04 février 2015

La poudre a parlé.

Pour les impromptus littéraires de la semaine. Il fallait composer un texte avec cataracte, enchevêtré, mufle, illicite et raidillon. Ça a donné ça que je dédie à Jacques et Carole Charrier.
Et comme une autre liste était proposée le premier texte a eu une suite avec dedans: azimut, Bourg la reine, chameau, fantasme et ranimer.

Dehors, alors que la nuit était tombée depuis belle lurette, il s’était remis à poudroyer des flocons gros comme des assiettes à dessert. Une moquette blanche d’un bon mètre d’épaisseur s’était posée sur la terre et, ma foi d'où on était, c’était plutôt joli à voir.
À l'intérieur, une caisse de bière éventrée trônait au milieu du salon et on venait s'y servir à tour de rôles. Pendant que le poêle à bois ronronnait comme un vieux tigre. Sur l’écran plus que géant, vissé à même le mur de briques blanchies, les vivants du châlet en avaient descendu quelques unes en regardant les Remparts de Québec venus gâcher la fête à Saint-Tite en atomisant 7-2 en fusillade les Cataractes de Shawanigan. Pierre Lafleur, la nouvelle recrue en avait scoré trois à lui tout seul et dans le premier quart temps. Même s’ils ont moins tiré que leurs adversaires, les Cataractes menaient après 20 minutes de jeu. C’est Dennis Yan qui a ouvert la marque sur un retour de lancer d’Anthony Beauvillier en avantage numérique. Samuel Girard a obtenu l’autre mention d’aide. En fin de période, Anthony Beauvillier a doublé l’avance des siens avec un bon tir dans le haut du filet. Le gardien Marvin Cüpper a stoppé les 11 rondelles dirigées vers lui. Les hommes de Martin Bernard menaient 2-0 après 20 minutes de jeu. Comme la météo, les Remparts avaient fait parler la poudre. On s’est bien marré à cette connerie de Paul. Autant dire qu’ici on était plutôt satisfait de la tournure qu’avaient pris les évènements. C’est les jambes enchevêtrées, enfoncées dans le moelleux qu’on a regardé la fin de la rencontre. Elles ne se sont même pas détachées quand sur un tir illicite le gardien adverse s’est blessé. C’est tout juste s’ils ont grogné quand le capitaine des perdants, un mufle à gifler a trouvé désopilant de casser sa crosse en deux sur la bonne mais juvénile tête toute cabossée de Lafleur. On a compati avec une bière. Jacques m'avait bien fait rire quand il m'avait dit que chez lui, si les hommes avaient deux bras c'est qu'il en fallait un pour tenir la bouteille.
Deux trois binouzes après la fin de la partie, j’étais derrière la vitre du salon à regarder mon voisin, le fils d'Armand Léveillé, le poseur de pièges et son quatre quatre attaquer le raidillon qui menait à la route du lac. 
Ça poudrait encore ben dru. Le vent avait cessé et tout le blanc tombait droit comme une douche de neige. Plus bas, le ciel avait étendu, sur toute la surface du lac gelé, une immense couette épaisse, immaculée.

J’ai juste pensé avant d’aller dormir : ce n'est pas encore demain qu’on ira se baigner.



Ah ça, avec ce qu’il était tombé sur la région, on n’était pas près de voir apparaître un chameau ! Les orignals étaient même descendus de la Grande Forêt pour se rapprocher de la chaleur des châlets. Si ça continuait à tomber cette nuit, au matin il devrait appeler François Bourlareine le déneigeur qui, avec l’engin flambant neuf acheté aux US était le fantasme absolu des kids du coin. Pensez il était maintenant équipé d’un chauffage, et d’un GPS à azimut embarqué, il y avait de quoi être une star mondiale. Sans parler de la TV installée dans la cabine pour ranimer la flamme en virant la poudre de la longue route 155 qui menait droit au Lac Saint Jean.
Dans le pays, tous les niaiseux étaient envieux tant l’hiver lui serait plus facile à supporter.

13 commentaires:

Laurence Chellali a dit…

J'aime ces récits tous simples du quotidien quand ils sont si bien écris :)

chri a dit…

@ Laurence Merci à toi!!!

odile b. a dit…

Oh, qu'elle est belle belle belle, cette photo ! Une peinture au couteau.
J'aime ce jaune au milieu du gris bleuté. Bravo et Merci !
Ici, ça a seulement fait semblant en début de semaine : juste un soupçon de sucre glace. De quoi, quand même, raviver les couleurs des oiseaux et des écureuils qui rappliquent avec le frrroid et font la razzia en moins de deux.
Occupation à plein temps pour moi... :-)

odile b. a dit…

PS
Fait bon auprès du feu.
Bon week-end-end au chaud !

chri a dit…

@ Odile J'ai fait le plein de bois flotté du Rhône pour le WE... Cheminée et chaussettes de laine. Le blanc n'as pas encore tout fondu dans le jardin... Bonne fin de semaine à vous aussi.

Brigitte a dit…

Ah zut mon com a disparu ... Bon je fais court :texte sympa, photo magnifique une "vraie" peinture comme dit Odile .
Bon week-end
cela devient bien compliqué de te laisser un message !!!

chri a dit…

@ Brigitte Merci Brigitte Mais pourquoi est-ce compliqué de laisser un message?

Brigitte a dit…

Les numéros ou lettres à écrire afin de faire savoir que je ne suis pas un robot et que je trouve difficile à lire parfois !!! Voilà

chri a dit…

@ Brigitte C'est encore là tout ça? Je n'y suis pour rien, désolé pour vous...

Tilia a dit…

@ Brigitte
Pas besoin de taper ni chiffre ni lettres, cliquer simplement sur "Publier commentaire" et ça passe tout seul, comme une lettre à la poste !

chri a dit…

@ Tilia Merci Tilia!

Brigitte a dit…

ah bon? Alors j'essaie juste pour voir ,merci

Brigitte a dit…

C'est tout bon ,en effet !!!

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