29 août 2013

Envol...

                           Dans le nombre des jours que l'on vit, quand on a l'extrême chance de vivre un peu longtemps, certains ne l'ont pas, qui sont virés de cette terre, dans l'injustice la plus absolue, avant d'avoir vraiment pu vivre, dans cet immense décompte des jours traversés, donc, il y en a dont on ne se souvient pas du tout. On les a vécus, on y a fait certains actes, on y a parlé avec d'autres, on a, si ça se trouve, embrassé, aimé, détesté, on y a éprouvé des sentiments, on y a pleuré, mangé, dormi, travaillé, mais il ne nous en reste rien. Ils sont effacés, radiés, disparus corps et biens. Ils ont pourtant contribué à faire de nous ce que nous sommes mais il ne nous en reste aucune trace perceptible, visible, aucune cicatrice, aucun souvenir. Ces jours là sont, finalement, les plus nombreux. Et, au fond, ça fiche un peu le vertige quand on se dit qu'en immense partie, on n'a aucun souvenir de ce qu'on a vécu...
Et puis, il y a les jours qui marquent. Ceux qui restent inscrits à jamais et jusqu'au bout. Ceux dont, des années plus tard, on saura dire l'ambiance, la température, l'état du ciel, son humeur, ses sensations, les sentiments éprouvés et pas dans un vague flou, non, on pourra décrire le tout avec une précision extrême voire avec toutes les nuances possibles. On se souviendra du vent, de la lumière, des ombres, de ce qui a précédé, suivi, des mots employés, de qui était là, qui a fait quoi, qui a dit quoi et sur quels tons. On gardera en soi tout de ce jour précis. Tout sera gravé.
Ces jours là sont des trésors, une fois passés, on se les porte en soi comme un tatouage explosif qu'on serait seul à voir...

La plupart du temps ce sont des premières fois. Comme celle où, avec elle, tu  as senti que tu avais le droit de poser ta main un peu plus avant... Comme ce jour de la naissance de ton premier enfant, puis de celle du deuxième et ainsi de suite... en fonction du nombre... Si tu vis assez vieux, tu pourras te  souvenir de celle de ton premier petit enfant, puis du deuxième et ainsi de suite et parfois même, si tu es en acier trempé, jusqu'à celle de ton premier arrière petit...
Si tu as été champion olympique tu le gardes en toi... Pareil pour un pianiste de concert, le premier tu ne l'oublies pas, sans doute idem pour un peintre, le jour où il termine LE tableau qu'il voulait peindre... Je suppose que la première intervention pour un chirurgien doit lui laisser quelques traces... (Du moment que le patient ne s'en souvient pas, lui...)
Enfin, chacun a ses jours qui lui appartiennent. Ce peut être une présence à ton premier concert de ZZTop ou ton premier arrachage de dent de sagesse...
Ce peut être aussi des dernières. Je me souviens assez bien, par exemple du goût de ma dernière cigarette ou d'autres dernières fois...
Il n'y a aucune règle...
Mon amour de fils,  m'a permis d'en vivre un. Désormais, je lui en dois deux...
(le premier était un 7 Aout...) de ces jours qu'on garde en soi... Merci Gran... Merci aussi à Sylvain, le pilote si enthousiaste,  si rassurant et si partageur...

Le vingt six aout deux mille treize vers dix huit heures trente, je me suis retrouvé à mille trois cent mètres d'altitude au-dessus du lac d'Annecy suspendu à un rectangle de toile... Nous venons, Sylvain et moi, enfin surtout Sylvain, moi, j'ai juste suivi, de décoller du col de la Forclaz et, passée la légère appréhension ressentie juste avant de quitter le sol, je m'apprête à vivre quarante minutes extraordinaires...

Celles là, je me les garderai ancrées tout le temps qu'il me reste à vivre...





Le soir, pour fêter ça, nous sommes allés manger en bonne compagnie à l'Auberge du Pré Vérel... Si jamais vous passez par Annecy et sa région ne manquez pas cet endroit, sinon, vous commettriez une grave erreur. On y vient manger, mais en vrai, bien plus que ça... de Hong Kong à pied... (Surtout, ayez la bonne idée d'inviter un abstinent pour qu'il conduise au retour... Il peut arriver que le génépi coule à flots en fin de repas...)

Je ne vous dis que ça...

28 août 2013

Dachrioserum 6 CC.


Col de l'Aulp 1.


Arbre du Roc de Chère...


Col de l'Aulp 2.


Coucher vu du Belvédère de Marie à L'Hermitage. Talloires.


Le bout du lac, l'embouchure de l'Ire.


Col de l'Aulp 3.



23 août 2013

La vie, c'est on.



On nait, on vit, et puis on meurt...

