05 novembre 2018

Le début de la fin

Le type en parka glauque, un bonnet de laine sale sur la tête, barbu, comme la plupart de tous les autres bonshommes de la ville désormais, se tenait à genoux, les bras en croix au beau milieu de la rue piétonne. Il baissait la tête et semblait regarder le sol qui luisait sous la pluie. Autour de lui, les gens passaient comme le courant d’un fleuve autour des piles d’un pont. Sans un regard, certains même manquaient de lui marcher dessus et l’évitaient de justesse. Puis, d’un coup, le gars a basculé vers l’avant et s’est affalé au ralenti. Sa tête, sans qu’il la tourne, heurta en dernier le marbre avec violence et un bruit sourd. C’est à cet instant, sans doute que le couteau au manche court qu’on lui avait planté dans le buste s’est enfoncé vraiment entre ses côtes. Il a fallu de longues minutes pour qu’une tâche de sang grandisse et s’écoule lentement dans la rigole grillagée du milieu de la rue sans que quelqu’un s’inquiète.
Une adolescente en stan smith a mis un pied en plein dans la flaque s’est mise à hurler quand elle a vu tout ce rouge sur le cuir blanc : Merde mes baskets neuves, beurk, C’est dégueulasse ! Non, non ce n’est pas dégueulasse, jeune fille. C’est du sang.  Du sang d’homme, poulette.
Depuis le début du mois, dans cette ville d’ordinaire tranquille, certains disaient éteinte, c’était le troisième sans abri qu’on retrouvait en pleine rue baignant dans son sang. Assassiné. Et qu'ils soient, les trois, d'origine étrangère ajoutait à l'horreur. Les huiles, avec effroi, commençaient à penser qu’une bande de débiles s'était laissé engrainer par l'ambiance générale de toute l'europe et avait décidé, purement et simplement de faire un ménage macabre, du moins dans cette ville et, passez moi l’expression, ils n'y étaient pas allé de main morte… 
À force d'entendre partout les grandes gueules hurler que le pays était gangréné, qu'on était envahi, que des hordes d'étrangers déferlaient sur nos villes pour nous éliminer, prendre notre place, certains esprits fragiles et tordus s'étaient mis en tête de résister et de se défendre contre ces soit disant agresseurs. Il n'y a pas pire barbare qui prétend lutter contre la barbarie.
Le premier, voilà un mois, c'est un équipage d'éboueurs qui l'avait ramassé au petit matin dans le quartier Saint Roch. Au début, les gars ont pensé à une overdose d'alcool comme c'était chose courante dans les parages  et puis ils avaient vu le câble électrique encore enroulé autour de son vieux cou et les traces de brûlures sur ses avants bras. 
Longtemps avant les professionnels de l'autopsie, les techniciens de surface avaient rendu leurs déductions. C'est, tout de suite après, le lendemain même qu'on a trouvé le deuxième. Il était





4 commentaires:

M a dit…

L'époque, l'humanité en marche arrière...

chri a dit…

@ M Le début de la fin?

Tilia a dit…

Le début de la fin ? oui, sans aucun doute.
Même les gamins s'y mettent !

chri a dit…

@ Tilia OUI, ça fait peur!

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