28 septembre 2010

Les deux font la perte.

Pour les impromptus littéraires de la semaine. A partir de cette image:



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Regarde la petite paire de tennis blanche
Là, en bas, au pied du roc des falaises
Avec ses si longs lacets bleu fadaise,
La petite paire de tennis de dimanche…

Chut...

Avance-toi, pour les voir, il y en a deux,
Vois comme elles dansent avec l’écume,
Elles sont bien deux, comme nous... feu,
Comme la belle équipe que nous fûmes.

Dis, où sont les pieds qui étaient dedans ?
Ont-ils, à pic, coulé, dilués dans l’océan ?
Sont-ils dissous dans l'épais vert des algues,
Ou perdus dans les flous noirs des vagues?

Mais: chut!

Sont elles, blessées, au cœur ressemelé ?
Ou sont elles, seulement embarrassées,
De ce qui empêche, en rond, de tourner ?
Sont-elles au bord, de bientôt se noyer ?

Dire que nous nous sommes si tant aimés!
Dire qu’on ne cessait jamais de se céder!
Dire qu’il nous arrivera que l'on s'évite!
Où donc, tous ces élans, sont-ils en fuite ?

Comme elles ressemblent à celles offertes!
Nous avions alors dit: Les deux font la perte…
Nos cadeaux  sont-ils désormais en décharge,
Comme nos baisers d’amour: jetés au large…

Regarde, la petite paire de tennis blanche,
Là, perdue, esseulée, mon triste amour,
Elle est, comme pour nous, ce qui clanche:
Un malaise pesant sur des cœurs déjà lourds…

"Chuuut..."

24 septembre 2010

Une pincée de monde. 3.

SANS BLAGUE.
Un homme qui ne craint ni l'eau glacée ni le néoprène et qui parait tenace, amputé des bras et des jambes a traversé la Manche à la nage (rien que le titre, déjà…)
La belle affaire! Il ne souffre d'aucun genou, lui.

LU DANS LIBE.
Les problèmes des relations hommes femmes ne datent pas d’hier, ni même d’avant hier. D’après des sources sûres, quand Ève demandait à Adam: Est-ce que tu m’aimes? Adam répondait: Est-ce que j’ai le choix?

SOUS LE TAPIS.
J'ai appris avec surprise, la destination certaine d'une partie de mes impôts sur le revenu et de ceux de quelques uns de mes congénères. Que ce soit la poche d'un bateleur, chanteur, ex-ministre de la ville,  comédien, acteur, escroc, repreneur d'entreprises en faillite, skipper de luxe, truqueur de matches de football, bref un véritable homme d'affaires, comme on dit au tribunal, n'est pas fait pour transformer la surprise première en joie profonde.

DES VIS.
Si l'amour vibrant, sincère, sans doute, de ces jeunes gens joueurs de tennis qui ont qualifié leur pays pour la finale, pouvait les amener jusqu'à financer les hôpitaux, les crèches, les  courts du pays qu'ils aiment tant, dont ils chantent l'hymne, une larme au coin de l'œil coulant, en payant leurs impôts chez eux plutôt que de ne pas les payer ailleurs, l'enthousiasme à leur brillante victoire n'en serait que plus chaleureux et partagé.

CAPITALE.
On vient, en Virginie, États Unis d’Amérique, d’exécuter, une jeune femme accusée d’avoir conçu et commis un double meurtre. Elle est, elle était, aussi, reconnue déficiente mentale… Un exemple de la radicale percée, dans ce grand pays, de l’inégalité des malchances?

BOUM.
On aura tout entendu… Ils auront tout essayé, jusqu’à l’évocation, fort probable, quasi certaine, voire imminente, d’un attentat kamikaze sous la forme d’une femme voilée martyre, lors de rassemblements, par les autorités, avec insistance, la semaine précédent le jour de manifestation générale…

LOFTBALL.
Un footballeur de 33 ans en préretraite aux États Unis aurait acheté un appartement à New York de six cent mètres carrés, d’une valeur de plus de dix millions de dollars… DIX MILLIONS de dollars.
Et alors?  Et alors, rien, dit-il en serrant un peu les poings.

