30 mai 2010

Un dîner presque parfait…

Mon menu pour le repas:
 Tartines du Sud.
Pain de campagne grillé, tranche fine de jambon cru, tranche de mozzarella, rondelle de tomate salée poivrée, parmesan râpé, le tout passé vingt secondes au micro-ondes pour faire fondre la mozzarella puis feuilles de roquette, basilic frais ciselé, trait d’huile d’olive...

Gaspacho andalou.
Soupe froide au concombre, tomates, fines herbes du jardin.

Wok de crevettes et de Saint Jacques sur lit de courgettes.
Pour le wok: Saint Jacques et queues de crevettes, coriandre frais, gingembre frais râpé, sauce soja, grains de sésame grillé, une cuillerée de miel d’acacia, curry, sel poivre.
Les courgettes à l’étouffée… (avec oignons blancs, herbes du jardin, et lardons fumés fins).

Soleils de polenta rougis à la tomate.
La polenta (semoule de maïs) découpée en cercles d’une épaisseur d’un cm, accompagnés d’une sauce tomate maison (oignons blancs, sarriette, thym, romarin, laurier jeune).

Boule de chocolat au piment d’Espelette pointée dans une soupe de fraise.
La soupe de fraises mixées à laquelle on ajoute un sirop de sucre en poudre,  du gingembre frais râpé, des  zestes de citrons verts, des feuilles de verveine et un anis étoilé. Le tout versé sur une boule de chocolat au piment d’Espelette. Une branche de verveine, une de menthe fraîche en déco.

Vous avez remarqué? Pas de crême, pas de beurre, pas de sauce, pas de viande... Et avec tout ça, un Sancerre blanc un peu frais ou un Pouilly-Fuissé un peu frais de chez Marcel Marin viticulteur à Solutré pour les blanquistes, un Brouilly un peu frais pour les rougistes et pour les chauffeurs, une eau minérale gazeuse.
Le gros gros avantage c’est qu’il n’y avait aucune caméra planquée dans les toilettes pour que les invités viennent, entre la poire et le fromage, méchamment dégommer ce que vous vous êtes échiné, dans le plaisir, à préparer.
Contrairement à tous les tordus des télés, qui concoctent des émissions sensées être le reflet de ce que nous sommes et qui ne sont que  prétextes, bien dans l’air du temps, à l'étalage  sadique de  débinages, éliminations, clivages, clashs,  affrontements,  mensonges, malveillances, perfidies…

Nous, nous  savons vivre, nous… Et dans la bienveillance, la souriance et le respect. On s'est régalé. Mieux, on l’a dit. Volontiers!
Amen.

Fraises

29 mai 2010

Les preux de l’amour.

"Essaye-moi si je m'enfuis, enfouis-moi si je t'essuie."
L'autre.
___Mais tu ne peux pas me demander ça, Mari-Pierre, tu le sais bien. Paul est mon ami, je ne peux donc pas coucher avec toi...
___Je ne te demande pas de coucher avec moi, tu ne m’as pas bien comprise, je te demande juste qu’on s’arrange pour qu’il le croit.
En plaisantant, j'ai répondu:
___ Tous les ennuis et aucune compensation, alors? C’est bien ça que tu me proposes ?
La soirée était bien avancée. Les deux autres étaient allés s’allonger, vaincus par la dernière goutte de vodka,  celle qui fait déborder les vases, brassés par un air lourd, chargé en iode, la journée passée à Grands Sables et, en fin de journée, le double au club de tennis des Folles Mouettes, Mari-Pierre et moi contre Virginy et Paul. (Ils nous avaient écrabouillés à plates coutures... De plus, ils s'appelaient vraiment comme ça, je n'allais pas changer leurs prénoms juste pour vous faire plaisir...). Entamés par ce qu’on avait descendu au cours du repas, aussi. Trois bouteilles de Sancerre blanc y étaient passées. Il ne restait plus que nous, assis dans des fauteuils mous, au bord de la piscine, vaguement inutile, puisque l’île regorgeait de plages toutes plus belles les unes que les autres. Parfois on pensait vivre dans le concours de la plus belle du monde. Nous avions mis un point d’honneur à aller nous baigner dans  toutes. Cela faisait deux ou trois jours que nous avions rejoint Mari-Pierre et Paul. Ils avaient loué quinze jours en amoureux pour se retrouver, la semaine précédent notre venue, faire le point, y voir plus clair etc. Bref, il y avait comme on dit vulgairement un peu d'eau dans le gaz.
Nous avions hésité pas mal avant de donner notre accord et puis nous nous étions dit que nous saurions profiter de tous les plaisirs qui s’offriraient à nous. Cela valait bien la perspective de quelques moments délicats et un peu pénibles où ces deux-là ne manqueraient pas, comme le font souvent les couples en crise, de prendre les autres à témoin lors d'un différend. Ils ne se sont pas trop gênés mais en gros, ils sont restés raisonnables. Il y a bien eu quelques escarmouches, quelques passes d’armes un peu musclées, quelques déballages de mauvaise foi à propos de la salière bouchée ou d'un verre manquant sur la table, mais le tout n’avait jamais dépassé l’insupportable.
___Ne me dis pas que tu pourrais être tenté ? Avait-elle envoyé en souriant bizarrement.
___Je ne voudrais pas te vexer, Mari-Pierre, mais tu sais bien que tu es jolie comme tout et désirable ; aussi, ne me laisse pas croire que tu ne remarques pas le manège d’à peu près tous les types qui sont dans un endroit où tu déboules… La beauté te va bien, et plaire, encore davantage, tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir. Dis-moi le contraire… Mais je te le répète Paul est mon ami, et, accessoirement, je suis avec Virginy. Et même si ça fait un moment que ça dure, je n’ai pas envie de tout gâcher pour une histoire de fesses. Ce serait sordide. Surtout entre amis. Voilà, du reste, une définition acceptable de l'amitié: l'ami(e) c'est celui  (celle) avec qui on n'a pas couché et avec qui on ne couchera pas.
___ Justement, je te demande ça pour essayer de sauver notre couple, en rendant Paul jaloux. Je te le demande comme une marque d’amitié à notre égard.
                             L’ambiance était en papier glacé. Un souffle léger balançait quelques photophores de couleurs allumés, comme ceux des magazines de déco, ils pendaient dans les branches basses des pins et la table, devant laquelle nous étions, n’était éclairée, elle, que par la lueur tremblante d’une lampe tempête à pétrole. C’est dire que nous ne voyions pratiquement pas nos visages, seules nos voix nous parvenaient. J’avais noté que celle de Mari-Pierre s’était faite plus rauque. Parce qu’elle s’évertuait à parler bas ? Pour une toute autre raison? Je ne voyais d’elle que le bronze de ses cuisses dévoilées.  Elle était belle comme une Sara Baras. Je devinais sa position dans le grand fauteuil de jardin. Elle savait certainement que je la devinais et que j'y jetais un œil de temps à autre. J’étais fasciné par son tatouage en feuillage de lierre qui lui entourait la cheville.
Comme la fraîcheur commençait à tomber du ciel maintenant étoilé, j’étais entré dans la maison pour aller chercher de quoi couvrir nos épaules et prolonger un peu cette conversation qui commençait à me titiller. J’étais curieux de voir jusqu’où elle allait pousser. J’en avais profité pour rapporter deux petits verres et sortir la bouteille du congélateur.
Revenu dans le jardin, je ne l’ai plus vue sur le fauteuil qu’elle occupait. J’ai su où elle était allée se fourrer quand j’ai entendu, venant de la piscine, un vague clapotis. Puis sa voix flottant au- dessus de l'eau :
___ Tu devrais en profiter, avec le frais de la nuit … Elle est presque meilleure qu’en plein jour…
La température de l'ambiance était, d'un coup, montée de quelques degrés. Je n'ai pas mis ça sur les épaules du réchauffement climatique. Je me suis approché du bord, la bouteille et les deux verres à la main, je me suis assis sur les pierres encore chaudes du jour. Sa robe et plus loin un ridicule bout de tissu blanc penaud, vexé étaient posés sur un des bains de soleil, près du bleu. Elle y était. Dedans et nue. J’ai toussé, j'ai jeté un œil vers la maison puis je me suis servi un petit verre que j’ai avalé d’un trait.
Celui du condamné ?
___Je vais quand même te dire que je trouve ton idée... disons, un poil tordue, Mari-Pierre… Sans vouloir t'offenser.
Elle s'est approchée du bord en nageant à l'indienne. Sur le côté. Quand elle a accosté, elle a affirmé avec le plus grand sérieux:
___ Vois-le juste comme un mensonge, un mensonge de rien, puisque RIEN ne se sera passé… Un mensonge d'amitié, même.
___ Ce que je trouve tordu c’est de m’aguicher comme tu es en train de le faire pour que je cède à l’idée qu’il ne va rien se passer… mais que nous pourrions laisser croire qu’il se serait passé quelque chose. Ça oui, pour le coup, si je peux me permettre, je trouve ça alambiqué.
___ Ne me dis pas que tu ne serais pas prêt à tout pour ne pas perdre Virgy…
___ Prêt à tout, oui bien sûr, mais il y a des limites! Et puis, Virginy et moi n’en sommes pas là où vous en êtes, vous…
Les deux coudes posés sur la margelle, sa poitrine juste au niveau de l'eau, ses tétons guillerets  en émois, flirtant avec la surface de l'eau, ses cheveux collés en arrière, le visage ruisselant, à un mètre de moi, elle m'a dit, dans un souffle:
___ En es-tu bien certain ? Ne me dis pas que tu n’as pas remarqué leur petit manège à eux deux… Ne me dis pas que tu n’as pas vu qu’ils étaient complices comme cochons et qu’ils riaient comme deux enfants à chaque fois que l’un en sortait une bonne, ne me dis pas que tu n'as pas vu qu'ils se battaient pour aller faire les courses ensemble et, crois-moi quand un homme accompagne une femme pour des courses  au supermarché sans rechigner, ni même faire la tête, il y a anguille sous roche, ne me dis pas que tu ne t’es rendu compte de rien ? Paul était excité comme un gamin, à l’idée que vous alliez arriver tous les deux, j’ai fini par comprendre pourquoi en les regardant faire…
Dis- moi, où sont-ils là?
___ Mais... ils dorment...
___ Justement, si on saisissait l’occasion, toi et moi... Personne n'en saura rien...
Après un temps de réflexion, n'y tenant plus, tendu comme un trébuchet prêt à l'action, j’ai sauté dans la piscine tout habillé.
Ce sont les cris qu’elle a poussé quand j’ai tenté de l’étrangler en la noyant qui ont réveillé les deux autres…

