C’est un
homme presque neuf qui est rentré chez lui ce soir là. D’autant qu’il allait
prendre huit jours de repos puisqu’il a quitté l’hosto avec un arrêt de travail
d’une semaine. Les douleurs épouvantables qui lui avaient torturé le dos la veille au soir n’existaient pratiquement
plus. Ne restait qu’une vague pointe pour me rappeler l’événement. J’avais une
faim de loup. C’est que je n’avais rien avalé depuis la veille au soir ou presque.
J’avais encore en bouche l’immonde goût du plateau servi aux urgences.
À se
demander s’ils voulaient sauver les malades ou les achever. Ça n’avait rien
de mangeable. Etait-ce même comestible? J’ai fondu sur le réfrigérateur et je me suis préparé une assiette
avec ce qui y trainait.
Et puis,
entamé par la fatigue, les douleurs, le stress et les dolipranes, comme dans un
état second, j’ai eu envie d’un bain. Je me suis dit qu’après tous ces
malheurs, un bon bain chaud ne pourrait pas me nuire. Je me la suis joué hammam
et spa. : J’ai mis en route dans la maison ma play list Deezer : Un
verre à la main, l’eau aurait le temps de refroidir, j’en avais pour cinquante
cinq heures et vingt sept minutes de musique ininterrompue, beaucoup plus qu’il n’en
faut, j’ai fait couler l’eau fumante, j’ai balancé quelques goutes d’huile
essentielle de verveine pour l’odeur et j’ai attendu que la baignoire se
remplisse.
Une fois
dans la flotte comme un jambonneau dans une marmite, je me suis laissé allé et,
comme d’habitude, je n’ai pas pu en rester là. Je n’ai pas su être juste dans
l’eau chaude et réparatrice, simplement bercé par
de la musique s’adressant à mon âme comme dans un ventre de mère. Donc,
on ne se refait pas, des idées me sont venues.
J’avais
une semaine devant moi pour rattraper mon retard sur Vimala. Vimala était ma camarade d’hôpital, ma jolie
rousse et je crois que j’étais tombé un peu amoureux d’elle avant d’avoir su
son prénom. Il sonnait comme un nom de posture. Vimala, je me le répétais en boucle. J’allais donc profiter de ma semaine pour travailler mes postures.
J’ai établi un programme. Une le matin, une l’après-midi, une le soir, sept
jours, vingt et une postures. Et le tour était joué. Cette perspective m’a
regonflé d’énergie. J’ai encore un peu attendu que l’eau refroidisse et je suis
sorti du bain.
Pour ce
soir, j’en resterais là mais demain, demain.
J’ai passé
une nuit incroyable dormant d’un sommeil de juste. Les douleurs du bas du dos
avaient, au réveil, entièrement disparu. Je me suis branché sur internet peu
après le café avalé, j’ai déroulé sur le sol de la chambre un tapis de gym,
j’ai ouvert grand les fenêtres, je suis allé chercher le miroir posé dans la
salle de bains et je l’ai installé face au tapis pour pouvoir contrôler mes attitudes et j’ai attaqué le travail de ma première posture : J’avais
choisi le lever de jambe debout ou Uttita Hasta
Padangusthana.
Ce n’était pas la plus facile mais elle ne mettait pas en jeu la colonne, je ne
voulais pas me retrouver bloqué, j’avais trop souffert la veille. J’ai mis un
temps fou à choper ma jambe gauche et un autre à pouvoir la lever tendue. Je me
suis longtemps demandé comment la fille de la photo pouvait décocher ce sourire
là avec son pied gauche pratiquement dans son oreille gauche… J’ai dû
abandonner assez vite quand je me suis rendu compte que ma souplesse ne
m’autorisait pas ça sans risque. Il y en a d’autres, je me suis dit. Se replier
n’est pas renoncer.
En feuilletant le bouquin, j’ai vu la posture de l’Angle
latéral ou Utthita Parsvakonasana.
Cette
posture s’inscrit dans la série des étirements latéraux dynamiques
Les pieds
écartés, vous pliez votre genou droit, le pied tourné à quatre vingt dix
degrés. Vous étirez la colonne vers la droite, ça me convenait parfaitement, en
venant poser la main droite à plat sur le tapis, à l’extérieur du pied droit.
Je m’y suis
collé. Celle-là ne m’a pas demandé un travail phénoménal. J’en ai eu quand même
pour une bonne heure pour la réaliser telle que sur la photo. J’étais assez content de moi pour cette fois
là. Je me suis levé, je suis allé marcher un peu dans le jardin, j’ai levé les
yeux au ciel il était d’un bleu électrique, le vent avait soufflé toute la nuit
et avait balayé les nuages qui s’étaient amassés menaçants la veille au soir.
J’ai apprécié ce moment comme on boit une gorgée d'un verre de bon vin. Du reste, je suis allé m’en servir un.
Et je m’y
suis remis. J’allais travailler maintenant La posture de la Demi-Pince ou Janusirasana. Je me suis dit qu’elle
allait un peu tirer sur l’arrière de la cuisse mais que je devrais finir par la
passer sans trop de soucis. Je venais à
peine de m’asseoir sur le tapis quand le téléphone a sonné. Quel imbécile,
j’avais oublié de le débrancher. Je me suis levé et j’ai décroché.
Je n’ai pas reconnu sa voix aux premiers mots mais après qu’elle ait
prononcé mon prénom, oui. Comment avait-elle obtenu mon numéro ? Je n’en
revenais pas. J’étais sur le cul. Enfin, façon de parler…
À suivre...
À suivre...
6 commentaires:
Je m'attendais au pire : genre une posture qui tourne mal !
Mais non
,
Qui au bout du fil ? La jolie rousse ou Gisèle pour votre cours particulier de rattrapage ?
Je donne ma langue au chat et vais devoir attendre le chapitre 7 !
Au moins , on apprend des truc, je pense que je vais me remettre au yoga moi
Je vote pour Simone !
Héhéhé, moi aussi je viens de rattraper mon retard ... de lecture (c'est beaucoup moins risqué !) et et je viens de me faire les 4 chapitres ;) Je me régale de connaître la suite !!
@ Véronique Vous de criez ça fait un bien fou... Parait-il! :-)
@ Simone? Pas bête, je vais y penser! :-)
@Laurence Dire que je suis lu en Chine non mais tu te rends compte? En Chine! :-)
Elle arrive, la suite...
Quelle histoire ,mais quelle histoire ... Alors qui au téléphone ?
.
@ Brigitte Ca se concocte, ça se concocte...
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