FOURCHE.
Une ex-ministre de la justice fait lors d'une interview un lapsuce détonnant, mais il n'y a pas porc d'homme! Qu'on lui foutre un peu la paix! Qu'on la lèche tranquille.

LA PLUS BELLE.
On ne bénit pas assez les jours de grève. Lors du programme musical d'un station en arrêt de travail, je suis tombé sur une version que je ne connaissais pas d'un titre de Sylvie Vartan. Si on m'avait dit qu'un jour j'aurais des larmes aux yeux en écoutant  du  Sylvie, j'aurais joué. J'aurais perdu. "La plus belle pour aller danser" par Chris Garneau...(Paroles et musique Aznavour Charles...).
Si vous ne pleurez pas, je vous offre une boite de mouchoirs jetables.

MORT.
Un gamin de seize ans, seize, a été tué d'un coup de couteau par cinq autres gamins. Mourir à seize ans, soit disant, en temps de paix, devant la grille de son Lycée…

Il y a des matins ou la pluie qui s’en mêle peut se confondre avec des larmes.


aout2010 052

20 septembre 2010

Bémol rouge…

Pour les Impromptus littéraires de la semaine... Le thème, insérer dans le texte: Il n'y a pas de bémol avec une jupe rouge."

"Ce type est complètement dingue!"
Ce sont les premiers mots qu’elle a balancé en même temps que ses clés dans le bol tibétain de chez Natures et Découvertes posé sur les étagères de l’entrée. Juste avant, elle avait ouvert la porte d’entrée, sans doute, avec un de ces béliers dont on se sert pour défoncer les vitrines des agences bancaires ou des bijouteries des quartiers chics. Je la connaissais un petit peu, je savais, à son arrivée tonitruante que j’en avais, pour ce soir, fini avec ma tranquillité.
J’ai gentiment attendu qu’elle balance ses chaussures sur le parquet, son sac grand comme un vache entière acheté à Milan le mois dernier n'a pas tardé à  prendre le même vol. Ensuite, délestée,  elle a filé droit au frigo de la cuisine, elle s'est servie  un vase d’eau gazeuse, qu’elle a vidé d'un trait. Là, je lui ai demandé, le plus calmement du monde :
"Bonsoir toi, de quel type parles-tu si posément, mon namour?"
Ma sérénité apparente lui a fait l’effet d’un coup de mistral sur un feu de pinède. Elle est remonté dans le rouge avec une légère variante :
"Il est complètement cintré ce gus!"
Heureusement, je savais qu’elle ne parlait pas de moi…
Bien sur, elle s’est foutu plein d’eau sur le chemisier. Boire et éructer, il faut choisir. Vous pensez bien que je n’ai rien dit. Je me suis tu. Dans les grandes longueurs.
"Ah Le con, mais l'infâme con!"
Ça ne s’adressait encore pas à moi, elle en avait toujours après ce type, là. Mais qu’avait-il pu bien lui faire ?
J’ai tenté de me servir de mes talents de dresseur de panthère, j'ai essayé de me rappeler du fameux  théorème de  Bouglione, j'ai risqué en tapotant de la main sur le dossier du canapé :  "Viens me voir, là, allez, viens me raconter ce qui t’a mis dans cette si haute colère."
Elle m’a fait son regard tazer de police municipale et après un très long silence m’a envoyé dans les gencives :
"C’que tu m’énerves à être calme quand je suis hors de moi. On dirait que tu le fais exprès... pour m’agacer davantage!"
Veinard que j’étais, je devenais témoin de l’invention de la mauvaise foi !
"Tu sais bien que non, allez viens me raconter. Ça ne peut te faire que du bien. Qu’on passe à autre chose, pour ce soir..."
"Pas la peine de faire ta voix de Robert, suis pas un  fichu canasson! Vous me hérissez le poil, les garçons ! D’abord cet immonde crétin, là, puis toi, vous vous êtes donnés le mot , ce soir ou quoi?"
"Ne me mêle pas à ça, j’ai dit, je n’y suis pour rien dans tes affaires avec l’autre et puis c’est quoi cette histoire ? Qui t’a dit quoi? Est-ce que je pourrais, au moins, savoir de quoi il retourne, pourquoi on se querelle ?"
En tremblant de rage, elle m’a dit : "Tu sais bien, le tordu du quatrième, ce rat des cages d'escaliers, ce bessoniste rampant à cheveux gras? Hé bien, je l’ai croisé sur le palier du premier à ma hauteur, en me regardant en coin, il a persiflé comme un serpent à sonnettes : il n’y a pas de bémol avec une jupe rouge… Il se mêle de quoi ce taré ? Tu veux me dire ? Est-ce que je m’occupe de ce qu’il porte, lui ? Un de ces quatre, je vais me le gifler celui là… Et puis ma jupe, elle n’est pas rouge, d'abord, elle est orangé, juste orangé… Et toi, ne t'avise surtout pas de le défendre ce tordu!"
Tout en continuant à rouspéter, elle a disparu dans la salle de bains et s’est fait couler un bain… Je l’entendais qui continuait à pester… Puis d’un coup, plus fortement elle s’est adressée à moi : Tu as préparé quoi à manger pour ce soir ? J’espère que tu as fait du poisson parce que je n’ai pas envie d’autre chose ! Ah! Évidemment, tu n'es pas allé à la blanchisserie, je t’en avais pourtant parlé ce matin et les places pour le théâtre tu ne les as prises, tu n'as pas eu le temps et la….
Je me suis gentiment laissé bercer par la petite musique tonique de sa voix saccadée qui n’en finissait plus de râler…
J’ai reposé ma tasse sur le verre de la table basse, je me suis enfoncé dans le moelleux du canapé et pendant que la baignoire se remplissait, j'ai appuyé sur la télécommande, le brillant violon de Gilles Apap s'est mis à jouer un brin plus fort... alors, j'ai pensé:

Dire que certains soirs, en rentrant, je trouve la maison si vide qu'il m'arrive de caresser le désir de... ne plus vivre seul…

Arbre  ciel menaçant 1

18 septembre 2010

Ah! Te voilà déjà, toi...

Ainsi donc, te voilà, déjà, revenant.
Tu sais nous nous étions assez bien habitués à ton absence, ce serait mentir que te clamer notre impatience à te revoir, à vivre à nouveau sous ton régime de despote, à supporter tes colères, tes diktats et tes emportements, à devoir faire avec tes journées grises et tes  pleurs de nuages. Pour tout dire, et le dire le plus franchement du monde, sans  prendre de détours, sans volutes inutiles, sans non plus vouloir t'offenser, nous t'avions bel et bien oublié.
Cela dit, il faut noter que tu ne nous reviens pas en fanfare, tu ne fais pas ton mariole, tu donnes plutôt  dans la discrétion, dans le retour feutré, tu ne balances pas de grands coups de pieds dans les portes, tu y insinues juste une main… La mémoire encore vive de tes anciennes casseroles? Pour voir? Pour te réhabituer? Pour te la refaire? Tu ne nous prends pas non plus à rebrousse peau, ainsi, tu nous gardes encore le plus clair du jour au chaud, ce n’est que le soir que tu ressors tes fraîcheurs, ce n’est que le soir, en attendant plus, que tu nous recouvres les épaules d’un châle ou d’une, comme nous disons, petite laine, tu nous réhabitues gentiment aux courants d’air, aux humidités, tu nous laisses encore prendre des verres en terrasse mais moins longtemps, il nous faut rentrer plus vite, puisque tu as sacrément raccourci les jours… Il est vrai qu'à cette affaire,  tu t'y est mis depuis quelques mois... En compensation, sans doute, tes lumières du soir ou du matin sont plus tranchantes, plus électriques, plus photogéniques... Nous devrions t'en remercier, je suppose?
Ce qui est assez remarquable c’est que tu te montres de partout… jusqu'au Ventoux, là-bas, dans le fond! Le voilà qu'il recommence à laisser paître des troupeaux de nuages gris sur les pierres du sommet… Voilà que certains matins, il cache le haut de son crâne dans le coton  sali. Autour, certains arbres de certains bois jaunissent quelques feuilles, de ci de là, comme un peintre commencerait à chercher ses couleurs, en loucedé, un qui n’y toucherait pas encore vraiment, mais qui s’y intéresserait comme ça, pour voir ce que ça pourrait donner… On s’en aperçoit, à condition de regarder d’un peu plus près ou bien d’avoir, au contraire une vue d’ensemble sur un paysage. Il a changé, en quelques nuits, guère, mais il a changé. Après avoir été coupés, les champs ont tous ou presque été labourés, préparés à de nouvelles semailles. La terre a repris le dessus, l'horizon s'est à nouveau dégagé. Pour les arbres, ça a commencé par les cerisiers, puis les platanes, puis les vignes, bientôt, dans plusieurs semaines tout ici aura été bousculé, on ne reconnaîtra plus rien. Les rouges étincelants auront débarqué, en attendant ce ne sont que de petits jaunes timides qui s’y collent comme les toutes premières couleurs d'une roséole…
Ah! Tu fais bien aussi tomber quelques feuilles de quelques arbres en profitant d’un coup de vent que tu as toi-même provoqué, mais pas une bourrasque, non, un souffle un peu plus fort que les autres pour te rendre compte, te donner une idée... Te le refaire, le souffle?

