Pour Les impromptus littéraires. Le texte devait débuter par: Tout était en déséquilibre.
Tout était en déséquilibre.
Absolument tout.
Un déséquilibre complet, absolu, impensable mais qui tenait,
ça ne s’écroulait pas, comme si Newton s'était barré dans l'espace et c’était
exactement ça, le truc !
Il ne fallait pas que ça
tombe. Que ça tangue, oui mais pas que ça s’écroule. Les gens tout autour se
retenaient de respirer comme si le fait de laisser l’air s’échapper de leurs
poumons allait menacer le fragile équilibre et tout faire dégringoler.
Ça nous avait pris deux
trois ans de nos vies pour en arriver à ce résultat. Ça nous était venu à un
moment de notre histoire où nous n’y croyions plus. Nous n’étions pas loin de
renoncer, nous en étions même très proche, un regard, un geste, un mot et nous allions nous dire
adieu, poursuivre nos routes chacun de notre côté, comme ça arrive à des centaines de milliers de couples et puis un matin, comme un dernier sursaut, comme une
ultime tentative, nous nous sommes parlés et nous nous sommes dits qu’il serait
quand même très bête d’avoir fait tout ce chemin ensemble pour que ça aboutisse
à un constat sinistre d’échec douloureux, à une séparation définitive, à une
rupture qui laisserait sans aucun doute des traces terriblement profondes en
chacun de nous.
On s’était demandé: Stop ou
encore, tout simplement. On avait choisi encore et comme on ne savait faire que
ça, on s’était retrouvé sur ce projet et on avait monté ce numéro là.
Au fond, c’est elle qui en avait eu l’idée.
Au fond, c’est elle qui en avait eu l’idée.
Il était devenu une
métaphore de notre vie de couple. Et sans doute celle de tout ce qui tente d'aller par deux. Peut -être même de tout ce qui essaye de marcher ensemble. Ça devait fonctionner pareil pour chanter en choeur, construire un aéroport, sauver une forêt ou bâtir l'Europe, si ça se trouve. Un équilibre fragile, sans arrêt menacé, toujours prêt à s’effondrer, sur un
fil tenu, si fin qu’on ne le voyait presque plus, à force et pour l’instant ÇA
tenait. On avait entassé en tas tout ce qu’on peut trouver dans une cuisine et
qui peut servir de projectile en cas de conflit domestique. Table, chaises,
four, vases, piles d’assiettes etc Le plus dangereux a été de caser les couteaux dans
le numéro, surtout le grand là, à l’immense lame très aiguisée qu’elle posait en dernier tout là haut, sur sa pointe,
sur son arcade sourcilière gauche, juste au-dessus de son oeil… Oh punaise, ils sont dingues ces deux là... Si ça tombe...
On avait fait de nos
difficultés de couple un numéro de cirque extraordinaire et les gens payaient
en masse pour nous voir tenter de traverser ça le moins mal possible. Si on le pouvait, peut-être qu'eux aussi s'en penseraient capable. On s’était pour ainsi
dire mis d’accord sur nos différends ce qui semblait un pas important. Vers où ? Nous ne le savions pas mais tant que ça tenait, nous avions un peu de temps devant
nous.
Le jour où ce formidable
équilibre se brisera tout s’écroulera. Aucun des deux ne voulait, pour
l’instant, lâcher l’affaire. Ça durerait ce que ça durera. Espérons au moins la
durée du contrat signé, si nous faisions preuve d’un peu d’intelligence et de… bon
sens…
Surtout celui de
l’équilibre.
8 commentaires:
Belle métaphore de la situation du monde actuel, qui lui aussi est sur le fil du rasoir, au bord du gouffre...
@ Tilia Oui, on retient son souffle.
En équilibre sur leur destin, leur vie ne tient qu'à... un fil...
Premier couplet:
"Un clown est mon ami
Un clown bien ridicule
Et dont le nom s'écrit
En gifles majuscules
Pas beau pour un empire
Plus triste qu'un chapeau
Il boit d'énormes rires
Et mange des bravos"
[...]
Dernier couplet :
"Je suis roi et je règne
Bravo! Bravo !
J'ai des rires qui saignent
Bravo! Bravo !
Venez, que l'on m'acclame
J'ai fait mon numéro
Tout en jetant ma femme
Du haut du chapiteau
Bravo ! Bravo ! Bravo ! Bravo !"
@ Odile Edith, Edith...
Et dites donc, vous savez ce que dit le proverbe chinois :
“Plus on s’élève et plus dure sera la chute.” :(
@ Odile Oui, je le connaissais!
Et dites donc : c'est pas un peu risqué de prendre un tuyau d'arrosage comme fil d'équilibriste ou comme corde lisse pour aller décrocher la lune ?? Pour peu que le tuyau se perce - d'un coup de talon aiguille par exemple - et... Pschiiit ! c'est la fuite, la douche, la cata... On s'en prend plein la tronche... et après, c'en est fini de s'envoyer des fleurs... la ligne jaune est franchie... finie, la vie en rose : les fleurs, ça pousse pas sur le béton ! Et puis, faut pas croire..., mais les gens qui paient pour aller au spectacle, ils veulent en avoir pour leurs sous... ils en redemandent : "Encore ! Bravo ! Bravo ! Bravo !"...
"Cré moé, cré moé pas, ququ'part en Alaska
[...]
Ça n'vaut pas la peine de laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants, ça dure jamais longtemps,
Ça fait plus rire personne quand les enfants sont grands."
La la lla la la... C'est pas pour dire, mais on n'a pas idée de mettre des photos pareilles pour illustrer le propos !...
@ Odile Ce ne sera qu'un beau dommage... :-)
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