Depuis quelques temps déjà, dès que j’en vois un dans la rue ou dans un magasin, mine de rien, je m’approche, je tourne un peu autour, j’essaie d’attraper son regard, bref, je tente d’entrer calmement en contact comme un Claude Lacombe prudent.
Quand je peux, je leur souris, je leur fais une grimace, j’essaie de les faire rire, d’établir un lien. Bien sur, il me faut quand même rester un peu discret, ils ne se baladent jamais seuls, il ont toujours un adulte auprès d’eux qui les surveille jalousement et qui, en vrai, détestent qu’un autre leur fasse de ces simagrées dont je m’arrange.
Pour cela, pour les croiser, je vais rôder le plus souvent dans les supermarchés. L’adulte qui veille a d’autres centres d’intérêt, on peut ainsi entrer en contact plus aisément avec les petits. Il arrive au grand, dans ces endroits de s’éloigner de quelques mètres, de laisser le petit un peu seul, de relâcher son attention. C’est d’ailleurs pour cette raison que je préfère m’adresser à ceux qui sont accompagnés de deux gardes du corps. Deux adultes le plus souvent, un mâle et une femelle. Ils ont alors tendance à être bien moins vigilants, à plus s’occuper d’eux mêmes en se chamaillant clairement sur leurs points de désaccord. Il y a pendant ces disputes un créneau plus ouvert, une fenêtre plus favorable. Il y a des failles dans le dispositif. Alors, là, je peux difficilement m’en empêcher.
La plupart, du reste, répond à mes avances, entre en communication avec moi, me rend mes sourires et mes grimaces. La plupart mais pas tous. Il arrive que parfois ce soit un supplice pour eux, ils ne comprennent visiblement pas ce que je tente de leur dire. Ils se mettent très vite à pleurer, à se cacher le visage, à couper court à toute tentative. Là, il faut réagir vite, s’éloigner en douceur sans laisser à penser que c’est ma présence qui est la cause de ce remue ménage. Sinon, l’adulte présent, l’adulte protecteur, le garde du corps va chercher à savoir d’où ça vient et il ne vaut mieux pas que ce soit de ta faute, mon petit gars, c’est moi qui te le dis! Alors, je tourne la tête et regarde ailleurs l’air détaché. Ensuite, je m’éloigne de la zone de contact le plus paisiblement du monde en essayant de surtout ne pas me faire repérer par les gardes qui sont toujours plutôt à cran. Surtout dans les grandes surfaces. Allez savoir pour quelles raisons!
La plupart, du reste, répond à mes avances, entre en communication avec moi, me rend mes sourires et mes grimaces. La plupart mais pas tous. Il arrive que parfois ce soit un supplice pour eux, ils ne comprennent visiblement pas ce que je tente de leur dire. Ils se mettent très vite à pleurer, à se cacher le visage, à couper court à toute tentative. Là, il faut réagir vite, s’éloigner en douceur sans laisser à penser que c’est ma présence qui est la cause de ce remue ménage. Sinon, l’adulte présent, l’adulte protecteur, le garde du corps va chercher à savoir d’où ça vient et il ne vaut mieux pas que ce soit de ta faute, mon petit gars, c’est moi qui te le dis! Alors, je tourne la tête et regarde ailleurs l’air détaché. Ensuite, je m’éloigne de la zone de contact le plus paisiblement du monde en essayant de surtout ne pas me faire repérer par les gardes qui sont toujours plutôt à cran. Surtout dans les grandes surfaces. Allez savoir pour quelles raisons!
Le dernier spécimen que j’ai abordé c’était chez Aucha. C’était un individu tout jeune, de sexe sans doute masculin, plus ils sont jeunes plus on a de difficulté à déterminer le sexe avec certitude. Il était assis dans un étrange véhicule qu’on pousse, à roulettes. Je dois dire que j’ai eu beaucoup de difficultés à voir ses yeux qui étaient, malgré tout, au nombre de deux et les deux d’un bleu magnifique. Il était emmitouflé dans des couvertures autant pour le protéger des regards que du froid, enfin c’est ce que je me suis dit. Nous avons passé un bon quart d’heure tous les deux à discuter gentiment. Lui, m’envoyant des blblbbllblblbl superbes et souriants. Moi, lui posant des questions sur sa vie, s’il était content de ses adultes, s’ils le nourrissaient comme il fallait, s’il était correctement câliné, si tout allait bien pour lui, enfin le tout venant, quoi.
Et puis, un grand est arrivé, l’air un peu furibard quand elle m’a trouvé accroupi devant son petit. J’ai dû me justifier aussi sec:
___ Ne vous inquiétez pas, je ne lui veux aucun mal, simplement, je vais bientôt être grand-père, je dois absolument reprendre contact avec la planète bébés. Dès que j’en vois un, je m’entraîne… Il y a si longtemps que je n’ai pas eu d’échange avec un de ses habitants... J'ai presque tout perdu...
Le garde chiourme s’est un peu détendue. Elle a eu l'air soulagé. Elle a semblé me croire.
En vrai, je vais faire ma coquette, j’aurais quand même préféré qu’en voyant ma tête, lui vienne un truc du genre: Comment? Vous? Non?
Pas déjà?
Pas déjà?