Il y a au fond
de tous nos attachements la certitude que nous en serons un jour détachés.
L'amour est une invention de la mort.
Claude
Roy. Le malheur d'aimer.
D'eux deux, il gardera:
Cette après-midi de Juillet en
aval du Pont de Monvert, passée à se baigner dans une vasque du Tarn naissant
et à lire allongés sur les larges pierres chauffées par un soleil d’été éclatant.
Cette fin d’après-midi au bord de la piscine d’un gîte des Cévennes et
la soirée où pour aller dîner elle a sorti de ton sac de voyage une petite robe
noire toute en boule, si bien roulée, comme elle.
Ces quelques après-midi au fond des gorges de l’Ardèche, du Toulourenc
ou du Gardon, passées à se tremper dans l’eau verte et douce entre deux
passages de canoës, les peaux, aussi et la remontée épuisante vers la route,
là-haut...
Ces heures vécues sous les caresses du soleil sur une des plages du lac d’un
bleu si vert.
Le bonheur d'avoir connu avec elle des lieux si chargés d'émotion: majestueuses Maguelonne, Montmajour, Senanque...
Le bonheur d'avoir connu avec elle des lieux si chargés d'émotion: majestueuses Maguelonne, Montmajour, Senanque...
D'elle, il gardera le souvenir de son matériel, toujours dans la boîte
à gants, pour dévisser les panneaux de signalisation sortant de l’ordinaire, ses
enthousiasmes devant un tronc à emporter, une souche à ramener, une palette
abandonnée qui puisse servir, on ne sait jamais, ça peut être beau et ça
l’était, souvent.
Le Petit lézard, une plage de Palavas, la nuit après un repas au
lézard, le sable sauvage de Beauduc, Les Saintes Marie de l'amer et le Cassis en hiver, les
ruelles d’Aix… Ah non, Aix ils n’y
sont jamais allés, ni Marseille, ni Sète, ni…
Il gardera d'elle les taches de peinture ici ou là sur ses doigts, ses vêtements, sa légèreté profonde, le problème qu'elle avait avec son accent,
disait-elle… Cet accent qu'elle... n’avait pas…
À garder d'elle, son amour des paysages grand large, des rivières et des pierres chauffées, du soleil lui-même, son immense besoin de solitude et son absolu désir de liberté.
À garder d'elle, son amour des paysages grand large, des rivières et des pierres chauffées, du soleil lui-même, son immense besoin de solitude et son absolu désir de liberté.
Il gardera encore, son amour des chanteurs à voix rauques, éraillées, rapeuses, râpées et des chanteuses délurées, ce penchant pour les
textes profonds envisagés légèrement, à chaque fois cette volonté d’être tout
sauf pesante, de se faire oublier, d’être la pas sage de passage.
Il gardera d'elle le respect profond, absolu de l’autre à chaque
occasion exprimé.
Son obstination sans faille mais pas insistante pour rapporter du fin fond des Cévennes, trois
bornes jaunes et noires de route nationale en granit abandonnées et leur installation épuisante dans son jardin.
Ses tenues si recherchées, élégantes mais attrapées à la va vite dans
l’armoire, son souhait d’être simple à cause de cette crainte de l'alambiqué… Sa volonté de simplicité.
Tous ces repas dans les restaus du coin, en en changeant souvent pour
éviter l’habitude qui endort, installe, assoupi, éteint...
Les départs vers où ? On verra bien, allons-y… Ce qui compte
c’est d’être en route. Mais c'est à deux cent bornes! Et alors, on est assis, non? À moins que ça t'embête, sinon, évitons l’habitude, l’installé, l’établi, le connu.
Pendant ce temps, il n'a été qu'une parallèle… La logique: n'être qu'une parallèle et puis
perdre.
Un peu comme le cinquième côté du carré, le septième chiffre du dé, le
quatrième appui du trépied. On s'en amuse, on aimerait bien qu'ils existent mais, en vrai, ils ne servent à rien.
