30 août 2016

Le tian du chri.

Il te reste bien une aubergine qui se languit dans le bac du bas du réfrigérateur?
Tu as bien deux courgettes qui s'escagassent dans celui du milieu, un bout de parmesan à râper? Moi, je l'aime bien râpé grossièrement, en copeaux... Un couteau qui coupe? Deux oignons rouges? Du sel du poivre, un four, un plat qui y va, une poêle, encore une poêle, de l'huile d'olives, des feuilles de basilic frais, une ou deux branches d'origan, du jardin, une ou deux  de thym et une ou deux gousses d'ail? Tu as bien tout ça facilement sous les mains?
Une cuisine?

Hé bien voilà tout ce qu'il te faut pour réussir un beau tian de légumes.
Prends le couteau par le manche, coupe des tranches fines de courgettes, d'aubergines et d'oignons et envoie les dans les poêles les unes après les autres. Moi, je prends le wok pour les aubergines. Il y a plus de place. Puis, fais revenir. Mais pas trop.
Pendant ce temps, ne perds pas le tien, préchauffe le four à deux cent. Degrés.
Quand ça rissole gentiment,  émonde les tomates et, avec elles, dans une autre poêle, prépare une sauce tomate avec l'origan, le thym, le sel et le poivre. Sois généreux. Quand elle sera belle, tu l'étaleras dans le fond du plat que tu vas enfourner.
Tes courgettes, aubergines et oignons ont fini de rissoler? Pose les aubergines sur du papier buvard (sopalin) que l'huile les quitte un peu...
Au dessus de la sauce tomate du plat à gratin dresse en alternant les rondelles de courgette, aubergines et oignons. Toutes les trois rondelles tu glisses entre deux une lamelle d'ail ou une demi-feuille de basilic frais du jardin.
Une fois que tu as tout mis, sale, poivre et enfourne le tout quinze à vingt minutes à deux cent degrés.
Tu peux attendre une dizaine de minutes avant de recouvrir du parmesan qu'il ne soit pas trop grillé...

Tu as une de ces chances! 
Si par miracle, il en reste, tu pourras en resservir le lendemain c'est presque meilleur froid que chaud.
Ouvre avec, une bouteille de Saint Véran blanc  plutôt frais...

PS Ah si on te demande: Mais Tian ça vient d'où?  Tu peux dire que la racine est sans doute peu éloignée de celle de tajine qui désigne aussi le plat dans lequel on fait cuire le met... Et voilà, tu peux briller, en plus.





25 août 2016

C'est sur la terre.

C'est sur la terre. 
C'est en Europe, dans le pays qu'on appelle France, plutôt le Sud du pays, le Sud Est. C'est une région de plaines au pied d'un mont Ventoux très souvent parcouru par un vent connu comme un loup blanc.
C'est sur une route départementale, entre deux gros villages ou deux petites villes comme nous en avons beaucoup ici. 
Cette route, la départementale 938 est plutôt large, du moins à cet endroit. 
C'est dans une longue courbe à gauche, peu prononcée avec une belle visibilité. Il y a là un carrefour, pas un rond point mais le croisement d'un chemin, celui des Plantiers avec la courbe de la route. 
Sur la gauche quand on vient de L'isle, il y a une rangée d'arbres, des résineux aux troncs assez gros. Ces arbres y sont plantés, eux, depuis longtemps, ils doivent en avoir vu des voitures, des camions, des motocyclettes ou des vélos prendre la courbe à plus ou moins vive allure. On passe là chaque semaine, plusieurs fois même, on ne s'arrête jamais et puis un jour, allez savoir pourquoi, on ralentit, on se range sur le bas côté et on descend de son engin. On s'approche des grands arbres.

Sur l'un d'eux, celui du plein milieu, l'écorce n'y est  plus, elle a été comme arrachée sur un bon mètre de haut.
Sur le tronc, désormais à nu, quelqu'un a cloué une petite plaque de marbre gravée.
Sur la plaque en lettre et chiffres d'or, trois prénoms suivis de trois âges...

Brice 23 ans, Kévin 17 ans, Jason 17 ans. Trois garçons, trois adolescences, trois vies.

C'est sur la terre mais tragiquement, eux n'y sont plus.



12 août 2016

Un karma de moule.

