26 mai 2013

Quarante et quatrième fin de semaine.

Cette semaine, je suis allé m'asseoir devant les images de Stoker et j'aurais mieux fait de profiter de l'après-midi ensoleillée et printanière de ce milieu de Mai... Vivement les films venus de Cannes.



Cette semaine: J'ai cassé un verre que j'aimais, je me suis coincé un doigt dans une porte, Toulouse a perdu et pour finir, Moustaki est mort...
A partir de cette semaine, c'est maintenant certain, on peut les reconnaître entre mille et quand on en entendra une on se dira: Tiens voilà du Boutin!!!

Cette semaine, j'ai pensé avec émotion que le monde était devenu encore plus dingue avec cette question mille fois posée: Alors ces marches pas trop dures?
Vingt quatre marches, moquetées de frais et plutôt bien éclairées? Qu'auraient répondu tous les gens qui sont obligés de se payer deux ou trois fois par jour quatre, cinq, six, sept, huit étages à pieds parce que l'ascenseur est en rade et qui auraient bien aimé, eux, avoir un petit coup de lumière entre le deuxième et le huitième...

Cette semaine, bonne fête à toutes...


Cette semaine, Mr Montignac m'a proposé personnellement un choix entre trois options. Perdre 35, 25, ou 20 kilos... Je vais réfléchir un peu, j'ai répondu... D'où est-il au courant lui?

Cette semaine, c'est décidé j'appelle le Professeur Mouctar...


Cette semaine, Audrey Hepburn Tautou...



Bref, une semaine désormais comme les autres puisque vécue, terminée, racontée et donc partagée...

25 mai 2013

La brute.



J’en pleurais. 
De douleur et de rage. L’enfant de salaud à califourchon sur mon dos martyr, avec ses mains en godets de pelleteuse venait d'écraser entre ses paumes, une à une, toutes les fibres de mon Grand Oblique Dorsal gauche et pour faire bonne mesure, il allait s’attaquer au droit et là... 

___ Là, fini de rire, on allait voir ce qu’on allait voir, ça  va saigner m’a-t-il prévenu... 
J’ai eu droit à une vingtaine de secondes de répit et il a remis ça en ahanant comme un bûcheron vosgien. J’avais la tête enfoncée dans le trou, exprès pour, de sa table de massage. J'avais du mal à respirer et lui me froissait comme une A4 en soie. Je commençais à voir clair dans sa stratégie: J’allais sortir de chez lui sans cette pointe dans le dos qui me pourrissait la vie depuis plusieurs jours mais le pendant c’est que j’allais être également laminé dans les grandes largeurs, en vrac, en boule, en cendres?. Je me suis demandé s’il ne valait mieux pas en rester là et arrêter toute manipulation supplémentaire. Mais là où je me trouvais, à plat ventre, une brute en blouse blanche d’au moins cent dix kilos sur le dos, la tête rougie enfoncée dans les replis d’une table en acier, je n’étais pas en position de force. Je sentais des gouttes de sa sueur me perler sur le dos et en plus d’être chaud, c’était dégueulasse.
En voilà un qui n’épargnait pas sa peine, pas comme l’autre là, Fleur de Nuage, la gentille squaw qui m’avait à peine touché mais délesté de cent euros. Certes, j’étais sorti droit de chez elle mais dès la première nuit c’était revenu de plus belle. Un tomahawk entre L3 et L4 pile entre les deux qui me faisait hurler à chaque mouvement.
Alors, je m’étais rappelé de l’adresse de celui-ci que j’avais gardé sous le coude pour le jour où...

___ Ça c’est fait ! Il avait gueulé. 

Il m’avait ramené dans son cabinet. En regardant sur les murs, je pouvais comprendre qu’il avait fait du karaté en compétition ce qui ne m’a pas étonné  mais aussi qu'il manipulait les chevaux ce qui pouvait d’une certaine manière expliquer son engagement physique que je qualifierais tout de go d’extrêmement musclé…
___ J’ai fini par l’avoir, le gauche, a-t-il commenté fier de lui. Maintenant on va travailler plus fin, je vais aller chercher votre Petit Dentelé et lui régler son compte…
___ Est-ce-bien nécessaire ?
___ Et comment que c'est nécessaire! Vous n'êtes pas venu pour faire joli n'est-ce-pas? Il va s'en souvenir, croyez-moi!

