14 août 2015

Quatre ans, déjà...


Les mots d’Allain ont épuisé plus d'un tonneau,
Nous laissant du ciel, des rhums aux cerveaux.
Les derniers verres de Socrate, aux saveurs de ciguë
Des coups de pieds aux culs aux flaques des rues.
Des ballons de Grand Cru dans des bains de limonade,
Des poignées d’entre frères, des amours camarade.
C’est un souffle de petit, au visage des puissants,
La vengeance des gueux sur la morgue des Grands.
C’est de la sciure d'or fin sur le parquet d’un rade,
Des paillettes d'argent sur nos humeurs maussades.
Des gerbes de génie, des bouquets de fulgurances,
Des images allumées en feux, de la bêtise en vacance.
C’est du poil à gratter l’aïe d’un frère qui tangue,
Des cheveux mal peignés sur le bout de nos langues,
C’est un médicament d’Achille qui armure les talons,
Des pilules d’espoir qui font l'infini moins long.
C'est une poignée de main à vous broyer le malheur,
Une systole à cent sou qui vous abreuve le cœur,
Des lames d’Atlantique dans les poches des yeux,
Des désirs d’Andalousie dans des valises de vieux.
Une musique romaine qui saurait danser l’espagnol,
Des croissants de lune en goguette, un bâton Guignol.
Les mots d’Allain, c’est le train du soir parti la veille,
C’est un cargo d’espoir pour les années vermeilles,
C’est une trace de bleu sur le gris des trottoirs,
Une tâche de sang à l'autre bout d’un couloir,
C’est le partage de midi à toutes les heures du jour,
Des maux à lire même quand on ne sait pas toujours.
Les vers d’Allain sont comme des sourires d’enfants,
Des images d’outre Manche, de vie et de vent,
Qui condamnent l'auteur à la sciure des comptoirs,
Et disent à demain comme on invite au Grand Soir.
C'est une corde passée au cou du malheur,
Qui là, lovée dans l'ombre, attendait son heure.





7 commentaires:

LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS a dit…

La mémoire se dilue dans le temps au point d'emporter de précieux souvenirs d'un être cher. Allain valait bien ce poème kaléidoscopique
arc en ciel de l'esprit. Se souvenir n'est pas donné à tout le monde. Merci de nous le rappeler.
Amitiés.

Roger

chri a dit…

@ Roger Oui, il le valait... Peut-être pas celui là de poème mais qu'on se souvienne, oui.

Anonyme a dit…

Ce temps qui s'étire et dévore..! Je ne pensais pas qu'il avait tant passé. Et pourtant j'ai de quoi mesurer l'absence...
Nos disparus gagnent une autre vie dans nos souvenirs, nos fleurs et nos gestes. Il faut les cultiver et ce poème y participe.

Papy René

chri a dit…

@ Papy Merci.

M a dit…

Des lames d'Atlantique dans les poches des yeux, le train du soir parti la veille... Et les autres, tous les autres mots qui tirent un peu vers le haut, beaucoup vers un hommage à la hauteur. Bravo

chri a dit…

@ M Merci merci...

véronique a dit…

paroles sans musique

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