25 mars 2020

Les premières

Les deux premières qu’on a aperçues c’est en pleine ville, dans un de ces nombreux squares de quartier que comptait la capitale qu’elles sont apparues. C’est un cantonnier, enfin on ne disait plus cantonnier, (on disait maintenant A.M.E.S : agent de maintenance d’extérieures surfaces) qui les a débusquées. Il ne les avait jamais remarquées jusque là mais comme elles étaient un peu cachées par les deux grands tilleuls de l’entrée Nord. Il les a trouvées tellement étonnantes, tellement belles qu’il les a coupées, ramenées chez lui et offertes à son épouse. Il n’aurait pas dû.
Comme il ne connaissait pas cette variété, à dire vrai il n’en avait jamais vu de pareille, après les avoir mises dans un vase, posé sur la commode de la salle à manger du petit deux pièces où ils vivaient, ils ont longtemps cherché sur le net s’il les trouvait ou au moins une de leurs sœurs, voire une de leurs cousines. Rien, ils n’ont pas réussi ni à mettre un nom dessus, ni à identifier le groupe auquel les rattacher. Elles n’étaient pas répertoriées ? Une variété nouvelle ? Impossible, s’était-il dit. Et pourtant, il en connaissait un rayon c’était même sa passion, il avait suivi et terminé des études assez poussées dans le domaine. Il était même devenu dans le petit milieu des spécialistes une voix qui compte mais le chômage étranglant, il avait fini par passer un petit concours de la fonction publique pour encore travailler dans la branche. Malgré une concurrence féroce, les bacs plus six jouaient où ils pouvaient pour pouvoir gagner leurs vies. Il avait été reçu brillamment dans les deux ou trois premiers et ainsi il avait pu choisir son secteur d’intervention. C’est pour cette raison qu’il avait atterri dans ce square précisément. Près de la Fac de sciences où il ne désespérait pas encore de reprendre ses études.
C’est le lendemain que ça a commencé à aller moins bien.
Avant de s’endormir frustré de n’avoir pas pu identifier ses deux fleurs du square dans leur vase, il avait eu l’idée d’appeler un vieil ami qui, lui avait passé le concours pour être A.M.I.S (Agent de Maintenance d’Intérieures Surfaces). Ce qui signifiait qu’il travaillait dans les bureaux. Il en avait fait plusieurs images qu’il lui avait envoyées par mail et après quelques heures d’attente, la réponse était tombée : Désolé mais connais pas. Variété inconnue d’ici. On continue de chercher mais on n’a jamais vu ces fleurs là. Elles n’ont jamais été vues. Il avait découvert une fleur inconnue.
Il n’aurait pas dû, ce qu’il ne savait pas c’est qu’il n’était pas le seul à en avoir coupé. À quelques jours d’intervalles, on en avait retrouvé dans à peu près tous les squares de la ville, pire, dans tous les parcs des villes aux mêmes conditions climatiques. Au début en avaient été fait un peu partout de jolis bouquets…
Les deux premiers morts dans leur appartement deux jours après. Leur famille s’en est rendue compte parce qu’ils ne répondaient plus à leurs appels. On a mis longtemps à comprendre ce qui était arrivé. On les avait trouvé allongés  sur leur lit. Il n’y avait aucune trace de violence nulle part ni dans la chambre ni sur leurs corps. Pourtant, le légiste a conclu étouffement. Leurs poumons s’étaient comme effondrés sur eux mêmes. Tous s’étaient souvenus avec horreur de cette pandémie terrible qu’ils avaient traversée voilà cinq ans et qui avait fauché par milliers dans le monde entier, dézinguant à tout va surtout parmi les vieux et le personnel soignant. Ils n’en menaient pas large. Voilà que ça recommence se disait-ils. Ça va être le tour de qui maintenant? 
Seulement, cette fois ce n’était pas un virus vraisemblablement véhiculé par une chauve souris qui l’aurait hérité elle même d’un pangolin mal cuit, mais la cause en était ces satanées fleurs inconnues et on avait vite compris leur manière d’agir. Dans une pièce fermée, elles en absorbaient tout l’oxygène et se fanaient en répandant dans l’air de particules toxiques extrêmement légères qui s’insinuaient par les gaines d’aération dans tous les étages supérieurs des immeubles où elles avaient été mises en vase. Puis elles se répandaient en ville et retombaient vers le sol où elles finissaient par mourir, elles aussi. Après avoir été obligé de se méfier des animaux, il faudrait désormais surveiller les fleurs et sans doute les plantes, voire les arbres. Certains commençaient à répandre des théories fumeuses qui laissaient à penser à une vengeance de la nature. Une sorte de grand darwinisme général qui éliminerait les plus faibles. Une sorte de rêve absolu de patron libéral. Et comme la première fois, à croire qu'on n'avait rien appris, rien retenu des épisodes précédents que tout était reparti comme avant, pendant que les vieux mouraient encore seuls par centaines dans les EPAHD, les fans de Cochise eux dansaient dans les caves en tapant sur leurs tambours, les Grands Adorateurs de Marie s'agenouillaient dans les hyper aux rayons brocolis, les dingues de Pluton s'aspergeaient de tisane au gingembre avant de sortir...
Ce qui était acquis c’est que c’est bien la connerie qui était la plus partagée et la plus contagieuse. 
Comme s’il ne suffisait pas que les gens tombent comme des mouches.
Ah oui, on guettait également avec une crainte fébrile l'apparition des premières mouches.