Va pour le Petit Dentelé, enfin pour LES Petits dentelés puisque malheureusement on en a un de chaque côté… Je me demande si avant de s'y remettre il n'a pas craché dans ses mains comme un cantonnier avant de saisir sa bêche...
Ça pour aller les chercher, il est allé les chercher. L’un après l’autre lentement, méthodiquement, précisément. Quand ils les a eus entre ses doigts, il les a fait rouler (ce sont de petits muscles courts…) comme une cigarière cubaine façonne un Partagas 5. J’en aurais vendu ma mère.
Je me suis dit que je n’aurais pas aimé vivre pendant une guerre mondiale, j’aurais été tenté de parler à la seule évocation de la torture, à la vue de la moindre baignoire d’eau froide, de la moindre petite pince qu’on m’aurait mis sous le nez. Oui, j’aurais balancé tout le réseau avant même qu’on me touche. Ce n’était pas très glorieux de me faire cet aveu mais j’avais si mal. Et si peur d’avoir mal. Et si mal d'avoir tant peur!
Il a fini par rouler les dentelés, il les a allongés d’au moins dix centimètres et en prenant appui sur mes épaules, je vous rappelle qu’il était à cheval sur mon dos, il est descendu. Il a chopé une serviette blanche avec laquelle il s’est essuyé le front qui perlait de gouttes de sueurs grosses comme des pamplemousses. Il a gardé la serviette autour du coup et il a envoyé :

___ Encore un petit effort, jeune homme, c’est bientôt fini.
Puis, en se foutant ouvertement de ma poire il m’a distribué un bon point :
___ Vous tenez plutôt bien le choc, finalement.
J’étais exsangue, pâle comme une blouse d'infirmière. Je suis resté à plat ventre et je crois bien que je me suis endormi quelques secondes. Ou évanoui. Enfin j'étais inconscient. J’ai fermé les deux yeux et je me suis absenté. Il m’a plié dans tous les sens m’a demandé de souffler puis de ne plus souffler, puis il m’a replié encore et déplié, puis il m’a tordu, retordu et détordu et enfin, enfin j’ai entendu :

Voilà, pour moi, j’ai fini mon boulot. Vous risquez d’avoir mal encore pendant trois bons jours. Buvez beaucoup d’eau, ne restez pas immobile… Marchez. Je vous fais une facture pour votre mutuelle ?

Puis, il m'avait montré la sortie. Il m'avait précédé, il avait ouvert la porte en grand et quand j'étais passé à sa hauteur, il m'avait envoyé une petite tape amicale sur les fesses comme on flatte le col d'un pur sang en souriant. Il avait ajouté:

___ C'est du solide ça, ça va tenir!

Un peu plus, j'en hennissais... Je me suis retrouvé sur le trottoir avec, sur les reins, une bétonnière sauvage et pleine, là où, une heure avant, j'appuyais sur une sonnette avec juste une gentille petite pointe dans le dos…


20 mai 2013

Comanchothérapy.


