30 décembre 2010

Discale hernie.

Comment ça, Hernie discale?
C’est nul. Voilà deux mois que je traîne la patte comme un chevreuil blessé... (La gueule du chevreuil...) Oh ces balades dans Paris à la Toussaint, passeur de Doliprane en sacs de cent kilos... Oh ces heures assises dans les salles de cinémas avec des poignards dans la cuisse...
Ainsi donc le verdict de l'IRM: Hernie... C'est nul. Avec un petit “na” en plus là oui ça aurait de la gueule, Hernani discale ce serait quand même autre chose mais là, une  hernie discale de rien du tout, sans même un h majuscule! Nul.
Nul sans doute, mais c'est extrêmement douloureux! Elle te fait bien suer la petite de rien du tout! Cette souffrance permanente dans la jambe à chaque fois que tu la bouges… Qui t'ordonne de t'arrêter dès que tu marches plus de dix minutes, celle qui te fait avoir cent huit ans quand tu veux simplement monter dans ta voiture, qui te fait te gaver de Paracétamol  mille ou d’Ixprim, comme quand enfant tu plongeais la main dans un sac de car en sac, pour aller chercher le pain, poster une lettre, celle qui te réveille la nuit quand tu veux changer de place. Tout le temps dis-je! A chaque fois que tu changes de position! C'est fou le nombre de fois où on change de position dans une journée!
Et cette douleur c’est aussi la tête qu’elle finit par prendre. On n'est plus en sécurité, on  finit par se dire qu’on ne remarchera plus jamais comme avant, courir,  on oublie!  Et de sa vie, entière, si ça se trouve, on se dit  que c'est fini, f,i,n,i, qu’on est vieux et râpé et bon à la décharge municipale…
Il y a pour couronner le tout ce “discale” totalement naze!
Pourquoi pas “globale” ? Vous voyez? Monsieur, vous avez une Hernani globale? Voilà qui aurait un peu d’allure! Ou même “mitrale”, “glaciale”, “ventrale” enfin je ne sais pas mais pas discale! C’est une vieille hernie pourrie des années 80 ou quoi? Une hernie à facettes? Une hernie à pattes d’éphs et caracos dorés à franges? Une hernie Travolta?
D’un ringard mais d’un ringard! Gravissime.
En attendant je m’y colle à cette saleté, ou plutôt c'est mon dos qui s'y colle, moi, je compte les points et je les laisse s'arranger entre eux... Pour l'instant c'est un peu comme en Côte d'ivoire, si vous voyez ce que je veux dire...
Mais comme disait Paul (Je vais savoir qui suit…) qui ne disait pas que des bêtises, mais qui en faisait faire aussi: Y a pire!


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24 décembre 2010

Bêtise de Noël.


A Rama Yade, on peut préférer Rama Tuelle,

Je tenterais bien: la Rama  Lyonnaise mais en cette période de repas de fêtes, j'aurais peur d'abuser... 



Beau bon Noël, n'hésitez pas à faire dans  le joyeux.

23 décembre 2010

Ensemble c'est mou.

Je commence, vous continuez... Premier passage "ficelle" et "chandelle"...
A vous: deux vers par clavier...Si je pouvais formuler un souhait, j'aimerais que ce ne soit pas seulement réalisé, mais aussi bien écrit... Un peu travaillé, quoi... Amusez-vous bien...

J'aimerais pouvoir garder la tête haute,
Sans, jamais avoir commis quelconque faute.
J'ai secoué mes cheveux, puis dégagé mon cou,

Posé l'oeil droit devant, tenté de faire comme vous,
Ah! Pouvoir se dire enfin, rien qu'une fois, fi ! Celle
Qui brûlait aux deux bouts ma dernière chandelle...
Est-elle encore debout

ou bien renonça-t-elle
par quelque soir d'hiver
à ce qui la fit belle,
en mouchant de deux doigts
cet ardent, superflu,
d'un zeste de cruelle
que je trouvais si doux...





20 décembre 2010

RESURGENCE.

Bon sang ! Qu’est-ce que je les ai aimées ces débuts de soirées où l’on regardait l’heure pour savoir si on pouvait raisonnablement commencer à s’en servir un ou bien s’il fallait attendre encore un peu…
Qu'ils étaient aimables, ces repas qu’on prenait après le couchant, l’intense lueur orangée qu’il mettait dans ton regard, ce qu’elle donnait à lire, la douceur du moment quand le vent s’apaise, la table joliment mise entre les deux murs de pierres, les odeurs de ce qui grille s’invitant à la table, la tendresse qui s’installe entre deux, le noir de la chienne de retour de balade qui s’en vient s’affaisser enfin apaisée, le vol et les derniers cris des martinets encore en chasse pour la ration du soir, les cris des petits dans les nids de la grange qui réclament encore et encore, les premiers passages affamés et chuintant des pipistrelles, leurs vols énervés, le rouge du vin dans les verres, l’entier du repas sur le tissu frais repassé de la nappe, les bougies tout autour allumées et dansantes, leurs flammes agitées par des caresses d’air encore tiède, des grappes de moineaux chahutant dans le massif des lilas, des cascades de rires d’enfants attendant la nuit qui jouent dans le jardin voisin, tes cheveux mouillés par la douche prise, ta robe vite enfilée sur une peau cuivrée, pas tout à fait sèche, des gouttes d'eau perlant à ton cou, tes pieds nus aux ongles rougis dans le vert de l’herbe, une odeur douce d’huile pour la peau, un gilet de coton  couvrant tes épaules nues, une musique qui nous vient de l’intérieur de la maison par les portes grandes ouvertes, les senteurs du chèvrefeuille, en vagues déferlantes, un aboiement de chien du loin de la ferme d’en bas, les traces encore vives de la journée vécue de la nage épuisante dans le sombre de l’eau du lac, l’aller et retour d’une rive à l’autre, la fatigue ressentie dans les avant bras, les jambes de la marche de trois heures avec la noire qui a gambadé autour de nous, au retour et puis, le doux de ta main qui s’attarde au passage sur ma nuque, l’air qui, d’une caresse, d’une seule, s’électrise gentiment...
Le temps vécu, là, s’étire en langueur douillette et un silence léger s'installant…
La première gorgée de rouge et l’état flottant dans lequel mettent celles qui suivent, l’enthousiasme à vivre ce qu’elles offrent et le repas qui s’avale dans la tiède douceur de la nuit, maintenant, conquérante… Des regards qui s'en disent long, une puis deux rougeurs de cigarettes, un thé, un café... l'addition de deux espérances...
Bon sang ! Que je les ai aimé ces débuts de soirs là…
Et leurs fins, aussi…


Le verre de St arbois

17 décembre 2010

Noël, Noël.

 Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres. Lao Tseu.

