20 décembre 2022

Une mâchoire.

 J’ai une dent contre toi. Une dent? Une seule dent ? 

Une paire de mâchoires, oui.

Qu’est ce qui te prend à nous enlever les plus droits, les plus intègres, les  plus attentionnés, les amis sûrs, ceux dont on se dit celui-là c’est un bon homme, c’est un exemple à suivre. Celui-là, j’aimerais lui ressembler ? Celui-là, sa vie m’importe. 

Pourquoi nous l’enlèves tu ? Qu’est ce qui te prends à ne pas vouloir le laisser  parmi nous? Tu  nous punis de quoi ? Tu le punis de quoi ? D’être trop bon, bienveillant, attentif aux autres, à nous, à ceux qu’il aime ?

Que t’ont fait ceux que tu nous les enlèves ? Est ce que ça t’aurait arraché quelque chose si tu  les avais laissés, encore un peu, quelques années que nous puissions profiter de leurs qualités, de leur douceur, de leurs attentions, qu’ils nous grandissent encore. Pour que nous puissions rire ensemble, parler, boire des canons, nous regarder avec bienveillance, tendresse et admiration. Surtout notre regard vers vous. Nous les enlever alors qu’ils nous tiraient vers le haut, alors qu’ils nous rendaient meilleurs, par leur simple présence, leurs seule existence, sans en faire des kilotonnes, juste en étant eux mêmes avec leurs sourires lumineux, leurs mots doux et leurs âmes claires.

Tu n’as pas suffisamment de salopards à t’occuper ? Il semble quand même qu’ils soient légions, qu’il en reste un paquet. Je peux te faire une liste si tu veux et crois moi elle sera bien longue, tu auras l'embarras du choix. Mais eux, ceux que tu nous prends ?

Ceux que tu nous as pris, ceux que tu as choisis, que tu as désignés, que tu as condamnés. Eux, pourquoi eux ?

Il y a quelques années déjà tu nous avais fait ce sale coup et là, tu recommences. Qu’est ce que c’est que cet acharnement? D’où te vient-il ? Implacablement stupide. Ce besoin de faire tout ce mal, de faire naître tout ce chagrin

Du reste : Qu’est ce que c’est que ce besoin de meurtrir, de blesser, de peiner,  de plonger  ceux qui restent dans une peine si douloureuse ?

Aujourd’hui j’ai une dent contre toi. Une dent ? Une grosse paire de vilaines mâchoires, plutôt.

Mes premières pensées vont vers les plus proches de ceux que tu as enlevés. Je ne peux pas, je n'y arrive pas, je n’ose même pas imaginer leur douleur, leur si grande douleur de les avoir perdus. La première, la seule et la dernière peine  qu’ils leur auront faite de toutes leurs vies.

Il en faudra du temps pour admettre qu’on ne vous verra plus, il en faudra des années pour penser que les absents vont désormais exister sous d’autres formes que celles sous laquelle nous  les avons  connus et qui seront, entre autres, les souvenirs émus que nous aurons d’eux. Ils vont continuer de vivre en nous à travers nous. Ce que nous ferons, nous le ferons en leurs noms, pour eux en pensant à eux. Alors ils seront encore là, parmis nous.

Je leur souhaite que ce temps vienne vite et que leur immense peine soit un peu adoucie par la mémoire radieuse de qui ILS étaient. Je les embrasse pour, si possible, que leurs cœurs soient un peu moins fracassés par le chagrin et que vienne vite le temps du souvenir ému de leurs sourires si doux.

Ce matin après avoir appris la nouvelle je ne savais qu’une chose avec certitude c’est qu’on en était encore très loin…

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