25 février 2013

Dachrioserum 4 cc.





Quand même, je me demande si tout ça n'évoquerait pas un petit peu le... voyage...

Haïku de... froid.

Gel qui sonne
Le blanc enveloppe
Un ciel floconne.

Deux, déjà.

Bon anniversaire petit gars... Tu as drôlement bien fait de nous faire le bonheur de nous choisir pour ton arrivée ici voilà deux années... 
Déjà... On te serre.



16 février 2013

En prendre un.


Quand certains matins te sont, disons, plus délicats que d’autres, quand la vie se pique à vouloir te distribuer de jolies paires de gifles, quand les journées te semblent avoir plus de vingt quatre heures, quand les heures te paraissent durer davantage que soixante minutes, quand les vents forcissent que le calme fout le camp des parages, quand la mer se forme, quand de l’écume poudroie au sommet de grandes croisées, il n’y a pas trente six solutions. Ou tu fiches le camp d’un tel endroit ou tu affrontes ce qui te menace. Fuir n’est pas si difficile. Il suffit de mettre son orgueil en sourdine, de s’asseoir sur son image et de trouver de bonnes justifications. Mais faire face, là, c’est une autre affaire. Cela écrit,  tu peux affronter en réduisant les risques, en diminuant un peu la toile en te préservant, en te protégeant un peu. Toi et ta monture.
Ça s’appelle, en langage technique prendre un ris.… 
Et comme je ne suis pas chien je vais te dire de quoi il s’agit que tu puisses t’en resservir en cas de besoin :
Pour une prise de ris normale, c'est tout bête, il faut un oeillet côté guindant et un autre côté bordure.
Tu te places vent debout pour déventer ta grand voile,
Tu prends un peu de balancine,
Tu choques de la drisse de grand-voile jusqu'à pouvoir crocher l'oeillet côté mât…
Tu prends l'oeillet côté extrémité de bôme avec une garcette,
Tu souques contre la bôme puis tu étarques vers l'arrière,
ensuite tu lies toutes les garcettes de la bande de ris pour retenir l'excédent de toile,
Tu re-étarques la drisse de grand-voile, puis tu choques la balancine et
tu reprends le vent !
Et hop, le tour est joué.
Allez ne remercie pas, c’est cadeau. Cours t'acheter un bateau, trouve un océan, une mer un peu grande fera l'affaire, guette une dépression et... bon vent !



12 février 2013

Les lisières.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. 
Le thème était: Les  lisières...


Jean n’avait presque pas parlé. Il avait juste tendu un trousseau de clé et lui avait dit : Tu y montes quand tu veux, le congélateur est plein, t’emmerde pas à faire les courses, reste autant que tu voudras.

Lui, il l’aurait embrassé. Il  l’a embrassé. A deux bras, et puis il était sorti. Il avait commencé un « merci » mais Jean avait mis un doigt en travers de sa bouche pour le faire taire. Accompagné d’un sourire, le doigt.