                                     Brandon? Brandon, mon namour, laisse cette guirlande, tu veux? Ne tire pas dessus chéri, tout va tomber. Brandon? J’ai dit quoi? Brand, si tu ne lâches pas la guirlande je vais demander à tonton Paul d’accrocher ses boules de pétanque au sapin… Il sera joli ton sapin, tiens, avec ses pauvres branches, toutes penchées lourdes  et moches… Comment tu t’en fous du sapin? Ne tire pas, ne tire pas on va le prendre sur la figu… Qu’est-ce que j’avais dit? Allez vient on s’en va avant que les vigiles arrivent, vous faites suer les mômes! On fait tout un immense bazar qui dure trois semaines rien que pour vous et ça finit toujours en  foire intégrale! Vous mériteriez qu’en Décembre on file au soleil et qu’on vous laisse  seuls avec Tonton Paul et Tatie Françoise… Bien sûr qu’on a les moyens d’aller au soleil. Je te rappelle qu’avec ton père, il y a deux ans on est allé un week-end à Palavas… Et, oui, en Novembre on a eu deux jours de plein soleil. On rampait dans les rues à cause du mistral mais sinon il faisait très beau! Quelles engelures aux mains?
Ah! Mais tu commences à me courir à donner ton avis sur tout. T’as pas fini de faire ton sale gosse? Tu sais un jour tu finiras par te faire détester de tout le monde et ce n’est pas très agréable, je sais de quoi je parle, crois moi! Oui, comme le Président, exactement!
Dis moi, elle est passée où ta sœur? Ça fait un moment que je ne l'ai pas vue! Tu l’as vue, toi? Comment ça tu t’en moques? Tu pourrais être un peu attentif à elle tu sais bien qu’elle est plus petite que toi, tu pourrais faire un peu le grand avec elle! Quoi chacun sa vie? En attendant elle est passée où cette petite teigne? Non, ne me dis pas qu’elle est restée là-bas? Tu crois ça? Viens on y retourne, on va la chercher. Si, si je t’assure, on est obligés de rentrer avec. Je te promets que papa ne serait pas content...
Et ce sapin là qu’on se traîne, là qui va nous bouffer toute la place pendant un mois qu’on va plus pouvoir se remuer dans la maison… Tout ça pour se retrouver avec une montagne d’aiguilles dans le salon, qu’on en récupère dans les recoins du canapé jusqu’à Pâques…
Et toute cette bouffe amoncelée dans le caddie, tout ce gras qu’on va s’ingurgiter pendant des repas interminables avec des gens qu’on aime tellement peu qu’on les voit pas à un autre moment de l’année… Quand je pense à tous ces canards morts, ça me donne envie de manger du thon rouge, tiens! Quand je pense à toutes ces heures passées avec les cousins d'Alsace qui vont descendre en train et qu’il va falloir trimballer sur tous les marchés de Noël où on peut acheter du nougat de Montélimar fabriqué en Pologne ou des authentiques santons de Provence moulés en chine et je pourrais en citer comme ça à chaque boutique, non mais je vous jure!
Et ces cadeaux qu'il faut se creuser la cervelle pour en trouver des biens qu'ils n'aimeront, de toutes façon pas que chaque année on se dit qu'on les achètera  en Juin et qu'on le fait jamais et qu'on se retrouve la veille à devoir  emballer à la va-vite...
M'an, m'an pourquoi tu parles toute seule comme une folle?
Ah non! Vivement le 27 Décembre je vous le dis. Noël est pas encore là que j’en ai déjà marre… Dire que je vais passer une semaine cloitrée devant mon évier, enfermée dans la cuisine comme une esclave, dans les vapeurs de bouffe et d’alcool…
Peuvent pas arrêter cette musique, non? On commence à en avoir notre dose de "Vive le vent" et du "Petit papa noël" dégouliné par l'autre corse  très très mort quand même! Tous les ans depuis cinquante ans c'est la même chose! Mais il y a cinquante ans, ils écoutaient quoi?
Hé bien! Tu étais où, toi? On te cherche partout figure-toi! Qu’est-ce que c’est que ces tâches sur ta robe? Mais c’est du chocolat ma parole! Priscilla où as-tu pris toutes ces tablettes? File les rendre! Non je n’achète pas de chocolat! Oui, je suis méchante! Regarde moi ça, tu en as plein le manteau! Et toi, Brand, évidemment ça te fait rire! Allez on rentre, on a le sapin à installer.
Ce sera fait M'an, allez sourit un peu! Il y a pire que tout ça: le pire c'est de passer Noël seul, sans sapin à décorer, sans cadeau à recevoir.
Qu'est-ce qui t'arrive, Brandon chéri? Tu as été touché par la Grâce?  La Soubirous t'a visité? Tu as fait un stage chez Sœur Emmanuelle?

Ma parole si ce n'est pas déjà fait, tous les deux, vous allez me rendre vraiment Maboul…
Oui de Noël… Très drôle…

Houx noel 09

13 décembre 2010

A la Saint Christophe.

Alors qu’autour de nous,  le jour se couchait dans des explosions de rouges, c’est quand je me suis réveillé que la roue avant droite a mordu dans le gravier… Je n’ai pas senti de suite que tout partait en vrille et quand j’en ai été convaincu, il était trop tard. J’avais beau braquer les roues, il ne se passait rien. Rien d’intéressant que cette longue glissade qui m’amenait droit vers le fossé si large, si  profond, si près. J’ai vu, de chaque côté de la voiture des gerbes de gravier comme de l’écume et j’ai entendu les impacts des pierres sur le bas de caisse. Pas le fossé, pas le fossé je me disais! Putain de merde, j’y vais droit! Dedans, ça volait dans tous les sens je me suis même dit, un moment mais tout vient, tout ce bordel! Pas le fossé! Je sortais à peine du super marché, j’avais fait le plein pour la semaine et j’avais posé le tout sur le siège arrière. En vrac. Tout passait devant au freinage et comme je devais être debout à deux pieds sur la même pédale, celle du milieu, rien n’était resté. Pas le fossé, pas le fossé, j’ai repensé encore une fois et puis plus rien, comme un interrupteur appuyé. Le noir. Plus de son, plus d’image. Une panne de secteur en pleine nuit. Les derniers souvenirs que j’ai sont ceux d’un nuage d’objets flottants dans l’habitacle comme placés en apesanteur. J’ai, ainsi,  vu passer une demi-baguette, un flacon vert de liquide vaisselle, six rouleaux de papier toilette parfumés à l'ylang ylang,  (s'il savait où il finissait celui-là, pas certain qu'il se laisserait cueillir aussi facilement)... double épaisseur, un tube de dentifrice neuf au chlore, des recharges de lame de rasoir dont je me suis dit qu’elles coutaient et non pas qu’elles coupaient la peau des fesses… Une paire de chaussettes noires, quatre petits pots de fromage blanc qui restaient ensemble, apeurés… Et, si je n’ai pas vu passer des épingles à linge et une éponge de cuisine, c’est que j’avais oublié de les acheter. Je n’ai jamais été un fana des listes. C'est à dire que le les dresse et je les oublie ensuite ou je les perds, bref je n'en ai plus quand il s'agit d'acheter.
On dit  que quand on va mourir on revoir sa vie défiler. C’est sans doute vrai, mais ce qu’on ne dit jamais c’est qu’on n'y revoit QUE les pires moments!
Tout ce qu’on a vécu de plus épouvantable, dérangeant, affligeant, attristant, les instants les plus oubliables se mettent à s’animer là devant vos yeux pendant que la bagnole dans laquelle vous êtes n’en fait qu’à sa tête… C’est ce qui m’est arrivé. J’ai presque tout revu même des choses dont je ne me souvenais plus. Des évènements que j’avais enfoui très profond et qui ont resurgi durant cette longue glissade. Je m’en serais bien passé, figurez vous. Si ça a l’avantage de faire durer les choses un peu plus, ça a le désagrément de laisser dans la bouche un goût amer et on sait qu’on ne trouvera pas de distributeur de pastilles de menthe en route. Quand ça arrive, on aimerait bien protester, émettre un avis défavorable, réclamer un peu de justice, négocier dans le lot de pouvoir assister aussi à quelques grands moments, mais là, de suite, les circonstances étant ce qu’elles sont on ne voit pas vers qui se tourner.
Alors qu’autour de nous,  le jour se couchait dans des explosions de rouges, c’est quand je me suis réveillé que la roue avant droite a mordu dans le gravier… Sans comprendre, j’ai juste eu le réflexe de donner un violent coup de volant vers la gauche. Comme, pour une fois,  je ne roulais pas trop vite, l’engin s’est vite remis dans le milieu de la chaussée sans faire une grande embardée. C’est peu après qu’un jet d’adrénaline m’ait inondé le cœur et laissé la bouche pâteuse que je me suis mis à transpirer à grosses gouttes. J’ai été obligé de m’arrêter et de me ranger sur le bas côté. Je tremblais de tous mes membres.
En attrapant dans la boite à gant une pastille à la menthe, j’ai allumé la radio...

Christophe s’est, alors, mis à chanter: “ Dans ma veste de soie rose Je déambule morose Le crépuscule est grandiose  Mais peut-être un beau jour voudras-tu Retrouver avec moi…  Les paradis perdus…”

Coucher Ch Gaye

11 décembre 2010

Les ders des ders...

