31 décembre 2020

Papa

Papa,

Maman et nous, Hélène, Rémi Lisa et moi, pour tenter de nous consoler un peu, nous nous disons qu'au fond tu as eu une belle vie...

Une longue et belle vie faite de grandes rencontres, de moments exaltants, jamais de travail mais de passion,  de succès, de conquêtes, de reconnaissances, d’amitiés fécondes, de respect, d’entreprises, d’initiatives, de voyages lointains, de défis, de prises de risques, de liens affectueux et durables... Une vie à plusieurs étages tous aussi riches les uns que les autres et que tu as eu le bonheur de vivre soixante douze ans aux côtés de la même personne... Ce qui, dans un bilan ne compte pas pour des prunes...

Nous nous disons également que, d’une certaine manière s’est enfin terminé le moment de cette vie que tu as détesté le plus : le temps de la vieillesse. Vieillir, beaucoup, être vieux longtemps. Et souffrir,  vers la fin, mais surtout avoir le corps empêché, contraint, diminué…, toi qui en avais fait ton meilleur ami tout au long de ta vie. Ces dernières années, si tu n’arrivais plus à voir ce que tu pouvais encore faire, et c’était encore beaucoup mais  tu regrettais ce que tu ne pouvais désormais plus accomplir. Tu as quand même acheté une voiture neuve à quatre vingt treize ans… Tu as eu la chance de skier jusqu’à quatre vingt dix ans et avant hier encore quand on te demandait ton âge tu étais heureux d’entendre dire : « Mais vous en faites dix de moins !». Ce qui était en plus était vrai !

Tu as eu la chance d'avoir une grand affaire dans ta vie ce fut le sport. Tous les sports et bien entendu, en premier lieu l’escrime qui t’a aspiré une grande partie.

C’est elle qui a fait qu’un petit garçon né à Paris dans le 10ème arrondissement, fils d’Henri, un couvreur normand et de Jeanne, une jeune fille du Béarn, se retrouve un jour, dans la salle d’armes de l’INSEP à serrer la main d’un Général de Gaulle. Maître d’armes, tu l’as été jusqu’au bout du bout, jusqu’à ce que tes mains ne puissent plus tenir un fleuret. Jusqu’à ce lundi 30 novembre 2020.

Après l’excellence et le haut niveau, tu es devenu bénévole, surtout bénévole, d’une salle d’Antibes et tu as donné aux jeunes, aux débutants et au handisport.

Mais il n’y pas eu que l’escrime, au tout début,  il y  eut le tennis de table, puis  le basket avec une licence à l’Olympique d’Antibes Juan les Pins, la boxe,  le tennis, le mais aussi le golf, le cyclisme, l’athlétisme, le football, le rugby que tu suivais de très près et la pêche au coup dans les torrents de l’arrière pays. 

En vrai, le chant que tu as préféré entendre est la Marseillaise...

« Vieillir ce n’est pas une affaire de mauviette » a dit Rita Hayworth. Tu t’en es douloureusement rendu compte. Vieillir longtemps est encore plus délicat puisque c’est aussi fatalement perdre un à un ses amis. Toutes ces dernières années tu as fréquenté régulièrement les églises et les cimetières. 

« À force d’aller aux enterrements qui viendra au mien ? » disais-tu.

Nous, aujourd’hui, nous aimons à penser que tu es parti pour une compète un peu lointaine, que tu vas y retrouver tous ceux que tu as aimé, tes amis fidèles, tes autres enfants en quelque sorte, nos demi-frères et sœurs à Hélène et à moi, les escrimeurs et les escrimeuses déjà partis, tous ceux qui t’ont précédé dans ce long voyage et que tous ensemble vous allez vous arranger pour organiser une jolie petite poule, batailler et gagner d’autres médailles d’or... D’or...


Dors bien, Papa...

Même si l'inactivité n’est décidément pas ce que tu préférais le plus...





 

05 décembre 2020

De là-bas


 


D'Alchimer.

Après Papeete, Rangiroa dans l'archipel des Tuamotu... 

Les premières 24 heures au près, mais dans 8/10 noeuds route directe, mer belle, coucher de soleil flamboyant, bière fraîche, une vie quasi parfaite. Et puis ça c'est gâté. 
Le ciel se charge, des grains épais, noirs, lents, lourds, sans échappatoire, qui coupent ton vent, puis t'en soufflent un à eux, progressif, rafaleux, mais surtout qui t'envoient 40 degrés hors de ta route. Et la pluie. Plus de vent. Une eau qui s'écrase, des gouttes comme des cloques. Ca dure, on ne sait pas combien. Longtemps. 
Puis du jour revient, une clarté, un vent meilleur aussi. Jusqu'à la prochaine série que tu sais en préparation là-bas, juste derrière l'horizon. 

Une vingtaine d'heures plus tard, on finira au moteur pour être à la bonne heure de marée à l'entrée de la passe Nord de l'atoll. 

On reste une dizaine de jours avant de reprendre la route des Marquises. Fêter Noël aux Marquises...

En attendant, demain y'a dauphins. Ils sont dans la passe nord est. On va plonger. Paraît qu'ils adorent jouer avec les bulles...   

A l'embrasse, M &  C

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