J’ai tout fait pour le
sauver. Tout. Et malgré tous mes efforts, je n’y suis pas parvenu. J’ai
supplié, menacé, intimidé, j’ai joué la colère, l’effarement, la naïveté, j'ai tenté la
roublardise rien n’y a fait, son sort était scellé. Je ne l’ai pas sauvé. Désormais, il est cuit, mort, décédé, pire, digéré.
___ C’est ce matin qu’on y
va ? Oui, oui, on petit déjeune et après on part. Finis tes tartines.
Ce besoin qu’ils avaient de
prendre leur temps… Ça me mettait dans de ces états, je me demande si ça n’est
pas ça qui les faisait rire, je me demande s’ils n’en rajoutaient pas un peu,
s’ils ne ralentissaient pas exprès.
Bon d’accord, ils étaient
en vacances mais est-ce-que c’était une
raison ? Et vas-y que je reprends un bol de café (s’il n’y en a plus,
laisse, je vais le faire, on a tout notre temps, on est pressé de rien…) Clin
d’œil à peine visible… Une fois qu’ils avaient englouti à peu près tout ce qui
pouvait se tartiner sur une tranche de pain frais, ils se sont levés et se sont
mis à débarrasser la table… Comme si on ne pouvait pas partir en laissant tout
en plan. On le ferait en rentrant voilà tout. Hé bien non, ils allaient quitter
l’endroit en laissant une maison impeccable. Ils sont même allés jusqu’à
balayer sous la table, sur la terrasse. Dehors. Comme si les miettes pouvaient
gêner quelqu’un. Soit disant à cause des fourmis. Ne me dites pas qu’ils ne le
faisaient pas exprès. Alors, ils se sont tous éparpillés. Certains sont
allés se laver les dents, d’autres iront
après eux, quelques uns ont filé dans la remise prendre le matériel et c’est en
fin de compte et de matinée que toute une petite troupe a pris le chemin du
port.
Pour une fois, il faisait
une journée magnifique. Les pluies de la veille avaient cessé et c’est sous un
bleu d’un seul tenant qu’ils marchaient.
Le port était à deux pas.
Le gonflable posé, retourné sur le quai lié à un mat avec un câble. Une pince
un peu solide en serait venue à bout en deux secondes mais ici, on ne craignait
pas les voleurs. Il n’y en avait, soit disant, pas. On n’est pas à la ville.
Comme s’il n’y en avait qu’en ville…
On a fini par grimper à
bord, un au moteur deux sur les boudins et le quatrième bien au fond. On était
beaux flambants avec nos gilets rouges…
On a dépassé le rocher du
phare, puis on a longé la côte pendant un certains temps. Pour moi, ça a duré
celui d’une transatlantique. On était un peu secoués par les retours de houle se
brisant sur les rochers mais on a aimé ça. Et puis on est arrivé près d’un
petit drapeau rouge orange accroché au bout d’une tige en bois, plantée dans un
flotteur de liège.
L’aplomb d’un casier. On a
mouillé une ancre, on était pas loin des rocs, il fallait surveiller qu’on ne s’en approche pas trop. Deux d’entre
nous, les plus costauds ont remonté le casier. C'est là qu'on l'a vu la première fois. Il était là perdu au beau milieu. Ils
en ont un peu bavé pour le sortir de là.
C’est que ça s’accrochait partout et que ça lui était facile. On a fini par le
fourrer comme on a pu dans un sac plastique qu’on e fermé à double tour et puis
on a levé l’ancre. Et lui, aussi...
C’est à partir de cet instant que j’ai commencé
à plaider sa cause, à dire que c’était peut-être un grand frère qui gardait les petits et que vont-ils
devenir sans lui… J’ai tenté le père attendu par la maman et la fille, j’ai
évoqué une maman et ses trois enfants désormais seuls au monde. J’ai dit qu’on
avait assez à bouffer que si on le relâchait ça ne nous enlèverait rien… Rien
n’y a fait.
___ L’avait qu’à pas entrer
dans le casier. Maintenant il est là, on va le bouffer et puis c’est marre.
Tant pis pour lui, pas de pitié.
J’ai
tout fait pour le sauver. Tout. Je n’y suis pas parvenu.
Mais,
Bon Dieu, ce qu’on s’est régalé. On l’a fait en salade. À l’italienne.
Et
oui, il a fallu le battre et tout ça…
Tu (on se tutoie, c'est plus facile) épluches un oignon rouge et tu le coupes en deux.
Tu coupes une branche de céleri en trois.