On a fait les derniers deux cent kilomètres dans l’inquiétude, la tension, les rafales de vent et une pluie cognante.
Et, malgré ça, on était quand même heureux de rouler. On avait quitté la ville vers la fin de l’après-midi pour quatre jours de repos dans la maison, enfin le cabanon qu’on avait  fini par acheter en pleine Ardèche.  En vrai, c’était une ancienne bergerie  sacrément confortable pour les moutons, un peu moins pour les humains. Depuis deux trois ans, tout notre fric y passait. Ça avait commencé par le dessus, puis le dessous du toit, les tuiles et l’isolation, ainsi que l’abattage, durant l’été, de quelques murs, l’ouverture de quelques fenêtres plein Ouest et le dégagement sur l’immense vue sur la vallée de l’Eyrieux qui était une absolue merveille. Demeuraient encore, au creux de cette rivière,  des souvenirs de jeunesse et notamment une amende pour une baignade à poil, dont le papier bleu a longtemps trainé dans un cadre sur tous les murs que nous avons habité... Dans, la bergerie,  face à la vue, nous y passions des heures, le soir à l’intérieur quand le temps s’en mêlait, le plus souvent possible à l’extérieur quand il le permettait. C’était du reste bien lui le Maître absolu, d’à peu près toutes nos occupations d'ici. Nous étions gouvernés par les nuages et cela ne nous déplaisait pas. Quand il était clément nous relevions la tête, quand il était en rogne, nous la rentrions dans les épaules et cessions de faire les malins. Mais il ne se passait pas une journée où nous ne  disions pas: On est bien, ici, n’est-ce-pas?  Qu'est-ce que c'est beau! Et puis calme! En attendant mieux, on avait, aménagé dans la partie supérieure, nouvellement créée, une sorte de dortoir, alors que le bas,  lui, était une seule grande pièce à vivre avec une cheminée où l’on pourrait, si l’envie nous en prenait, y faire rôtir un bœuf. Comme on était végétariens ça n’arriverait jamais mais qui peut le plus peut le moins. A sa vue, les carottes, les courgettes et les navets faisaient profil bas. Si on s’était saigné aux trois veines pour l’acheter, il nous restait la quatrième pour faire les trajets et piller les magasins de bricolage. On y venait le plus souvent possible. C’est à dire qu’on descendait (je devrais dire on y montait puisqu’à partir de Valence ça grimpait raide…) dès qu’on avait trois jours devant nous. Il y avait encore pas mal de bricoles à terminer et on aurait aimé finir tout l’intérieur cet hiver pour s’attaquer au jardin, enfin, à l’extérieur, au Printemps pour avoir un été de repos.  Cette fois, on avait décidé de partir malgré l’annonce météo d’une fin de semaine neigeuse et très perturbée. La saleté d’anticyclone, étant allée faire un petit séjour au-dessus de l’Islande, cela  ne nous amènerait rien de bon de là-haut. Mais l’envie d’être au hameau étant bien plus forte, nous avions rempli le coffre de quoi vivre les quatre jours et nous avions pris route. Nous avions assez rapidement quitté la capitale, nous nous étions engagés sur l’autoroute comme qui rigole et nous avions traversé, sans les voir, la nuit étant déjà bien avancée,  les  apaisants paysages de l’Yonne et l’Auxois à vitesse raisonnable. Lyon était passé comme une lettre à la poste et sous Fourvière nous avions été bien à l’abri de ce qui commençait à descendre d’un ciel salement noirci. Peu après la traversée de ce tunnel souvent maudit, nous devions plus ou moins longer le Rhône et ensuite virer à droite pour monter sur les plateaux. Ça a commencé à vraiment se gâter au ventre même de cette montée. La flotte qui nous avait accompagné pratiquement depuis le départ, s’est peu à peu transformée en flocons qui à l’aide du froid ont gentiment blanchi les bords de route, puis les parties où on ne roulait pas. Ajoutez la fatigue et la  nuit et vous avez une idée assez précise de l’ambiance générale. Nous avions maintenant hâte d’y être. Ce n’était rien de le dire.

On a fait les vingt dernières bornes dans le soulagement, le froid et à travers des rideaux épais de neige épaisse. On roulait à très faible allure, dans le mitan de la route puisqu’on commençait à ne plus rien voir d’autre que du blanc dans les lumières blanches des phares blancs. Après quelques glissades, nous sommes finalement arrivés au dernier village avant notre hameau. Il n’y avait pas âme qui traîne dans le secteur et franchement on ne pouvait en vouloir à personne. Il fallait être dingue ou parisien pour rôder dehors avec cette apocalypse. Pour tomber dru, ça tombait dru. Des flocons gros comme des gaufres au sucre recouvraient les arbres la voie et le monde d’un blanc lourd et gelé. On a fini par déboucher au carrefour qui monte au hameau. Vu ce qui continuait de descendre du ciel, nous avons décidé de faire le reste du chemin à pied. Nous nous sommes chargés de l’indispensable pour passer une soirée agréable. Dès que le feu serait allumé, dans le foyer, avant de quitter l’endroit, nous préparions toujours une flambée pour l’allumer dès notre arrivée, qu’elle nous réchauffe le plus vite possible. Nous savions qu’une fois entrés, il n’y avait qu’une demi-heure à attendre pour être bien. Plus qu’il n’en faut déboucher une bouteille… Nous avons fermé la bagnole et nous nous sommes mis en route, en nous suivant de près. Du carrefour, il fallait prendre un vague chemin très peu empierré qui montait droit sous les châtaigniers. Là, au moins l’épaisseur de la neige ne nous empêchait pas trop d’avancer. 

On a fait les cent deux derniers mètres à tâtons, au jugé en se gelant et les fesses et les mains. Ça a sérieusement dégénéré quand on est arrivé au hameau, à découvert. Là, ce n’était plus une vague couche de blanc mais une bien belle hauteur. L’altitude aidant, il y en avait un bon mètre. Nous n’allions pas renoncer si près du but. En nage, fumants,  harassés, nous avons continué.

On a fait les vingt derniers mètres, nos bagages sur la tête, en levant les genoux comme de pauvres ours blancs en rééducation. Nous sommes enfin arrivés exténués, suffocants devant la porte de la maison… Nous avons un long moment cherché les clés dans le silence absolu de cette nuit neigeuse. Sans les trouver. Nous ne nous sommes même pas disputés, nous ne nous sommes rien dit. Nous sommes redescendus à la voiture où, là encore, pour nous donner la bonne conscience d’avoir tout tenté nous avons continué pendant une longue heure à farfouiller, jusque sous les tapis de sol dans le froid glacé de cette nuit désormais pleinement blanchie…
Puis, il a fallu nous rendre à l’évidence, nous avions, tous les deux, oublié les clés...  Comme on était absents la plupart du temps, on  avait rudement soigné les protections... On savait donc, sans hésiter, ce qui nous restait à faire pour ce soir... 

Alors, comme le tire-bouchon était DANS la maison, on a passé la première nuit sans dormir, à quelques mètres d'une cheminée où on pouvait y cuire un sanglier, à se congeler dans une bagnole, un devant, un derrière, sous deux mètres de neige fraîche,  sans dormir à cause du froid, sans boire autre chose que de l'eau en morceaux, dans un silence empesé, comme les derniers des imbéciles...



Jan 005

10 décembre 2010

Mountain View.

