
remontaient le courant, les petites filles voulaient devenir pompiers, les
garçons cuisinières, les voleurs restaient à quais, et les quais quêtaient en
l’air, les yaourts devenaient neinyourts et l’eau se changeait en Pommard, les
caniveaux se transformaient en mentoniveaux, les politiques s’arrachaient les
dents, les corrupteurs à corrupter, les computeurs à computer, les ordinateurs
à ordonner et les prêtres à prêter, les filles mères devenaient mères filles,
les papas poules avaient des dents, les navires de bord, les grues
atterrissaient, les avocats défendaient les crevettes, les hérons étaient fatigués,
les innocents avaient les mains pleines, les chaussures prenaient le premier
pied venu, les jupes se retroussaient l’ourlet, les égouts s’embrassaient à
bouche que veux-tu, bref, flottait partout au-dessus, en dessous, en large, en
travers en masse, en catimini et Cathy maxi, en vrac, en rangs, en tous lieux un
vrai, fort, massif, inexpugnable, indélébile parfum de scandale…
7 commentaires:
Mieux vaut prendre garde, à vue de nez ce parfum de scandale est un sujet d'actualité !
@ Tilia Ah oui, ça craint un peu beaucoup quand même!
"Plus que poli pour être honnête, plus que poète pour être honni."
Robert Desnos
À couper le souffle !!! À vue de nez : nauséabond :((
"Humer l'humain" d'une humeur unanime ? Honni soit qui mal y pense...
Ce billet me fait replonger dans Süskind... Né sous un étal de poissons, puis confié à une nourrice anosmique, le nez de Jean-Baptiste Grenouille s'y est perdu. D'effleurage en enfleurage, de Paris à Grasse - et, de grâce, à Paris - la recherche du parfum absolu le perdra.
Choisir plutôt les effluves de lavande entre Lure, Ventoux et Luberon !... :)
Bon été à vous, au milieu du bleu !
@ Odile Merci à vous, je vous le souhaite beau aussi, le vôtre!
sur ce, je m'en vais humer l'air de la mer...
Marie.
Rien ne vaut le parfum d'une rose ,je vais de ce pas humer celle de mon jardin...
Bon dimanche
@ Brigitte A vous aussi, bonne hume et bon dimanche
Enregistrer un commentaire