11 août 2018

L’heure de la sortie.

La chaleur qui, pendant plus de trois longues semaines, avait accablé tout ce qui vit venait de  foutre le camp avec les dernières violentes pluies d’orage délugeant le pays. 
Là, où pourtant rien ne semblait avoir changé, deux jours de pluie et tout était différent. Tous autant qu'on était, on avait basculé dans un autre régime, on était passé à autre chose, on avait atteint une autre rive. Hier, juste avant que le ciel ne s’assombrisse, que les vents se lèvent en bourrasques folles, que le ciel ne gronde, que des grelons gros comme des poings d’enfant ne s’abattent sur nos tuiles incrédules nous étions au plein cœur de l'insouciance du bel été. Aujourd’hui, après le passage de l’orage comme une colère explosive, comme un coup de sang, comme un sursaut, rapé, l'été, nous sommes en automne.
Les nuits si pesantes, si écrasantes se sont faites plus douces. Désormais, le frais nous réveille dans le milieu de nuit et nous pousse à chercher du bout du pied une serviette, un drap, une couette même, pour nous couvrir le corps légèrement frissonnant. Le matin, quand la fraicheur s’engouffre par la porte fenêtre et nous souffle au visage, nous enfilons un tee-shirt en ouvrant les volets . Il se peut même qu’au fond, là-bas, vers la haie de tuyas, une brume diffuse dissimule le fond du jardin juste avant que le soleil apparaisse. L’épaisseur même de l’air a changé. On y avance plus aisément, il nous freine moins qu’avant hier, qu’avant le Grand déluge.
Partout, le vert est revenu grâce aux trombes d’eau qui ont douché le coin, certaines plantes se sont redressées, d’autres sourient à nouveau. Elles qui étaient exténuées, assoiffées, sans force ont récupéré leur vigueur, leur élan, elles se remettent à fleurir. Nous sommes comme elles. Une énergie nouvelle nous envahit, nos pas s’accélèrent, nous sommes allégés. La pluie a laissé de nouvelles odeurs advenir, la terre exhale l’humus humide et le champignon à venir, les escargots sortent de leurs cachettes et se baladent sous nos pieds attentifs. Le soir, la nuit s'invite plus tôt,  les soirées ont eu vent de finitude. Dans les bennes des déchetteries municipales finissent de se vider les premières licornes dorées, encore chevauchées par des rires d’enfants. Au fil des crevaisons, les flamants roses, les tranches d'ananas et autres crocodiles verts géants suivront. Le long des chemins, dans les ronciers belliqueux, les mûres noircissent, dans les figuiers les fruits mûrissent dans les placards des cuisines, les réserves de sucre grossissent, l’heure des confitures de fin d’été approche, le temps de la fin des vacances n’est plus si lointain. Elle s’installe gentiment dans les têtes. L'été vit ses derniers souffles. 
Il va bientôt falloir refaire ses bagages. 
L’automne ne devrait plus trop tarder, maintenant. La rentrée en sera un des premiers signes.  Celle-là aura un goût particulier puisque ce sera la dernière. 

Une ultime rentrée comme un pied de nez à une sortie, quelques jours plus tard... définitive.



4 commentaires:

Brigitte a dit…

Une fraicheur qui fait du bien avec en Anjou une pluie régulière et sans orage . Elle a fait un bien fou aux humains et à la nature qui souffrait …
Bon dimanche et bientôt la rentrée juste pour mon fils cadet et mes petits enfants ! (sauf la tite dernière)

chri a dit…

@ Brigitte Merci de vos voeux et bonne rentrée à ceux qui rentrent.

Anonyme a dit…

les ronciers belliqueux, c'est si joliment décrire leur hargne -)
marie

chri a dit…

@ Oh Merci Marie!

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