Vers hier, je venais rôder un peu sur le blog pour voir si tout était bien bordé… Il me semble que quand on en tient un régulièrement on y vient souvent jeter un œil bienveillant sur la boutique, redresser un élément que le vent aura dérangé, aplanir un tissu qu’on aura plissé, changer une ampoule qui ce sera brisée,  enfin moi c’est comme ça que je fais… On rectifie, corrige, réécrit une phrase ou deux, voire plus parce qu’en la relisant à haute voix on la trouve mal fichue, boiteuse avec des fausses notes, on vient lire les commentaires en bas de notes, on se réjouit quand on en trouve un de plus que la veille, bref on fait le tour du propriétaire.
Parfois, on s’étonne vaguement chagriné du peu de commentaires sur une note qu’on pensait émouvante, pas trop mal tournée, pas si mal écrite, enfin, dont on était un peu content puisqu’on l’avait publiée… Enfin, on l’aimait bien cette histoire de Noël où les handicapés viendraient au secours de la bonne santé pour l’aider à gagner ses matches… On la voyait un peu comme un hymne à l'amour universel et grandiloquent, une ode à l'entente généreuse, générale et définitive quelles que soient les différences et les parcours de vie... Alors, on la relit et relit encore pour essayer de trouver mieux, de voir ou ça a pu pêcher, qu’est-ce qui fait qu’il n’y a que QUATRE commentaires… Quatre, sur les six milliards de lecteurs potentiels et puis, ce simple rapport calme un peu l’ego… On  lui cherche des excuses, cette histoire avait un fond de gentillesse, de bienveillance et de douceur joyeuse, de naïveté,  c’est peut-être pour ça qu’elle n’a pas tant plu.  Mais c’est sans doute dans la logique des choses: Comme le monde entier était devenu une cour de collège assoiffée de violence et de sang, que deux s’y échangent un baiser: ils n’intéressent personne alors qu’un coup de poing vole et c’est l’émeute. L’odeur du sang, de la sueur et des larmes affole, rend dingo et excite les curiosités. Qu’y peut-on? Désormais, il va falloir dire du mal et distribuer des gifles à tout va. Il va falloir faire couler le mercurochrome à flots de phrases et les baffes à pelletées de paragraphe, il va falloir dézinguer, médire, être mauvais, méchant et teigneux. Comme chantait l’autre: “Il faut qu’ça saigne!” Il faut  du drame et de la baston, de l'engueulade et de la polémique, Victor!
Alors, ça va saigner. Tant pis, on le fera puisqu’il le faut et haro sur les bleus! On sait bien que quand on cogne c’est d’abord sur soi qu’on frappe…
Et puis, on finit par se dire que deux fois, deux humains sur six milliards ont pris vingt secondes de leur vie pour écrire un truc sur un truc que tu as mis trois jours à pondre… Mieux qu’un doliprane mille! Finalement ce n’est pas si mal, se persuade-ton, même si, bien entendu, on aurait aimé qu’elle soit davantage appréciée, et qu’un flot de commentaires accueillant l’inonde, l’enveloppe, la berce. On la remontrera un autre jour, une autre fois à l’occasion.  “Ils sont peut-être passés à côté mais sans le vouloir, ils ont leur vie aux aussi” se dit-on… Bref, on se remonte le petit moral un peu comme on peut.
Et puis, un de ces soirs dont on n’attend rien de précis, un soir ordinaire, un soir d’habitude, on ouvre son ordinateur et on s’en vient faire un tour de la boutique. Là, on voit qu’on n’est pas seul sur le coup, qu’il y a en ce moment même un lecteur sur le blog. Alors on regarde sur la petite mappemonde de l’application où il traîne et d’où il vient…
Et là, là, mes enfants, c’est Broadlywood!
Sur cette planète dans cet univers, déjà, il y a une autre personne que soi chez soi… En plus, il n’est pas d'à côté. Il est même assez loin, d’un coin où on n’est jamais allé, ce n’est donc pas une connaissance… Il n'est pas non plus de la famille... Oh La La regarde, Il vient de l’autre côté de l’Océan Atlantique et même de l'autre bout du continent américain.  Tout à l'Ouest de l'ouest! La fièvre te chauffe. Comme il y a douze heures de décalage horaire entre ici et là-bas, quasiment une demi-journée: Toi, tu te lèves alors que lui te lit. Un vertige te prend.
Les bras t’en tombent, le cœur t’en serre, les larmes t’en viennent! L’autre, le lecteur à toi que tu as, celui qui te lit de loin est, à cette précise seconde, installé devant  l'écran de son apple, à Mountain View, Californie…
“Et toi, te rends-tu compte, cher lecteur, de ton privilège? As-tu bien conscience que tu es en train de lire une note qui va, sans doute, dans un jour ou deux, être lue  au cœur de Mountain View, située dans le comté de Santa Clara, au sud de la baie de San Francisco, Californie, United States of America, earth, voie lactée, univers...”

Voilà ce qu’on finit par se dire... tellement on est, d'orgueil, farci…
Le dernier point que j'ai vu sur la carte, il était à Tokio. Japon. Banania.



Ciel d'octobre 3 

06 décembre 2010

Nos tifosi de Noël.

___ On joue où le samedi qui vient?
___ Au gymnase Georges Lénine de Villepinte à 20h.
___ Villepinte? Ils sont combien au classement ces types? Super déplacement! On va encore se faire casser le sourire… Dis ce n’est pas là-bas qu’on a pris une grosse raclée l’an passé?
___ J’en ai peur! Mais cette fois, les petits gars, nous a dit Paul, je viens avec un car de tifosi…
N’insistez pas, on a essayé pendant une bonne heure, devant la bière d’après entrainement, il n’a rien voulu nous dire à nous, ce n’est pas ni maintenant ni à vous que je vais balancer. Il a juste ajouté, croyez moi, vous ne serez pas déçus.
On ne jouait pas ensemble depuis très longtemps, mais le gars était du genre joyeux, généreux et agréable à vivre. On voit assez vite à qui on a à faire dans une équipe de sport collectifs. Les têtes de cons ne restent pas masquées très longtemps. Les emmerdeurs égoïstes à l’égo mastoc se dévoilent très vite sur le terrain ou dans un vestiaire. Ceux qui ne pensent qu’à leur propre petite gloriole restent très rarement cachés sous leur suffisance. Paul, lui, c’était un gars bien, ça se sentait. Après deux trois bières, il fallait bien récupérer un peu des sels minéraux qu’on venait de perdre, on pensait aussi que c’était surtout ça qui nous réunissaient, à l’âge que nous avions désormais atteint, nous ne nous faisions plus aucune illusion sur notre niveau de jeu et notre carrière de sportifs nous l’avions, maintenant dans le dos. A nous les petites catégories, les matches du samedi soir dans des gymnases déserts et mal chauffés, à nous les débuts de bagarres sordides, les coups de coudes, les crocs en jambes misérables et les béquilles qui bleuissent les cuisses, les entorses qui tordent les chevilles et les pouces dans les yeux. A nous les douches tièdes dans des vestiaires sales… A nous les départs précipités quand nous avions gagné… Un vrai bonheur. Mais il faut croire qu’on aimait ça puisqu’on ne décrochait pas. Nous aurions sans doute pu aller vider une ou deux bières sans avoir joué mais il faut croire que cela ne nous aurait pas tant amusé, puisque nous passions par la case match, avant.
Le jour de la rencontre, nous nous retrouvions sur le parking du club, nous nous répartissions dans les voitures, en général deux suffisaient, parfois trois quand tout le monde avait pu se libérer et nous partions. Il devait être dans les dix huit heures pour les matches de début de soirée. Le trajet dans toutes ces banlieues minablement grises, souvent pluvieuses était égayé par les récits de la semaine des uns et des autres et tant pis si tout était très exagéré, personne n’irait vérifier quoique ce soit, l’important étant d’en sortir une bien bonne, d’en faire des tartines ET d’être ensemble. A se demander si ce n'était pas, surtout ça, qui nous faisait continuer...
Ce samedi là, comme à l'habitude, ceux qui étaient là, à l’heure étaient là, à l’heure. Et le reste, aussi. Finalement le capitaine a fait le compte, il ne manquait plus  que Paul qui nous avait promis des tifosi. Paul, n’était pas joyeux, en général, il était LA joie! C’en était louche parfois. Il lui arrivait de chanter  dans les vestiaires lors de pires raclées et Dieu sait si nous avons été bien fessés certains samedi. Paul lui chantait. Y a pire! disait-il. Y a pire!  Quand l'un d'entre nous recevait une grosse beigne sur le nez et qu'il se retrouvait du sang plein le visage, il s'amenait et disait: y a pire! Y a pire, il aurait pu t'arracher l'œil! Il faut dire qu'il savait de quoi il parlait... Il disait aussi que personne, jamais ne lui ferait un trou au cul, qu'il en avait déjà un... Mais là il fallait qu’il ait déjà descendu quelques bières.
Un minibus blanc est arrivé en klaxonnant comme une ambulance en folie. Paul conduisait. Il s’est arrêté pile devant L'étincelle, le lieu de nos rendez vous du samedi. Le mini bus était bondé. Une dizaine de personnes hilares en sont descendues en chahutant et sont venues vers nous en souriant.
___ Voilà nos tifosi nous a lancé Paul dans un éclat de rire!
Nous sommes allés serrer des mains et nous présenter, ils souriaient aussi, ravis d’être là.
Paul travaillait comme éducateur dans un centre spécialisé. Comme il était de garde  les  samedis, il avait décidé d’emmener avec lui ses résidents pour les sortir du foyer. Je leur  évite les conneries de la télé disait-il dans un éclat! Et les voilà devant nous à nous encourager déjà. Deux trois trisomiques aux rires débordants du visage, quelques handicapés moteurs, à l'équilibre précaire, quelques mentaux vaguement de traviole et un bon paquet de sourires enthousiastes, les écharpes du club autour du cou, des sifflets à la bouche qui faisaient un boucan du diable, un boucan de supporters de base. Pas très fin mais très drôle et en tous les cas magnifiquement chaleureux. Profondément heureux d'être là.
Ah les têtes qu’ils ont fait au gymnase Georges  Lénine!!! Toute la  petite troupe  bruyante et enjouée s’est regroupée sur les gradins gelés et pendant l’heure de match n’a pas cessé d’applaudir, d’encourager, de hurler contre l’arbitre, de siffler, de jeter ses bonnets en l’air, de faire tourner les écharpes, de se serrer à chaque but…
On a flanqué une vilaine rouste aux affreux jojos de Villepinte. Nos supporters sont venus les trois ou quatre samedis suivants. Nous les saluions après chaque but et venions les embrasser à la fin de chaque match… Comme on a gagné tous nos matches,  les autres équipes commençaient à moins rigoler qu'au début quand on débarquait avec nos tifosi… D’autant qu’ils mettaient les mêmes maillots que nous. A dire vrai nous n’étions plus sept dans l’équipe mais bien une bonne vingtaine dont certains en short jouaient sur le terrain et d’autres en même temps sur les tribunes…
Jusqu’à ce match apothéose, tu parles, une finale de coupe de la zone sud de la  banlieue Est, dans un obscur gymnase Robert Trotsky, un 22 décembre…
Pour couronner la saison, nos tifosi préférés se sont amenés tous déguisés en pères et mères Noël… Une fois encore, ils ont fait des merveilles. A nous tous, on a écrasé les adversaires à plates coutures. A la fin du match, c'est à notre place qu'ils sont allés chercher la coupe et les breloques…
Eux ont pris  ça très à cœur et certains mêmes pleuraient.
Pour nous éviter, à nous, les larmes arrivantes, nous nous avons concentré notre regard sur le visage un poil crispé de l'officiel fédéral…


Les chaise rouges 1

02 décembre 2010

Du monde, une pincée.

