05 mai 2019

Lucie Lou dite La luciole (Portraits de fille 13)

Cette fois, c'est fait. Je l'ai vue, je l'ai sentie, je l'ai embrassée, je l'ai eue dans les bras.
Pour la première fois et sans doute pas la dernière, cette fille  toute neuve qui s’appelle Lucie Lou. Dans le quartier, on en avait entendu parler depuis quelques mois mais pas grand monde encore ne l’avait vue. On savait qu’elle existait certains nous en avaient dit le plus grand bien, mais on ne savait pas trop à quoi elle ressemblait. Elle était toute nouvelle dans le coin. Elle était comme tout ces gens connus, précédés par leur réputation, dont tout le monde parle sans les connaître vraiment. On avait déjà connu ces sentiments avec une qui s’appelait Lillie. 
Et puis, dévoré par une curiosité fiévreuse, j’ai voulu savoir.
Je me suis débrouillé pour aller où on pensait qu’elle habitait. Et je l’ai trouvée assez vite. À l’instinct, à l’odeur, à l’oreille.
Ah mes amis ! Avait-on vu depuis six ans une merveille pareille ? Une des cinq ou six plus belles choses que j’avais jamais vues. Une brunette aux grands yeux et tout ce qu’il faut autour, au bon endroit dans des proportions toutes raisonnables.
Quelques heures après notre première rencontre, après que nous ayons été présentés en bonne et due forme, nous avons eu, entre deux repas, il fallait faire vite, le créneau était étroit, nous avons eu, elle et moi, une grande, longue et belle conversation. Pour être tout à fait honnête, j’ai beaucoup plus parlé qu’elle mais je n’en ai pas été blessé, j’ai compris ses réserves, elle ne m'avait jamais vu, elle était comme on dirait sur le qui vive, ça je l’ai bien intégré, tout ça semblait si nouveau pour elle, je ne suis pas non plus si stupide. Alors, comme elle gardait sensiblement le silence,  j’ai mis ça sur le compte du manque évident de vocabulaire mais comment lui en vouloir ? Je me suis mis à lui expliquer avec mes mots à moi, dans quel endroit elle avait atterri, j'ai donné mon avis, je le trouvais plutôt favorable, j'ai évoqué qu’elle avait fait un bon choix de famille, je lui ai aussi raconté comment elle avait été attendue, par où on était passé en comptant les mois, j’ai même fait une blague : Je lui ai dit qu’on l’avait attendue comme Léo (oui le Messi) elle n’a pas trop ri. Je crois qu’elle ne l’a pas bien comprise. Je lui ai vendu qu’elle avait drôlement bien fait de choisir ce terrain d’atterrissage là, qu’au fond, elle ne pouvait pas mieux choisir, qu’ils étaient prêts, magnifiquement prêts à l’accueillir, qu’elle allait voir ce qu’elle allait voir, qu’elle allait être aimée comme les deux autres, qu’elle se sentirait vite comme un coq en pâte, que c’était formidable ce pouvoir qu’avait le cœur des hommes, enfin des humains, celui de s’agrandir en fonction des besoins, que si on faisait l’effort d’être un peu moins cons, on pourrait être une super espèce, que sa venue, d’une certaine manière nous réconciliait avec eux, que la situation était inquiétante mais pas désespérée, qu’il fallait toujours y croire, qu’en se pointant, sans le savoir encore elle avait rajeuni le cœur de tous ceux qui étaient au courant de sa venue, comme si on avait rafraîchi les murs, et dépoussiéré le dessus des étagères, que depuis elle, on aimait encore davantage les deux qui l'avaient précédée, que désormais on se sentait encore plus responsables de là où elle allait vivre, enfin je lui ai parlé de ce qu’il me semblait utile de lui dire à cet instant là. Je lui ai transmis ma vision des choses. Je compte bien avoir l’occasion de lui en dire un peu plus dans les années à venir.
Pendant que je lui parlais, elle avait ses deux yeux grands ouverts, elle me regardait fixement, intensément et je jure sur la tête des quelques malheureux cheveux qui me restent qu’elle m’écoutait avec intensité. Il m'a même semblé qu'à un certain moment un sourire s'est dessiné sur ses lèvres, mais je n'en suis pas tout à fait certain. Peut-être que je l'ai rêvé.
Décidément, tout avait bien commencé entre elle et moi. 
Vous l’aurez compris, nous n’en sommes qu’au tout début de notre belle aventure à deux, mais Lucie Lou la jolie luciole et moi c’était du sérieux.
Cette fois ma jolie Lucie, tu existes vraiment. J'ai ajouté dans la machine un dossier Lucie à Mes images... Et puis patatras...
Aussi, je me demande si, un jour, ta maman, cherchera à comprendre quelles sont  les forces qui, dès ta naissance, l'ont poussée à, résolument, avec constance et détermination, nous éloigner de toi.





