05 mars 2017

Le v'là.

Les figuiers ont trempé le bout de leurs doigts dans les pots de peinture verte,
Le jour est réveillé par le boucan des bouquets de mésanges,
Les amandiers sortent, pimpants, de chez le blanchisseur
Le soir, le soleil trainaille un peu avant de rougeoyer
Les rouges-gorges jouent à cache cache avec la lumière.
Les pies et les merlettes s’envolent dans les fourrés.
Dans les pots, les petites pousses poussent.
Dans les champs, les chevaux s’enchevêtrent.
Des tapis de violettes voilent les pelouses.
Aux bosquets, le bouvreuil flirte avec la bouvreuil,
Sur les mares, les canards décollent après les canes.
En ville, les chats repeignent les gouttières,
Il y a dans l’air une tiédeur surprenante,
Les chiens dénichent la truffe à l’air.
Les bourgeons s’embourgeoisent,
Les nuits raccourcissent leurs robes,
Le soleil brille de nouveaux rayons
Les jardiniers retroussent leurs manches
Les jardinières s’animent de semis,
Les larmes des saules reverdissent.
Le ciel se change cinq fois par jour
Les cabris, les ânons naissent,
Les pissenlits et les racines aussi.
Les paumes ont envie de peau,
Les nuques de doux baisers.
On sent sa jeune force en nous
Qui nous réveille, nous réanime
Et nous sourit.

Alors, on sifflote au ciel, 
Aux roses nouvelles,
Aux belles rebelles,
Sacré printemps puisque te v'là.



11 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai enfin pris le temps de te lire. Beau texte truffé d'images toniques et poetiques. Des accents de Prévert. Digne de sin inventaire. Vive le printemps des poètes !

chri a dit…

@ Christine Méron Oh merci Christine du temps pris pour lire cette petite fantaisie légère!

Anonyme a dit…

Un printemps qui arrive en tambour !
Très beau texte musical ! Moi aussi je guette mes pousses, mes feuilles et mes fleurs chaque jour et même 2 fois par jour :) au travers de ma baie vitrée . Mettre un pied dans le jardin est parfois difficile sous les averses de pluie ou de grêle !
Papy

chri a dit…

@ Papy Merci Papy (Ici aussi et selon le proverbe il vaut mieux tempura que temps pourri!)

M a dit…

Un joli calligramme pour un évènement qui ne l'est pas moins et qui nous régale !

chri a dit…

@ M Enfin, j'espère qu'il va faire encore quelques efforts! :-)

Brigitte a dit…

Tu le décris très bien ...
En effet il est là: les saules déplient leurs
bourgeons d'un vert tendre , les violettes nous font du charme avec leur délicat parfum et les primevères ouvrent leurs corolles face au soleil .
Seulement avec le vent d'hier, le jardin à pris un air d'automne !!!

chri a dit…

@ Brigitte Merci Brigitte Oui, j'ai oublié les tapis de violettes... Et le vent frais, ici aussi...

odile b. a dit…

V'la l'printemps...  où les mots volenT' au vent. 
Le Sacre du Printemps qui revient, nous appelle, comme une ritournelle.
Ça swingue, c'est léger, joli et dansant. 
Merci pour cette envolée dansante et fleurie !

Ouf, ouf... Ça fait du bien - hein ! - d'arrêter de courir à perdre haleine pour prendre le temps de saluer l'explosion des arbres en fleurs.
Incroyable cette floraison dense. Devant le port de ces arbres magnifiques, j'ai hésité, au premier coup d'œil, à reconnaître la silhouette des amandiers que j'imagine plutôt, à défaut d'en avoir beaucoup vus, avec un tronc plus dégarni en partie basse et un branchage moins effilé en hauteur... Mais ce rose saumoné tout doux à nul autre pareil ne trompe pas. Une beauté, au milieu des herbes herbes sèches, en parfaite harmonie de tons et sur fond de ciel bleu !!!
Quelle chance d'avoir ce spectacle à la porte de chez soi. Je n'envie pas le mistral de Provence qui a le don de me soûler, mais je suis jalouse des hectares de cerisiers et de pêchers en fleurs. En souhaitant que le vent n'emporte pas tout... L'amandier planté ici, à l'occasion d'une naissance, il y a près de cinquante ans, a donné trois fleurs la première année puis plus rien maintenant... mais je n'ai jamais pu me résoudre à le retirer.

Chaque année, dès le mois de janvier, en attendant le grand retour, je fais rentrer le printemps avant l'heure dans la maison en mettant quelques extrémités de branches de marronnier avec leur bourgeon terminal dans un pot d'eau - une manie qui me colle à la peau depuis l'époque des "leçons de choses" avec mes petits CE émerveillés. L'éclosion de ces énormes bourgeons collants m'émeut et me fascine aussi fort qu'une naissance : des petites mains serrées, emmaillotées dans leur coton, qui s'ouvrent et s'écartent entourant une amorce de grosse grappe déjà bien formée. Un spectacle à part entière qui dure des semaines, chaque jour l'objet de contemplation et de photos dans le contrejour de la salle à manger.

odile b. a dit…

PS
Je suis étonnée de voir autant d'herbe au pied de ces arbres que je situerais plutôt dans une terre aride, voire rocailleuse. Au sol, il doit bien rester encore quelques amandes pour attirer les p'tits roux... 

chri a dit…

@ Odile Cette bande d'amandiers n'est pas très loi de la RN7... J'espère pour les écureuils qu'ils ne la fréquentent pas trop parce que s'ils sont agiles dans les arbres, sur le goudron, les pauvres, ils seraient plutôt comme les hérissons: aplatis.

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