Après avoir enlevé ce qu'il faut enlever (oui, les yeux, le bec, tout ça...) tu mets le poulpe dans un faitout, tu ajoutes le laurier, un tiers du céleri, l'oignon et tu recouvres d'eau.
Tu portes à ébullition et tu laisses mijoter pendant une heure.
Tu éteins et laisses refroidir le poulpe dans son eau de cuisson.
Tu l'égouttes et le passes sous l'eau pour enlever les ventouses les plus coriaces (celles près de la tête), puis tu le coupes en petit morceaux.
Tu coupes une branche de céleri en trois.
Après avoir enlevé ce qu'il faut enlever (oui, les yeux, le bec, tout ça...) tu mets le poulpe dans un faitout, tu ajoutes le laurier, un tiers du céleri, l'oignon et tu recouvres d'eau.
Tu portes à ébullition et tu laisses mijoter pendant une heure.
Tu éteins et laisses refroidir le poulpe dans son eau de cuisson.
Tu l'égouttes et le passes sous l'eau pour enlever les ventouses les plus coriaces (celles près de la tête), puis tu le coupes en petit morceaux.
Ensuite, tu coupes les branches
de céleri qui restent en petit dés et tu les mets dans un grand saladier.
Tu y ajoutes le jus d'un citron et une pincée de sel.
Mets-y les morceaux de poulpe, un peu d'huile d'olive, sel et poivre.
Tu laisses mariner plusieurs heures (même toute la nuit c'est encore meilleur) à couvert, au réfrigérateur.
Tu goûtes pour ajouter éventuellement encore un peu d'huile, de sel ou de citron.
Au moment de servir, tu parsèmes d'un peu de persil frais ciselé et ouvre une jolie bouteille de blanc que tu auras mise au frais.
Cette salade se garde bien deux jours au réfrigérateur…
Tu y ajoutes le jus d'un citron et une pincée de sel.
Mets-y les morceaux de poulpe, un peu d'huile d'olive, sel et poivre.
Tu laisses mariner plusieurs heures (même toute la nuit c'est encore meilleur) à couvert, au réfrigérateur.
Tu goûtes pour ajouter éventuellement encore un peu d'huile, de sel ou de citron.
Au moment de servir, tu parsèmes d'un peu de persil frais ciselé et ouvre une jolie bouteille de blanc que tu auras mise au frais.
Cette salade se garde bien deux jours au réfrigérateur…
Mais ça m’étonnerait qu’il en reste...
6 commentaires:
Ah la non, j'aime décidemment pas cette bestiole ! Et encore moins pour la manger ...
Pour changer l'option "battre" selon les puristes, il y a celle-là : "refroidir". Plutôt que de donner le lamentable spectacle des gourmands acharnés pas jolis jolis, il suffit d'agir en douce et de le glisser au congel ! D’accord ce n'est pas mieux mais l'image est plus douce, de toute façon quelqu'un l'a tué déjà, alors... Cette méthode a l'avantage certain d'attendrir la bête pour mieux régaler la tablée !
Pour rire un peu :
https://scontent-cdg2-1.xx.fbcdn.net/hphotos-xfp1/v/l/t1.0-9/11694015_688304174636735_6366259560296929853_n.jpg?oh=e7014389b959772e3566df75628a9cf0&oe=562B2661
Bon, après tout, il n'y a que l'intention qui compte et comme tu ne l'avait pas, cette intention de manger cette pieuvre, il te sera beaucoup pardonné. Je me souviens en avoir pêché dans les années 50, celles de ma jeunesse, à Dinard. Qu'est-ce-qu'on leur foutait comme rouste, et aux ormeaux aussi, avant de les manger, avec de la mayo. Le pire, c'est que je ne me suis jamais senti coupable de les manger, c'est tellement bon..Je me suis régalé aussi à te lire, mais là, je sais être toujours bien servi. Suffit d'attendre le prochain billet, et ça continue.
Amitiés.
Roger
Même pas peur des représailles du Kraken? :-))
À mon goût, la recette manque de légumes pour accompagner le poulpe.
Le céleri seul ne me suffit pas, j'y mettrais des pommes de terre en salade.
@ M Quelle bonne idée... En plus le froid anesthésie, non?. Paul a dit non... Doigts croisés pour les grecs...
@ Roger Dautais: Merci! A chaque fois je me demande si cela ne sera pas le dernier...
@ Tilia: Ce qui est bien avec une recette c'est qu'on peut y mettre son... grain de sel et l'améliore à sa convenance! Bon appétit.
@ Brigitte Essayez... Vraiment...
Enregistrer un commentaire