Aussi, il finira, plus tard, par ne garder d'elle que tout ce qu'ils n’avaient pas fait ensemble : Prendre l’avion, le train, monter un
week-end à Paris, descendre un autre à Barcelone, manger à Sète, aller
voir les plages de l’Atlantique, passer
huit jours aux Antilles ou même à la maison… Une semaine à la maison, dans une
maison, juste une seule petite semaine. Jamais.
Et d’autres inavouables…
Il agira ainsi pour le cas où il y aurait quelque part, en un temps différent, une autre vie à vivre…
Il agira ainsi pour le cas où il y aurait quelque part, en un temps différent, une autre vie à vivre…
En attendant, malheureusement, pour ne pas souffrir davantage, lui se gardera... d'elle.
22 commentaires:
Si je vous disais que j'ai dans ma mémoire une telle collection d'endroits incroyables où je me souviens être allée plusieurs fois, la nuit dans mes rêves, vous pourriez penser qu'effectivement il y a des chances pour qu'existe quelque part, en un temps différent, des autres vies à vivre...
@ Tilia Ah vous aussi! :-)
On se prend à l'aimer, elle. Et la vie avec elle.
@ Nathalie Aimable, donc? Alors ça me fait très très très plaisir, ça!
Petite reine un jour...
@ M Petite reine pas... toujours? :-)
c'est gai, c'est triste ... aussi, c'est triste surtout !
parce qu'une autre vie ... y en a pas !
mais une fois encore " se souvenir des belles choses" ! c'est déjà ça
@ Véronique Non? C'est pas vrai? Il misait tout sur une autre vie et vous lui dites qu'il n'y en a pas? C'est moche! :-)
oui je sais ! c'est moche ... mais c'est comme ça Christian ! je suis désolée :o(
Bon ben il fera avec!!!
Ou plutôt sans, comme chante le Biolay...
"Je t'aime encore plus quand tu n'es pas là
Non pas que je t'aime moins près de moi
Mais je t'aime encore plus quand tu n'es pas là
Car je peux rêver de toi"
...
qu'elle disait, la chanson.
@ Odile C'est léger et joli! Qui chanta ça?
Je vous en prie, arrêtez de parler de moi comme ça.
:)....
lou
@ Lou Je suis désolé mais c'est beaucoup plus fort que moi. Je ne savais pas que vous veniez ici...
Là, voyez le tutoiement eût été plus crédible... :-)
"Je t'aime encore plus". Qui chanta ça ? C'est Mick Micheyl(94 ans aujourd'hui).
Peinture, dessin, accordéon, acrobatie, judo, cancan, ritournelle populaire, cabarets, music-hall, Casino de Paris... Dans les années 50-60, elle devient une ambassadrice de France, une "marque déposée".
Son tube "Un gamin d'Paris" (1951), chanté par Patachou, Mouloudji, fut immortalisé mar Y. Montand...
@ Odile Mais je la connais bien Une jolie blonde! Un peu plongé dans ces années là avec Francis Lemarque dont il va être question Mardi 26 Avril au Train Théâtre de Portes les Valence avec Romain Didier et Niobé... Ca va être bien...
Propre News :
Elle aura, on peut le dire, "bien vécu"...
Avant de répondre à la question : "Qui chanta ça ?", en allant vérifier l'orthographe de son nom, j'ai lu un article disant que, il y a quelques années, peu avant de fêter ses 90 printemps, elle assurait encore une présence sur l'Expo de ses propres œuvres de sculpture de plaques d'acier... Du coup, la "jolie-toujours-blonde" portait des lunettes de vue, suite à des éclats de limaille de métal qui lui avaient abîmé les yeux...
La passion est sans limite d'âge :-)
Une bonne soirée en perspective au Train-Théâtre le mardi 26 !
Errata => lire : "PEOPLE News"
@ Odile Oui, une belle vitalité!
Le 26 ce sera sans doute très bien, J'ai vu un filage déjà et certaines chansons entendues comme jamais, redécouvertes comme À paris par exemple!!!
Ainsi va la vie avec parfois de beaux souvenirs... ce qui est déjà appréciable ,non?
En tous cas bon week-end
@Brigitte: Oui, appréciable... Merci!
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