On nait, on aime, on vit, on meurt,
On aime, on hait, on pleure, on meurt.
On va, on vient, on entre, on sort,
On n'pense à rien, on pense à tort,
On est, on vit, on croit qu’on mord.
On dit, on tait, on blesse à mort,
On mange, on boit, on trinque encore,
On veut, on prend, on laisse au port,
On erre, on gagne, on perd, on pleure.
On est, on rit, on pouffe, on meurt.
On mise, on triche, on se dit joueur,
On a, on veut, on paye, selon l'humeur,
On se pend ou on s'envoie des fleurs...

On nait, on vit, et puis on meurt...

On erre, on danse, on souffle court…
On a rien contre, on fait tout pour,
On dort, on rêve, on finit en sueur,
On file, on vole, on voit Honfleur.
On est, on souffre, on s’serre le cœur,
On veut, on peut, on est à l’heure,
On dort, on crée, on lit, on leurre,
On oublie tout, tout, sauf le malheur,
On ne craint rien, pas même la peur,
On panse à tout, on s’panse le corps,
On perd la boule, on perd le Nord,
Quand vient l'instant et la lueur :
On est vivant, et puis… on meurt.

On nait, on vit, et puis on meurt...




14 août 2013

Fragile.


 L’instant est si fragile, puisque qu'il n'est plus dès lors qu’il... est.
 Un semblant de paix est fragile, un bouquet de fleurs des champs l'été, aussi     l'est.


Fragile, la rage agile qui nous maintient en vie. L’écume blanche d’une  une vague avant la prochaine? Fragile. Un sourire esquissé sur un visage attristé, un bruissement dans les hauteurs d'un tremble, le vol saccadé d’une mésange apeurée, le rouge d’une gorge, le clin d’un œil, un éclat tranchant de lumière à la surface d’une rivière poissonneuse, un lien soluble comme un pari dans les solitudes d'une ville capitale, l'arrogance du mitron apprenti pétri de mépris pour le pain pas pris, les sauts bruns d’un écureuil dans le vert du tilleul, l'espérance de vie d'un poil sous le passage d'un rasoir trois lames, le contre ut d'une soprane grecque dans un opéra vénitien, le dôme d’une dune devant des envies de vue, le colosse beau molosse de cent vingt kilos,  pilier de combat, puis de bar, qui, rincé par l'annonce d'un départ et quelques litres d'alcool a assasiné sans sourciller une des femmes de sa vie,  la beauté d’une clairière face à la cupidité de bâtisseurs de rien, les heures roses arrosant des horizons irisés, le visage lisse d'une vénus tapageuse de vingt ans,  le clair annonçant un jour de moins à vivre, une gorgée d’un  vieux vin devenu vent, la voix rauque et cadencée d’un humain taureau de Toulouse,  le jaune brûlé d’une feuille avant qu’elle ne tombe dans la lumière soyeuse d’une après midi d’automne, le léger d'une utopie rêveuse sous le poids du réel d'enclume, la permanence du fauve devant le rouge énervant d'une véronique meurtrière,  un souvenir inutile à une mémoire embarrassée, la sieste d'un chat sous le vert d'un charme, le blanc d’une banquise sous les bras de prédateurs armés de gourdins, le destin d’un De Staël à l’appui d’une fenêtre grande ouverte, l’émotion revécue à l’apparition d’un souvenir vivace, une rage d’ado sous la fraise de l’age, le son électrique d’une guitare saturée dans le silence religieux d’un music hall, la force d’un ours troué par la balle d’un chasseur, le rond d’une paire de cerises à une oreille accroché, la majesté d’un chêne abattu par le tranchant d'une chaîne mécanique, le dos gracieux d’un dauphin dansant près d’une dense coque d’acier, la musique d’une langue qu’on ne parle plus, la flamme vacillante d’une bougie bleue sur le noir du chocolat, une goutte d'eau près d'un thermomètre  approchant le zéro, un abdomen  d'araignée sous une pointure quarante cinq, le rouge de trois trémières avant qu’elles ne fanent, une heure et sa brassée de minutes, le mensonge trop grand pour la langue qui le colporte, une minute et sa poignée de secondes, une seconde et sa pincée de centièmes, le filet de vie du corps d’une Marie malade au départ de son éternel voyage, le vol ondulé d’un banc de passereaux dans un ciel fugitif, la merveille d’un paysage sous des désirs partagés d’aller plus vite, le doux sucré d’un fruit par une bouche croqué, les ailes d'une mouche sous une tapette bien maniée, le passage tendre d’une main sur un avant-bras dénudé, un « je t’aimerai toujours» murmuré à l'oreille pressée de l’entendre, l’équilibre d’un océan sous des envies de lotte, les mesures d’une mélodie attrapées au fond d’une ruelle, une tâche de myrtille sous un filet de citron, le souffle léger d’un baiser sur la veine battante d’un cou en attente, les pleurs d’un enfant perdu dans un square désert, cinq colonnes à la une, une truffe au chocolat oubliée sur un radiateur, une bûche blottie dans le feu ronflant de la cheminée allumée, la puissance d’une baleine sous d’industriels filets, la course d’un vol de nuages dans un ciel balayé par le souffle du mistral d'en haut, deux boules de sorbet mangue dans une après-midi torride, le plaisir évanoui à peine ressenti, la gloire factice d'un soir d'élection, les pages d’un livre que personne ne lit, les dix neuf mille trois cent quarante trois jours déjà passés sur cette terre avec le sentiment étreignant que l'écoulement du temps s’accélère jusqu'au vertige, nos certitudes, une note sur le fragile sans jamais écrire le mot éphémère... raté... une conscience pointilleuse, impérative, rigide, une phrase souriante de boulangère, notre morale, notre humanité, une parole envolée, le monde, le bleu de la planète où tous nous sommes, l’avenir, le passé ...
Fragiles.
Tout, tous  si tellement fragiles, et si tenaces à la fois... Exactement comme la vie... 