Tu sais, tu as beau t’amener avec ton chargement de fruits, maintenant, mûrs et colorés de  frais pommes, poires,  figues, olives,  amandes, noisettes,  noix, comme un explorateur colonial  se pointe avec la bimbeloterie pour amadouer les indigènes, tu as beau tenter de nous persuader que les vendanges sont des fêtes, nous ne sommes pas dupes…
Tu arrives, espèce d'automne... On te voit venir. On te sent poindre avec tes mines gercées, tes nez qui coulent et tes chairs de poules... Déjà, nous rentrons  la tête dans les épaules, nous marchons vaguement courbés, bien loin de  l'allure altière du plein été... Déjà, tu nous enlèves de notre superbe, déjà, il nous arrive de tenir notre col à une main, nous ajoutons des manches à nos chemises, nous nous protégeons les nuques, nous nous couvrons les jambes...
Déjà, nous sommes un peu moins fiers...

Peupliers Mazan

15 septembre 2010

Coup d'bol.

Quels regrets devrais-je avoir?
Celui de ne pas avoir tout lu?
Nos yeux peuvent-ils tout lire?
Celui de ne pas avoir tout vu?
Mais je me suis assis souvent devant des paysages,
Qu'on ne trouvait dans aucun livre.
Celui de n’être pas allé partout?
Il me reste donc des trains à prendre.
Celui de ne pas les avoir toutes aimées?
En aimer certaines a suffi à mon malheur,
De rares à mon bonheur.
Et pour d’autres, je n’ai même pas su.
A ce qu'on me dit, tout n'est pas perdu...
Celui de n’avoir pas tout compris?
Il me reste, ainsi, des choses à comprendre.
Celui de n’avoir pas tout éprouvé?
Alors, je peux toujours  rire et saigner.
Celui de ne pas vous avoir déjà rencontré?
Il m'est, alors, encore possible de tomber...

Le seul regret, le seul que que je n’aurais jamais plus,
C’est celui de ne pas vous avoir eu, vous, deux. 
Et ça me réjouit vivement!
Si l’on considère les trajectoires des univers,
 La marche des galaxies,
 L’écoulement des siècles,
La confusion des infinis,
Les combinaisons possibles des hasards,
Le peu probable qu’il a fallu pour qu’on s’ait…
La chance qu’on a de se voir, de se serrer, nous...
Nous trois, je veux dire, 
Cette fortune est à peine pensable…
Et pourtant, regardez, c'est sur nous qu'elle est tombée!

