28 novembre 2009

Jolie, mais prise...

J’avais flâguenaudé, en marchant dans le soleil, en m’arrêtant, de temps à autre, devant les vitrines huppées de la jolie rue Vernet. Puis, j'avais remonté, à contre courant, l’encore calme de la rue Saint Agricol, puis j’avais débouché sur la place de l’Horloge où ils finissaient, dans les airs, d’installer les guirlandes de Noël. Je n’avais pas pu m’empêcher de me dire que fin Novembre, quand même, c’était un peu tôt pour voir débarquer des rennes et leurs traineaux, surtout avec le temps de fou qu'on avait. Et sur quoi vont-ils glisser, les traineaux, et ils vont crever de chaud, les rennes et le Père Noël il risque de mourir de soif, mais bon c’était ainsi. L'époque voulait qu'on trouve des articles pour la rentrée scolaire dès la fin du mois de Juin et qu'on célèbre Pâques à peine sortis de la table du réveillon. Bientôt, ils nous vendraient des maillots de bain en janvier, des tomates en février et des fraises en Mars, si on les laissait faire. Comme si le temps ne défilait pas assez vite! Le matin on donnait le biberon à un bébé glouton, le soir il chaussait du 45 et partait vivre au Québec... Les marchands qui géraient nos vies nous poussaient fermement aux fesses pour qu’on ne range pas de suite notre porte monnaie et même qu'on l'ait TOUJOURS à portée de main. Ensuite, j’avais fait un tour des cabanes en bois blond du marché de Noël et puis j’étais allé me poser en terrasse à une des tables des bars qui bordaient la place de l’Horloge. J’en avais choisi une, au plein soleil, histoire de m’en caresser le cuir. La température ambiante était tout sauf de saison, les rennes allaient se transformer en chameaux et il faudrait mettre des skis nautiques aux traineaux si ce temps là durait. Comme il m’était arrivé d’aller passer Noël à la Réunion, je me suis rappelé avec un sourire du mal qu’on avait eu, là bas, à rentrer dans cette histoire de neige et de Grand Nord alors qu’on passait nos journées dans le vert transparent de l'eau chaude du lagon...

Il faisait vraiment doux en ce début d’après midi. Les gens finissaient de manger en terrasse les yeux écarquillés d’être dehors sans avoir froid. Sur la gauche, au-delà de la rangée de table, une cabane dans laquelle on vendait des savons de couleurs et surtout de Marseille. Dans la cabane, une très jolie brune aux cheveux mi-longs souriait. Elle était habillée comme elle le sont toutes en ce moment: jupe courte, très courte, de laine beige, des collants épais marrons, des bottes d’un beau et fin cuir marron avec deux énormes boutons sur un revers noir et un petit haut serré noir et dessus, une veste de laine longue tricotée à grosses mailles. Des lèvres dessinés d’un rouge soyeux qui accentuait le sourire qu’elle adressait au monde et que j’ai croisé du regard. Je lui ai rendu.

Mais voilà qu’elle me regarde, maintenant. Et qu’il grandit son sourire. Ô dieux du ciel dans quel doux rêve me voilà plongé? C’est à moi qu’elle fait signe, elle me salue de la main. Pince mi et… Je n’ai pas encore terminé mon café double, il est brûlant. Je lui montre la tasse avec du noir dedans. Elle sourit à nouveau et montre son poignet, enfin la montre à son poignet et trois doigts tendus. Je regarde la mienne, il est la demie de deux heures. J’aurais assez de ce temps pour le finir ce café et m’approcher de sa cabane.

C’est à ce moment précis qu'un beau jeune type derrière moi, que je n'avais pas remarqué, s’est levé, il est passé tout à côté de ma table, il a poussé une chaise qui ne me servait à rien, et qui le gênait puis il est allé droit vers le beau visage. Elle a ouvert les bras à son approche, les a refermés sur lui en posant sa tête sur son épaule en l'y laissant. J’ai revu à ce moment là son sourire. Il était encore plus grand que tout à l’heure.

Je me suis brûlé les lèvres et tout l’intérieur en finissant fissa le café.

En reprenant ma ferraille sur la table, avant de lever le camp d’ici, je me suis dit que, décidément, je n'étais pas favorable à l'idée de fêter Noël...

En Novembre…


Ciné Lido n&b_cr

25 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien fait !
V.

odile b. a dit…

Ou... ou
A choisir : mieux vaut se méprendre que de se sentir méprisé !

chri a dit…

@V Ouf je suis rassuré! Vous ne serez pas étouffée par la bienveillance!
@Odile Comme vous avez raison!

Anonyme a dit…

Haaaa Haaa Haaa !

Vilain.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Mon pÔvre "Monsieur", c'est dur, c'est horrible, en démarrant la lecture j'ai même cru que dans un élan festif engendré par un mois de novembre pressé d'être déjà à Noël, vous alliez publier les bans en urgence et revenir sur cette même place de l'Horloge dès la semaine prochaine mais côté "liberté, égalité, fraternité", (c'est d'ailleurs de toute évidence une hérésie de laisser un tel message au dessus du même bâtiment qui célèbre les mariages).
Mais, cela aurait pu être bien pire ! Vous auriez très bien pu avoir un rendez-vous galant avec cette même femme, qui une fois assise au café avec vous aurait aperçu le Monsieur derrière et serait partie avec lui !
Finalement, vous êtes un chanceux vous !

chri a dit…

@Mathilde Tout ce qui raconté ici n'est pas exactement le réél... Cela peut être inventé... Donc rien d'horrible ni de... chanceux!