FUMEUX.
Depuis la lutte féroce contre le tabagisme on ne peut plus mener sa vie copains clopants...

HALLU SI NO NEIGE.
Quand je me balade en ville, je vois des femmes enceintes partout!

SURPRISE.
L’autre soir, le filaire sonne (phrase incompréhensible il y a dix ans… Le fi quoi?). Je me dépêche d’aller répondre en craignant beaucoup que ce soit un de ces appels publicitaires et casse oreilles. Je décroche. Un long silence. Puis une voix grave de femme jeune. Monsieur Coltard ? Je bredouille un oui neutre en m’apprêtant à effectuer une reprise de volée de bois vert en pleine lucarne. La voix continue:
"Je ne vous  veux rien, Monsieur c’est de la publicité..." et elle raccroche, me plantant là.
Je me suis trouvé pas mal niais avec ma réplique désagréable en suspension, prête à jaillir...

CHUT.
Noir désir c’est fini. En même temps, ils en ont mis du temps avant de se décider à se taire ensemble. Ne pas pleurer, il ne reste plus de larmes, elles ont toutes été versées…
Bertrand no canta mas.

SCIENCE.
Il neige en Décembre!
La vache…

REINE
Troisième cambriolage contre Mme Royal Ségolène. Les uns: Ouh: c’est bien fait! Les autres: Ouh c’est louche! D’autres: on s’en fout!
Quelques autres: Ça doit quand même être bien chiant, à force…

COLERE.
Un homme de soixante dix huit ans est mort de froid dans l’entrée d’un centre commercial en banlieue parisienne…
Tout, dans cette phrase, ne peut mettre qu'en colère.

LU ou ENTENDU.
Ne te fais pas si petit, tu n’es pas... si grand…
Pas mal.

CANTONA QUE L'AMOUR.
Eric Cantona ex-immense footballeur, apprenti-acteur a eu une idée géniale pour, dit-il foutre le bazar. Je cite: Allez dans vos banques et retirez votre argent. En vingt quatre heures le système s’effondre. Une idée qui va droit au but.
Mais moi, si je me pointe dans mon agence bancaire et que je demande à ce qu'on me rende mes sous ils me disent: Ah! Monsieur Costar, nous sommes bien contents de vous voir! Alors, non seulement on ne va rien vous donner mais en plus, vous nous devez quelques euros…
Alors, vois-tu, Eric préféré, je n’irai pas le 7 dans mon agence, je  vais m'éviter une humiliation de plus!


Feu Déc

Chui désolé, Cathy et Martial pour la chaleur dans le bureau...

01 décembre 2010

Pour bien débuter Décembre.

Pour bien débuter Décembre et comme cela fait un moment que je n'ai pas partagé une recette,  voilà celle de la Caponata. Si vous vous régalez avec, je le ferai savoir à Nicole qui  n'est pas seulement une grande cuisinière...
C’est SA recette à elle que j’ai testée.

Bilan: Un plat assez simple à faire et encore plus facile à engouffrer! Un vrai régal...

Tous les ingrédients:
Une poêlée de sauce tomate. S’il vous plait, faites la vous même, cela prend un peu de temps mais c’est tellement éloigné d’une toute prête que le temps est largement rattrapé. Pelez quatre, cinq tomates, après les avoir émondées, (J'aime bien ce verbe là: émonder), mettez les dans une poêle huilée avec des oignons, du thym, de la sariette, une ou deux gousses d’ail écrasées, du persil, du basilic et deux ou trois feuilles de laurier. Si vous avez de l'origan vous pouvez en glisser quelques feuilles... Cuisez à feu doux, en remuant  souvent pour éviter que cela n’attache…
Enfin bon, une sauce tomate quoi!
___ Trois poivrons rouges et trois verts, grillés et débarrassés de leur peau.
___ Une branche de céleri.
___ Deux gros oignons rouges, doux et...  pelés. Il faut tout vous dire?
___ Cinq ou six aubergines. Si vos invités n’aiment pas les aubergines, faites une autre recette. Vraiment.
___ Trois cuillerées à soupe de câpres, idem de pignons que vous pouvez poêler vite fait pour les griller un peu. Les pignons, pas les câpres...
___ Cent grammes de raisins secs et blonds, idem d’olives vertes dénoyautées. Là c’est facile, il n’y a pas de raisin dénoyauté…
___ Deux cuillerées à soupe de sucre… Ben oui, en poudre, pas en morceaux…
___ Dix centilitres de vinaigre balsamique… Si possible du vrai… Ce qui n’est pas si simple à trouver, mais tellement tellement meilleur…
___ De l’huile d’olive, du sel et du poivre.

Vous avez tout? Bon, allez, on y va!

Dans un faitout, de préférence en fonte:
Vous faites fondre les oignons sans aller jusqu’à les colorer. La cuisine est une occupation assez simple, finalement, il faut être sur le coup et ne rien faire d’autre que ce que vous faites. Il faut surveiller, être concentré et attentif à ce qui se passe. C’est donc, un peu comme l’escalade ou le point de croix…
Vous ajoutez, les aubergines coupées en cubes, le céleri en tronçons, la sauce tomate qui attendait patiemment dans sa poêle et les raisins. Vous mélangez. Laissez mijoter quelques minutes et ajoutez les poivrons que vous avez coupé en lanières. Après quinze minutes vous incorporez les câpres, les olives, les pignons, le vinaigre et le sucre en poudre en pluie. Vous mélangez.
Vous laissez cuire encore quinze minutes à couvert et à feu doux. Vous mélangez. Si vous n’êtes pas pour les mélanges, ne faites pas ce plat là. N’en faites aucun autre du reste… La cuisine est une affaire de mélanges. De mélanges et de partage. Comment douter de son intérêt?
Goûtez, salez, poivrez, regoûtez...

Et voilà! Vous avez fait une Caponata, un plat d'origine sicilienne. Vous pouvez appeler Don Corleone et lui proposer de passer à la maison, la caponata, comme la vengeance peut se manger froide…
Avec tout cela, je verrais bien un filet mignon de porc au miel ou une daurade au four et au fenouil, mais là vous faites un peu comme vous aimez…

C'est le moment de poser les calibres, de mettre la musique du Clan des Siciliens  ou le dernier opus d'A Filetta dans le lecteur CD, d'aller chercher à la cave une bouteille du Domaine de Bérane de chez Anne Claire Rabatel et Bernard Ferary Route de Flassan à Mormoiron (Il vous en reste surement une ou deux boutanche sinon... vous y seriez déjà allé...) et de passer à table...


