11 janvier 2011

Des nuages…

Hier, il m’est arrivé deux évènements, coup sur coup, abassourdissants!
J’étais installé devant l’écran de mon ordinateur, attendant je ne sais quelle étincelle magique, quelle lumière descendant du plafond lambrissé, dont je n’ai pas encore trouvé le courage de le peindre en blanc et pourtant ça donnerait un surplus de  lumière au bureau où j’ai installé écran et tour…
(Quel inversement de valeurs, entre parenthèses( c’est pour cette raison que j’en ai mis deux…) bien avant, on s’installait dans une tour, maintenant c’est elle qu’on installe dans un bureau…).
Bref, j’étais assis confortablement et je vaguais, revaguais voire divaguais.
J’avais fini par me trouver dans un état de conscience  mollement mou qui n’était, cependant, pas du sommeil. Un état de conscience flottant... Imaginez une cervelle posée  dans une barque navigant sur un lac Daumesnil au bois de Vincennes, un de ces lacs artificiels d’une trentaine de centimètres de profondeur, d’un vert sombre, sans aucune vaguelette, avec une légère odeur de vase, le tout baigné dans des brumes impressionnistes. Voilà quel était précisément mon état. J’étais là sans y être, encore assis, pas tout à fait liquide, présent mais finalement assez éloigné. J’avais ouvert word et une page vide. Blanche.
D’un coup, je ne sais d’où me sont venus quelques vers, mes doigts, les deux index, se sont mis à taper sur les touches que l’œil cherchait à la vitesse d’un âne au galop. Un sourire s’est dessiné sur mon visage. Je l’ai senti sans le voir. Et ça s’est enchaîné assez vite, ma foi. Comme s’ils descendaient de ces  magnifiques nuages postés au-dessus de la maison, passaient au travers des tuiles du toit et des planches de pins du lambris à repeindre, très vite, une douzaine de vers ont noirci le blanc de la page. Ils étaient assez longs et ne semblaient pas sonner si mal. Je me suis arrêté de marteler les touches pour les relire, j’ai fait quelques corrections à la louche, vite fait, à l’oreille. Raccourcissant ici, changeant de verbe là, virant un mot à ce détour, trouvant une autre image en bout de course par là. Et puis, j’ai continué pendant deux vers. Là, l’arrivée des phrases s’est un peu ralentie, puis a cessé comme un robinet qu’on ferme. J’ai relu le tout et j’en fus satisfait. Je ne dis pas que je les ai trouvé bons, je dis que j’en étais content. Je les ai trouvé montrables. A condition d’en ajouter encore quelques uns qui viendraient consolider l’édifice. Je repoussai cette “opération” à plus tard. Et là, j’ai appuyé sur deux touches qui devaient sauvegarder mon napperon. Tschlaaf!
Ils ont disparu corps et biens. Impossible de les retrouver dans les méandres de l’ordinateur. Ils les avait avalé. Il les avait effacé. Il les avait détruit. Salopard. Après un instant de déconfiture, c’est la colère qui m’a gagné. Et puis je me suis calmé, ce n'était pas non plus un bateau ivre qui m'avait été prêté... Tout juste une barque pompette...
Et, je ne me suis pas laissé abattre, j’ai ouvert un autre logiciel, et je me suis installé, en attente. Joie, après un moment, d’autres  vers ont daigné se pointer. Ils étaient plus ramassés, plus condensés, plus nerveux, presque meilleurs. Un canoë en peau de renne.  Je jubilai.  Enfin, c’est ce que je me suis dit. Un sourire plus grand encore que l’autre m’a parcouru. Les  merveilleux nuages continuaient de déverser gentiment leur lot d’images, de phrases, de sons et j’en étais le relais. Après un moment, je me suis dit que je devais, cette fois, éviter la boulette précédente. J’ai voulu enregistrer ce que je venais de taper. Combinaison de deux doigts et… Tschhlaaf! Effacés. Rien, il ne restait rien. Tout était parti… Ce n’était décidément pas mon jour.

J’ai regardé par la fenêtre, les nuages avaient fini par lever le camp. La page du ciel était  redevenue bleue.


Ciel Avignon

12 commentaires:

Brigetoun a dit…

navrant, mais en même temps être refusé par les nuages c'est bien, trop lumineux pour eux ?

cathiemini a dit…

Voci des nuages pas piqués des "vers"...je préfère les croire farceurs que plagiaires...
merci de vos billets ce sont des petits bonheurs...
Catherine (nantes)

chri a dit…

@Brigetoun A l'heure où tant se noircissent, une page bleue c'est bien, aussi!
@Cathiemini Et avec votre commentaire c'est maintenant grand soleil!

cathiemini a dit…

et oui ciel bleu à nantes, mais si je vois des nuages je regarderai à l'envers, à l'endroit si j'aperçois les vers qui vous ont pris à revers...
je me suis permis ce petit commentaire fort sincère car j'ai découvert votre blog il y a environ 3 semaines et j'apprécie les billets que vous écrivez bien, l' humour qui y est présent, ses photos bien sur et la musique...Ca change du consensuel ouf....un brin de respiration bon sang de bois que ça fait du bien.

Je ne tiens aucun blog pour ma part n'en ayant guère le temps et ne sais si je m'y retrouverai dans toutes les applications ayant parfois quelques soucis avec les applications internet qui sont diaboliques avec moi, j'ai juste un compte "fesse book" au nom de notre chatte maine coon et là aussi je m'y perds...

Pardon pour le temps que vous passerez à lire ces babillages et merci de continuer autant que vous en aurez l'envie à nous régaler de vos écrits.

chri a dit…

@Cathiemini: En plus de me faire plaisir, j'ai appris ce qu'était un chat main coon! Belle journée! Merci.

Lautreje a dit…

Me donnerait envie de revenir au papier et au crayon, au moins quand une mine se casse, c'est celle du crayon ! :-)

Nathalie a dit…

Il y en a qui connaissent l'angoisse de la page blanche, d'autre le drame de la page bleue.

Contrôle Z, il faut lui apprendre contrôle Z à ton héros !

Tilia a dit…

Il y a un fond de vécu dans votre histoire, Chri. Aussi par précaution, quand la muse me taquine, je me sers d'un crayon !

Enregistrer avec deux touches... mais c'est pas le travail du clavier ! c'est celui de la souris. La votre est paresseuse ? il faut lui envoyer le chat. Vous savez bien, celui des voisins ;*)

Ou bien, demandez à Cathiemini quelle vous prête le sien. Un maine coon, ça pèse son poids. Là, votre souris va filer droit !

Et méfiez-vous des nuages, ils n'obéissent qu'au vent. Alors vos vers, autant en emporte le vent et au diable vos vers :D

chri a dit…

@Lautreje, Nathalie, Tilia: Merci à vous! Oui le crayon, contrôle zen et une souris pour le main coon. J'ai tout bien compris!

Anonyme a dit…

Le ciel lui tendit un vers.
Oh, quel beau bleu tout ce bleu !
Brave pêcheur, il y trempa sa ligne,
Ignorant que l'endroit n'est que sombre revers,
Une page détournée par ces diables de dieux
qui jouent à l'ordi et n'envoient aucun signe.

Slev

chri a dit…

@Slev Ils ont fini de pisser, les dieux, par chez vous?

cathiemini a dit…

Too much ces commentaires...A nantes ils sont en pleine incontinence...et pour la souris la diablesse de maine coon n'en raffole pas, elle préfère les mulots...

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