Il y avait débarqué deux jours après.
La baraque était en lisière de la forêt un peu au-dessus du village et il la connaissait par cœur. Bien avant eux, c’était une ancienne bergerie qui servait à abriter le troupeau pendant les transhumances, du temps où on les faisait. C'est qu'ici, on était déjà en presque montagne. Eux, ils y venaient en familles depuis des années et des années pendant chaque vacance. C’était devenu une maison familiale mais ils ne savaient même plus à laquelle des deux familles elle appartenait. Devant elle, un vaste pré vert dans lequel les bêtes paissaient le jour, avant d’être mises à l’abri au rez-de-prairie dans l'étable qui était devenue une vaste, rustique mais confortable pièce à vivre. Avec sur le tout le mur du fond une immense cheminée où l'on pouvait se tenir debout. Derrière elle, l’imposante barrière de la première rangée de sapins et puis, très vite le sombre et la profondeur de la forêt qui grimpait jusqu'au col.
Il y était arrivé en fin d’après midi. Il s’était dépêché d’allumer un feu. Il ne chaufferait pas les chambres du haut, il dormirait en bas, devant le feu, s’était-il dit. Très vite, la chaleur avait dissipé l’humidité de la maison que personne n’avait habitée depuis l’été dernier et comme l’automne avait été très pluvieux, les murs semblaient suinter. Il était monté là, avec Pax un bâtard sorti droit de la SPA mais qui ne savait pas aboyer et n’avait pas un énorme besoin d’affection. Du moment qu’un humain était dans le coin, ça lui suffisait. Il avait ouvert une boite pour Pax et lui avait rempli sa gamelle qu’il avait posée dans l’entrée. Pax y dormirait sur une couverture pour l’isoler du froid des dalles de pierres. Avant d’aller se chercher un truc à manger au congélateur, il s’était servi une rasade de ce qu’il avait trouvé dans le buffet. Un alcool comme un cran d’arrêt. Pour lancer la soirée.
Bien qu’il déteste, sans doute un reste de petite enfance, ces heures entre chien et loup, entre jour et nuit, ces heures où le soleil a abandonné les vivants et le noir ne les a pas encore dissimulés, ces instants où on ne sait pas si l’on peut se poser ou s’il est encore trop tôt, où l'on ne sait pas très bien quoi faire de soi ni des autres, il a passé une bonne heure le nez collé à la baie vitrée donnant sur le grand pré. Il a vu apparaître en plein ciel, vers l’Ouest, une demi-lune, ce qu’il a interprété comme un présage. Mais un présage de quoi, il ne l’a pas su vraiment. C’est un homme pas encore saoul mais en bonne voie, qui s’est nourri en cette fin de journée. Il a enfin pu repenser au matin où Lise lui avait demandé de se séparer quelque temps pour y voir plus clair, pour faire le point, parce que c’est un peu flou entre nous, parce que je ne sais plus si j’en ai encore envie, parce que je n’arrive plus à dire si je veux encore me battre, pour nous, pour nous ensemble… Voilà ce qu'il avait entendu ou à peu près. Il n’avait pas ajouté une phrase, ni même un mot, pourquoi faire ? Pour convaincre qui? De quoi? 
Quand on en est là, c'est que ça sent vraiment le roussi pensait-il au fond. Se taire c'était, aussi, n'en pas ajouter. Puisque je ne suis d'accord avec rien autant l'être avec tout... Quel crétin! 
Alors, il avait préparé son sac et s’était barré. Ils n’étaient pas encore séparés mais franchement ça commençait à ressembler à un truc dans ce genre.
C’est peu après son trop long monologue qu’il avait sonné chez Jean, son vieil ami de toujours. Son ami. Et Jean lui avait passé les clés d’ici, où il pourrait rester tant qu’il en aurait besoin.
Dans cette maison, à la lisière des bois.

Vincent se sentait à la lisière, de ce qui n’était pas encore, tout à fait un... lisier.
Mais, ça viendra, pensa-t-il froidement. 
Ça viendra.


Chiken cloud...

07 février 2013

Le mot.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. Le thème était un mot sur le frigo.


