À quelques
signes presque imperceptibles, à de vagues messages qui nous sont envoyés par on
ne sait qui, d’on ne sait où, mais qui nous arrivent en plein dans le
mille de l'âme...
À des
sensations qu’on pensait enfouies, dissimulées, oubliées, perdues...
mais qui nous traversent et nous éclairent.
À des
instants qu’on se remet à voler au temps qui s’égraine, à des regards
croisés dans les rues, à des sourires échangés, à des mots envoyés, à des
énergies ressenties qui nous font nous lever plus tôt, marcher moins vite,
coucher plus tard...
À ce
soleil qu’on ne voyait plus disparaître et qui, désormais, nous cueille le
soir venu...
À cet
horizon qu’on pensait effacé et qui dit: « Dites, les gars, je suis
là, vous aviez perdu l’habitude de me voir mais je suis bien là, présent...
Regardez moi, un peu, maintenant... »... À ces tiédeurs ressenties
au dos d’un mur Sud sur les coups du midi, à ces odeurs qui reviennent portés
par des vents désormais moins mordants, à ces envies de terrasse, le front levé,
tourné vers une chaleur qui enveloppe...
À ces
soirées qui s’étirent, un brin et nous offrent des minutes à vivre, à ce
linge propre qu’on se remet à étendre dehors...
À ces
corps qui se dévêtent de peu: envolées les peaux de laine,
égarées les moufles, dévoilées les gorges...
À ces
oiseaux fragiles qui semblent plus gais, à ces écureuils très maigres entre
aperçus sur les troncs des arbres des jardins enfin accessibles, à ce lapin que
j’ai vu gambader toutes pattes dehors et traverser, en flèche
rousse, le cœur vert de l’herbe...
À ces portes
fenêtres qu'on entrouvre, à ces chambres qu'on aère, à celles qu'on ne referme
pas de suite en venant du dehors...
À ces
forces nouvelles qui dans notre sang bouillonnent et surprennent…
À ces
brins d’herbe qui s'allongent, à ces pelouses qui fleurissent, à ces mots qu’on
prend le temps de s’échanger dans la rue, moins pressés par le froid et ses gifles...
À ces
couples de canards qui se chamaillent à plumes que veux-tu, à ces chiens qui se
reniflent les culs avec davantage d'insistance, à ces chats qui, les nuits de
lune pleine s'en miaulent de rauque...
À ces
repas qu’on se remet à prendre en terrasse, pendant qu’il fait encore bon… À cette légère tristesse qui vous attrape en présence de choses joyeuses, à ta main dans les siennes...
À ces
horizons qui se dévoilent le matin tôt sans plus être enveloppés de brumes ou
de brouillards épais comme des soupes... À ces arbres qui s’ébrouent
débarrassés du gel ou du givre dont ils étaient emmitouflés... à ces haies qui
se repeuplent et se remettent à vibrer des vols agités, des présences
farfouilleuses...
À ces
vignes taillées, prêtes à grandir... à cette terre remuée, prête à donner...
À ces
enfants qui traînent au sortir des écoles et qui restent là à jouer, encore, un
peu, "s'il te plait, il fait si jour..."
À ces
plantes qu’on arrose, qu’on nourrit, qu’on observe d’un œil sourcilleux...
« Va-t-elle enfin repartir, celle là ? Allez vas-y,
quoi, fais ta belle, démarre...»
Alors voilà à qui ça tient.
À ces
petits riens, qu'on perçoit, qu'on devine mais qui vont bien finir par nous éclater
aux visages. On le sent, il est là, il se retourne, il s'éveille
doucement, il s'étire, il se lève, il revient, et franchement,
franchement qui songerait à s’en plaindre ?
À ces
quelques notes joyeuses, chantées par Léo Ferré, entendues, qui venaient du
coin d’la rue, fêtant les coquelicots, les lilas mauves et puis les blancs…
C’est
l’printemps...
2 commentaires:
Oui il est là et la samaine s'annonce avec un beau soleil !
Belle semaine Chri
@ Brigitte Merci à vous Brigitte! Et à vous aussi.
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