En ce moment, j'ai le karma d'une moule marinière. Une fois dans le faitout, très peu s'en sortent vivantes... Pour la première fois depuis une semaine, je me suis poussé à sortir de chez moi et laisser la maison un peu seule. J'ai décidé d'aller au ciné pour être enfermé quelque part, ne pas être tenté de faire vite demi-tour et d'y rentrer dare dare.
Mal m'en a pris. 
Quand on a un karma de moule, on ne s'approche pas des cocottes. 
J'aurais dû écouter ce proverbe. 
En moto, sur le chemin d'Avignon j'allais voir, donc, L'économie du couple qui est sorti l'avant veille, (j'aurais pu m'abstenir, puisque ce que j'ai vu sur l'écran, je l'ai vécu il y a bien longtemps et donc ça m'a rappelé des souvenirs disons très désagréables)... Passons.
Dans la grande ligne droite entre les Valayans et Saint Sat, j'ai été confronté à pleine vitesse à un frelon, ou une guêpe enfin un truc qui vole, assez gros  pour te faire un mal de chien au moment du choc et qui doit piquer sa mère.
Je ne me suis pas arrêté mais j'ai bien senti que ça avait frappé fort, ça m'a fait un mal de chien.  Et, dans le noir de la salle, pendant les temps morts du film j'entendais comme un ballon qui se gonfle...
Bilan, l'impression d'avoir une chipolata en travers de la bouche et la lèvre supérieure de Donatella Versace.
Mauvais Karma quand tu nous tiens...
Maintenant, j'attends la décrue en me nourrissant avec une paille...

Et je ne tente plus le mauvais sort, je reste tranquille, en vrai, je me cache...

11 août 2016

Du chaos dans mon cabas.

En vrac, 

je t'en veux parce que tu es entré chez moi sans que je t'invite.  Je dis t' parce que je pense que tu étais seul à l'intérieur, mais celui ou celle qui attendait dehors c'est pareil.

Je t'en veux parce que tu es allé dans toutes les pièces, que tu as ouvert tous les tiroirs, forcé toutes les boites,  je te rappelle que je ne t'avais même pas proposé d'entrer.
Je t'en veux parce qu'une fois entré, sans que je t'invite, tu as fouillé dans tout ce qui peut se fouiller et que tu as retourné et vidé  tout ce qui peut se vider et se retourner. Je t'en veux parce que tu as cassé ma porte d'entrée et tu as  rendu, à moi-même, ma maison hostile. Je t'en veux parce que depuis trois jours ta présence farfouilleuse ne s'est pas encore dissoute et que je me demande à chaque instant si je ne vais pas me trouver nez à nez avec un type dans ton genre en sortant d'une pièce.
Je t'en veux parce que j'ai l'impression que tu as attendu que je m'absente pour faire ta sale besogne, que tu me surveillais du coin de l'oeil...
Je t'en veux de ces nuits sans sommeil au beau milieu de l'été.
Je t'en veux de ma colère et de mon abattement.
Je t'en veux parce qu'en ayant fait ce que tu as fait,  tu m'entraines vers la suspicion, la crainte, l'envie de protection, le repli, la défense, légitime, le désir de bonne leçon à distribuer, que sais-je encore, mais tu vois ce que je veux dire tous ces sentiments auxquels la grande blonde  et ses amis font appel, ces sentiments réflexes qui ne vont pas plus loin que le bout de leurs cerveaux... J'ai entendu quelqu'un me dire qu'il faudrait couper la main des voleurs. Couper une main, pour un vol? Tu te rends compte? De ce que tu suscites?
Je t'en veux parce que tu m'as pris un objet auquel je tenais, que je gardais auprès de moi depuis très longtemps, dont je me servais souvent et qui m'avait été offert. Cet objet est évidemment bien plus qu'un objet, il est une histoire et cette histoire est désormais dans une de tes poches, je t'en veux de ça. Elle n'a rien à y faire. Parce qu'elle n'est pas la tienne. On en revient toujours à ça. 
Je t'en veux parce que, bien entendu, tu te fous complètement de tout ça, c'est des conneries, j'aurais pu prendre plein d'autres trucs, j'aurais pu casser, ne trouvant aucun objet de valeur, estime-toi heureux, je n'ai pas touché à ton ordi, à tes photos, à tes souvenirs, à tes livres, à tes cd, alors s'il te plait ne fais pas chier le monde avec ton petit vol si minable, si  banal de fin d'après midi de mois d'Aout. Il va y en avoir combien dans le pays?
Je t'en veux parce que je trouvais que cambriolage est un joli mot.
Je t'en veux de ton manque de respect des règles, des lois, de l'autre.
Ce qui est à l'autre n'est pas à moi. Si je le veux, si ça me plait, je dois demander. Je ne peux pas prendre comme ça ce dont j'ai envie. C'est la base, le minimum syndical pour éviter qu'on se tape dessus, pour qu'on puisse partager le même espace, la même salle d'attente, le même comptoir. Je tiens compte de l'existence de l'autre, je ne lui prends pas des trucs dans son dos quand il s'absente.
Je t'en veux parce que la lenteur des gendarmes, la lourdeur des assurances, le prix de la franchise... Tout juste s'ils ne te soupçonnent pas toi...
Alors bien sûr, ce n'est pas la Syrie, mais je t'en veux aussi de ça: être plongé dans ce sale bain alors que rien ne m'est arrivé physiquement.
Je t'en veux. Et oui, dans un vol on y laisse des plumes...
Une question me taraude: Que vas-tu bien pouvoir faire avec mon vieux bermuda, acheté en solde que tu as embarqué dans le lot? Le porter? Le revendre? L'offrir?
J'aimerais pas être un de tes amis.




Envol d'un pique-boeuf...