Piscine gite Gard 1

28 mai 2010

Cent, que j’y pense.

Il n’y a pas un jour sans que j’y pense,
Pas un moment, pas une absence,
Quand je monte la rue, quand j'avance,
Je vois son corps devant moi qui danse.
Alors, je m’arrête un peu, sur le côté,
Et je le regarde... Je TE regarde bouger.
J’aimerais, bien sur, t’accompagner
Mais ce n’est pas toi que je vois danser.
Je le sais bien, aussi, je fais comme si.
C’est assez rare d'être heureux ainsi…
Juste un bonhomme gai, sur le bord assis,
Voyant son bel amour bouger devant lui.

Enfin, son bel amour… ce qu’il en reste,
Des miettes de mie, des bouts, des restes,
Des pages froissées, des palimpsestes
De si vieux souvenirs qu’ils en empestent.
Je n’y peux rien, je te vois partout,
De Septembre à la fin des six mois doux,
D'une île électrique, aux confins d'un corps fou,
Du froid qui s’amène, aux soirs de redoux.
Il n’y a pas un jour sans que je repense,
A ta main, fine, dans l’air du soir, qui  tance,
A ton léger sourire, à ta soyeuse élégance...
A nos plaies qui se pansent... dans le silence…

 


Douarnenez

25 mai 2010

Une idée farfelue.

Pour les Impromptus de la semaine le thème est:
Une idée farfelue. Le texte est:

__ Voilà bien une idée sacrément farfelue !
Mais où vas-tu les chercher ? Sais-tu, et, crois-moi je te le dis avec une pointe d’admiration dans la voix, à chaque fois, ou presque, je me surprends à penser : Mais que va-t-il nous inventer cette fois encore ? Que va-t-il nous pondre ? De quelle contrée inexplorée, de quelle partie sans doute un peu dérangée de son cerveau va-t-il sortir ce genre d’idée ? Dans quelle jungle inconnue va-t-il devoir s’enfoncer, si ça se trouve, à la machette pour nous trouver ce qu’à chaque fois il nous trouve? Quels méandres sinueux de quels fleuves tortueux va-t-il devoir remonter les courants tourbillonnants et secrets pour déboucher à une si claire et si limpide source ? Par quel heureux miracle ne peux-tu jamais être convenu, et, donc comble du comble, toujours sans surprise, puisqu’à chaque fois on s’attend à être étonné ! Il ferait beau voir qu’une fois au moins tu nous laisses sans voix en nous sortant un truc d’une banalité banalement banale, tu vois d’ici le genre : une idée farfelue qui n’aurait tellement rien de farefelue qu’elle en serait complètement ahurissante, abracadabrantesque comme dirait l’autre… Ah ce n’est pas toi qui irais faire un crumble aux cerises avec des poires à la place des cerises, ça non ! Ce n’est pas toi qui te saisirait d’un fil de fer pour trancher les mottes de beurre, ça non, ce n’est certainement pas toi qui mélangerait de l’eau chaude avec de la froide pour en avoir de la tiède ! Que nenni ! A d’autres plus terre à terre, à d’autres moins célestes… Ce n’est évidemment pas toi qui dépenserais moins pour gagner plus ! Tu es bien bien au-dessus de tout ça, toi, tu planes en d’autres stratosphères, tu fréquentes assurément d’autres galaxies ! Ne me dis pas le contraire !
Ce ne sera pas encore cette fois visiblement, puisque là tu me laisses scotché, collé au plancher, ébahi, aphone, que dis-je “aphone”: aphasique, oui! Ah la la quelle trouvaille, mais quelle trouvaille de génie, sans bouillir, dans une si apparente facilité que c’en est dérangeant… Tu es définitivement un De La Tour de l’esprit, un Ar-Men de la plaisanterie, en d’autres temps, c’est la grande Alexandra que tu aurais signalé! Avec toi tout est définitivement possible...
__ Dis, est-ce-que par hasard tu ne serais pas entrain de te payer ma tête en en faisant des kilotonnes? Me crois-tu dupe de ton petit jeu?
__C’est ce que tu penses ? Laisse moi te dire : Ah ça non, certainement pas ! Loin de moi cette intention perverse. Mais dis-moi, un peu : l’idée phare bon, je comprends ! C’est une idée lumineuse, qui éclaire et montre le chemin, une idée qui donne du sens, qui ouvre l’horizon, l’espace des sensibles, qui protège et prévient aussi, des écueils, des récifs, qui, avertit des dangers, renseigne sur la côte… tout ça je  le comprends très bien mais ce qui me gène c’est le: "velu".
Vois-tu, je me demande qu’est ce que ce “velu” vient faire dans toute cette histoire ???
 
Belle Isle3_cr

23 mai 2010

Un festival.

Hotel Garland avignonAnnoncées, des stars de classe mondiale dans des hôtels de classe tous risques,
Coq et larousse 1  
Des paillettes d'or fin dans les lumières, le rouge des coquelicots en guise de moquette…
Oeil de cheval 1
Des  belles robes de belles et des regards de velours glamour…
Oreille Vincent 2
Des presque fontaines de Trévie et des oreilles qui traînent…
Plagette du Rhône
Des plages de bords de Rhône et de sable gris  fin…
Canards l'isle
Bref, un festival de... cane…

La palme dort
Et, au final, chut, car une palme… dort…

21 mai 2010

Mots d’Anne...

Après six années, je juge que je peux, maintenant, donner à lire des extraits de certains de tes mails. En hommage à ton courage, à ta clairvoyance, à ta douceur, à ton énergie, vitale.  Je t'ai rencontrée, pour de vrai, après un an d’échange de courriels,  un week-end de fin Janvier 2004 où je suis "descendu" à Toulouse. Nous sommes même allés écouter Romain Didier qui y chantait ce soir là. Notre relation de mots avait commencé par les tiens directs: “Je cherche à avoir des discussions intimes” avais-tu écrit.
Anne, sage femme... C'est dire si en matière de vie tu en connaissais un rayon...