Elle a laissé ses doigts trainer dans les miens comme un bouquet mou de gnocchis mous. J’ai détesté.
Moi qui n’aime que les poignées de mains toniques, celles qui serrent un peu les doigts, qui prennent la mesure de la paume mais qui ne s’attardent pas. Celles qui sont franches, droites, directes sans effusion mais avec tenue…
Là, je ne pouvais qu’être déçu. Une bande de phalanges indistinctes, sans réelle volonté, sans température, posée dans ma paume au milieu sans fermeté, ni variation de fermeté. Un truc qu’on vous mettrait entre les doigts et à toi de jouer, débrouille-toi mon garçon ce n’est plus mon affaire, je te les laisse, fais en ce que tu veux, ils ne m'importent plus… Brrr… Un vrai dégoût.
J’avais eu son adresse par je ne sais plus qui. On m’avait dit d’y aller en désespoir de cause. Dans le coin c’est elle qu’on appelait quand on avait tout essayé et quand tout avait échoué. Là où j’en étais…
Ça commençait mal entre elle et moi. Et pourtant attifée autrement elle aurait pu être si jolie. Bien sûr, il aurait fallu qu’elle sourit un peu, juste un petit sourire de rien mais ça elle avait dû s’absenter lors de la distribution. La petite plume de pie noire et blanche plantée dans sa natte et ses mocassins en peau sur des socquettes de tennis  blanches c'était juste impossible...
Elle tirait une tête fermée comme une porte de centrale. J’ai mis ça avec bienveillance sur sa concentration… Elle portait des boucles d’oreilles grandes et colorées comme des lustres de Murano qui tintaient à tout instant quand elle tournait la tête.
Elle m’a fait asseoir devant un bureau, enfin une planche posée sur deux tréteaux branlants.
Elle a allumé une boule d’herbes sèches et dès que la fumée est montée une horde de moufettes malades est entrée dans la pièce et s’est mise à nous tourner autour. Je m’en suis bouché les narines mentalement un peu comme quand on change un bébé qui n’est pas le sien. Un haut le cœur m’est venu comme un tsunami thaï. Heureusement j’ai réussi à contenir tout ça sinon les dégâts pour son cabinet auraient été considérables.
C'est un sorcier d'une tribu comanche qui mes les envoie elle a dit. La vache ça déménage, j'ai fait. C'est du costaud, j'ai dit en toussant. Un mélange thym-lait caillé, c'est vous dire.
C'est pour purifier l'atmosphère... Ça, pour être purifié elle allait être purifiée l'atmosphère... Une autre boulette et il n'y aurait plus rien de vivant par ici... Entre gazer et purifier la frontière était mince... 
Elle a sorti un bic rongé d’un sac grand comme une yourte, jeté là à ses pieds, elle a déchiré un bout de feuille blanche et j’ai eu droit à un interrogatoire en règle qui m’a fait remonter dans le temps. Pour aller loin, on est allé loin elle et moi puisque je suis allé jusqu’avant ma naissance. Le protocole était simple, et infaillible. Elle posait des questions d’une voix monocorde et ne manifestait absolument aucune émotion lors des réponses. J’avais tout juste droit à de fermes recadrages quand la mémoire me faisait défaut :
___ Faites un effort souvenez-vous. C’est vous qui avez mal au dos, pas moi.
Alors, je lui ai raconté cette aiguille rouillée ramassée sur un parquet cassée en deux dans le genou droit, cet accident de solex sur un chemin entre les serres, cette fracture du tibia au ski, ce type reçu sur la nuque dans une piscine, cette chute contre un mur après un saut sur un trampoline et quelques autres. Elle a seulement dit : je vois.
Pendant ce temps là, elle passait ses mains au dessus de mes lombaires mais SANS me toucher. Et ma parole, mais elle psalmodie? Elle chantonnait dans sa barbe, façon de parler, à voix basse et grave un truc que j'ai vaguement reconnu, une vieille mélopée cheyenne, comanche ou apache, une de celles que je marmonnais à l'oreille de mes enfants quand ils étaient bébés et qu'ils avaient du mal à s'endormir. Un truc que j'inventais sur le tas mais qui marchait du feu de Dieu... Je ne me faisais pas d'illusion non plus, ils devaient préférer sombrer plutôt que d'entendre ça plus longtemps! On pouvait entendre, le dimanche au marché une de ces tribus en chanter encore. Une semaine ils étaient la fine fleur du Machu Pichu, El condor pasa, la flutte de Pan, la semaine d'après Tribu Hopi qui tient sa flute comme un cheese burger, coiffe de plumes de faisans et calumet de la paix...
Là, une vague chaleur m’a ceinturé les reins et je me suis endormi. La Sioux en muranii m’a réveillé et après un bon moment m’a dit :
___ Voilà, j’ai fini. A vous de jouer, maintenant. Rhabillez vous. Normalement nous ne devrions pas nous revoir, sauf accident et si bien sûr vous avez mal ailleurs.
Je me suis rhabillé, je n’ai pas demandé combien je lui devais, nous en avions parlé au téléphone avant ma venue.
Quand elle a attrapé les deux billets de cinquante que je venais de sortit du distribanque, pas de carte, pas de chèque avait-elle ordonné, ses doigts se sont animés comme des poissons agressifs, elle les a roulés, les deux, dans ses mains, les a fait craquer sans les regarder et comme elle les a jugés authentiques, elles les a enfouis dans une des vastes poches d’un sarouel douteux qui aurait pu héberger son dromadaire en cas de besoin. Et je suis sorti envahi par une douce chaleur, j’ai fermé la porte, je me suis étiré sur le palier et ma parole, je le jure sur la calvitie du pape, je me suis, sur le trottoir, là, d’un coup redressé. Les douleurs m’avaient abandonné. Je n’avais plus mal nulle part. Je n'avais plus l'échine courbée par la souffrance. Je vivais une sorte de miracle. Un miracle à cent euros quand même... Mais quelle sorte de sorcière était-elle ?