19 mars 2020

Rouleaux de printemps

Alors, nous était venu cet affreux printemps…
Ça avait commencé bien loin d’ici et comme nous étions nous, au début ça nous avait plutôt amusé. Pour tout dire, on s’était bien moqué. Une grande puissance économique assez agressive mise genou à terre par un truc pas même visible à l’œil nu, c’est qu’ici on aimait bien les histoires du petit qui met une volée au gros, de David et Goliath. Et puis on disait aussi avec toutes les merdes qu’ils nous envoient par cargos entiers cette fois ils prennent une bonne droite dans leurs usines, ça va les calmer un peu. Et puis au fil de semaines, au fur et à mesure que le truc s’approchait de nous nos sarcasmes baissaient. On rigolait de moins en moins. Quand ça a frappé à notre porte, chez nos voisins là on a fait la grimace. Il était trop tard c’était sur notre palier.
Un sinistre jour, il a fallu nous enfermer chez nous pendant que d’autres en premières lignes se battaient comme des beaux diables pour tenter de lutter contre la contagion et pour nous débarrasser de cette saloperie.
Comme nous étions nous, nous avons eu un peu de mal à comprendre: C’est pas un virus qui va m’empêcher de boire une bière avec mes potes, on est en quart on est en quart etc. On faisait les malins, on en riait, on relevait le menton comme de vrais beaux cons que nous étions. 
Au début, ça ne s’est pas passé tout à fait bien. Nous avons donné le moins bon de ce que nous sommes, nous avons montré ce que la crainte peut provoquer chez nous et ce fut, comme toujours le contraire de ce qu’il convient de faire: Il y eut de l’égoïsme, du chacun pour soi, de l’imbécile, du crétin fini, nous avons vu des bagarres dans les supermarchés à propos de denrées alimentaires,  on s’y est battu  pour des denrées qui ne manquaient pas, on s’y est arraché des mains des choses qui étaient à profusion. Au lieu de rester chez eux cloitrés,  nous avions vu ceux qui avaient la chance d’avoir une baraque ailleurs s’y précipiter et ainsi prendre le risque d’étendre la propagation du virus. Pendant que certains luttaient pieds à pieds avec la saleté d’autres se prenaient de petites vacances…
Puis, on s’est mis à avoir peur, vraiment peur et le pire poison que ce virus nous avait injecté ce fut la méfiance des autres. La méfiance et la suspicion. Partout est venu le temps du soupçon. Chacun soupçonnait tout le monde et partout. Chacun avait l’œil en coin, les mains dans les gants sur les freins. Les masques sur les visages. L’autre était devenu une menace. Finies les accolades, finies les poignées de mains franches et solides, finis les baisers dans les cous, finies les caresses bienveillantes, les mains sur épaules, les tendresses dans les dos, finies les paumes posées sur les genoux voisins dans les cinémas, du reste fini le cinéma, le théâtre, les concerts toutes ces choses que l’on faisait ensemble. Nous étions redevenus de petits animaux craintifs, apeurés, sur leurs gardes. Ce que quelques années plutôt une bande de fous furieux armés jusqu’aux dents n’avait pas réussi en tirant sur des amis qui dessinaient, une particule truc microscopique était en train de le faire. Nous nous terrions.
Comme des taupes. Les terrasses pour lesquelles nous nous étions levés s’étaient désormais vidées avec l’interdiction de mettre notre petit museau dehors. Nous nous étions souvent demandé mais quel monde va-t-on leur laisser. Maintenant nous commencions à en avoir une petite idée et le moins qu'on puisse dire c'est que ça n'était pas brillant brillant... Comme à chaque fois en temps de crise grave le misérable et le sublime s'étaient cotoyés. On avait été capable du pire et du meilleur. Le laid et le beau s'étaient livrés une belle bataille.
Ce qui était certain c'est qu'un virus riquiqui était en train de nous donner une sacrée foutue leçon. Nous avions du temps devant nous pour nous poser des questions auxquelles nous aurions des réponses vraies à donner : Où étaient ils maintenant les premiers de cordée jadis vénérés ?  À qui servait-il maintenant tout cet argent versé dans les start-ups aux dépens des lieux de soins? Dans quel monde avions nous accepté de vivre ? De tout cela nous aurons à reparler quand nous pourrons sortir à nouveau. Il faudra que les choses changent. Vraiment. Et surtout, il faudra bien que ceux qui nous auront sauvés soient enfin reconnus à leur JUSTE mérite. Nous devrons veiller à redistribuer les valeurs. Nous nous étions perdus nous devrons nous retrouver.
Cependant, dans toute cette tragédie qui avait fait pas mal de casse dans tous les domaines, il y avait une chose qui avait étonné. Aucun chercheur, aucun sociologue n'avait d'abord  été en mesure d’expliquer ce que les gens avaient bien pu faire avec les tonnes de rouleaux de papier toilette qu'ils avaient entassées. On avait longtemps cherché à expliquer ces réactions. On avait même constaté avec tristesse après la sortie de crise les faillites des entreprises qui les fabriquaient. Forcément, plus personne n'en achetait.