16 Octobre 2003
Bonsoir cher Ch.,
Je ne souhaite évidemment pas te voir te diriger vers un épisode automnal de vieuconnage...
Te rappelles-tu, un jour je t'avais écris que j'avais peur de devenir dure et que ce sentiment m'était on ne peut plus désagréable, moi qui suis une grande hypersensible...
La solitude nous rend de toute façon --on va dire "différent"-- on est obligé de "supporter" ses émotions simples sans qu'elles puissent "vraiment" être partagées. Je pense avoir compris que c'est cela qui nous donne cette impression.
On est plus dur, mais on est aussi plus "ouvert", je peux penser te rencontrer en Bretagne sans ou tout en étant capable de penser qu'il s'agit de ma vie et que si Cl. s'en trouve atteint, j'aurai de la compassion pour lui mais je dois suivre ma destinée... De toute façon, Cl. et moi resterons toujours amis; c'est comme ça.
Ensuite, je crois aussi que nous avons atteint une maturité qui ne nous permettra peut-être plus de "tomber amoureux" ou d'avoir "le coup de foudre"; nous devons être cap de positiver ou de dynamiser tous les petits instants de bonheur qui vont s'offrir à nous.
C'est fou ce qu'un peu de cortisone me donne comme pêche n'est-il pas?
Juste te dire que penser, ne serait-ce qu'avoir un très bon ami à "Paris" me met du baume au cœur et que c'est bon ---OCB---oh c'est bon c'est le nom d'un groupe de rap je crois!!!
Roscoff justement, le pb que j'aurai est que je me fais "transporter" et donc pas ma voiture perso, notre RDV sera particulier à mettre au point, mais nous aurons l'occasion d'en reparler... Puisque tu as compris qu'en ce qui concerne le tel, je n'aime pas être "prem's"?
C'est bien comme ça?
06 99 .......na. Et puis, je voudrais que tu me dises ce que tu penses toi de tout ça, envie pas envie, trouille pas trouille, excitation ou pas etc etc etc...
Bonne livraison ce soir, j'ai hâte du retour. Léonard Cohen est aussi de "ma" génération...
Je t'embrasse. Anne.
17 Octobre 2003
Cher....
J'arrive juste chez moi pour cause de RDV chez kiné-ostéo confirmé qui m'a fait déjà du bien.
J'ai faim, je ne pense pas avoir le temps d'en écrire plus mais j'y pense beaucoup.
Je t'embrasse à deux et te serre un peu pour mon plaisir simple. Anne.
18 Octobre 2003
Enfin une bonne (même si un peu courte) nuit.
T'écrire. Plein de choses.
Le temps me manque. Et le temps que je vais avoir dans quelques jours est déjà tout "plein".
Et le temps qu'il me faudrait pour avancer dans les démarches pour ma mère me manque aussi. Heureusement si ma tête va de mieux en mieux, je vais pouvoir recommencer à mettre le turbo, mais hou la la je vais la ménager celle-là!
Hier soir, en sortant du kiné, j'ai téléphoné à Ch. de la voiture; il faut dire qu'il m'avait laissé un message "amical" qui m'a un peu "touchée". Le contact a été agréable; nous nous rappellerons... Pour me rassurer, je me dis qu'il est parfaitement normal d'avoir des amis, peu importe la "manière" dont on fait connaissance.
Mais il y a tout un paquet de réflexions qui me sont montées à ce sujet.
Tout d'abord, j'ai "envie" que nous nous parlions, j'ai envie de connaître ta voix, de l'entendre de la faire coller à tes mots, de l’apprécier, de la découvrir, un petit morceau supplémentaire de toi... Alors, je sais que je t'appellerai, parce que mes forces me reviennent. Je ne sais pas quand, de plus mon portable est l'ancien de M. et j'ai toujours des pbs de "cartes" qui se finissent sans prévenir et ça m'énerve, mais bon, j'en changerai (de portable) quand j'en trouverai le temps. Ensuite, je suis contente d'avoir dit à Cl. dès hier soir que j'avais appelé Ch., tu sais, ce n’est pas si facile à dire et pas si facile à dire dans le lien que j'ai avec lui. Je l'ai fait, contente. Pour toi aussi, je l'ai fait, contente.
Eh bien, il me tarde de te rencontrer, voilà, je sais que je ne serai pas encore au mieux de ma forme, que je n'aurai pas fait les "emplettes" de petite "séductrice" que j'avais prévu car trop malade ces derniers temps mais tant pis, je suis comme je suis et tu me verras donc comme je suis. Juste un détail "physique" que je dois te dire: j'ai ce qu'on appelle les dents du bonheur , mes deux incisives supérieures sont un peu "écartées", cela a tendance à un peu s'accentuer et quelquefois ,depuis peu j'ai le S qui siffle un peu. Tu ne t'en rendras pas compte, mais je me le sens. Ensuite, je sors d'un état de fatigue certain, alors, comme aurait dit ma mère j'ai "petite figure" qui est un signe de faiblesse visible...Et puis, j'ai aussi mon âge qui se lit autour des yeux et sur mes "petites (!) cernes".
Je crois que je n'ai pas honte d'écrire ces conneries, je suis comme ça point.
J'ai juste sans doute un peu peur du "flop" qui va se produire par rapport à toutes les idées que l'on a pu se faire l'un sur l'autre.
De mon côté, je n'ai pas d'angoisse par rapport à ton physique, je sais très bien que la photo n'aide pas beaucoup, ce que je sais surtout, c'est que je ne m'arrête jamais au physique, cela est au moins une qualité chez moi. Les choses qui me heurtent et cela m'est arrivé avec l'anglais "R.", c'est la notion de propreté sur soi, voire l'hygiène pour parler cru.
J'ai parlé de tout ça avec Cl., il est à la hauteur ; il dit toujours que je dois continuer, que ce que je fais c'est bien, que je suis quelqu'un de bien; ça m'aide et ça m'émeut; mais ça m'aide à être capable de passer un moment avec toi sans culpabilité vis à vis de lui. Il m'a dit, hier soir, tu sais j'ai rencontré E.!...et que cela lui avait permis d'avancer aussi, de se rendre compte que séduire n'est pas si difficile mais qu'il faut aussi savoir ce qu'on veut,que séduire pour séduire ce n'est pas non plus son "désir" .
Je ne sais si je t'ai dit que peut-être ma fille aînée Ca. viendrait avec nous à Roscoff. Cela me fait drôle et plaisir à la fois, cela me fait inquiétude pour son adaptation à des adultes de notre génération, je n'ai pas envie d'avoir à gérer les petits "heurts" qui surviennent toujours dans les virées à plusieurs comme ça, et d'un autre côté j'ai bien envie qu'elle me voit vivre un peu ma vie et que ça lui fasse des souvenirs pour "quand je serai morte" drôles de pensées hein!
Je viens de réaliser une chose: tu seras en vacances toi! Comment tu vois ta virée à toi question nombre de jours....Une rencontre ou "plus si affinité"!!!!
Bonne livraison ce matin; mais programme chargé: je vais partir vers 9h avec Ca. et sa voiture à Lézignan-Corbières pour aller récupérer la mienne munie de son moteur neuf et garanti... Il doit pleuvoir à torrent toute la journée, cela ne va pas être de tout repos.
Bon, ensuite, j'ai Cl. qui arrive dans l'après midi pour repartir demain soir (avec son travail il n'a qu'un repos par semaine).
Lundi 8h 18h, mardi repos: préparatifs intenses; mercredi et jeudi 8h 18h, vendredi 8h 12h (changement accepté car départ Roscoff. début d'après midi), ensuite, lien uniquement possible par portable et comme le mien est "Bouygues" de là-bas, ça ne passe pas très bien... Mais on y arrivera puisqu'on a envie. Je te donnerai le fixe de la maison de Roscoff en temps voulu.
Je t'embrasse à deux bras et je te fais des poutous en plus. Anne.
20 Octobre 2003
Je m'étais moi-même très habituée aux longs messages....
Aujourd'hui, travail de 8h 18h et comme la neurologue a augmenté mes petites gouttes (!!!) du soir, je dors un peu mieux; moins d'insomnie moins de courrier.
Et maintenant va démarrer peut-être la valse hésitation entre lettre et tel...
Juste pour te rappeler que c'est ton tour...
Je me sens remonter la pente physiquement tout doucement, mais je dois reconnaître que je viens de vivre plus d'un mois de tracasseries "maladives" qui m'ont bien "diminuée".
Cl. est venu de samedi à dimanche, je reconnais que je m'attache à lui, je ne trouve pas d'autre mot qui colle mieux.
Il sait que je vais certainement te rencontrer quand je serai à R., il n'a pas de problème avec ça. Nous en sommes arrivés à l'étape où nous avons envie de nous rencontrer eh bien faisons-le! Il est des détails dont je veux te parler à ce sujet:
*Cela nous est déjà arrivé à tous les deux des rencontres de ce type ; il faut que nous sachions rester comment dire "lucides", nous y mettons de fait une part de rêve et je veux me battre contre ça.
* J'aimerais que l'on puisse discuter et même que l'on puisse discuter de façon "intime" mais il est certain que ce ne sera pas du tout évident. Nous aurons déjà l'impression que nous n'avons pas le temps, or je suis persuadée qu'il faut être lent, qu'il faut laisser faire....Que être passé par "internet" d'abord fausse quelque chose et qu'il nous faut être capable de dépasser cela.
*Je ne sais pas comment nous ferons, mais je mettrai mes forces pour y arriver.
Pour parler de choses plus simples, j'ai donc récupéré ma voiture samedi matin, me sens un peu moins "coincée".
L. s'est installée chez son père depuis samedi dernier et passé les premiers jours j'ai honte de devoir dire qu'elle ne me manque pas trop, surtout les conflits permanents même s'ils étaient "softs".