Enfin, voilà une journée qui commençait bien. 
Comme si les anges commençaient à revenir voler dans mon coin de ciel. Il faut dire que depuis plusieurs mois j’avais sacrément reçu… Les anges avaient émigré ou bien ils étaient restés sur le tarmac. Le ciel s’était vidé et moi avec. D’abord elle, elle avait fait son sac. Après trois jours de vie commune, elle avait décidé que j’étais invivable. D’un côté elle n’avait pas vraiment d’endurance, de l'autre, elle avait bien fait de ne pas attendre, de ne pas s'installer. Ainsi, je n’avais pas eu le temps de trop m’attacher et me connaissant comme je me connais, je sais bien que j’aurais été incapable de lui demander de partir. Bref, fin d’une histoire d’amour égale possibilité d’une à venir. Cependant, j’ai marqué un peu le coup, elle était si joyeuse, si légère et repassait si bien… Elle avait fichu le camp juste au moment où je me faisais virer du boulot d’imbécile que j’avais pris pour payer mon loyer. Une période noire, je vous dis. Mais là tout allait changer. D’abord, je n’avais pas été réveillé par un de ces cauchemars épouvantables qui d’ordinaire, me serraient la gorge et me laissaient défait, exsangue, en nage, avant même le début de la journée. Ce matin là j’avais été  remis au monde par la musique bienveillante et joyeuse, la danse des sauvages extraite des Indes Galantes de Rameau. Avec cette belle énergie, un rai de lumière m’avait pointé du doigt au travers des persiennes. Le soleil qui nous avait abandonné toutes ces dernières semaines semblait vouloir remontrer le bout de ses rayons dans le quartier. Je m’étais déplié, levé et j’étais descendu, sans douleurs articulaires excessives,  sans me prendre les pieds dans le coin, depuis six ans, relevé, du tapis. J’avais atterri devant la porte étincelante du réfrigérateur sur laquelle était collé un post-it jaune fluo. 
Tout, tout ce matin là, se passait merveilleusement bien.
Dessus, le post-it il était écrit :

Si tu veux qu’elle soit belle, commence donc ta journée par lire ce mot.





05 février 2013

La porte.


Ce que je n’ai pas compris, sur le coup, c’est que cette porte, là, je la claquais sur nous...
Enfin, nous… Il me faudrait quand même être un peu plus précis. Je devrais écrire que je fermais violemment la porte sur le peu qui, désormais, restait de nous. La meilleure image que je puisse trouver est que je faisais le noir sur une enclume devenue dé à coudre. C’est vous dire. Et le pire c’est qu’on avait rien vu venir. Ca c’était imposé à nous comme un bouton sur le nez. La veille il n’y est pas, ce matin on ne voit que lui, demain il aura mangé le visage.
Et pourtant, l’amour ou ce qui lui ressemble avait circulé entre nous. Ca, on peut pas dire le contraire, mais pas assez ou mal ou pas dans les bons tuyaux ou ni quand ni comme il aurait fallu. Pas comme cela aurait été nécessaire pour que ça dure en tous les cas. Et voilà qu’en faisant ce geste banal, sans même y prendre garde, sans convoquer les officiels, je mettais un terme à tout ce bazar qui, maintenant, nous faisait davantage souffrir qu’autre chose. On avait déjà essayé de s’arrêter, une fois. On avait cessé de se voir et de se parler pendant une ou deux années et puis on s’était retrouvé et tout était revenu. Comme avant. Pire qu’avant. Comme si on n’avait rien appris, comme si rester aveugle et muet durant deux très lentes années n’avait servi à rien… Qu’à nous permettre de souffrir encore davantage.
J’ai tourné la clé, le moteur de la bagnole a démarré, j’ai enclenché la première et je suis parti. J’ai bien fait exprès de ne pas la regarder dans le rétroviseur mais en vrai, je la voyais qui fermait le portail sans… me regarder partir. Un partout, pas de balle au centre. Plus de centre. C’était sa manière à elle de fermer le livre, de couper le lien, d’arrêter là… Et, depuis, nous voilà dans le lit du silence depuis trois longues années, bientôt quatre. Le silence ce n’est pas si mal, ça évite d’être blessé par les mots surtout que ce n’est pas parce qu’on la ferme, la porte, qu’il fait moins froid dehors...
Au fond, quand même dire, qu’après trois ans, tout ce silence commence à faire un méchant vacarme…


03 février 2013

Cent mille...

Pour accueillir la cent millième visite sur "C'est pour dire...", chacune d'elle étant, somme toute, soit une petite brindille, soit une branche, ou bien même une maîtresse branche, voire un tronc solide...
Cent mille visites c'est autant d'essences...
Cent mille arbres... Vous commencez à faire une jolie forêt, non?

Bienvenue aux cent mille visites suivantes.


02 février 2013

Salut, les amoureux.


