Elle, c'est de plus haut qu'elle vient.
Elle déboule de la Fontaine de Vaucluse, droit du coeur profond de la terre. Celui qui est en prise directe sur le ciel. Si directe que deux jours après une pluie, elle se gonfle comme un génois sous la rafale. Là-bas, à quelques kilomètres, jamais, ô grand jamais tu n'auras vu de ta vie toute entière une eau si belle, aux fonds si clairs, balayés d'herbes vertes et longues comme des cheveux longs de princesse oblongue et devient torrent...
Ensuite, elle cavale sous le dessous de Saumane, tu sais, ce village où la route est creusée dans le roc pour y accéder, où il n'y a qu'un restaurant "Le bistrot de Saumane" le bien nommé.
Elle déboule de la Fontaine de Vaucluse, droit du coeur profond de la terre. Celui qui est en prise directe sur le ciel. Si directe que deux jours après une pluie, elle se gonfle comme un génois sous la rafale. Là-bas, à quelques kilomètres, jamais, ô grand jamais tu n'auras vu de ta vie toute entière une eau si belle, aux fonds si clairs, balayés d'herbes vertes et longues comme des cheveux longs de princesse oblongue et devient torrent...
Ensuite, elle cavale sous le dessous de Saumane, tu sais, ce village où la route est creusée dans le roc pour y accéder, où il n'y a qu'un restaurant "Le bistrot de Saumane" le bien nommé.
Après, elle s'approche de L'Isle, là où on l'a divisée en deux, pour mieux serrer la ville dans ses deux bras. Parce qu'elle embrasse cette
rivière-là. Avant de se dédoubler, elle aura mouillé les berges en amont, de ses
fraîcheurs de jouvencelle. Voilà, cette rivière est une jouvencelle qui
s'alanguit au Partage.
Là, elle bute contre un muret de pierres, ombré de deux
ou trois platanes comme on les aime ici,
généreux, protecteurs, patriarches puis elle se sépare
en avants bras.
Il y a longtemps, du temps où l'on savait faire, on y
a construit deux digues comme pour garder l'eau un peu pour soi, la
retenir, en profiter encore... Un tiers à droite, deux tiers à gauche. Bien vu. Méfie-toi,
si tu les empruntes pour passer de l'autre bord, elles sont glissantes
comme des savonnettes, on n'est pas si loin de Marseille... Et, c'est ici
comme un Lac couru d'un courant musclé qui s'offre à toi. Une eau courante
et elle court vite crois-moi. Une eau galopante devrait-on dire. Des deux côtés
des digues, dans le lit du milieu, des profondeurs baignables pour qui n'a pas
peur d'avoir le corps saisi par le frais de l'eau. Il y a, dans le milieu
des ondes, des îles changeantes en fonction des courants, des îles
volages, des îles qui se déplacent, des îles flottantes, presque. Aujourd'hui
là, demain un peu plus loin et le blanc clair et chauffé des gravières où les
poissons vont frayer puis naître, où l'on s'allonge parce qu'on ne peut
pas faire autrement. Si bien, on y est si bien... Imagine-toi, posé sur
des îles de rêves, des mains de sable doux... Auprès du muret, les
soirs d'été, en tendant l'oreille, tu entendras les flonflons dansants de
l'accordéon musette, pour qui n'en a pas apporté, on peut en effet, y
manger sous les lueurs colorées d'une guinguette mais rassure-toi, la musique
qu'on y entend est surtout celle de l'eau qui chute des digues. À quelques
mètres le piano à bretelles est réduit au silence...
Ce Partage là est à goûter quelle que soit
la saison et l'été n'est pas la pire, quand dehors le chaud a donné tout
le jour, si tu t'y trempes à l'heure du coucher du soleil tu sentiras comme un
mieux-être qui te vient d'ailleurs, un frais qui régénère, qui ravive, il
prépare à une soirée plus douce encore. Du reste, garde-toi de rester trop
longtemps dans la presque glace, va plutôt boire un verre, à cette heure, c'est
permis puisqu'elle vient d'ouvrir ses volets. Mais rien d'autre ne te
pousse au bain que ton envie, tu peux aussi et seulement y boire un
verre, y lire un livre, y tenir une conversation avec une personne de choix, évidemment de
choix ou bien t'asseoir sur les berges dans l'herbe tendre et laisser
s'écouler le temps, rien ne sera perdu. Ici, c'est un des miracles du
lieu, tu n'es obligé de rien. Pas même de faire quelque chose. Tu
peux simplement y être... et t'amuser à tourner sept fois ou
plus cette phrase dans ta ciboulette en faisant des mines de
sommelier fou: "Regretter moins, espérer moins, ainsi vivre
davantage..." Et même si n'être vraiment que là où on est ne
semble pas si facile qu'il y parait, ton plaisir, lui, te dira
sans se tromper, la marche à suivre. Lui obéir plus souvent? Tu auras
passé une heure ou deux au partage des Eaux dans la banlieue proche
de L'Isle sur la Sorgue. Goûte ta chance, goûte-la bien.
Remarque, rien n'est perdu, une fois parti, il t'en restera le souvenir. L'avantage c'est que tu peux même, celui-là, le partager.
Remarque, rien n'est perdu, une fois parti, il t'en restera le souvenir. L'avantage c'est que tu peux même, celui-là, le partager.
Chanceux définitif...
6 commentaires:
Merveilleuse invitation à rêver les yeux les yeux ouverts, en laissant remonter du fond de ma mémoire l'inoubliable souvenir de l'abondante chevelure verte de la belle ensorceleuse aux yeux si clairs, couleur de ciel, aux mains si fraîches et si vives, au chant si clair et si pur
Merci Chri pour cet excellent aide-mémoire, vibrant hommage à la rivière que je chéris entre toutes.
Votre texte est tellement beau que j'en bégaie !
@ Tilia... Merci à vous.
D'Hellé Dobbelaere: J’ai lu avec plaisir ton texte sur “le partage des eaux” et j’ai gardé un souvenir inoubliable de la baignade que nous y avons faite. Merci, j’ai revécu ces bons moments tous ensemble.
Celle-ci je ne la connais pas, mais j'ai la chance de connaître la Cèze et à quelques détails près ton texte pourrait s'y appliquer .
Il suffit d'y être pour apprécier tous les instants encore plus intensément qu'ailleurs ...
Ah je voudrais bien y retourner ... Peut-être l'année prochaine ?
Bonne semaine
@ Brigitte Oui c'est vrai, la Cèze pourrait être une soeur de la Sorgue surtout aux cascades du Sautadet!
Je te le souhaite. (D'y retourner...)
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