01 novembre 2009

Des Frise.

Quand on passe quelques jours là-bas, on comprend leur attirance pour la moindre flaque quand ils viennent "par chez nous”… Il n’y a que ça, là-haut. De l'eau. Sous toutes ses formes… En crachin, en mer intérieure, en mer du Nord, en pluie, en rivières, derrière des digues, en canaux, en ruisseaux, en canalicules, en étangs, en brumes, en lacs, en bouteilles, en menace, en jets, en rigoles, en averses, en mares… Partout, tout le temps. Au beau milieu de la campagne et en pleine ville. De l’eau, partout, toujours. Les hollandais devraient être les plus grands cyclistes marins du monde! Avec l'eau, ce qui est en nombre, aussi ce sont les vélos. Des moulons! Un défi est lancé: prendre une photo sans un seul vélo dans le cadre... Impossible! Un vrai foisonnement et un réel danger pour les piétons touristes truffes en l’air. Mais pas pour les cyclistes qui, visiblement, sont des athlètes nourris au vent de face. La plupart des filles sont d’immenses blondes chabalisées, estallemandisées, les gars, eux de vraies armoires massives et pédalantes, mais eux... je les ai moins regardés. Si l’homme québécois possède deux mains, l’une pour faire ce qu’il doit faire et l’autre pour tenir une bière, la femme hollandaise a deux jambes pour, des deux… pédaler… Ce sont elles qui accompagnent les enfants à l’école en en posant un sur l’avant l’autre sur l’arrière, ce sont elles qui vont faire les courses au super en bourrant les sacoches, ce sont elles qui passent en ville en se donnant la main, bref des cyclistes filles en pagaille, en escouades, en groupes, en pelotons, en bandes. Il faut être absolument certain de la fermeté des cuisses frisonnes!
En campagne, des horizontales tapageuses, frontières entre le ciel majestueux claffis d'éoliennes, de hordes de nuages et des terres vertes, peuplées de vaches paissant paisiblement. Des paysages puissants qui ne se plaignent pas, eux, qu’on les regarde avec admiration. Des ponts à bascule pour enjamber les canaux et des moulins pour se servir du vent. Plein, aussi. De vent.
Je suis tombé en amour de la ville vieille, toute en briques parme, avec des ruelles tortillonnées débouchant sur de vastes places aérées, parcourue de canaux enjambés par des ponts bombés, traversés de bicyclettes. Impossible de prendre une image sans que dans le cadre n'en apparaisse qu'une. Une ribambelle de bâtiments, parfois étonnement penchés mais toujours de proportions humaines, la plupart construits au seizième siècle, les dates sur les façades l'attestant. Et, le plus souvent percés de larges ouvertures, sans doute pour mieux laisser entrer la lumière. Ces fenêtres n’étant presque jamais habillées de rideaux. Sans grilles… Lumière et ouvertures... Tout cela expliquerait l’accueil chaleureux et bienveillant de ces colosses blonds de commerce agréable?
J'aurais beaucoup aimé y passer une heure au... dix septième siècle, assis sur une des places et voir comment tout cela s'organisait, s'animait, se mettait à vivre...
Alstublieft!

Hollande Oct 09
Assis sur un canapé de bar, le long du Grand canal de Leeuwarden, capitale de la Frise, les yeux plissés du soleil d'Octobre, chauffé par lui, une Spa à boire, un carnet et un stylo devant moi, je pensais en attendant ma belle en souriant à ces mots d'Anna de Noailles:
"J'écris pour que le jour où je ne serai plus,
On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future,
Comme j'aimais la vie et la pleine nature".

9 commentaires:

yvelinoise a dit…

Des blondes chabalisées avec des cuisses en béton.
Les voilà habillées pour l'hiver, les frisonnes pas vraiment friponnes ;-)

Joli patchwork d'images, mais format un peu trop réduit, ça manque de détails.

Bonne fin de séjour en ce pays qui frise à plat :-)

chri a dit…

@Yvelinoise: Merci! Elles étaient effectivement habillées pour l'hiver! Mais la tendance était à blousons, bonnets, jupe courtes, très courtes, très très courtes sur collants de laine noirs ou à motifs... Avez vous essayé de cliquer sur l'image, elle s'agrandit...

coquelicot a dit…

C'est beau, doux ... simplement serein
Bon vent et tendres jours à vous et votre belle

chri a dit…

@Coq Vous avez oublié bref, Coq... Merci de vos vœux!

Anonyme a dit…

Voilà comment j'aime le plat pays : quand c'est Brel qui le chante et toi qui l'écrit.

Slev

coquelicot a dit…

C'est vrai, sont toujours trop courts les moments de bonheur. C'est pour cela qu'il faut les savourer !

ça me fait penser à une chanson, enfin un texte (de Félix Leclerc) dit par Julos Beaucarne ...
"....Papa tournait la tête, comme nous, pour voir le bonheur jusque dans le fond du corridor, en riant, parce qu'il se sentait visé. Il disait à ma mère : « Pourquoi tu nous y fais penser à ce bonheur ? »
Elle répondait : « Pour qu'il reste avec nous, le plus longtemps possible… » "... une merveille !

Alors, bon retour chez vous, Chri

chri a dit…

@Coq Merci de votre souhait... sous une jolie pluie de Novembre, le cœur un peu humide...

chri a dit…

PS: Coq Je l'ai trouvé chez... Lasiate:
Lorsque nous étions réunis à table et que la soupière fumait, maman disait parfois « Cessez un instant de boire et de parler ».
Nous obéissions. « Regardez-vous » disait-elle doucement. Nous nous regardions, sans comprendre, amusés. « C'est pour vous faire penser au bonheur » ajoutait-elle. Nous n'avions plus envie de rire. « Une maison chaude, du pain sur la nappe, des coudes qui se touchent, voilà le bonheur » répétait-elle à table, puis le repas reprenait tranquillement.
Nous pensions au bonheur qui sortait des plats fumants, qui nous attendait au soleil, dehors, et nous étions heureux.
Papa tournait la tête, comme nous, pour voir le bonheur jusque dans le fond du corridor, en riant, parce qu'il se sentait visé. Il disait à ma mère : « Pourquoi tu nous y fais penser à ce bonheur ? »
Elle répondait : « Pour qu'il reste avec nous, le plus longtemps possible… »

Félix Leclerc, Les pieds nus dans l'aube

coquelicot a dit…

Oui c'est cela même....
C'est beau, ça sent la soupe fumante et la tendresse... c'est bien de saison !

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