Ciel de Septembre 004

13 septembre 2010

'La d’beaux cieux, tu sais?(2).

Récemment mis à jour1
Au centre, le lavoir de Le Beaucet… pour une note où l’a d’beaux cieux… c’est cohérent.

09 septembre 2010

Je me demande…

Je me demande si je  dois faire mettre un pull dans mon sac de voyage pour Martha’s Vineyard...
Les soirées sont-elles fraîches à cette époque de l’année ou bien, peut-on encore rester sur la plage quelques moments après le coucher du soleil? Quelqu'un peut me dire?  Qu'on me dise, vite. Y-a-t-il moyen d'avoir oui ou non cette information? J’ai fait appeler Franck,  Franck Lesseigne, pour qu'on lui demande, mais il n’a pas su  me répondre.  Lesseigne, les casinos... Il est vrai que lui ne jure plus que par les Bahamas… Depuis son escapade à Nassau via le Luxembourg, voilà trois ans, juste après la présidentielle, il y retourne plusieurs fois chaque année. Dès que la pression se fait un peu trop forte, dès qu’il ressent un léger coup de moins bien, dès que ses soucis l’envahissent, il prend un vol de nuit et va passer une semaine dans une magnifique résidence que lui prêtent les Belcour… Se ressourcer? Revenir plus fort dit-il. Belcour, les hypermarchés low-cost... Les "challenges" à relever sont désormais si ardus, la lutte si féroce, la compétition  si acharnée qu’il vaut mieux être  aux taquets. C'est qu'il nous en faut des repas, des après-midis de travail à Saint Nom La Bretêche ou au Pré Catelan pour arriver à nous entendre... Même si nous avons des appuis certains, les combats sont si âpres, la vie si... rude...  Et tous ces gens qui nous en veulent d'avoir de l'argent. Est-ce de notre faute si nous sommes nés le cul plongé  dans le beurre? Et puis, qu'ils sont assommants, ils n'ont qu'à faire comme nous au lieu de se plaindre: En gagner, pardi! Plus on est de riches, plus on est de riches, voilà tout!
Ah! Mon Dieu que vous me faites rire! Mais si… les Belcour qui ont cet hôtel particulier si kitsch… Les Belcour, enfin vous savez bien… Le grand chalet de Gstaad… Ces gens si drôles qui vivent en grand une majeure partie de l'année  au Luxembourg… Les Belcour, ce couple si charmant, si glamour, Florence Belcour, dont le fils a épousé l’an passé la fille de l'électroménager… Cette femme merveilleusement belle encore, qui s'est acheté un chirurgien esthétique, rien que pour elle... Belcour, enfin voyons… Leur fête annuelle... quand ils réservent tout Bagatelle...
Vous savez que vous m’inquiétez très chère. Si j’osais, je dirais que parfois vous me donnez l'impression d'égarer la boule! Vous vous mettez à ressembler à cette pauvre Liliane dont une certaine presse nous rebat les oreilles, au lieu de vanter les mérites de nos dirigeants face à la mondiale crise qui s'abat sur nos fortunes... Mais si, Liliane B.… Vous savez bien?
Du reste, en en parlant, je me demande si elle n’a pas une maison, elle aussi à Martha’s vineyard… Elle en a tellement! Elle ne se souvenait même plus qu’elle avait une île quelque part aux Seychelles! Vous devriez l’appeler de ma part, elle n’y va peut-être pas en cette saison, mais elle doit savoir, elle, si il faut un pull ou pas, le soir…

 Se souvient-elle, seulement, de la température qu’il fait sur la plage à Martha’s Vineyard, le soir, après le coucher du soleil, en Septembre… Sait-elle encore s'il y a une plage, là-bas?
Se souvient-elle de ce qu’est septembre?
Est-elle capable de dire qui elle est, elle?
Triste Liliane, que sa colossale fortune n'a pas empêché de devenir une petite chose fragile alors que tourne en planant au-dessus du cadavre, bientôt froid, de sa splendeur passée, une escadrille de vautours, attirée par les effluves des valises d'euros à grappiller ça ou là.
Pauvre vieille dame, finalement...
J’espère pour elle, qu’à certains moments de certains jours, elle se rappelle qu’il lui est arrivé d’avoir reçu et donné des baisers dans le cou, allongée  avec un amoureux, sur le sable encore chaud de la plage de Martha’s Vineyard…

