15 mars 2010

Au pif.

"C'est un endroit qui ressemble à la Toscane, à l'Italie..."

Je n'y suis pas arrivé seul. C'est un flair de chien truffier qui m'a guidé. J'y suis venu en moto et, donc, par hasard.
C'est sur une petite route puis un chemin en cul de sac sur les hauteurs de Pernes les fontaines, ou de La Roque sur Pernes, vers Le Beaucet, enfin dans ces collines avec Venasque dans le dos.

Des pans presque entiers du mur de la peste y sont encore visibles, de ci de là. Ils servent de refuge aux lézards qui s'y alanguissent au plus chaud du jour.
Il y a, dans le creux, une ferme où une meute de trois chiens noirs bancals et poussiéreux, aboie à l'approche, mais laisse arriver. Soupçonneux, flairants, ils viennent un à un se faire caresser et, enfin, empêchent que cessent les effusions, puis ils finissent par vous retenir, encore, un peu, une puce, un tique ou deux en vous tournant autour, leur queue balayante.
C'est un endroit à l'abri du mistral quand celui-là souffle. Oui, d'ailleurs, c'est un coin d'une beauté à le couper, le souffle...
Les restanques de fruitiers s'y superposent, le tiède y a ses aises, les murets y sont de belles proportions, on dit qu'ils on un beau fruit, les falaises du dessus y font comme un chemin de ronde qui veille sur la tranquillité du lieu, il n'y a rien à redire: aucun "dommage que", pas un seul "si", pas même un "oui... mais".

Ce soir particulier, les cerisiers blanchissaient, les oliviers jalousaient les amandiers qui, eux, avaient fini de fleurir et les chiens noirs se frottaient contre les jambes des pantalons...
Dans le creux de la combe, une paire d'ânes amusée par l'écho faisait des vocalises d'humeur joyeuse. Un coq flamboyant essayait de garder la main, de bien tenir sa chorale, quelques moutons attendaient le dîner en brouversant gentiment. A mes pieds, un escadron de manœuvres agité attaquait le ravalement des crépis extérieurs de la fourmilière alors que dans le ciel, une fumée droite commençait à s'échapper d'un des toits des bâtiments de pierre... C'est que le soir s'installait sur cette parcelle de monde en paix. Certains paysages ont ce don du ciel d'être comme parfaits. Dessinés par une main bienveillante. Celui là l'est. Enfin, j'ai trouvé qu'il l'était. Je m'y suis assis devant, une belle heure, jusqu'à ce que l'ombre et le frais me fassent remonter le col, puis à regrets, je suis rentré.

Je serais vous, je m'arrangerais pour m'y faire surprendre par le soir avec mon amoureux ou mon amoureuse, alors, je ne ferais pas des kilomètres... J'irais voir juste à côté, au Château de La Roque sur Pernes si sur les cinq chambres, il leur en reste une de libre et j'y passerais la nuit pour m'en souvenir dans un siècle ou deux...

Ce vallon, je l'ai repéré sur une carte... mais j'aimerais tant qu'il reste tel qu'il est que j'ai oublié où il était... Si je voulais y retourner, il me faudrait fermer les yeux et y aller... au pif.

Et comme je n'ai jamais mis les narines en Toscane j'irai volontiers y faire un tour... Il paraît que le pays se chante bien.

Carrouira 2

Vallon de Carrouira… entre Le Beaucet et Venasque... Brouverser: brouter et converser en même temps pour les ruminants. Parler en mangeant, quoi.

Oui, dans la chanson, il est dit: "C'est un endroit qui ressemble à la Lousiane..." mais Toscane me semblait... comment dire... plus italien.

2 commentaires:

Brigetoun a dit…

veinard ! remarque j'en connais de ce style pas loin de Toulon, juste à côté d'endroits trop fréquentés

chri a dit…

@Là, on plonge dans des pages de Giono...

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