Entre M. et moi, cela colle à 100%.
La seule chose qui me fait de la peine et beaucoup, est de réaliser combien un divorce fait du mal à tout le monde, combien l'éclatement est fort et important et combien la vie sera différente dans mes relations avec mes filles. C'est quelque chose que je ne voulais pas, j'y ai été contrainte pour sauver ma peau...C'est quelque chose qui ne pourra pas guérir...Bon trêve d'apitoiement, je me sens mieux, c'est le principal, quand j'aurai plus de détails sur le voyage, je te dirai. Je t'embrasse. Anne.
21 Octobre 2003
Bonjour Cher, cela m'a toujours fait drôle à moi d'écrire cher--il fallait que tu le saches aussi, un petit quelque chose de "pompeux"...c'est dit.
Je souhaite beaucoup te rencontrer lorsque je serai à Roscoff; c'est une bonne suite logique et agréable à notre "correspondance" (mauvais mot); je regrette un peu de ne pas être au mieux de ma forme, et cela me pose un problème un peu pour toi mais aussi pour les autres-- les balades qui durent des heures, je ne sais comment je vais les aborder par exemple.
Mon amie M. doit passer tout à l'heure pour les dernières "mises au point", je compte lui en parler. Quand je parlais de coupure difficile pour moi, il s'agissait des coups de tel quotidiens avec Cl. qui vont me manquer et des lettres pour et de toi qui vont me manquer aussi; alors pas question d'y soustraire en plus une rencontre désirée !
C'était ma petite livraison du matin...
Poutou.  Anne.
22 Octobre 2003
La rue perpendiculaire à celle où j'habite se nomme rue du Tourmalet, délicieux?
J'ai aimé aussi...
Ma courtoisie envers mon généraliste s'est "débinée" après 45' d'attente et endormissement débutant, j'ai quitté la salle d'attente avant le point de non retour...
Je m'excuse de m'être "laissée aller" à te parler de mes petits problèmes courants, je "me" serais souhaitée mieux capable de légèreté dans notre conversation; mes fluctuations morales actuelles expliquent cela mais ne l'excusent pas.
Mes impressions: de ne pas vouloir "rater" quelque chose de sensible, de ne pas vouloir régresser dans l'intimité déjà atteinte, de vouloir avancer sans faux pas, sans se blesser à quelque niveau que ce soit, de "marcher sur des oeufs" par délicatesse réciproque, de commencer à préparer quelque chose qui ne peut que nous surprendre.
C'étaient mes sensations intimes.
Si je rêve...je te trouve trop loin; j'ai trop besoin d'embrassades réelles pour ne pas avoir la lucidité de penser la sorte d'improbabilité liée à cette petite histoire.
Mais nous ne nous connaissons pas...Alors, laissons faire...Profitons de cette rencontre du troisième type (!) comme si nous étions des pionniers d'une relation particulière ou irréelle ou virtuelle ou imaginaire ou plein d'autres mots qui ne seraient pas habituels...
Encore une nuit un peu difficile à passer, comment récupérer mes forces?
Allez, j'y retourne en espérant que le sommeil me tiendra jusqu'au réveil.
Ne trouves-tu pas les embrassades légèrement plus difficiles après conversation de vive voix?
Je t'embrasse quand même. Anne.
22 Octobre 2003
Cher ...
Juste un petit mot car ce mot est si intéressant....
J'aimais mon ex, j'en étais et j'en suis sure maintenant que je ne l'aime plus.
Nous en parlerons de vive voix, là-bas en bretagne.
J'ai peur de ne plus en être capable d'aimer, comme je l'ai aimé lui.
Cela fait partie de mon durcissement à moi cet espèce de constat (provisoire j'espère).
Le plus clair qui me vienne serait: aimer, c'est risquer sa peau...
J'ai réussi à me faire remplacer demain car fatigue trop intense....
Plus long courrier demain donc.
Pour ce soir , je crois bien que c'est tout, mais il y a quand même matière à réflexion...
Je t'embrasse. Anne.
31 Octobre 2003
Je voulais t’appeler...mais je ne m'en sens pas encore apte. Il s'agissait bien d'un problème de santé, j'ai inquiété mes amis qui se demandaient ...
Elles avaient beaucoup insisté pour que je vienne, malgré le fait que je dise que j'étais dans un sale état...
Bon, c'est passé, j'ai regretté d'être allée malgré les bons moments passés.
Depuis la mort de ma mère, c'est en fait la "berezina" (connaît pas l'orthographe), dans tout mon "organisme". En dehors des migraines, j'ai eu cette bronchite dont je n'arrive pas à me défaire, et des malaises "hormonaux" un peu trop "puissants" dans leur expression pour que je puisse continuer à tenir debout.
Tous les jours qui passent, je me dis que cela ne va pas durer et que cela va aller mieux; mais l'amélioration ne se produit pas et je m'épuise.
Ne sois vraiment vexé de rien; cela ne pouvait être autrement; en plus, mon portable ne passait pas là-bas et c'était aussi pénible.
Dès que je m'en sentirai capable, je t'appellerai, là, j'ai un peu peur de craquer au tel car vu tout ce que je viens de te résumer, j'ai aussi la larme facile.
Je t'embrasse. Anne.
2 Décembre 2003
Il n'y a que deux jours que je suis rentrée chez moi, et j'ai beaucoup de mal à retrouver mes "repères". Ils ont tous changés, par force, puisque mon état de santé a changé.
Pour le moment, j'essaie de me reposer car mon organisme le réclame, et j'ai un peu de mal à écrire, à t'écrire... Trop de choses à "digérer", trop de choses à organiser "autrement", mes messages risquent de devenir "sporadiques" mais je pense à toi quand même et te demande même de m'appeler régulièrement. J'écrirai plus long quand je serai cap.
Je t'embrasse fort. Anne.
4 Décembre 2003
Toute ma vie est en train de changer du tout au tout...
J'étais d'une assez grande indépendance et je suis en train de m'appuyer sur ma fille aînée Ca. comme je me le serai reproché beaucoup si je m'étais vue faire cela avant....
Il faut vraiment que je "mette de l'eau dans mon vin" comme on dit...
Je te passe sur les détails mais je commence à ressentir les effets néfastes de "l'état de maladie comme qui dirait chronique" et qui diminuent d'au moins 70% les capacités de vie courante.
J'irai quand même jusqu'au bout de ces sensations (pour ne pas dire douleurs) bizarres que cet état me donne à vivre, puisque j'ai toujours été friande des vécus "un peu limites"...J'irai donc à leur bout; j'espère que le système médical qui va m'entourer sera à la hauteur...mais l'ayant fréquenté de par ma profession, j'ai de grands doutes sur eux...
Demain, grand rendez-vous avec mon "Oncologue personnelle" dans l'hôpital spécialisé "Centre anti-cancéreux"; elle va me donner les détails précis du protocole de mon traitement d'attaque qui sera un savant mélange de chimio thérapie à base de sels de platine et de radiothérapie. Je t'ai livré tous ces mots tels quels parce que si tu es mon vrai pote, il faut aussi pouvoir les entendre et les encaisser même tout ce qui m'arrive est injuste pour moi.
Je t'embrasse fort...J'ai vu une photo de moi cet été à un repas, cette photo me plaît beaucoup....Aujourd'hui, j'ai déjà des joues de petit hamster à cause de la cortisone, et à cause d'elle aussi j'ai pris du ventre moi qui était plutôt "tablettes"...
Eh bien j'ai quand même envie de te rencontrer bientôt! Anne.
7 Décembre 2003
Mon message sera peut-être court car j'attends mon frère depuis une heure....
Cl. est venu passer le week-end, c'était un peu difficile parce-que j'ai du mal à marcher mais il fait preuve d'une tendresse qui m'aidera beaucoup...
Le programme après ma consultation sera le suivant:
Trois jours d'hospitalisation par mois pour la chimiothérapie; j'ai trouvé cette femme très bien, c'est plutôt mon "type" de cancer qui ne serait pas très courant (si on peut dire...); donc elle demande une histologie supplémentaire sur la biopsie déjà faite. Il semblerait que ce "type" là se voit très peu chez les fumeurs... (évidemment celui-là serait moins facile que l'autre...)
Enfin, je ne sais toujours pas si j'ai des métastases osseuses puisqu'on a fait une scintigraphie le jour même car l'IRM donnait des images pas assez nettes...
Ceci dit, mes douleurs dans les pieds correspondent à un "syndrome paranéoplasique" qui va avec et qui risque fort de me faire bien "chier"...
Pour le fun, je vais te dire ce que j'ai dit à Cl. quand on parlait de nous et que l'on se trouvait tous les 2 un peu paumés: que l'on pensait tous les 2 qu'on était pas amoureux mais que l'on se sentait bien ensemble et que si on tombait amoureux "ailleurs" on devait être honnête entre nous sans se faire du mal...
Je lui disais que peut-être, c'était aussi à cause de ces impressions-là que je souhaitais vivement te garder comme "pote", après tout dans ma petite tête tu restes un "amoureux potentiel", c'est comme ça, je suis fière d'avoir la franchise de te dire tout ça...
Je pense souvent et fort à toi, je crois que tu devrais venir à Toulouse en janvier, parles-m'en STP. J'aimerais te connaître et tant pis si je suis un "castor" plutôt qu'un hamster comme m'a dit Cl. !!!
Je t'embrasse à 4 bras car dans mon état on ne compte pas... Anne.
9 Décembre 2003
Je profite d'un petit moment où je me sens bien pour te donner de mes nouvelles.