Relâche en éventails...





10 août 2013

La poêlée du grossier.


Ici, finie la finesse, tout y est grossier ! Sauf le goût… Vous voilà prévenus !
Et comme c’est grossier, c’est rapide… Si lenteur et finesse jouent bien ensemble, l'inverse aussi...
Pour deux personnes ou un gros appétit :
Attrapez deux pommes de terre, en cette saison avec la chaleur elles courent un peu moins vite… Faites les cuire dans de l’eau bouillante salée avec une ou deux jeunes feuilles de laurier sauce.
Quand elles sont cuites mais pas trop, abrégez leurs souffrances, sortez les de l’eau, et pelez-les… Pas P-O-M-M… non, enlevez la peau et coupez les vite fait en belles rondelles.
Prenez deux champignons à farcir, des blancs… Bien ronds, bien dodus. Lavez-les et coupez-les grossièrement en cinq ou six coups de couteaux… Tchac tchac tchac n’y mettez aucune délicatesse, à part, pour vos doigts...
Prenez une belle tranche de lard fumée, coupez là en plusieurs jolis morceaux un peu gros. Pour du lard, être gros n’est pas si difficile…
Si vous n’avez pas de lard, des morceaux de jambon cru taillés à la va vite dans un talon feront l’affaire mais, alors il faudra moins saler…
Prenez un peu d’huile d’olive versez la dans une belle poêle, faites les chauffer (L’huile ET la poêle).
Quand elles le sont, versez-y les lardons, les champignons et remuez avec une spatule en bois, une vieille avec le bout noirci, une qui a servi, c’est bien…
Mettez—y les rondelles de pommes de terre.
Quand ça commence à bien roussir, votre œil dirige l’affaire, vous attrapez deux œufs (des bios de poules qui vivent aussi dehors, pas des œufs de batterie qu’on devrait interdire pour barbarie…) et vous les cassez au-dessus de la poêle tout en continuant à bien remuer le tout avec la spatule. Si vous avez un flacon de ketchup dans le réfrigérateur vous pouvez en verser un peu dans l’assiette pour le goût sucré. Une goutte ou deux de Tabasco sont jouables si vous aimez quand ça pique un peu… Personnellement j'aime ça. (Plus vous laissez cuire plus l’œuf sera sec… A vous de voir… Je le préfère, pardon de la vague grossièreté, un peu baveux...).
Vous salez, poivrez et vous versez le tout dans une assiette creuse… (Ne cherchez pas trop pourquoi ce serait trop long à expliquer...).
Vous ajoutez des copeaux de parmesan un peu épais… grossollani, quoi.
Ensuite, juste avant de servir, vous coupez aux ciseaux des bouts de fines herbes au-dessus de ce qu’il y a dans l’assiette. (Et oui, il n’y aura que ça de "fin" dans cette recette à part la votre de faim… Impayable!).
Accompagnez la d'une petite salade croquante un peu sucrée saucée d'une vinaigrette à l'orange...

Un verre de rouge (un brouilly par exemple ou un coteau du Ventoux de Bérane ou un domaine de Fondrèche, tiens) une tranche de pain au levain pour nettoyer l’assiette et une serviette propre en tissu pour s’essuyer les babines…



PS: Si vous avec du temps et que vous êtes adepte de la finesse remplacez les deux gros champignons par des truffes, coupez tout plus fin et les oeufs préparez les brouillés c'est à dire au bain marie... Ce doit être bon, aussi...

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