Enfin, après toutes ces
années, il le tenait. C’est fait, il l’avait, comme à la pêche ferré. Cet
enfant de salaud avait donné signe de vie, il avait répondu et mieux, il venait
d’accepter l’invitation. Il allait voir ce qu’il allait voir…
Un nouvel ami Facebock… Tu
parles. Une vieille connaissance pourrie, oui.
Trois années de souffrance
et de honte, trois terribles années entières dans la classe de ce petit
salopard. Lui et sa bande lui avaient fait vivre tout ce qu’il y a de pire à
vivre dans ces circonstances. De la sixième à la quatrième. Chaque récréation
était un supplice, chaque sortie une torture… Intimidations, menaces, coups,
racket, dénonciation calomnieuse, vols de matériel, vidage des trousses, arrachage de pages de cahiers, déchirage de
copies à rendre, plaintes auprès des profs… Tout ce qui a été possible de faire
a été fait. Belzebuth au collège. Un sentiment de toute puissance entretenu par
une impunité glaçante. Il en a pleuré des litres et des litres de larmes seul
avant de rentrer à la maison pendant trois ans, trois longues années. La
deuxième, il a recommencé à pisser au lit dès le quinze Aout parce que la
rentrée s’annonçait. Et, malgré tout ça, il a tenu le coup sans l’aide de
personne, sans la demander, non plus. Pas un adulte, pas un pion, pas un prof,
pas un conseiller d’éducation, pas un parent, pas un grand-parent n’est jamais
venu à la rescousse. Seul, contre vents et marées, contre la bêtise et la
méchanceté, seul, il était contre les mensonges et les saloperies, contre les
humiliations et les brimades. Trois ans de septembre à Juillet et y survivre, quand on en a onze, ça
vous forge un caractère. Sa mémoire était intacte, il n’avait rien gommé, rien
effacé, rien pardonné.
Maintenant, l’autre allait payer.
Après s’en être fait un ami
de réseau, il lui a proposé de se revoir, de partager un repas ensemble en
souvenir de toutes ces années….
Il était bien décidé à lui
bousiller sa bagnole, lui casser la gueule ou lui renverser un plat sur la
figure au beau milieu du repas, enfin faire un truc qui marque qui le venge de
cette adolescence terrible. Il improviserait.
Ils ont convenu d’un
rendez-vous un soir.
Une heure avant l'heure, son portable a vibré. Un sms. C'est la petite frappe qui lui envoyait un sms :
___ Tu t’imaginé que
j’allait venir à ton rendez vou ? Avec ce que je t’ai fait vivre au collège ? Tu
me prent pour un con ou quoi ?
Il était sidéré. Sur le coup, il n'a pas avancé un mot. Puis, après un moment, en remettant le portable dans sa poche après avoir effacé le sms, dans un souffle:
___ Toujours aussi nul en
orthographe cette saleté.
C’est tout ce qu’il a trouvé de plus méchant à dire…
2 commentaires:
Un sujet qui t'inspire, on dirait !
@ M Et ce n'est pas fini...
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