Plage Cassis 2

29 novembre 2010

En finir avec Novembre.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. La consigne était d’insérer ou de débuter le texte par: La nuit je mens. Ma copie:

La nuit, je mens…
Nan, merde j’arrive même plus à écrire avec ce froid qui m’engourdit les doigts…
La nuit, je mens, je mange en pensées ce que j’ai vu dans les vitrines du jour…
La nuit, je m’en remets quelques louches et je vais jusqu’à plus faim, jusqu’à repus parce que la nuit je m’en fous, je peux bien manger ce que je veux puisque ça ne coûte pas un sou que je n’ai pas de toutes façons, alors la nuit je mens, je m’en ressers toujours…
La nuit je m’en balance d’être là parce que personne ne m’y voit et s’ils me voyaient me regarderaient-ils ? La nuit, je m’en balance parce que je m’en verse une gorgée puis une autre et une autre encore pour m’en embrumer le cerveau, voilà, la nuit je m’embrume le cerveau pour m’en aller ailleurs, au chaud. Je mens, je m’envole. La nuit, je m’embarque sur des cargos de fortune, dans des cabines surchauffées pour oublier, un peu… Voilà, la nuit je m’en vais sous des cieux plus cléments… La nuit clément… Clément c’était le prénom de mon petit que j’ai dû laisser en déroute, ce n’était pas un endroit pour lui, ici. Même couché sur une bouche d’égout, une bouche dégoût… La nuit qui ment ? Qui m’embrasse?
Une gorgée, encore pour m’enfuir. La nuit je mens, je m’enfuis. J’essaie de filer de moi-même et de là où je suis. Ces larmes… De partout. La nuit, je fuis.
J’ai froid. Je mens, je m’enrhume, oui.
Et dans cette péniche qui m’illumine en longeant mon quai, je peux y voir ceux qui y mangent en smokings noirs qui ont payé deux mille euros pour cette soirée de gala de lutte contre la misère… Eux, au chaud et j’entends venir d’elle, étouffé, le titre de Bashung que j’aimais.
La nuit, je ne m’en accommode toujours pas de cet écart entre ceux qui ont tout en triple et ceux qui n’ont rien, qui sont dehors sans rien, sous les neiges sales des villes comme des chiens de traineaux mais sans l’utilité ni les poils, ni le blanc.
La nuit je mens, je m’entoure de ces duvets plutôt sales et j’attends. La nuit j’attends. Le jour. La nuit je mens, je m’enferme dans le silence et le noir et le froid et la peur.
La nuit je men..., je m’en fonce, je m'enterre… en terre, encore vivant.
Mais si peu.
La nuit, je m'en... dors, épuisé avec le jour… revenant.
Comme... moi.


Mur décrépi

27 novembre 2010

Un mauvais soir.

Il faisait, pour l'instant, une encore douce tiédeur de fin d'été.
J'étais monté m'asseoir sur un des  bancs du haut du village, celui qui reste exposé le plus tard au soleil du soir. J'avais, sur moi,  le carnet qui me sert à prendre des notes pour mes histoires. Ils étaient assis avant que j'arrive. Comme souvent, j'avais fait mine de lire, mais en vrai, j'avais noté leur conversation en me disant que ça pourrait peut-être faire une note. Ils disaient:
___ Dis ça fait un moment que tu n’as rien posté sur ton blog…
___ C’est normal, ça fait un moment que je n’ai rien écrit.
___ Il faudrait t’y mettre, aussi, ça ne vient pas tout seul, tu n’as plus d’idée ? Plus d’envie ? Tu es à sec ?
___ Non, ce n’est pas vraiment ça. J’en ai marre.
___ Marre ? Et de quoi ? On ne te demande pas un Nobel de littérature, juste un feuillet ou deux, un truc soit rigolo, soit sensible, un peu universel où tout le monde puisse se reconnaître, qu’on lise en vitesse entre deux cafés, en rentrant le soir du boulot ou même le matin devant un thé, avant de plonger dans les nouvelles noires du monde, un truc qui vide la tête, la prépare, déclenche un sourire, arrache une larmichette, un 21-29.7 pas trop mal tourné avec deux trois jolies phrases, sans faute d’accord ni de conjugaison enfin, tu vois le genre...
___ Ben justement j’en ai marre de tout ce cirque, je ne ponds que des pages qui ne valent rien.
___ Qui ne valent rien ? Ne crois pas ça ! Un sourire, une larme ça vaut, non.
___ Ben non justement, il est bien là le problème, tout ce que j’ai pondu au kilomètre durant cet été ça ne vaut rien. Et pire, sais-tu ce que ça m’a coûté en après-midis, enfermé dans ce foutu bureau alors qu’il faisait si beau dehors ?
Personne ne m’a filé deux ronds pour ça. Donc ça ne vaut pas tripette. CQFD. Tu te souviens de ce type que j’étais allé voir qui dirigeait une agence photo, du temps où je voulais lui caser les miennes ? Tu te rappelles de ce qu’il m’avait répondu quand je lui avais demandé ce qu’était, pour lui, une bonne image ?
___ Non, je ne me souviens pas ? Il avait dit quoi ?
___ Il avait juste répondu : Une bonne photo c’est une photo qui se vend bien. Ben voilà, une nouvelle, un texte c’est exactement pareil. C’est un truc qui rapporte, que des gens sont prêts à payer pour lire.
___ Oulah ou bien tu deviens cynique ou bien tu es gagné par le discours ambiant, toi : Ecrire plus et gagner plus… N’oublie pas qu’il a du plomb dans l’aile ces temps ci…
___ Heu pas vraiment, moi ce serait écrire encore mais gagner un peu, juste un peu, alors que tout ça ne m'a rien rapporté, pas même des ennuis.
___ Tu noircis tout ce soir, ils n’étaient pas si mal tes derniers…
___ Tu veux rire ? Tu plaisantes, j’espère ? N’importe quel neuneu peut en aligner des tonnes sans une égratignure, il suffit de s’asseoir à une table et de mettre la machine en route. Une botte de poireaux est capable d’en fournir, n'importe quel blaireau est à même d'en aligner des kilotonnes de ce truc là, il suffit de s'y atteler…
___ En fait, si je te comprends bien tu n’aimes pas écrire, je veux dire écrire pour écrire…
___ Ben finalement, tu vois assez clair, je ne crois pas que j’aime ça ! Ce que j’aime, tu vois…
___ Dis moi, ça va me plaire, je sens ça…
___ Ce que j’aime c’est : « avoir écrit ». Avoir dessiné une jolie phrase avec mes doigts qui fait une belle musique quand tu la dis à haute voix… J’aime quand c’est fini que j’appuie sur la touche "bloguer" et que j’envoie mon bouzin par delà les écrans. Ça oui, j’aime. Le reste, pas trop.
___ C’est quoi, le reste ?
___ Le reste c’est rester assis là à chercher le mot, la phrase, la manière de la construire pour qu’elle sonne juste, que quand je parle du vent, on entende le vent, que quand j’évoque une eau qui serpente on la sente serpenter, tout ça m’emmerde.  Ça m'amuse mais ça me fatigue et me pèse. Ça m’est difficile et, ne te moque pas, parfois douloureux tellement ça me semble difficile… Alors, vois-tu, si en plus ça ne me rapporte rien, au bout d’un moment ce n’est pas seulement pénible, ça devient chiant ! Tout ça ne me fait pas sourire, si tu veux savoir ! Si tu savais que quand j’en poste une j’ai à chaque fois le sentiment que ce sera la dernière, qu’il n’y en aura pas d’autre, jamais…Quelle misère !
___ Tu devrais te mettre à écrire un livre. Un vrai.
___ Merci bien! C'est tout ce que tu me souhaites? Comment faudra-t-il que je te le dise? Je ne suis pas un écrivain! Définitivement pas. Résolument pas. Absolument pas. S'il y a un truc que j'ai c'est cette lucidité! Ne me l'enlève pas, s'il te plait! Et surtout ne me fais pas le coup de penser que je dis ça pour entendre le contraire, ne t'abaisse pas à ça!
L'autre, après un silence entendu:
___ Tu sais, je ne voulais pas trop te le dire mais parfois, ça se voit que tu bâcles... On a l'impression que tu files à la fin et que tu te débarrasses... Je ne dis pas ça pour t'enfoncer parce que tu n'as pas l'air d'avoir grand moral, toi ce soir ! Mais je me dois te le dire. Il me semble quand même que tu oublies un peu vite tous ces gentils commentaires élogieux qui caressent ton égo dans le bon sens du poil et te font les bras tout lisses…
___ Et te remettent le cœur à l’endroit ? Ah ça c’est une belle chose! Tu postes un texte, quelques phrases et tu imagines qu’à l’autre bout, quelque part, tu ne sais même pas où quelqu’un va tomber dessus, lire JUSQU’AU bout et que ça va peut-être même lui arracher un sourire ou une larme, enfin quelque chose va être provoqué parce que tu auras posté…
Puis, comme s’il se reprenait en mains…
… Oui, les coms, bien sûr, évidemment, les coms, ça flatte mais j’achète quoi avec les flatteries? Et puis tu m’emmerdes toi aussi avec tes questions, voilà, je ne souhaitais pas être particulièrement désagréable, surtout avec toi, mais c’est dit, et je peux même te le redire si tu as manqué l'épisode : Tu me gonfles !
___ J’ai beau t’enquiquiner, mais ça t’est utile, c’est fait...  tu l’as ta page, non ?
___ Et tu serais prêt à me filer combien pour la lire ?
___ Ah mais rien du tout, t’as juste une page, et c’est marre, tu vas pouvoir copier, coller et appuyer sur bloguer, tu ne voudrais pas en plus que je te paie pour ça, non ! Ne te mets pas à rêver, mon Grand !
___ Dis... t’avais pas des photos à faire, toi, pour ton blog? Photographe aveugle...