Et puis, finalement, un beau jour, cinq ans environ après la première Grande Pandémie, on avait fini par comprendre ce qui avait poussé les gens à se ruer sur les rouleaux avant le Grand Confinement.


11 mars 2020

Mon vide grenier avec R.

Le dimanche ici, avec les amandiers, ce sont les vide-greniers (ce pluriel délicat) qui fleurissent. Les vide-greniers (je l’ai, rien à vide, normal, un s à grenier) sont un peu comme une déchetterie étalée à l’horizontale où des gens, qu’on appelle les vendeurs posent sur le sol tout ce que toi tu jettes et où d’autres gens, qu’on appelle les acheteurs , achètent tout ce que toi tu jettes… Certains allant même jusqu’à acheter un truc chez l’un et le revendre illico chez eux. Le sens des affaires, des vocations de traders…
Le matin de bonne heure, les vendeurs débarquent sur le lieu du vide g., une place de marché un centre de vieux village, un parking, un terrain de sport de la ville, ils ont loué un emplacement qui se mesure en mètres carrés, ils installent une bâche, une couverture, une table et ils y posent de vieilles saletés plus ou moins cassées, plus ou moins anciennes, sorties droit de leurs caves, garages, jardins et ils vont passer la journée là, à attendre qu’on leur achète leurs poubelles. Le soir venu, pour la plupart ils laisseront les invendus sur place : On va pas ramener ces merdes quand même.
Il a sorti trois cantines militaires en métal du coffre de sa bagnole et les a posées par terre. Alignées. Puis il les a ouvertes. Dans l’une, il y avait des carafes, verres, bouteilles publicitaires pour une marque d’apéritif bien bue dans la région. Tellement bue qu’elle l’était à la majorité absolue… La firme possédait une île, un circuit automobile et était responsable d’un gros nombre de couperoses d’effondrement cérébraux et donc de décès. La deuxième contenait des tee-shirts aux images de groupes de punk rocks rebelles et la troisième les vinyles de ces mêmes groupes. Le type me disait quelque chose mais j’ai mis un peu de temps à mettre un prénom sur son allure. Il a sorti un siège pop up Lafuma, s’en est allumé une, ce n’était pas sa première, ce ne serait pas la dernière et il s’est avachi dans son fauteuil et a semblé descendre son store intérieur. Ah mais oui j’y étais c’était lui. Je l’ai salué d’un geste de la tête. On allait passer la journée côte à côte, j’ai eu du mal à croire que c’était lui mais je l’ai regardé en coin avec sa barbe blanche ses tatouages sur les avant bras son jean plutôt troué, ses chaînes à la ceinture, ses santiags hors d’usage, son tee shirt Nirvana. C’était bien lui. Le gars du coeur duquel était sorti: "Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui les rires des enfants et les mistrals gagnants..." 
J’étais sur le stand voisin de R. Je savais qu’il avait une maison ici, je savais qu’il arrêtait de boire depuis dix ans, je l’avais souvent aperçu le dimanche au marché, assis derrière un verre à la terrasse d’un restaurant en bordure de la promenade la plus fréquentée comme si on le mettait là en exposition. 
Du reste il semblait se laisser volontiers photographier tout en ayant le regard absent, pour ne pas dire vide… J'ai eu droit au même regard et tout le long du jour, je me suis demandé:
Quels vents soufflaient dans son grenier ?


01 mars 2020

Ma partie de golf avec Guillaume C.