Demain, hospitalisation pour 3 jours à "Institut Clau... Re.." secteur Aubrac; tu peux certainement appeler, mais tu n'y es pas obligé, une longue lettre me ferait autant de bien sur tes sentiments personnels et sur ta vie de ces temps-ci...
Pour ce qui est des galères courantes, j'ai "sorti" une belle phlébite de derrière les fagots....traitée donc par anticoagulants, ils n'ont pas pu placer le "cathéter spécial" chimiothérapie....Mais bon, on fera avec mes simples veines.
Détail rigolo, ma cancérologue (on dit "oncologue" désormais) s'appelle Mme Caunes ! Ne t'inquiètes pas, elle m'a fait très bonne impression quand même.
Quel est ton programme pour les fêtes qui arrivent? Je suis curieuse...
Ici, je m'habitue tout doucement à vivre plus qu'au jour le jour, plutôt d'heure en heure...
Je t'embrasse à deux bras. Anne.
13 Décembre 2003
Cher,
Je suis rentrée à la maison hier vers 15h après ma "série" comme "ils" disent.
Les contacts ont été corrects, les perfusions ont bien coulées, j'ai laissé chaque goutte m'envahir avec délice en lui rappelant bien son boulot...
Les effets dits secondaires sont encore inexistants, c'est souvent le cas d'une part à la "première" et d'autre part, les "carboplatines" ne donnent pas trop de signes particuliers.
RDV pris avec une "coiffure" permanente. Corps de plus en plus gonflé par la cortisone, ce qui ne m'augure rien de bon dans mon petit pronostic perso sur moi-même...je te raconte malgré la (--trouve pas le bon mot--) que cela implique. Ils m'ont doublé la dose de cortisone pour faire la série car il "fallait taper fort"; du coup je ressemble un peu comme qui dirait à Pompidou à l'époque et depuis avant hier que j'ai "regonflé" comme ça; chaque fois que je me croise, c'est un nouveau défi qu'elle me lance la salope; elle a trouvé le nouveau petit truc pour continuer à miner aussi le moral.... Heureusement que Cl. a promis de m'aider avec son sabre laser... Bon, j'arrête, les matins risquent encore d'être un peu difficiles mais "JE PEUX VAINCRE" .Juré, mon prochain sera GAI.
Embrassé et serré. Anne
19 Décembre 2003
Cher,
Coup de barre épouvantable à 20h30, j'ai décidé de suivre ce que m'ordonne mon organisme et j'ai dormi jusqu'à 0h30.
Pas de lettre hier pour cause de "blocage psychologique" devant l'ordi (erreur d'icône de ma part!!) et pourtant il m'a manqué terriblement car insomnie totale.
Bon, ce jeudi, contrôle phlébite--toujours là--mais évolution stable, on continue les piqûres d'autant que la chimio empêche les tests adéquats pour la phlébite.
Cl. m'a dit de te remercier d'être là, d'être mon "pote" dans les circonstances de ma vie actuelle; je ne sais ce qui l'a poussé à me dire ça mais je transmets.
Noël lié à l'analyse.....Sensation que: cette période implique quelque part dans notre esprit un "retour" sur soi de l'ordre du "don" à l'autre. Les hommes me semble-t-il sont beaucoup frappés de "sidération" par rapport à cette "résolution" (mauvais mot) à prendre pour "faire plaisir" à l'autre ou donner dans le sens donner de l'amour...C'est en ce sens que l'on rejoint l'analyse: "de toute façon A MOI le père Noël ne m'a jamais assez gâté alors..." Explication foireuse s'il en est, peut-être me recoucher ?? C'est cela tentative de rendormissement.
Merci pour ton appel de l'autre jour, c'était bon et ce sont ces instants-là qui s'appellent "le bonheur".
Je t'embrasse à deux bras. Anne.
22 Décembre 2003
Beaucoup de fièvre ce matin, pas la force, appellerai quand petit courage.
Embrassade. Anne.
22 décembre 2003
Te dire... que ton coup de téléphone m'a régalée....
Que, si tu viens en janvier, je serai contente d'enfin faire ta connaissance.
Que j'aurai peut-être reçu le fameux lit électrique que je me suis commandé le jour où nous avons commandé celui de M....Je pourrai donc même peut-être te "recevoir" ! Mais entre les commandes et les livraisons, il y a quelquefois de grandes "marges"!
La maison de ma mère est quasiment vendue et je passe mon énergie à la vider , classer, laver, jeter ou pas etc, c'est ma petite "analyse" à moi qui me permet d'avancer sans "renier" mon enfance et adolescence dans cette maison. C'est se "projeter" dans un avenir proche ou lointain qui me semble "barré" pour le moment, et c'est un peu difficile à vivre. Ne pas savoir à chaque jour qui passe de quoi "demain sera fait".
Ne pas savoir si je serai apte à sortir un peu (aujourd'hui barré par exemple); apte à prévoir une sortie etc. Bref, impression de ne rien pouvoir prévoir....Obligée de suivre mes "désirs" sur le "ici et maintenant"...Pas complètement désagréable remarque, un peu comme la pseudo gestion de mon sommeil....
Après la rupture d'avec mon ex, j'ai eu la sensation de traverser un désert immense et très péniblement; maintenant il s'agit d'un tout autre trajet mais tout autant "irréel" et "inconnu" et compliqué" et "insaisissable" et "mystérieux".
Finalement, moi qui souhaitais vivre des expériences un peu "or normes", je suis servie !!!
Je t'embrasse à deux bras. Anne.
24 Décembre 2003
La grande réflexion que j'ai cette nuit : quand on est malade et que l'on est obligé de s'attaquer à la question de sa propre mort de façon disons -plus fine-la petite conclusion qui finit par se pointer est la suivante (il faut tenir compte aussi de la mort toute récente de ma mère qui a alimenté également cette réflexion) : on est donc seul quand on meurt ----mais la grande réflexion qui va avec est : on est vraiment seul quand on vit aussi. On poursuit le rêve de l'amour toute sa vie, peut-être que cela s'appelle Dieu ? Que cela soit en ce qui concerne CE pour toi, P. pour Cl. ou R. pour moi nous avions "plongé"dans l'autre (ou notre inconscient) et la rupture nous oblige à faire ce deuil insupportable....sans doute plusieurs années de deuil comme la plupart des gens disent... Pour ma part, impression de me retrouver dans "l'urgence" alors tant pis si je vous "presse" un peu pour ce qui est de l'intimité mais c'est si important....
J'arrête là avant de m'embrouiller complètement !!! La question prosaïque qui l'accompagne est donc: si tu viens à Toulouse, quand, comment, pourquoi, organisation, rencontres, liens, repas, restaurants etc etc...???
Je t'embrasse. Anne.
24 Janvier 2004
Très cher, j'ai un cahier où je note mes "symptômes" divers depuis ma maladie; j'y note aussi des impressions etc (tu commences à connaître et reconnaître mes mots maintenant !). Voilà ce que j'ai noté ce matin, c'est un bon moment dans l'ici et maintenant : "je suis une femme malade mais heureuse". Je t'assure, j'ai écrit ça ce matin; alors quand je lis ton message de doute, je peux le lever sans crainte... S'il suffite que tu dormes à l'hôtel pour que tout coule et bien ce n'est pas très compliqué ! J'envoie celui-là parce que le PC s'est déjà arrêté ce matin.
Poutou.  Anne.
3 Février 2004
Chauvitude.
Ils ont averti de suite que les cheveux tomberaient.
Ils ont dit que cela se produisait après le 2° cycle de chimio en général.
Ils ont donné des noms de vendeurs de perruques. S'occuper de la perruque avant d'en perdre le n° de tel... Premier RDV maison avec convocation de mes meilleures amies pour m'aider à choisir. Les miens ont commencé à s'échapper exactement 10 jours après la toute première perfusion. Un peu rapide ça...Heureusement que j'ai mon 2° RDV perruquière prévu.
Qu'ils tombent était acquis, mais qu'ils se mettent à m'étouffer le visage durant la nuit m'est devenu vite insupportable. Au 2° RDV perruquière, elle m'a coupé ce qui restait très court et j'ai choisi du coup une toute autre perruque qui s'accordait mieux avec mes nouvelles joues...
Puis, chez Cl., ne supportant plus cette chute--pas tellement la chute-- mais la nuit les cheveux se collaient à mon visage et avaient tendance à m'étouffer. Donc, Claude a tondu mes trois touffes restantes. J'ai trouvé que j'avais un joli crâne bien rond, sans aspérité ni bosse spéciales. Depuis, je m'adapte à ma nouvelle frilosité, bonnet laine ou coton, foulard, perruque pour sortir mais les effets secondaires de la perruque font que l'on ne peut la supporter toute la journée. Je "lave" mon crâne en même temps que mon visage alors qu'avant la tête allait avec la douche... Je le caresse régulièrement en sentant les petits cheveux qui repoussent (il paraît que ce qui repousse est blanc !) Quand j'ai de la fièvre "il" sue beaucoup et souvent je m'arrache rageusement ce qui se trouve sur ma tête à ce moment-là
Quand je le caresse avec tendresse, je me dis que très peu de personnes ont cet avantage de pouvoir "connaître" son crâne aussi bien que moi; et que ma foi c'est une "région" un peu érotique aussi... Conclusion: cette chute des cheveux m'a donc permis un investissement libidinal de mon crâne....! C'est fort ça, non ?
Embrassade à deux. Anne.
18 Mars 2004
Cher,
Chez moi depuis hier, très fatiguée, mais pense beaucoup à toi, et à tout, un peu "déprimée" ce jour. Ecrirai plus "conséquemment" quand me sentirais capable.
A demain, je t'embrasse fort. Anne.