11 commentaires:

Tilia a dit…

Elle commence très fort Lucie Lou, avec son doigt d'honneur ;-))
Belle et longue vie à cette petite luciole qui éclaire déjà le monde autour d'elle, le récit de votre rencontre en est la preuve.

Brigitte a dit…

Une adorable merveille !Belle vie à cette petiote .
Une sacrée rencontre comme du vécu !
Belle semaine à toi

chri a dit…

@ Tilia Brigitte Merci à vous! Oui, une belle premioère fois! Lucie, la lumière.

Bonheur du Jour a dit…

Lucie, lux, lumière. Un enfant, c'est l'avenir.
Bonne journée.

chri a dit…

@ Bonheur du jour C'est exactement ça.

Sophie a dit…

Quelle jolie présentation pleine de tendresse et d'humour...

M a dit…

Avec un conteur comme toi dans son entourage elle est privilégiée, Lucie Lou ! Bienvenue à la lumière qui, lorsqu'elle surgit près de nous, ne peut que nous encourager à la protéger et la répandre !

Anonyme a dit…

Ce dialogue tendre, maternel, est très réussi. Quelle chance pour cette petite fille de voir le jour dans un environnement aussi favorable!
J'ai pensé à ces vers si célèbres d'Hugo :
"Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux..."

antoine delmonti a dit…

Ce dialogue tendre, maternel, est très réussi. Quelle chance pour cette petite fille de voir le jour dans un environnement aussi favorable!
J'ai pensé à ces vers si célèbres d'Hugo :
"Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux..."

chri a dit…

@ Pastelle, M, Victor Hugo, Antoine Delmonti:

Merci à vous tous! Un enfant nait, c'est le monde qui se sauve. Que ses épaules soient solides.

chri a dit…

Odile Bossard a écrit:
Très beau et touchant, ce tête-à-tête, les yeux dans les yeux, avec ce petit bout !

J'ai toujours gardé la conviction profonde que les tout-petits ont des antennes et des capteurs qui reconnaissent les voix, les intonations, loin des "a-reu, a-reu", "guili-guili" bêtifiants... Une relation privilégiée capable, comme vous le dites si bien, de... "rajeunir le cœur".

Lillie-libellule, Lucie-luciole : de bien jolis prénoms pleins de grâce, de légèreté, de poésie et de charme. Un vrai cadeau tombé du ciel pour le bonheur de tous. Prendre un enfant par la voix... : le monde enchanteur de "GranPa" qui sait tellement bien parler aux demoiselles. Un tête-à-tête plein de tendresse et de mots chuchotés qu'elle capte déjà de toutes ses antennes.

Fiat Lux - Sur le calendrier, le 13 décembre était autrefois le jour de la Sainte Odile, il est maintenant relégué au 14 pour faire place à la Sainte Lucie, fête de la Lumière. Longue vie et Bon Vent à Lucie-Lou-Luciole ! Elle va rayonner, de toute sa clarté, pour enchanter le monde. Heureuse à l'idée qu'elle va trouver sa place dans le registre des "Portraits de ---"

Je ne peux pas m'empêcher de fredonner encore : "Lucille et les libellules" et de répéter pour le plaisir : "hirondelles en file", "libellules en vol"...
Et je réécris pour elle :

"Deux ou trois libellules en vol
Troublaient Lucille
Sur le chemin de son école
En pleine ville
Ces libellules en ville sont folles
Se dit Lucille
Qui les attrape avec un fil
Et puis s’envole

Deux ou trois libellules en vol
Portaient Lucille
Deux ou trois hirondelles en file
Suivaient leur vol
Elles sont arrivées sur une île
Si loin de son école
Que les lumières de la ville
Sont des lucioles

Les libellules disaient "Lucille
À notre école
Vois, c’est facile, tu bats des cils
Et tu t’envoles..."
Comme elles prononçaient ces paroles
Au même instant Lucille
Entendit au loin dans la ville
Sonner l’école

Deux ou trois libellules en vol
Suivaient Lucille
Sur le chemin de son école
En pleine ville
Pressant le pas, souple et gracile
Lucille frôlait le sol
Battant des cils d’un air tranquille
Vers son école"
YD - 1977

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