Ciel de Septembre 015

08 septembre 2010

Une pincée de monde, 2…

PAS RETENU.
Le nom de ce député des Alpes Maritimes dont on a beaucoup entendu cet été le discours nauséabond à tel point qu’on a dit de lui que quand il parle c’est encore un bruit de... Ciotti…
Son dernier: "Les manifestations qui se tiennent, aujourd'hui, (samedi 4 Septembre) contre la politique de sécurité menée par le gouvernement traduisent une complaisance coupable à l'égard de ceux qui bafouent les lois de la République". CQFD. Complaisance coupable vaut mieux que connerie certaine.

LES ROMS, LES ROMS, LES ROMS.
Mais qu’ont-ils donc tous à me parler des roms, des roms, des roms… A moi, qui n’en connait qu’un, l’agricole.

VINGT CINQ.
David Douillet, le judoka député, aurait perdu vingt cinq kilogrammes. Que ses fans se rassurent, ce n'est pas de sa fatuité dont il s'est momentanément dépouillé.

SACRE BERNARD.
J’étais un peu inquiet pour lui et ses soucis financiers mais c’était sans penser à l'ami des nantis que, dans un aveuglement myope, nous avons choisi comme Président. Ce matin, je suis un peu rassuré. Il va toucher deux cent millions sans avoir pris aucun ticket de loto. Certains ont du bol, certains sont nés dedans, certains ont racheté la fabrique en faillite,  l’ont dégraissée, puis l’ont revendue en faisant une plus-value...
Ces derniers peuvent avoir des chics copains, des chouettes poteaux à la vie, à l'euro qui deviennent présidents.

ENTENDU.
J'ai entendu une interview de cet homme politique, maire de Meaux... Vous savez l'ami de ceux qui justifient qu'un type qui travaille sur les chantiers comme un esclave pendant quarante ans y sue deux de plus pour pouvoir toucher une pension de misère et qui en même temps accordent 200 millions d'euros à un Tapie...
Hé non, Monsieur Copé, désolé, vous n'êtes pas seulement désagréable.
Vous êtes aussi, extrêmement désagréable.

YOUPI, JE L'AI, ENFIN EN POCHE.
Mon billet d'avion pour Martha's vineyard!
Départ samedi 11 Septembre 8h50 pour un Marseille-NewYork, puis un vol privé New York-Martha's. Et, enfin, un bateau pour Nantucket où se trouve la maison louée trois semaines. Près du port.
Retour, peut-être pour le samedi 2 octobre...
Je déconne.

LES ROMS.
Quand j'étais petit, je croyais que Michel en était le propriétaire... J'entendais parler des roms à Michel...
Qu'est-ce qu'on est bête quand on est petit.

A MOI AUSSI.
Qu'est-ce que vous croyez? A moi aussi il m'arrive d'envier ce bel homme assis en face d'une jolie  brunette cuivrée, aux yeux noirs, souriante et court vêtue avec un petit lézard tatoué sur la cheville gauche qui lui grignote la malléole. Comme elle le regarde suavement...(Son homme, pas le lézard!).
A moins d'y être absolument contraint, si je peux n'avoir aucun des quatre bambins qui chahutent en hurlant autour des tables, que, depuis un bon quart d'heure, elle appelle vainement à davantage de calme et qui font de cette terrasse de bar, un Fort Alamo ridiculement bruyant, je préfère... Sinon personne, merci...

NOUVEAU SLOGAN.
Trouvé un nouveau slogan pour LE Président:
N. S. le Président qui fait ce qu’il a dit… qu’il ne ferait pas.

LES CLES.(Suite).
Toujours pas le moindre petit trousseau de clés en vue...