Ciel 4

Le corps d'Anne est mort à la mi-Avril 2004 d’une embolie pulmonaire lors d’un scanner. Il est en terre de Toulouse depuis un sinistre et chaud matin d’Avril. Elle, Anne, vit encore au cœur de ceux qui ont le privilège de l'avoir connue... 
Ces mots pour qu'elle soit encore vivante?

20 mai 2010

Je serais vous…

Pour fêter le retour, passager(?) des températures douces, la fin provisoire de la colère du vent, les fugitives cerises nouvelles ou bien même, pour ne rien fêter du tout, mais le faire bien, j’appellerais illico mon amoureux, si vous en avez un ou mon amoureuse, si vous en avez une ou bien un ou une bonne amie, avec qui passer une belle soirée n’est pas si effrayant, ou alors votre fils et votre fille préférés, les deux, que vous n'avez pas embrassé depuis trop longtemps et je leur proposerais d’aller manger ensemble ce soir ou demain à L’auberge de Lagnes
Si le temps le permet, s'installer sur la terrasse couverte de voiles blancs,  après avoir fait un détour par le haut du village d’où, le couchant venu, comme en apéritif, on a une vue splendide sur la plaine du début du Lubéron…
Ne me remerciez pas maintenant, vous le ferez après…
Bonne soirée et comme chanterait l'autre qui m'Eicher: "Il n'y en a pas tant..."

verre ds le soleil_edited

18 mai 2010

L'ivre divin.

Le thème de la semaine pour les impromptus littéraires était : Le vin.
Dans le marais poitevin,
où paissent des bovins,
où vivent des tas d’alevins,
c’est vers le dix neuf ou vingt
de mille neuf cent vingt
que l’autre revint
de la ville de Louvain.
Il avait, l’écrivain
lié ses phrases au levain,
à Luther, à Calvin,
au sommet du Cervin,
autant dire aux Quinze Vingts,
en passant par Provins,
avec force pots de vin,
tant sont, là-bas, chauvins,
notables et échevins…
Ah lever le coude en vain,
Puis glisser de ravines en ravins
Et écrire, écrire quoi qu’il advint
Le divin livre du vin.
Ah… dix, vingt fois vin…
Et ces quatre cent coups,
Se les boire... en vain.

Le verre de St arbois

17 mai 2010

Yes!

Le Swans de Mai est paru, j'y ai écrit un truc et il y est en très  flatteuse compagnie!

Une histoire qui s'appelle L'accident vous la trouverez c'est dans le coin français... Il y est question d'un accident, d'un écureuil, et du monde comme il va de traviole! Les trois premières phrases:

Je n'avais rien vu de l'accident. J'en avais juste perçu certains signes. A deux trois bagnoles devant la mienne, le crissement des pneus pendant le coup de frein, le tangage de la voiture sous l'effet du blocage des roues, la fumée sombre sur l'asphalte noirci, le choc, l'effroyable son d'un choc sur une carrosserie et l'arrêt, après une longue glissade, de la bagnole heurtée, en plein travers de la route...
Porte Aix