07 août 2016

Courir, finalement, c'est mauvais pour les endorphines.

Je savais bien que c'était mauvais, que je n'aurais pas dû y aller, que j'aurais dû rester tranquille dans le jardin à l'ombre douce de l'arbousier joli avec le bouquin en cours...
He bien, il a fallu que j'y aille! Plus fort que moi. Un jogging vers dix sept heures quand le soleil s'est décidé à baisser son thermostat. J'ai fait mon tour habituel, la boucle de huit kilomètres.
Quand je suis rentré j'ai bien vu que la porte avait un air bizarre... Tu parles, elle était comme une jambe de gymnaste: fracturée.
Je suis entré et eux aussi. Enfin je dis eux, je ne sais pas, peut-être était-il seul.
Il ou ils m'ont foutu un de ces bazars dans la baraque! Je ne sais pas ce que vous ont appris vos mères mais, à mon avis, une maison on ne la range pas comme ça, c'est n'importe quoi. Tout ce qui se retourne l'était, tout ce qui se répand par terre était bien par terre, tout ce qui se vide était vide. Dans les trois chambres, dans le bureau, dans le séjour. Mon portefeuille, je ne cours pas avec, était jeté, éventré, ils n'ont pris que cent euros que je venais de tirer à la banque, ils n'ont touché ni aux cartes ni aux papiers. Ça de moins à faire administrativement. Visiblement peu mélomanes, ils n'ont emporté aucun cd, peu lecteurs, ils ont dédaigné les livres. Pas amateurs d'art,  la petite statue Slippa que j'adore est restée sur la cheminée. Pas amateurs de photos,  il y avait au moins quatre appareils accessibles, ils n'en ont pas voulu. Ils n'ont embarqué aucune photo encadrée, exposées dans le salon. Pas plus que les deux de Laurence Chellalli ni celles de Véronique.  Désolées, mesdames s'ils ont mauvais goût à ce point, ce n'est pas ma faute...  Ils m'ont laissé les deux petites toiles au couteau que j'ai acquises à L'isle... Ils n'ont donc pas manifesté un immense penchant pour les arts plastiques... Et comme je n'en avais pas, ils n'ont pris aucun bijoux, aucune montre, aucun lingot. En revanhe, ils ont barbotté mon vieux bermuda short Jack & Jones, le vert pâle, à revers bleu ciel, acheté en solde. Tout ce bazar pour cent euros, un styloplume, heu, pardon Mr Montblanc, un instrument d'écriture, un  cadeau que je gardais précieusement depuis une trentaine d'année et un vieux short tanné... 

Et de là-haut, du bureau ils n'ont embarqué qu'un stylo Meistertruck Montblanc à plume d'or, un très ancien cadeau auquel je tenais beaucoup. Pour faire bonne mesure, ils n'ont pas oublié de prendre  une réserve d'encre Montblanc Red Burgondy de 60ml...
De là à dire qu'on à affaire à des gars qui écrivent, ou qui vont le faire ou qui ont cette fibre, il y a un pas que je ne... franchirais pas.
J'ai appelé les gendarmes, elles sont arrivées, elles étaient deux une débutante et une chef. Elles ont relevé des empreintes comme dans les experts Courthézon. Pour ça, elles ont utilisé une sorte de poudre noire, elles en ont collé partout au pinceau que c'en est une vraie saleté. Impossible de s'en défaire. Plus vous la frottez, plus vous l'étalez. Après avoir tout rangé, j'ai du noir partout, comme une sorte de suie, légère et tenace... Je ne parle pas des tapis et moquettes... Ça reste sur les doigts, on ne s'en débarrasse pas, on l'étale... Et là, je commence à ne plus pouvoir voir les lettres du clavier qui se noircit au fur et à mesure que j'écr...
J'espère qu'elles vont matcher les empreintes. (Oui, je me suis fait du vocabulaire... On matche une empreinte comme on marque un goal).
Alors le bilan: Pendant votre absence, on vous viole, on fouille partout, on met un bazar incroyable, on vous pique des trucs, auxquels vous tenez mais dont vous ne pouvez justifier la possession donc vous ne serez remboursé de rien et vous devrez payer la franchise, passer deux heures à la gendarmerie et vus avez de la saloperie de poudre noire partout chez vous. Je ne parle pas des nuits suivantes à beaucoup moins bien dormir parce que vous vous demandez s'ils ne vont pas revenir finir leur sale boulot...


Aussi, si vous me lisez, ne joggez pas, restez chez vous, au frais et si, dans les jours qui viennent, on essaie de vous vendre un Montblanc Meistertruck 149 doré  demandez donc le certificat de vente, vous leur ferez une vilaine surprise...
Red Burgondy c'était  une jolie couleur... Genre vin rouge...
Moi, ce soir, là dans la maison vide à la porte dégnapée, je sens encore leurs présences qui rôdent...
Salopards.
Courrez! Courrez! Vous aller secréter des endorphines qu'ils disent. 
Endorphines, mes genoux.







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