Il y a des paysages qui sont comme des amis. De vrais amis.
On n’a pas besoin de les voir en permanence pour se sentir bien en leur compagnie, on les reconnaît bien avant de les dévisager, on sait très vite qu’on y est, enfin. Ils s’adressent à nous, ils nous parlent, ils nous disent quelque chose qui résonne en nous. Ce ne sont pas forcément des mots. Pour moi, c’est le cas de l’auxois. J’aime ses horizons incertains, vallonnés, ses courbes toutes en douceurs, ses grands chênes isolés, ses champs bordés, ses bois touffus, ses villages posés, ses rivières serpentines, ses hauteurs dominantes, ses lacs qui réfléchissent les ciels, ses nuages rangées de passage. J’aime le calme qui y règne, le peu de monde qui y vit, l’absence d’artifice, la simplicité humble qui s’en dégage. Pas très loin de l’endroit où je vais souvent, il y a un golf qui ressemble à l’auxois parce qu’il en est une parcelle. Neuf trous, deux fois moins que la moyenne des parcours à la sortie d’un village dont le golf house d’accueil est une maison d’ici. Une bâtisse de pierres de la taille d’un corps de ferme. Tout ici est rustique, simple, franc, sans chichi. Les fair ways sont des champs d’herbe verte  à peine tondue, bordés de peupliers, les bunkers des tas de sable en creux, les greens sont rapiécés comme de vieilles redingotes, les balles s’y perdent dans des haies de ronces ou des flaques de boue. L’endroit n’est pas entretenu par une armée de jardiniers mais par un seul homme seul qui fait tout ce qu’il y a à faire lui même, le gros œuvre comme la petite tonte, du lever du jour à son coucher, du printemps à l’automne et de l’hiver à l’été. Faire un parcours c’est d’abord marcher en campagne, arpenter la région en somme.
Je ne m’étais pas vraiment « mis »au golf, oui on ne jouait pas au golf, on s’y mettait comme si c’était une entreprise, un chemin de vie, un sacerdoce, comme la méditation ou l’écriture tantrique, un truc réservé aux initiés, aux privilégiés, aux fidèles en quelque sorte. Je ne m’y étais pas mis tout à fait mais j’y jouais un peu, à l’occasion. Je prenais des cours parce que j’aimais apprendre avec quelqu’un qui sait et donc il m’arrivait d’y jouer. Si tout allait bien, j’étais capable de faire un parcours sans perdre trop de balle, sans faire trop de trous dans la moquette mais enfin ça dépendait des jours. Cela pouvait aussi bien être catastrophique. Pour tout dire, mon niveau à ce jeu était encore très inégal. Je pouvais frapper un joli coup et douze mauvais. Il m’arrivait, poussé par quelqu’un qui vivait dans le coin de fréquenter ce golf champêtre de l’auxois. Cette fois là, c’était en fin Octobre, nous étions en fin de journée et nous avions prévu neuf trous et plus si affinité. L’or commençait à descendre sur la plaine roussie, les feuilles volaient dans l’air bleu de cette fin d’après midi. Il y avait dans le soir une odeur de feu de feuilles mortes, la journée avait été lumineuse et ensoleillée. Nous sommes arrivés vers seize heures, il n’y avait pas un chat nulle part, il allait falloir accélérer pour finir le parcours avant la nuit. Avant notre départ, Paul le gérant, prof et accessoirement serveur du bar du club nous a dit : Je vous ai mis une personne qui va partir avec vous, il était seul et voulait faire neuf trous, j’ai pensé que ce serait bien de vous associer surtout à cette heure, vous lui donnerez des renseignements sur le parcours.
Mal pensé, j’ai pensé. Je n’avais pas du tout envie de partager ce moment avec quelqu’un d’autre que mon amie. Et puis je savais qu’elle ne me jugeait pas sur mon swing vaguement ridicule.
Comme je ne me sentais pas en confiance avec mes coups, je n’aimais pas partager mes escalopes. C’est contrarié que j’ai vu arriver le type. Un jeune gars, enfin jeune par rapport à nous. Je l’ai reconnu de suite. Que foutait-il dans le coin, je me suis demandé, je ne savais pas qu’il y avait une maison, je ne l’avais lu dans aucun journal qu'il pratiquait ce sport. Je le voyais plutôt monter à cheval sur les plages du Cap Ferret ce gars là. Il s’est présenté : Je m’appelle Guillaume. Oui on sait, on s'est dit en souriant. J’étais un peu embêté, je n’avais pas vraiment aimé ses trois derniers films, ils sont rares les films de bande où on n'a pas envie de faire partie de la bande et j’allais passer au moins deux heures en sa présence.
Les poignées de main serrées, les prénoms échangés, nous sommes partis pour le coeur vibrant de l'automne en tirant nos sacs à roulettes vers le départ du un…
Deux heures plus tard alors que la nuit tombait, que le frais reprenait possession de  l'endroit, que des fumées de feuilles montaient dans le bleu qui virait au sombre, nos verres de bière vides,  nous nous sommes dit au-revoir.
Nous nous en étions bien sortis, nous n'avions jamais parlé cinéma.

Et voilà, c'était vécu, nous avions fait une partie de golf avec Guillaume C.



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