14 mai 2010

Une droite dure…

Quoi? Qu’a-t-il dit? Est ce que quelqu’un a entendu ce qu’il vient de dire? Personne? Il n’y en a pas un parmi vous qui est capable de me dire ce que ce type vient de dire? Vous l’avez quand même entendu, oui ou non? Ce n’est pas moi qui hallucine? Si? Je ne vous félicite pas! Écoutez moi, écoutez moi tous! Approchez vous! Silence!
On nous amène ce gars hier soir dans un état à peu près désespéré, on réussit dans la nuit à le garder en vie, on le plonge dans un coma profond après ses blessures. Il reste avec nous, il a la politesse de rester avec nous, alors, ce mec, on va le sauver, on va se battre avec lui! Qu’il soit boxeur, cardinal, ou chanteur de charme, peu importe! Aussi, la moindre des choses c’est de faire un peu gaffe à ce qui se passe, je sais bien que vous êtes tous crevés par cette nuit folle mais je vous demande encore un effort! S’il vous plait, s’il reparle à nouveau, que quelqu’un écoute ce qu’il marmonne, cela peut-être important! Prévoyez un bloc à côté de son lit pour noter tous les mots qu’il prononcera! Allez on y retourne! Courage à tous et vigilance!
Et toute l’équipe s’est à nouveau affairée autour du corps allongé. Une carcasse de viande de vingt huit ans, musclée comme un taureau de combat sauvage, tatoué comme un Gabin des bois... Maintenant, des tubes lui sortaient de partout. Pourtant, jusqu’à cette droite dure du quatrième round tout s’était à peu près bien passé pour lui. Il avait contenu les assauts fougueux et répétés de la teigne magyar qu'on lui avait désigné pour adversaire, il l’avait tenue à distance en ne se servant que de son gauche, il n’avait pratiquement pris aucun coup. A part la droite, là qui l’avait atteint à la tempe gauche. L’autre mauvais avait profité d’un dixième de seconde d’inattention, du seul moment du match où il avait jeté un œil dans les gradins du troisième rang, vers une jeune étoile montante du sport national à grosse montre… Et blam les étoiles, les gyrophares, les plafonniers des couloirs d’hôpital et puis, le noir. Noir.
Il avait marmonné une première phrase dans une sorte de demi sommeil vague. Il avait soif, très soif, il avait mal très mal.
Il a de nouveau ouvert la bouche, il a très bien vu, enfin très bien… Il a vu la blondeur de l’infirmière penchée sur lui son oreille près de sa bouche… Il a dit à l’oreille avec difficulté, en butant sur les mots, en retardant leur venue comme s’il avait, en bouche, un trop plein de purée mousline: “Quand les… poules avaleront… des couleuvres… les lan…ternes… auront… des dents”. Puis le silence.
La fille avait tout bien noté.
Vous êtes sûre, Françoise? Vous êtes certaine que c’est ce qu’il a dit? Dans cet ordre? Le grand ponte avait un peu de mal à la croire. La vache, il a fait. Et n’a rien ajouté. Comme il ne savait pas quoi penser de ce qui venait d’entendre, moins il en disait moins on verrait qu’il était perdu. Du moins c’est ce qu’il a cru. Mais tous autour du lit savaient à quoi s’en tenir: La droite dure avait fait des dégâts considérables dans le cerveau de ce pauvre type. Et, dans le même temps ce qu’il se mettait à dire était… amusant.
Sa bouche s’est à nouveau ouverte: “Qui se paye… sa tête... s'avachit...” Fermez le bal. Quelques sourires se sont pointés sur les visages de ceux qui étaient dans la pièce.
Le menton entre les mains, le ponte a laissé tomber: Ça ne s’arrange pas. On le perd, on le perd...
Une autre, une autre, quelqu’un a chantonné. Le boxeur, direct  a envoyé: “ Indien… vaut mieux que… Dieu, Tulle, l’aura.”
Là, plusieurs ont franchement ri et d’autres ont apprécié à haute voix: “Pas mal, celui-là! Bravo, il est en forme, malgré tout, le trépané!”
Il s’était à peine tu qu’il en a sorti une troisième: “On ne... presse qu'aux... friches”.
Ce sont des applaudissements qui ont salué cette sortie. Quelques uns ont même envoyé des SMS dans tout l’hôpital pour rameuter du public et le nombre des spectateurs s’est mis à grandir.  Un petit malin s'est amusé: "Continue, on va en faire un livre!". Ils ont ri de plus belle. Ils se serraient tous autour du lit en attendant la prochaine qui ne tarda pas: “Tant va… l'autruche ado… qu'à la fin elle… s'esclaffe...” Celle-là eut un succès fou, tonnerre d’applaudissements et rires en cascades, côtes tenues, larmes aux yeux.
L'ambiance joyeuse a dégringolé juste après la suivante. A peine prononcée, l’électrocardiogramme du gars est devenu aussi plat qu'une Beauce plate et c’est d'un bip prolongé dont on a entendu la stridence.
Malgré deux bonnes heures de tentatives de réanimation, l'équipe, en nage, a fini par recouvrir le corps d’un drap jaune de l’assistance publique sur lequel , en hommage ultime, le ponte a écrit au feutre noir  la dernière phrase prononcée:
“Pliera bien... qui pliera le... palmier… “
Une seule droite dure avait eu raison du champion.

11 mai 2010

Fausses notes.

Le thème de la semaine pour les impromptus littéraires était “Les notes de musique”:
C’est quand il m’a soutenu que la dernière note que je devais jouer était un fa dièse que la colère qui m’habitait depuis quelques jours m’a débordé. Je n’ai plus rien retenu. J’en avais trop sur le cœur. Je lui ai tout balancé. Tout ce que j’avais accumulé pendant ces deux semaines à ses côtés. Ce type était nul point final. Nul et arrogant. Et imbu. Et bête. Très bête. Le diapason de la bêtise. Et musicien comme moi je suis peintre : en bâtiment. Aucune oreille, dans le jeu, une finesse de bétaillère. Ses attaques de cordes sont aussi franches qu'un sourire de banquier, sa main gauche, un reste de poliomyélite, son phrasé celui d’un enfant sauvage. Le même sens du rythme qu’en sénateur en fin de mandat ! Une vivacité de méduse asthénique! Tu joues aussi mal qu’un métro mon bonhomme ! Tu es une plaie, gars, j’ai hurlé. Je n’en peux plus de toi. Je n’en peux plus. Quel flair j’avais eu de le choisir celui-là mais quel flair ! On devrait te couper les doigts tellement tu les poses aux mauvais endroits ! J’étais remonté comme un ascenseur. Tu as appris à jouer dans un chantier de jeunesse ? Les profs étaient sourds ? Vois, les guitares disent non du manche quand tu approches d’elles ! Mais regarde un peu ! Le piano se met la queue entre les jambes quand tu poses les yeux sur lui...
Abasourdi, groggy, sonné de cette avalanche de violence méchante, il ne disait rien, il ne répondait pas, il était figé et me tournait le dos. J’ai aperçu une corde de piano en attente sur la console. Je l'ai prise,  je l’ai  serrée dans mes deux mains et je me suis approché de lui.
Avant... j’ai appuyé sur le bouton rouge qui envoie le son dans la cabine d’écoute, là où nous étions. J’ai mis le volume maximum de tout ce qu’il avait déjoué les semaines précédentes…

Un sourire mauve, mauvais m’est venu aux coins des lèvres et j’ai pensé, convaincu... la musique adoucit les ... meurtres… Non?

Gig Street

09 mai 2010

Faites des fraises…

Cette fin de semaine, ici c’était la fête de la fraise.
Bien entendu, il a plu, il a fait froid et il aurait été préférable de fêter le petit salé aux lentilles, le pot au feu ou la garbure…
Mais pour, malgré tout, célébrer le fruit, je vous propose une recette à base de fraises. Certains l’appellent soupe de fraises, moi pas. C’est un dessert! Une soupe en dessert, c’est n’importe quoi! Aussi je l'appelle rarement! Disons un Truc aux fraises. (Parfois, dans certaines contrées lointaines, bien au Nord du mois de Juillet, on dit Sarali's soup...)
Pour le faire il faut… Des fraises (vous pouvez le faire aux tendrons de veau mais alors dites vous bien que ce sera un Truc au veau…) Pour quatre personnes ou deux gourmands cinq cent grammes de fraises. Celles de Carpentras sont préférables à celles d’Alicante. N’y voyez pas une manifestation de xénophobie. C’est juste une question de bilan carbone et de… goût.
Un citron vert.
Un petit morceau de gingembre frais.
Cent grammes de sucre poudre, du roux c'est bien. (Ne me demandez pas pourquoi... La couleur?)
Un anis étoilé.
J’y mettrais bien un trait de Zubrowska, pour voir…
Et pour la recette et la déco quelques têtes de menthe et de verveine fraîches, aussi.
Ça va? Vous n’êtes pas ruiné?
Prenez une casserole. Si vous n’en avez pas, allez rôder autour de votre mairie, il doit bien y en avoir quelques unes qui traînent ou bien posez vous cinq minutes et remontez dans votre passé. Il y a bien une chose ou deux que vous avez fait, dont vous n'êtes pas très fier... Comment? On en a tous une ou deux qui tintent la nuit sur les pavés de nos rêves… Dedans, vous y mettez quarante centilitres d’eau, le sucre, le gingembre pelé et coupé en petits morceaux, les zestes du citron, l’anis étoilé. Vous mettez le tout sur feu doux pendant dix quinze minutes.
Pendant ce temps là, si vous êtes capable de faire deux choses à la fois, mixez les fraises (bien sûr lavées, égouttées et équeutées… Il faut vraiment TOUT vous dire?) de manière à obtenir un jus épais, pas  vraiment liquide. S’il est rouge, ne vous inquiétez de rien c’est, à ce moment de la recette, normal.
Vous mélangez ce qui a chauffé, (Oui, oui,après l’avoir passé au tamis... ) le jus des fraises et quelques feuilles de menthe fraîche hachées menu menu.
Vous attendez que ça refroidisse et vous collez cette mixture au réfrigérateur. Deux heures trente huit si vous êtes quatre. Deux heures quarante trois si vous êtes cinq et ainsi de suite…
Avant de mettre sur la table, vous versez dans un récipient que vous trouvez joli (mais s'il vous plait pas de verrines! Ça suffit les verrines! Il y en a soupé des verrines!) en posant sur le dessus les têtes de menthe et les feuilles de verveine toutes neuves.
(Quelle chantilly? Sur le dessus? Si vous voulez, mais pas pour moi, je ne suis vraiment pas adepte).
Là où vous en êtes, vous fermez les yeux, vous portez la cuillère à votre bouche et vous laissez descendre gentiment… Finis la crise et les emmerdements... Pour un temps, un temps seulement.