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Ah bon ? Vous mentez ? Je suis terriblement déçue ! Sur mon blog je ne raconte que la vérité et je m'en veux d'avoir d'ailleurs divulgué récemment à la face du monde que j'ai protégé une vraie sorcière, dont je donne également le signalement puisqu'il y a sa photo ! Même pire, par la barbe de Merlin, je me suis affichée moi-même comme une sorcière, je ne sais pas si c'est bien, mais je n'aime pas raconter des histoires ! Chacun son truc hein ! Bon bin tant pis, je vous avais déjà rajouté dans mes liens et je me suis abonnée à votre blog, maintenant je ne peux plus revenir en arrière ! Je n'avais qu'à consulter ma boule de cristal avant !

chri a dit…

@Mathilde: Vous me faites rire! Si inventer c'est mentir oui, je mens! Si raconter des histoires c'est mentir, oui je mens! Si "créer" c'est mentir, oui, oui je mens!
"C'est pour dire" n'est pas un journal intime!
L'histoire de "Paul...1919" était UNE histoire, inventée, donc un mensonge, par exemple!

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Donc, tout va bien ! J'adore ces menteurs là et je revendique mes propres mensonges sur bien plus que des mots. Je veux bien croire que vous êtes un créateur, j'en suis même convaincue, figurez-vous que je ne vous voyais pas autrement, mais j'ai beaucoup de mal à formuler les choses, à dire ce que je pense réellement, certainement par pudeur, je fais souvent des compliments détournés, qui ne sont pas forcément bien perçus ! J'ai publié un texte qui parle de ça ! Beaucoup de personnes n'ont pas compris que je pouvais écrire sur un blog en m'exposant ainsi de la sorte, sauf que je ne m'expose jamais, je ne dis jamais l'essentiel ! La vérité c'est que malgré mon aisance pour écrire et parler, je suis une véritable handicapée de la parole ! C'est loin d'être un journal intime et je n'ai jamais considéré le vôtre blog comme tel ! Loin de là ! Mais cela me semble aussi intéressant de faire des commentaires comme si on était encore dans la fiction, comme lorsqu'on était enfant et qu'on disait : "on dirait que..."
J'aime que les histoires débordent du cadre et me prendre au jeu des personnages fictionnels ! J'espère ainsi en tentant de formuler plus justement, avoir été un peu moins perçue comme une écervelée ! Un mental d'un enfant de 5 ans pour ma part oui, mais pas débile la môme non plus, enfin je ne crois pas !

Michel Benoit a dit…

Ne nous est-il pas arrivé à chacun, un jour ou l'autre de vivre une similaire méprise ?

Où donc a été prise la photo du bas "LIDO" ? À Avignon ?

chri a dit…

@Michel Benoit: Heureusement sans dommage quand elles sont inventées! La photo a été prise à L'isle sur la sorgue à l'intérieur de la cour de l'ancien théâtre aujourd'hui transformé en salle d'expo La tour d'argent, je crois.

MATHILDE PRIMAVERA a dit…

Autre réponse pour dire la même chose sur :

http://bienplusquedesmots.blogspot.com/2009/11/les-mots-2.html

Bien à vous.

Anonyme a dit…

Pôvre couillon !
Marie.

chri a dit…

@Marie!
Je me doutais qu'en cas de besoin je pourrais compter sur votre bienveillance active!

Lautreje a dit…

Je lis le texte, les commentaires et en même temps, j'entends la Valse triste, décidément le "hasard" de la programmation musicale...

Nathalie a dit…

J'ai cru un moment qu'on allait retrouver dans cette histoire la jolie rousse du cid café mais non, c'était une de ses semblables.

Certaines rencontres se passent bien quand même heureusement, et on se retrouve avec plaisir à boire ensemble un café :-)

Bonne fin de dimanche !

chri a dit…

@Nathalie: C'est au Mistrau juste à côté que ça ne m'est pas arrivé mais j'ai un peu pensé à Julie!

Véronique a dit…

je reprends ma lecture ... bon, elle est triste votre histoire !
les images défilent, cela pourrait tout à fait être le scénario d'un très court métrage !
c'est çà qui me plait chez vous, je me fais mon cinéma !


Ah Noël ! même en Décembre j'aime pas.
Et puis prévoir déjà ou l'on passera l'été alors que l'hiver n'a pas commencé !
nous vivons une drôle d'époque Chriscot.
demain déjà, c'est déjà loin

vous nous raconterez un joli conte fin décembre ? pour nous réconcilier avec les fins d'années difficiles ? s'il vous plait !

chri a dit…

@Véronique Je ne vous promets rien mais je vais essayer, ça m'amuse!

Nathalie H.D. a dit…

J'avais oublié de le dire, mais le titre est vraiment joli.


Oui moi aussi je suis preneuse d'un joli conte de Noel dans la tradition provençale (remise au goût du jour le cas échéant).

chri a dit…

@Ra la la!!! Dans la tradition provençale, en plus... Parisien de naissance, je ne garantis pas!
Merci pour le titre!

Lautreje a dit…

Je ne sais pas si c'est dans la tradition provençale, mais j'aimerais bien qu'il y ait une pomme d'amour, rouge de plaisir et brillante sous les lumières de Noël, et un petit vin chaud à l'orange et à la cannelle... désolée, mais la grisaille me donne des envies de couleur et de gourmandise...

chri a dit…

@L'autre je: Rien que ça? Allez y faites vos courses de Noël, aussi!
Je vais me tourner vers un beau conte bien bien triste avec des santons bien bien malades... :-)

Nathalie a dit…

... mais qui finit bien?
C'est Noel quand même, ne l'oubliez pas!

chri a dit…

@Nathalie: Ah oui, ils guérissent à la fin!

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