L'un des deux s'est levé, plutôt fâché et a fichu le camp comme une mauvaise idée se  glisse le long d'un caniveau et disparait dans une bouche d'égout.
L'autre est resté assis un instant, un vague sourire dessiné sur son visage, presque soulagé.

Le soleil avait maintenant disparu derrière la colline, au loin. Puisque le vent s'était levé, le froid a déboulé en hurlant sur la place, comme un chien fou courant vers son maître...  Mais pour le mordre...

Mur 75 Rue Py

24 novembre 2010

Régime sec.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. Le texte devait commencer par l’incipit: Un matin - mais était-ce un matin -, il fallut bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.” 
C'est devenu:


Un matin - mais était-ce un matin -, il fallut bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.
Il lisait, lisait et relisait à voix haute et sur l’écran 21 pouces du mac dernier cri, l’ultime phrase qu’il venait de taper et à chaque fois, lui venait la même grimace. Elle ne lui disait rien qui vaille. Ça ne va pas, ca ne va pas ! Alors, il changeait un temps :
Un matin - mais était-ce un matin -, il fallait bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.

Alors, il recommençait sa lecture et n’en était pas davantage satisfait. Et tout ces tirets et puis cette virgule, là ! Que fichait-elle là celle-là ? A quoi servait-elle ? A rien. Et ce « bel » imbécile qui s’insinuait comme une vilaine douleur chronique… A qui était-il utile ce bellâtre ? « Bien se rendre », « bel et bien »... Oh, le vide abyssal de ce « bien » !!!
Il reprit en élaguant :
Un matin, mais était-ce un matin ? Il fallait se rendre à l'évidence : le temps avait disparu.

Ah ! Déjà, cela commençait à boiter un poil moins bas. Il la relut à voix haute pour en entendre le rythme. Je tiens le bon bout, du moins je tiens quelque chose. Il se leva et alla chercher une bouteille d’eau minérale et gazeuse. Que les bulles viennent à son secours. S’il avait osé, il aurait ouvert une de champagne… Quitte à invoquer les bulles… En vrai, il s’aperçut qu’il était chiffonné par cette histoire de matin. C’était le matin, les lecteurs le savaient pertinemment que c’était le matin, ils le savaient puisqu’on n’arrêtait pas d’en parler au chapitre précédent. Pourquoi donc se poser la question ? Pour faire genre, pour se donner une contenance ? Faisons court :
Un matin, il fallait se rendre à l'évidence : le temps avait disparu.

Mieux, de mieux en mieux et cette évidence, si elle est évidente pourquoi la convoquer ? Allons–y ! Sabre au clair, Mon Surcouf !!! A la hussarde ! Trace ta route à la machette !
Un matin, le temps a disparu.

Voilà enfin une phrase qui a du nerf, du muscle, de l’os. En voilà une qui va droit devant, qui coule dru, qui fonce, sans se retourner !
Comme il n’était pas homme à faire les choses à moitié, il a remonté ainsi, un coupe-coupe dans chacune de ses mains, amputant de-ci, de-là, le corps du livre à qui il avait sacrifié ... ses six derniers mois, son couple et sa santé.
C’est dans le fleuve de sang dégoulinant du Mac, que les trois cent soixante pages de son obèse roman sont devenues une maigre note de deux cent vingt trois signes… qu’il a publiée dans son blog, somme toute heureux, d’être allé, enfin, à l’essentiel.
Sans fioriture. Sans surplus. Sans crème. Sans gras…
Et puis, qu'il disparaisse, le temps! S'il s'imagine qu'on va le pleurer, il se trompe... et lourdement, en plus. On fera sans lui, aussi.


Mariage Emylie 005

Bientôt Noël.

Voilà venu le temps des  cadeaux à offrir, on a toujours un peu de mal à choisir. Je vous aide et vous propose d’offrir du plaisir, ce qui vous l’avouerez n’est pas rien!
Un livre. Un livre où l’on peut lire ça:

“…Nous avions besoin d’un miracle. Je posai le sac sur le banc à côté de moi, ouvris largement la fermeture. Les reliques pouvaient faire des miracles, c’était un fait indubitable de l’histoire religieuse. Je plongeai la main dans le sac en quête d’un petit morceau d’os, en tirai une vertèbre de la taille d’un bouton de culotte. Elle était percée d’un trou pour la moelle et de quelque côté qu’on la tourne, on pouvait, en plissant les paupières, y voir une figure. Je ne pouvais pas être victime d’un charme. J’étais trop éduqué pour ça. Je l’enfermai dans mon poing. Quelle que soit la taille, quelle que soit la partie préservée, la grâce restait intacte.
___ Donne m’en un, me demanda Héléna en tendant la main. Je lui donnai une clavicule légère, légère, qu’elle pressa sur son front.
Rien.
Elle essaya avec le mien, sans plus de succès. Nulle trace de cette odeur de sainteté qui élevait les plus bas esprits. Rien du tout. Nous nous sentîmes déçus, fatigués, ordinaires, encombrés pas un sac d’os inutile…”

image

Le sujet du bon livre écrit par Richard Beard:
James Mason est diacre. Il a perdu son père. Sa mère l'a abandonné. Sa foi vacille. Sa fiancée est enceinte. Son église va fermer, faute de fidèles, rachetée par un antiquaire interlope. L'orteil de saint Thomas à Becket, précieuse relique de l'église de Tous-les-Saints de Genève, s'empare de l'esprit du jeune homme... Sous cette pieuse influence, James entame une carrière de pilleur de tombes pour le compte d'un trafiquant. Décidément, les Voies du Seigneur empruntent des chemins étranges, le long des allées des cimetières suisses, troublant le repos de quelques défunts célèbres -Jung, Calvin, Richard Burton, Chaplin... et même les chiens d'Elizabeth Taylor !
- Jay, mon garçon, comment vas-tu sortir de pareil sac d'os ?, aurait commenté feu James Mason Senior. Editions In octavo.
Le livre a été traduit par Marie Rennard.

La chanson de Romain ou un petit de saison.

Je suis retombé sur lui... Tant pis, je le remontre...

                     J'aimerais tant qu'on se souvienne Que dès que l'hiver s'amène Les feuilles mortes font des tas chiants Dans les jardins désormais trempés, Les manches des pelles, des ampoules Aux mains de qui va les ramasser. Peuvent donc pas rester sur l'arbre, Au lieu de nous forcer à ratisser ? Peuvent donc pas rester de marbre, Au lieu, de, bêtement, dégringoler ? Les mortes feuilles font les malines A se mettre en bans sur les pelouses Comme le beurre sur les tartines, Ou le soupçon chez les jalouses. Mais le pire ce sont les souffleuses, Elles vacarment un boucan d'enfer, En poussant au cul les chuteuses, Qui finissent de planer dans l’air... Heureusement, les feuilles à terre Inspirent de très jolies chansons Dont on sifflote gentiment l’air... En balayant nos paillassons, Alors que nous reviennent Celles de Gainsbourg et Kosma Il serait bon qu'on se souvienne De celle que Didier Romain écriva....


22 novembre 2010

Ta manière…

Ta manière d’être à moi me séduit
Ton regard alors s’étonne
Tu n’appartiens à personne
Je me le tiens pour dit.

Ma tanière d’honnête homme te ravit
Mon regard alors détonne
Si je ne suis rien ni personne
Qu’il en soit ainsi.

Ces manières, que chez moi tu décris,
D’un bref regard atone...
Je les abandonne…
Cela, seul m’est permis.

Les bannières que souvent je brandis
Changent les donnes.
Mais toi tu ne me pardonnes,
Que si je les... replie.

Les lanières qui me lacent à ton lit
M’attachent et me donnent,
L'allure ni mauvaise, ni bonne,
De celui a qui tout sourit.

L’art et ta manière de mener ma vie
Ne m’effraient pas, jolie Madone,
Mais l’air que j'y fredonne...
En douce, me suffit...