fraise géante velleron

Au Louvre, la pyramide de Peï, à New York le Pont de Brooklin, à Saint Tropez, la Madrague, à Diderot, la religieuse et à Velleron la fraise du géant vert…
Moquez vous va, moquez vous! Vous ne l'avez pas sous les yeux tous les jours comme un attentat au bon goût!

08 mai 2010

Des monstres.

Nous avons enfanté des monstres.

Une fin de cours... houleuse serait un pléonasme,  dans un gymnase d’une petite ville  d'une couleur qui se vole...
Une jeune prof, à peine débutante, réclame pour la quatrième fois, en criant, un ballon avec lequel trois gamins jouent encore et encore. Ils doivent être en sixième et n’ont donc pas plus de onze ans. Malgré les cris répétés de la prof (elle ne devrait pas hurler ainsi, elle va être aphone à vingt ans…) les gosses continuent leur jeu. De ses cris à l'autre grande, ils, comme ils disent, s’en battent leurs (petites) couilles.
Je suis dans le gymnase. Leur ballon passe à ma portée. Je l’attrape et me le colle sous le bras. L’un des kids, fonce vers moi. Je le connais un peu celui-là. Qui, dans tout l’Ouest, ne connaissait pas Calamity Jane à son époque? Lui, c'est Brandon. D'après ce qu'on disait de lui, il aurait pu se nommer Brandon Jane. Il portait bien son prénom. Brandon, une terreur de feu. Il avait fait sienne, (mais à quel âge?) la devise d'un club de football du coin. Il ne craint dégun, Brandon et passe son temps à vouloir le prouver. Arrivé à ma hauteur, enfin hauteur c’est façon de parler parce qu’il est encore pitchoun, le Brand pour son âge. Il m’arrive au niveau du buste, c’est dire. Il plonge droit dans le vif du sujet, il ne s’embarrasse pas de fioritures, il n’y met aucune forme: “Toi, me dit-il sans falbalas, toi, rends moi mon ballon”; Je commence à vouloir parlementer: “Il me semble avoir entendu votre prof le réclamer? Vous n’avez pas entendu?” Première erreur, il répond non, évidemment. Brandoninou n’entend que ce qui l’intéresse. Et quand il entend, Brand se fout pas mal de ce que les adultes peuvent dégoiser. C'est visiblement pour lui et ses potes, conneries et compagnie… A cet instant, avec mon bras, je resserre la balle contre moi. Le petit teigneux s’avance vers elle puis la saisit alors que je l’ai dans les bras en me regardant droit dans les yeux avec un regard de dingue. Il va me l’arracher, ma parole. Ce nain hargneux va venir me prendre le truc que j’ai dans les mains. Pas question. Je lui ai jeté le regard du lion mordant un bout de barbaque. Une manière de lui dire: “Tu touches à cette balle je te bouffe!” Il serre encore davantage l’objet du litige.  Mais ma parole, je me suis dit, elles sont prêtes, les trois pommes, à en découdre physiquement. Elles tiennent à avoir ce ballon à tout prix. J’ai pensé, s’il insiste encore, je lui donne un coup de boule. J’étais remonté comme une pendule. J’étais à un front de le faire. Il avait gagné,  il m’avait rendu méchant. Il a dû sentir ma détermination. Il s’est reculé en desserrant ses mains du ballon. Pour toute victoire j’ai juste dit: “Ça va pas non? Tu ne pensais tout de même pas me la prendre?” Ben si, il a répondu, laconique (sa mère?). J’ai fait demi-tour et j’ai rangé le ballon dans le local du matériel. Deuxième erreur, je n'ai pas fermé  la pièce à clef.  N'importe qui pouvait y entrer. Je suis parti.

Avant de sortir du gymnase j’ai entendu la jeune prof hurler après le petit démon: “Brandon, la balle, IM  ME  DIA  TE  MENT  …” Immédiatement, ça l’a bien fait rire, Brandounet.
Ce qu'il faudrait peut-être embaucher pour tenter de ramener un semblant de paix dans les collèges ce ne sont ni des gendarmes, ni des surveillants, ni des bérets verts mais des pédo-psychiatres ou des... exorcistes.


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06 mai 2010

Handis, capes et épées...

Bien sur, ils sont différents de nous.

D’abord, ils utilisent toute une piste pour deux tireurs seulement. Puis, ils sont debout sur leurs DEUX jambes et donc, forcément, ils ont tendance à s’en servir… Quand ils tirent, avant d'attaquer pour de vrai, ils se déplacent assez longtemps de gauche à droite et de droite à gauche avec des petits pas, des petits bonds, des sautillements en perdant un temps fou, en ne produisant pas grand-chose. Ils multiplient, ainsi les fausses attaques, les préparations d’attaque, les fausses feintes et les vraies fausses feintes. Bref, ils temporisent énormément, ils hésitent avant de se lancer bien davantage que nous.

On pourrait dire qu'ils ont un peu de mal à entrer dans le cœur du sujet, à s’affronter, qu’ils tergiversent, qu’ils ont peur. Ça, pour les attaques, on ne peut pas dire, ils les préparent. Ça, on ne peut pas leur enlever, le fer, ils le cherchent… Et parfois ils peinent à le trouver… Nous, nous entrons plus vite dans le vif du débat, nous allons plus droit au but!

C’est sans doute pour cela qu’ils ont l’air si content quand ils mettent une touche, les voilà qui bondissent sur place comme des cabris fous, les voilà qui poussent des hurlements de dingues, les voilà qui ont dans les yeux des lueurs assassines. Malgré ces petits travers, vous pouvez toujours aller les voir s'affronter, les valides, quand vous entendez parler d’une compétition d’escrime… Ce qu’ils pratiquent, eux, c’en est quand même, de l'escrime et sensiblement la même que nous. Eux aussi, s’engouffrent dans une parade mal faite, eux aussi tournent des contre de sixte à pleine vitesse, il leur arrive à eux aussi d’avoir la main forte et dure à la pression, eux aussi entrainent leurs lames dans des parades perdues. Chez leurs sabreurs on peut aussi saluer des “tierce/tête” fracassant. Ils ont des « une/deux », des « dessus/dessous ravageurs »… Chez eux aussi, certains sont teigneux, bagarreurs, de mauvaise foi, méchants, râleurs, malins, imaginatifs, inventifs, brillants, calculateurs, piètres techniciens… Chez eux aussi, certains sont doués mais n’aiment ni le travail, ni la leçon. Chez eux aussi, il y a des benêts qui prennent cinq ou six touches d'affilée avant de comprendre ce qui leur arrive… Chez eux aussi, il y a des teignes qui cherchent à tricher, blesser, humilier…

Bien sur, nous, sur les pistes nous prenons moins de place puisque nous avons, un poil obligés, supprimé tous les déplacements disons... inutiles… Bien sûr, nous, nous avons les jambes, enfin le bas couvert, enveloppé d’une cape fluide de métal argenté comme celle des chevaliers, qui sert à déterminer les surfaces non valables…

Les surfaces non-valables… Le nom si bien porté…

Mais malgré ces minuscules différences, je vous assure qu’il y a, aussi, chez les debout valides de sacrés fichus talentueux escrimeurs…

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