Sept. On en a tué sept.
En quelques minutes. Dans la même nuit. Une folie meurtrière. Une boucherie à la nuit noire.
En quelques minutes. Dans la même nuit. Une folie meurtrière. Une boucherie à la nuit noire.
Et, pire, tout ça s’est passé sans qu’aucun voisin, dont moi, n’ait rien
entendu de ce carnage. Pas le moindre petit bruit, pas la moindre minuscule
plainte, pas le moindre hurlement de terreur, de douleur. L’horreur se
déroulait sous mes fenêtres et nous n’en avons rien perçu. Rien. Et je ne suis
pas le seul à être stupéfait de cette nouvelle qui nous brise le coeur et nous renvoie à des âges farouches.
Pourtant, cette épouvante qui laisse sept cadavres exsangues a eu lieu. À une
maison de la mienne, même pas, pendant mon sommeil. Je ne l’ai appris que dans
la matinée. Il semblerait que les gendarmes et les voisins aient , d’ores et déjà, en tête, deux
suspects mais il faut raisonnablement attendre la fin de l'enquête. Aucune piste n'est à priori écartée.
Nous sommes dans une petit village, étendu en surface mais assez peu
peuplé. Environ trois mille personnes y vivent c’est dire le retentissement que
va avoir cet événement sur la vie de cette commune. Déjà, le Maire et une bonne
partie de Conseil municipal seraient passés tout au long de la mâtinée, autant pour se montrer que pour faire savoir quelles
dispositions ils s’apprêtent à prendre face à ce tragique fait d’hiver. Des mauvaises langues se pressaient de dire: S’il
s’occupe de ça comme il s’occupe du village le, la ou les
coupables n’ont pas de souci à se faire. Ils ne sont pas prêts d’être arrêtés
ni jugés et encore moins condamnés. Et donc ils ne seront pas mis hors
d’état de nuire et pourront, à loisir, recommencer.
On attend pourtant, dans le quartier des mesures efficaces. Finies les
caméras de surveillance inutiles, les éclairages vains, les rondes de la police
qui est désormais beaucoup plus pale que munici.
Un tel carnage au nez et à la barbe de tous sans qu’on puisse
s’accrocher au moindre indice si ce n’est le mode opératoire qui révèle quand
même une furieuse pulsion meurtrière. Un, une, des déséquilibrés sanguinaires ?
Une terrible vengeance qui se serait
abattue sur la famille des voisins en une nuit, en un moment de massacre
tragique ? Il eût fallu qu’ils en fassent pour mériter ce genre de
vengeance, pour susciter un tel ressentiment à leur égard et faire de cette
sanglante nuit la pire de toute l’année, de toute l’histoire du village, même.
Un différend qui les aurait opposé à des ennemis potentiels et
tellement dangereux? Si c’était le cas, c’était un différend d’une sacrée
nature, la tension devait être extrême pour en arriver là.
Pour l’instant, les premiers constats, d’après ce que m’avait appris
le voisin lui-même laisseraient à penser à une intrusion volontaire qui aurait
mal tournée.
Mal tourné ? Sept cadavres mutilés aux têtes arrachées, éparpillées
sur la pelouse, les corps vidés de tout leur sang, tu parles d’un mauvais virage…
Sept poules et un jar, en une nuit, monstrueusement décapités retrouvés, éparpillés, dans l’enclos du jardin. Quand j'ai suggéré, ce qui n'était pas si malin, au voisin de préparer un grand bouillon de poule, il n'a pas souri en disant : Autre qu'un bouillon!
Deux fouines seraient sur la sellette, dans le collimateur et chacun ne pense, ce matin, qu'à mettre tout en œuvre pour se débarrasser de ces assassines bestioles.
Il faut dire, s'il est prouvé qu'elles sont dans le coup, qu'avec ce carnage, ce n'est pas l'esprit de Noël qui les a étouffées, ces deux là.
Il faut dire, s'il est prouvé qu'elles sont dans le coup, qu'avec ce carnage, ce n'est pas l'esprit de Noël qui les a étouffées, ces deux là.