Pour les impromptus littéraires de la semaine. Il fallait raconter une fête d'anniversaire.
Le premier qui s’est pointé
a sonné vers huit heures.
A cette heure là, ce jour
là, j’avais déjà fini de bouffer, je m’étais envoyé le reste de la daube d'hier et un sachet entier de patates rissolées. Pour accompagner
les deux petits chèvres, j’avais descendu une bouteille de Morgon aussi.
J’étais plein, gonflé. J’avais débarrassé la table, passé un coup d’éponge et
enfourné la vaisselle sale dans le lave-vaisselle. J’avais posé les pieds sur
la table basse et déboutonné mon falzar. Je m’étais collé un bâton de réglisse
dans la bouche comme je le faisais après chaque repas depuis que j’avais arrêté
de fumer. Je trouvais ça dégueulasse mais ça me calmait. J’avais éteint les
lumières dans la cuisine et plus personne allait venir m’emmerder... Que je
pensais.
Deux coups, il a sonné deux
fois cet imbécile. Je me suis levé en râlant et je suis allé lui ouvrir. Il avait un
carton à gâteaux dans les bras.
Qu’est-ce-que tu fous là à
cette heure ? Je lui ai demandé.
J’avais envie de te faire
une bise, il m’a répondu. Première nouvelle. Je le pose dans la cuisine? Fais comme chez toi, mon grand.
Après un temps, j’ai
dit : Ben, entre, reste pas là dehors comme un con.
En vrai, j’avais envie de
lui refermer la porte sur le nez et je me demandais pourquoi il venait m'emmerder, gentiment mais m'emmerder quand même, ici, à cette heure là. Est-ce que je débarquais chez lui le soir,
moi ? J’aurais vraiment aimé qu’il fasse pareil, c’est à dire qu’il
reste dans sa baraque et pourtant, lui, je l’aimais bien.
On était à peine assis l’un en
face de l’autre, avec la télé derrière qui gueulait encore, que ça a sonné à nouveau.
Bordel, mais c’est la
soirée ! J’ai dit. D’habitude ça ne sonne jamais et là deux fois en dix
minutes !
Quand j’ai ouvert, je l’ai
vue, elle, toute pimpante avec un bouquet dans les mains et Lui, derrière un
plateau de fruits de mer au-dessus de la tête et après ces deux là, il y en
avait encore trois autres. Tous des potes mais des potes de jour, des potes du
boulot que je ne voyais jamais quand la nuit était tombée. Ben merde vous
n’êtes pas chez vous à cette heure ? Vous avez vu qu’il fait nuit
non ? Vous voulez quoi ? C’est quoi votre délire j’ai dit.
On vient boire un coup et
manger deux huitres avec toi qu’ils ont dit. Mais en quel honneur ?
Je vous ai rien demandé ! J'ai fait mine de protester mais ils n'ont rien voulu entendre.
Mais c’est ton anniversaire
aujourd’hui grand couillon… Qu’ils ont répondu en un chœur écoeurant.
Eux, ils avaient tous l’air
ravis de leur surprise. Je hais les surprises. Je déteste encore plus les anniversaires. Vieillir c'est pas mon truc. Fêter ça encore moins. J'avais tout fait pour l'oublier celui-là. Qui peut se réjouir de n’être
pas encore mort à quarante ans ? Alors, ils sont entrés en me bousculant,
presque. J'ai eu envie de vomir. Ils n’avaient pas fracassé la première pince du premier crabe, ils n'avaient pas englouti la première des six douzaines que j’étais dans ma chambre, couché, une bassine à mes côtés.
Je m’en souviendrais de cet anniversaire. Ah pour l’avoir bien fêté, ça, ils l’ont bien fêté!
Je m’en souviendrais de cet anniversaire. Ah pour l’avoir bien fêté, ça, ils l’ont bien fêté!
Je n’ai pas dormi de la
nuit à cause de la bamboula qu’ils faisaient en bas.
En plus de ça, elle m’a coûté un
bras leur petite fiesta : Ils avaient amené à bouffer pour douze, ces crétins, mais comme ils
n’avaient rien apporté à boire…
C’est ma cave qui s'en est pris un
sacré... De coup de vieux.
16 commentaires:
C'est toujours si difficile de faire plaisir à un dépressif ...
Quant à moi, je me sens infiniment plus heureuse à 40 ans qu'à 20 ans ... donc oui, c'est chouette de marquer ça :)
@ Laurence Il n'est pas dépressif, juste un peu envie d'être tranquille!!! :-)
Euh... bon anniversaire. Moi aussi, plus ça va plus je déteste les anniversaires, mais j'aimerais bien une telle surprise, sauf que je n'ai pas de cave, enfin pas de cave à vin. Pour ce qui est du jardin d'Urbain V j'avais répondu sur mon blog : il s'agirait de reconstituer un jardin médiéval... à suivre si le changement de municipalité n'annule pas projet, il y a tant à faire.
@ Françoise Vous savez, je n'ai pas non plus de cave à vin!
Merci pour votre réponse, j'espère deux choses que ce jardin Urbain soit aménagé et ne soit plus un WC à chiens et qu'Ali trouvera un autre endroit à embellir!
Rhooo pas moyen d'être tranquille c'est dingue ça !!!
Et puis moi non plus ,je n'aime pas trop les surprises ...
Bonne fin de semaine
"couché, une bassine à mes côtés"..
Pas de chance d'avoir une gastro le jour de son anniversaire ! tu parles d'un cadeau du sort ! je comprends qu'il n'ait pas eu envie de recevoir ses amis.
Bon, à part ça, j'espère que vous êtes en pleine forme et qu'il fait beau chez vous.
@ Tilia Une gastromisanthropie! Je suis dans une forme comment dire... éblouissante... et le printemps est là. Youpi.
@ Brigitte Ah vous non plus!
si c'est ton anni alors joyeux, sinon, joyeux nonanni.
Mes quarante ans sont si loin... derrière moi.
Marie
@ Marie Merci pour le joyeux non anni! Mes 60 sont loin derrière...
Repu ET mal léché, ça augure quel genre d'ours à jeun ? J'ai bien ri, d'autant que j'aurais bien quelques tendances... !
@ M Un ours affable, poli, bienveillant mais... faut pas venir l'emmerder! Tout le contraire de moi, quoi...
Ompf. On évitera désormais les surprises mal venues.
PS - t'avais pensé à reboutonner ton falzar avant d'aller ouvrir la porte?
@ Nathalie Il ne faut pas, j'invente beaucoup! Falzar n'est-ce-pas qu'il est bien ce mot là? Un peu comme bénouze ou grimpant...
Zont même pas compris que c'était pas LE jour !!!
Ah les zouaves !
Zavaient juste envie de faire la fête, eux...
Yen a quand même un, un peu éméché,
qui braillait en repartant et en tricolant :
"Joyeux Nonanniversai-ai-ai-ai-Reu..." :((
@ OdileFallait voir dans quel état il n'était pas!!!
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