01 janvier 2011

Ma jolie chatounette…

Il fallait, malheureusement, désormais s'y résoudre: Dans le monde où nous vivions, la tendresse, la douceur, la bienveillance et l'attention n'étaient plus considérées que d'une manière tragique...
Après ça, après ce que je venais de me dire dans ma petite tête, je marquai une  légère pause, à cause que la bataille qui se livre dans ma vertébrale, dont j’ai causé  par ailleurs... (On note un vrai relâchement dans l'expression, sans doute  dû au laisser-aller général d'une période de fêtes...)
Un petit arrêt à même une ruelle tranquille où pas de voiture, ni de personne ne passaient. Il faut dire que le monde semblait avoir déserté la ville, peut-être avaient-ils, tous, foncé  dans leurs cuisines, devant leurs fours et fourneaux en cette période de repas festifs?
Il faut dire que malgré les douleurs, je ne m’étais pas ménagé. J’étais allé faire un tour de ville, puis trainer mes guêtres dans une expo vaguement arnaqueuse sur les Ponts, au Palais des Papes, j’en avais profité pour grimper tout en haut d'une des tours, d’où  l'on a une vue magnifique sur celui où  les beaux messieurs font comme ci et les alentours qui sont pas mal amochés eux aussi. Ensuite, j’étais allé m’asseoir,  un peu, devant une gentille comédie française et souriante à l’Utope, comme il est coutume de dire dans le quartier. Ensuite, j'avais croisé dans la ville en boitillant tranquillement, pépère, en trainant un peu la patte comme un corsaire du seizième, siècle, surtout dans les escaliers mais j’avais dans le fond une voix qui disait: “ Si tu crois que tu vas m’immobiliser, tu te goures ma belle Nanie!”
Et, là, je venais de m’arrêter de marcher. A même le mitan de la ruelle, au niveau d’une voiture garée.
Après quelques secondes, de dessous l’engin,  après un miaouuu langoureux et plaintif, une boule de poil est apparue. De longs et magnifiques poils, bien que  sales, qui miaulaient de quelque part. Je me suis-aïe-accroupi vers la fourrure craintive. De ma main, je me suis appuyé sur l’aile avant gauche de la bagnole et nous avons commencé à parler, elle et moi. Enfin, surtout moi. Elle, elle se contentait de miaulements réguliers, puis ronronnants. Comme il n’y avait personne dans la rue, je ne me suis pas gêné pour parler tout haut. Et vas y que je lui envoie des mielleux: “Ma toute belle, viens me voir ma minouche, approche-toi, chatounette jolie, viens la douce… Comme tu es belle, comme tes poils sont sales, viens par là te faire caresser ma ronronnette…”
Que des paroles fines, intelligentes, pleines de bon sens et de retenue enfin tout ce qu’on peut dire de bêtises doucereuses à un animal qu'on a bien envie  d'amadouer, dont on voudrait bien qu’elle s’approche pour la caresser.
Comme elle était assez peureuse, il a fallu que je déploie un trésor de patience et une avalanche de mots doux. Tout mon répertoire y est passé, j’ai usé et abusé de tous les diminutifs en “ette”. La bestiole sans doute hypnotisée par ma logorrhée en forme de piège en velours  a fini par s’approcher de mes jambes et a commencé à tourner autour, collant au passage des touffes entières de poils gris à mes deux jambes de pantalons. Je me suis relevé et j’ai continué à lui en dire de belles: “Finalement tu aimes qu’on te parle, ma belle, tu y viens aux caresses hein? Allez sors un peu que je te prenne ma superbe, viens me voir, ma chatoune jolie…”
C’est après le “jolie” que j’ai vu la tête de la conductrice tassée dans son siège à un mètre de la mienne. J’ai vu la lueur d’effarement dans ses yeux clairs, j’ai vu sa peur… Elle avait assisté à tout, elle avait tout entendu, en première ligne. Sans pouvoir apercevoir la bestiole… J’ai bredouillé, maladroit, hésitant:
” Heu… excusez-moi, ce n’est pas à vous que je parlais…”
En manquant de m’écraser et en démarrant en trombe, elle m’a balancé par sa fenêtre ouverte un rageur:
“J’espère bien…  MALADE!”


Ste Rose sieste chat

14 commentaires:

Brigetoun a dit…

j'apprends qu'on dit utope (mais ne le ferais sans doute pas, comme pour Libé) et qu'au cas où me viendrait l'envie d'aller voir l'exposition sur les ponts, je dois résister à cette vague tentation. Merci.
Et bravo pour avoir traîné carcasse de mauvaise humeur
Bonne année

chri a dit…

àJe continue aussi à aller à l'utopia! L'expo des ponts vaut pour la balade dans l'immensité du palais, pas pour les ponts. La carcasse je vais la mater. Merci de vos voeux? Les miens pour la votre et... vous!

Tilia a dit…

Et la chatte dans tout ça ? pas écrasée par la folle démarrant en trombe, j'espère !
Ceci dit, vous connaissant, et malgré la tof (oui c'est comme ça que disent les djeun's par ici), je me demande si cette rencontre a bien eu lieu. Peut-être il y a longtemps, ou alors pas dans ces circonstances. Votre imagination est si fertile !

Coté balade, vous ne devriez peut-être pas trop forcer. Le toubib ne vous a pas recommandé le repos ?...

Lautreje a dit…

savent pas ce qu'elle veulent les femmes... quelques mots tendres et voilà qu'elles sortent les griffes ! J'ai bien aimé la promenade mais là faudrait voir à se reposer !

chri a dit…

@Tilia Allez savoir! La chatte a sans doute filé dès la mise du contact... Oui, oui du repos J'y vais.
@Lautreje: Des mots tendres oui mais ce qui compte c'est le moment! Il faut le bon moment! Oui, j'y vais.

Tilia a dit…

Si je ne suis pas trop curieuse, la minette qui fait la sieste les quatre fers en l'air sur la photo, c'est qui ?

Ste Rose m'intrigue trop !

chri a dit…

@Tilia: C'est un ami chat qui vit à Ste Rose en Guadeloupe...

Tilia a dit…

En Guadeloupe, quelle chance elle a !

Peut-être vous ai-je déjà posé la question (dans ce cas veuillez être indulgent envers ma mémoire défaillante) n'avez-vous plus de chat chez vous ?

chri a dit…

@Tilia: J'en ai un mais de pas sage! Il vient, il va, il vit dans la maison voisine.

Tilia a dit…

Si c'est un mâle vous ne risquez pas comme nous, quand nous habitions Manduel, de vous retrouvez un beau jour avec une portée de chatons sous l'escalier de la maison !
L'un de ces chatons était le fameux Nounours que ma fille habillait et transportait dans la poussette de sa poupée et qui a partagé notre vie durant près de vingt ans.
Sa mère était la chatte de nos voisins, des agriculteurs qui zigouillaient systématiquement ses portées. S'étant faite engrosser par notre matou pourfendeur de souris, la fine mouche était venue confier le fruits de ses amours à nos bons soins. :-)

Anonyme a dit…

Elle est ravie de se voir joliment publiée sur ton blog et te ronronne tous ses meilleurs voeux .. pas comme à l'autre, là, dans la bagnole.

Slev % Mira

chri a dit…

@Slev Je l'entends: Miraou, miraaouu...

Nathalie a dit…

oups, bavure !

Terrifiante histoire, des deux côtés !

chri a dit…

@Nathalie! Oui méprise, méprise!

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