Quel que soit ce qu’elle m'avait fait ou pas, la vérité était que j’étais entré chez elle tordu et que j'en sortais en marchant droit. 
J’ai failli la rappeler pour lui demander combien ça me couterait pour redresser mon âme mais j’ai repensé à sa poignée de main...


19 mai 2013

Fin de semaine. 43.

Cette semaine il a continué de pleuvoir. Les pousses de basilic pour l'été ne sont pas à la fête, elles aimeraient bien, elles aussi, un peu de soleil pour  s'étoffer davantage.


Cette semaine, j'ai entendu au marché un vendeur de fromage  comme je suis archevêque, sale comme une croûte, demander sérieusement à un touriste forcément de passage:

Vous en avez aussi en Allemagne du Morbier ?
Escroc!
Cette semaine, le vent, toujours le vent, encore le vent. (A voir sans le son...)



Cette semaine, j'ai rêvé sur la silhouette d'un Jeanneau 57... Ce genre de rêve date sans doute de l'époque du Tiki...



Cette semaine, désormais, les couples homosexuels vont pouvoir, comme tous les couples, connaître les douleurs du divorce dont ils étaient scandaleusement exclus jusque là. Ce n'est que justice. Cette semaine encore, Christine Boutin nous  a donné à apprécier l'étendue de sa bêtise. Vous pouvez arrêter, maintenant, madame, nous savons.
Cette semaine j'ai aimé les noyers de Murs.


Cette semaine, j'ai reçu un gentil papier d'un certain XXXX qui me disait que comme je ne m'étais pas fait prendre pendant trois ans, j'avais à nouveau douze points sur mon permis de conduire... A moi les accélérations foudroyantes, les dépassements à l'aveugle, les beuveries effrénées avant de prendre route... Trois ans de ceinture, ça serre... Les écureuils et les hérissons, planquez vous sinon il y aura du sang sur les bas côtés!


Bref, une semaine désormais comme les autres puisque finie, passée, vécue, racontée et donc partagée...

17 mai 2013

Je tombe.


En amour, j'ai des défauts dont un de taille,
J’entends qu’il ne te dise rien qui vaille,
Mais voilà je n’y peux rien c’est comme ça:
Je tombe sous le charme à tours de bras.

Je vois bien que quand je te parle d’amour,
Tu la fais, la moue et ça la nuit ou le jour.
Je sens bien que quand je te parle d’elles,
Ça te grince les flancs, te froisse les ailes.

 Bien sur, je tombe amoureux d’elles,
Mais tu ne devrais pas t’en faire si tant:
C’est toi que j’aime et je veux vraiment
Etre franc et tout te dire de but en blanc.

Aimer, Ma douce, est une chose magnifique,
Un élan, une force, une puissance magique,
Mais vois-tu, c’est aussi bien si c’est partagé
Il n’est pas dommage en retour d’être aimé!

Ce qui me manque avec celui que je te porte,
C’est qu’il reste là en plan devant ta porte,
A frapper des ventricules, à se saigner à blanc,
A mourir de ridicule de devoir prendre ces gants.

Si je n’en aime qu’une, les autres existent!
Mon cœur assagi les symptômes persistent!
Etre amoureux de mille c’est l’avoir grand...
Et j’aimerais ma belle, j’aimerais tant…

Ne pas être, si possible, ni trop malheureux, 
Ni tout à fait perdu, ni entièrement perdant....



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