Elle venait de me tourner le dos, définitivement. Je l’ai regardée s’éloigner un peu dans la froideur du soir. Elle, sa valise dans une main sa cage à chat dans l’autre et des larmes dans les yeux. Nous venions de mettre un terme à deux ans de vie commune et ça ne nous rendait pas particulièrement joyeux. Elle repartait en province, vers chez elle, par l’avion du soir. Elle n’avait pas souhaité que je l’accompagne jusqu’à l’embarquement, elle avait justifié:« Désormais, je ne le suis plus, ta compagne » avait elle soufflé dans un sourire attristé. Je ne me souviens plus si nous nous étions embrassés mais je n’ai pas le souvenir d’une de ses lèvres sur mes joues, comme si j’avais déjà tourné la page. J’ai regardé encore une fois sa silhouette s’avancer vers les lumières du Terminal F, F comme fin. Jamais un endroit n’avait été aussi bien choisi pour une séparation. On aurait souhaité le faire, elle aurait pris le train. Je la trouvais toujours magnifiquement belle de dos, du reste la première fois que je l’avais vue, c’était ainsi.
Nous étions dans la même queue d’un cinéma. Elle y était seule. Nous allions voir le même film mais nous ne le savions pas encore. Je me souviens, c’était un dimanche, la séance de onze heures au MK2 Grande Bibliothèque. C’est elle qui m’avait adressé la parole la première. Elle m’avait lancé : « Mais vous ne pouvez pas faire attention ? Vous m’avez fait mal ! » quand je lui avais marché sur le talon en avançant… Ça ne c'était pas bien engagé entre nous. Mon « je suis désolé » l’avait laissée de marbre. A l’intérieur, j’avais pensé gentiment : « Sois pas conne, aussi, Trompette, avance, quand la queue avance… » mais je n’avais rien dit. Puis nous nous étions installés côte à côte et son sourire en disant « Décidément, vous m’en voulez ! » lorsque je m’étais assis sur sa veste, avait dégelé notre rencontre. Nous avions passé le reste du dimanche devant des verres, à parler de nous comme nous allions biens, du monde comme il allait mal, de la vie de couple comme c’est impossible. Quinze jours après elle emménageait chez moi. Pour en arriver là où nous en étions. Maintenant, il nous fallait être adulte et voir la vérité en face. Le couple que nous avions formé avait épuisé tout son carburant, Il y a bien longtemps que nous avions basculé sur la réserve et nous étions secs. Nous ne nous entendions plus, nous n’y arrivions plus, nous expérimentions ainsi l’impossible. Mais nous trouvions quand même la force de nous amuser à constater combien il était injuste que tout ce qui peut nous séduire chez quelqu’un est exactement ce qu’on finit par lui reprocher quelques années plus tard… Quand elle a été happée par la porte automatique, j’ai attendu qu’elle ne se retourne pas pour monter dans ma voiture. Une marche arrière brusque et j’ai touché le pare-buffle du gros 4.4 noir brillant garé derrière. Un type énorme en est sorti, dans une colère de la même couleur que sa bagnole. Je suis sorti aussi. Je ne faisais pas le poids. Nous nous sommes engueulés un peu, juste pour la forme. Je lui ai demandé de garder son calme. « Je ne suis pas énervé, je ne suis pas énervé, c’est une colère saine ! » gueulait-il en s'approchant de moi. Encore un qui fait de la politique, j’ai pensé dans un sourire léger en lui tournant le dos. Il était à deux poings de m'en coller un et, à cet instant précis, j'avais besoin d'autre chose.
Alors, coupant court, refusant, par instinct de survie, le débat contradictoire, je suis remonté dans ma voiture. Et j’ai foncé dans la banlieue grise. Du  poste, la voix de Joe Dassin finissait de chanter « Salut les amoureux ».
J’ai éteint et j’ai regardé droit devant moi.
Les larmes qui coulaient de mes yeux me gênaient un peu pour conduire, heureusement que  ma bagnole connaissait bien la route...


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