Lampe à pétrole

21 novembre 2010

Il mio refugio…

J’étais passé la prendre, façon de parler, chez elle. 
Je l’avais attendue dans la rue. Elle était arrivée un peu après-moi. J’avais donc eu matériellement le temps de faire deux ou trois fois demi-tour pour lever le camp. Je n’avais pas bougé. J’avais laissé les choses arriver. Scrupuleusement respectueux de la maxime qui dit que: Quand tu ne sais pas quoi faire, le mieux est de ne rien faire.
Oui, mais voilà, j’étais au pied de son appartement.
Quand elle est montée dans la voiture c’est un souffle qui est entré avec elle. Un souffle de vie. Nous avions vingt quatre heures devant nous. Autant dire une éternité. Jusque là nous n’avions réussi qu’à grappiller une heure ou deux, de ci, de là, toujours entre deux portes, deux arrivées, deux départs à chaque fois. Cette fois, l’avenir (jusqu’au lendemain soir) était entre nos mains. Qu’allaient elles en faire ? Allaient elles seulement savoir s’en dépatouiller ? Sauraient elles faire avec ça ?
Pour la première étape, nous ne sommes pas allés bien loin. Le Bois voisin, pour y marcher un peu et nous poser les deux ou trois questions qui se bousculaient: Est-on bien certain que ces heures nous allons les vivre ensemble ? Le souhaites-tu ? Vraiment, je veux dire ? Est ce que ça ne risque pas de tout compliquer ? Oui, je suis d’accord, nous avions du mal à faire simple… Mais est ce que ce n’est pas, justement le plus délicat qui soit ? Et puis ce n’était pas le genre de la boutique. N’y revenons pas. Quand il y avait deux options, il nous en fallait toujours une quatrième. Alors, sans avoir rien résolu, si ce n’est le fait qu’après la balade au bois, il y aurait un restaurant, puis une chambre à trouver pour y passer la nuit (nous avions écarté l’idée de dormir dans la voiture, pour une première nuit, nous voulions du confort et de la douceur), nous avons roulé. J’avais fait le plein en prévision. Nous avons choisi de nous éloigner un peu du coin où nous vivions. Plus d’une centaine de kilomètres plus tard, la nuit tombée, quelques endroits qui ne nous disaient pas grand-chose, visités, certains éliminés d’office après avoir vu le hall d’entrée, des fous rires étouffés après un regard qui signifiait : « Ah ben non quand même, nous n’en sommes pas là ! » ou bien : « Ah ! Ben là ça va pas être possible, nous méritons mieux » des courses sous la pluie pour regagner la voiture, nous étions sur le point de rompre face à l’adversaire, de battre retraite en pleine campagne et de rentrer. Chacun chez nous. Et puis nous avons fini par trouver. Vue, l’heure, pour le repas, il nous faudra attendre le petit déjeuner mais ce n’était pas grave, ce n’est pas de nourriture dont nous avions faim, c’est de nous-mêmes. La chambre ressemblait à une bonbonnière rose, touffue de taffetas pour un tarif étouffant mais peu importe. Il suffisait d’éteindre les lumières. Nous nous sommes allongés sur le lit, têtes bêches à l’image de ce qu’était nos vies à cet instant. Nous ne nous sommes débarrassés que de nos chaussures pour ne pas salir le couvre lit et nous avons parlé. Jusqu’au lever du jour. Je ne crois pas que nous nous soyons touchés. Je ne me souviens pas qu’un millimètre carré de ma peau ait frôlé un millimètre carré de la sienne. Quand il y a trop de désir, il lui arrive de rester coi. La peur? Ce sont nos mots et nos mots seuls qui se sont entremêlés dans le milieu du lit. Du coucher au lever. Nous n’avons pas dormi. C’est défaits, les visages froissés, mais pas pour ce que les sourires en coin des serveurs  laissaient supposer, que nous avons dévoré tout ce qui était sur la table, du jus d'orange à tous les croissants. Puis, une fois repus, nous avons repris route pour rentrer et nous séparer. Il pleuvait sur les champs balayés par un vent glacial. La plaine était d'un morne effarant. J’ai allumé le poste. Pendant les trois minutes et quelques de la chanson de Cocciante " Il mio refugio " nous n’avons pas prononcé un seul mot, mais un subtil mélange de larmes, à la fois peinées et joyeuses, s’est écoulé de tous nos yeux.
Est-ce que se sentir amoureux, c’est être amoureux? Qu'est ce que c'est aimer? Quand sait-on qu'on aime vraiment? Qui aime-t-on quand on dit qu'on aime? Aime-t-on si on manque? S'il n'y a pas besoin de beaucoup d'amour pour dire je t'aime, il en faut pas mal pour aimer vraiment...
Chacun pour soi, enfermés dans nos silences, nous nous posions ces questions en ne voulant pas connaître nos réponses. Ni, surtout, nous les dire...
Là, une voix intérieure m'a dit: "Tu en fais beaucoup, non? Sortons tous nos mouchoirs..."
Pour nous, tout était en place, nous n'avions plus qu'à croiser, à pleine vitesse, la trajectoire d'une bétaillère à cochon échouée, en panne, au plein milieu d'un carrefour à venir...
Et ce sera parfait.

Les zamoureux Antibes N&B_edited (Medium)

16 novembre 2010

L’as-tu vu?

Dis, l’as-tu vu le ciel, ce soir?
Une fonderie, un beau foutoir.
Une merveille, un anti malheur,
Une mystique, un  grand bonheur.

Oh! Quelle magie le ciel, ce soir
Cet incendie au cœur des cœurs
Des rouges droit d'un encensoir,
Brasiers brûlants, torrides rougeurs…

Dis, mais tu l'as vu le ciel, ce soir?
Où donc étais-tu pour ne pas le voir?
En toi, dans ta peine?  En tes espoirs?
Si tu avais pu voir, le ciel, ce soir...

Un champ de braises et de victoires,
Torchères flambantes à émouvoir,
Des oreillers sanglants d'étoupe noire,
Un vrai don du Ciel, le ciel, ce soir.

Moi, je l'ai aperçu le ciel flamboir,
Et encore, il était un peu tard…
Un Ouest, deux Est tout en miroirs,
Aussi, le voilà, pour toi, ce ciel d'un soir...

Qu'on me donne la main, puisque j'ai peur du noir...

Nov 028



Nov 029



Nov 027

14 novembre 2010

Une pincée de monde.

ON LE SAVAIT.
Florent Pagny est comme un crétin. Lui qui, depuis vingt cinq ans martyrise la langue française dans ses chansons débiles (presse qui roule pas vraiment cool… j’en passe et des pires) vient de mettre ses enfants à l’école à... Miami (!) pour, dit-il, les protéger du parler reubeu...
J'peux vider mes poches sur la table
Ca fait longtemps qu'elles sont trouées
Baisser mon froc j'en suis capable, mais vous n'aurez pas
Ma liberté de penser
On te la laisse, garçon, on te la laisse. Imbécile. Il s’est excusé un jour après. Pas pour toutes les  inepties qu’il a chanté. Si j'avais un  enfant, je veillerais à ce qu'il aille à l'école à Oulan Bator... Pour le mettre à l'abri des scies de Pagny.

VALSE.
C’est lui. Non, c’est toi. Nan, ce sera lui. Ou peut-être pas. Ou un autre. Ou pas…
Dis donc, garçon, gouverner c’est hésiter? Nous ne l’avons pas vraiment cru quand il disait qu’avec lui tout était possible. Nous avons eu fichtrement  tort.
Tout est vraiment possible, même le pire.

D'OU ?
Il m'est venu un titre que j'ai trouvé joli pour une histoire d'escrimeur: Les parades d'Octave.

BANG! BANG!
En partant au marché ce matin, dans le chemin des Nesquières, ça tirait dans tous les coins. Les perdrix et les lièvres vont devenir sourds! Je crois que je ne comprendrais jamais le plaisir qu’il peut y avoir à stopper net le vol ou la course d’un animal dans un  champ.  Où est le bonheur de transformer une merveille de grâce en mouvement en un amas mou de chair  sanguinolente et morte… Incompréhensible.
Et qu’on ne me serve pas le couplet sur l’amour de la nature et des animaux!

ON S’EN MOQUE.
Au marché, je n'ai pas acheté de topinambours, ils étaient encore trop chers en revanche, j'ai acheté six œufs et j’ai lâché la boite en sortant de la voiture... J'ai marché dessus après. Combien en ai-je sauvé?


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