Hier vers la fin d'après midi, l'épais brouillard qui avait ouaté le coin une grande partie de la journée avait fini par se dissiper pour laisser place à un grand beau clair, général et réjouissant.
J'ai fait pareil. Je me suis dit c'est le bon moment pour un thé avant que la nuit, le soir et le gel s'amènent.
Je me suis bien couvert, en couches, il fait d'autant plus froid en motocyclette que c'est humide parce qu'il y a beaucoup d'eau un peu partout dans les champs et je suis allé vers la ville. J'ai garé ma bécane près de l'église, le long de la collégiale et je suis allé me poser en terrasse. Nous n'étions pas nombreux à braver l'ombre. En vrai, j'étais seul.
Un thé s'est pointé. De quoi remplir deux tasses.
Et puis, alors que le noir commençait à grimper le long de la tour de la collégiale, que les lumières s'allumaient dans les rues, un grand type un peu brun s'est assis sur un siège à côté.
Je l'ai reconnu de suite. C'était Daniel, mon Daniel que j'avais depuis peu. Celui dont j'ai raconté notre rencontre quelque temps avant: Daniel, un ami à rosé.
Daniel avec qui j'étais comme cul et chemise il n'y a pas quinze jours. Daniel qui me devait un verre, une bouteille, une cave. Daniel mon ami de toujours à jamais. Enfin Daniel, quoi.
Je l'ai reconnu de suite.
Lui pas.
Pourtant, il m'a semblé sobre cette fois. Il ne m'a pas vu, pas adressé la parole, pas calculé comme ils disent. Il a regardé droit devant lui. Et voilà, c'était fait, je n'étais déjà plus rien.
Lui pas.
Pourtant, il m'a semblé sobre cette fois. Il ne m'a pas vu, pas adressé la parole, pas calculé comme ils disent. Il a regardé droit devant lui. Et voilà, c'était fait, je n'étais déjà plus rien.
J'ai bu la dernière gorgée, je me suis levé, je me suis rhabillé j'ai payé et je suis parti.
Notre amitié si soudaine, si profonde, si surprenante n’était donc qu’un feu de paille? Elle était donc morte et enterrée à peine née, un peu comme l'année qui tout autour de nous était en train d’agoniser.
Si j'en ai été un peu peiné, il n'est jamais agréable de ne pas être reconnu, je ne lui en ai pas voulu, je sais combien sont fragiles les amitiés de comptoir. Qu'elles s'effilochent à peine tissées... Qu'elles s'évanouissent à peine évoquées...
Comme tout le reste
2 commentaires:
Le rosé n'est pas qu'un tueur de neurones !
@ M Un assassin de sentiments? Aussi, oui!
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