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IMPENSABLE.

SHAKINEY MOHAMMADI ASHTIANI.
 
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Lapidée, fouettée, pendue?
Inconcevable. Inacceptable. Impensable.

07 septembre 2010

Congelée.

C’est au troisième appel en une demi-heure que  j’ai été débordé par une éruption de colère, un Krakatoa de rougne, un Stromboli de rage.
J'explique: Cette année, certains midis, je peux rentrer chez moi pour souffler entre deux demi-journées. Les années précédentes, j’étais obligé de rester sur place, d’aller m’offrir  un sale sandwich à l’hyper du coin et de me l’engouffrer dans la voiture, à même le parking… Je ne vous dis pas les désagréables sentiments qui ne manquaient pas de m’étreindre et de me serrer le coeur. A chaque fois. Heureusement, il y avait, à cette heure, à la radio, un humoriste qui m’ouvrait une porte sur un monde moins glauque et qui faisait passer gentiment la pilule. Evidemment, ils se sont débrouillés pour le virer et donc fini de rire le midi. Mais, en compensation, le destin m’a autorisé à rentrer chez moi.
J'y mets la musique à fond et je souffle comme on me l’a bien appris. En inspirant très fort et en soufflant très profondément. Surtout en me débarrassant des chaussures que je n’ai pas remises depuis deux mois et qui me boudinent les pieds comme une cagoule la tête  d'un soldat du GIGN. La musique dans le rouge, je me sers un verre d’eau minérale gazeuse glacée et un fruit allongé sur le canapé fait l’affaire. (Ce n’est pas le fruit qui s’allonge, bien sur).
Je me détends. Je récupère des forces éparpillées dans l’âpre bataille sans merci du matin.
J’avais oublié le téléphone fixe. J’avais oublié combien on peut être harcelé dès qu’on est chez soi. Comme je n’y étais jamais, je ne savais même pas que c’était possible d’être comment dire? Emmerdé à ce point?
Je sais bien, il faut que tout le monde mange et que chacun puisse bosser. Mais de là à faire chier les gens avec insistance, il y a une marge. Non?
Je me suis levé plusieurs fois comme la veille et l’avant veille. J’ai éconduit civilement, aimablement les personnes qui voulaient me fourguer à crédit, des baies vitrées révolutionnaires, un traitement anti-termites génial, un nouvel adoucisseur d’eau incroyable, une chaudière à gaz rêvée, et deux, trois autres trucs que je n’avais pas les moyens de payer mais on s’en fout, mon pauvre monsieur, on vous avance l’argent vous n’avez rien à faire, vous paierez plus tard… Je n’ai besoin de rien Madame, Monsieur, je vous jure… Si, un jour, par malheur, quelque chose me manque,  je penserais à vous, je vous appellerais en premier, promis, juré, allez au-revoir, sans rancune aucune…
A chaque fois, se lever, faire le trajet, se calmer, décrocher et répondre le plus sereinement possible en contenant l’humeur qui bout à l’intérieur.
Jusqu’à l’éruption due à la troisième sonnerie du jour.
J’étais en haut. J’ai cavalé comme pour les deux premières, j’ai manqué de me vautrer dans les escaliers. J’ai décroché. Un voix suave:
Bonjour Monsieur Collard, Sonia, de la société Agrigel, à l’appareil… Pourrais-je parler à Madame Collard s’il vous plait?
(Oh toi, Sonia, déjà tu me fais tout lâcher, mais en plus c'est pour ne PAS me parler? Je te déteste encore plus que tous  tes autres collègues!) Je laisse un long blanc. Elle reprend son baratin appris par cœur:
Monsieur Collard, Sonia de la Société Agrigel… Pourrais je parler à Madame Collard, s’il vous plait?
Ah là, là je la tenais, enfin, ma terrible vengeance, elle allait voir ce qu'elle allait entendre.  J'étais remonté comme un sherpa.
Je lui ai envoyé dans un souffle sépulcral:
Madame Collard ne pourra pas vous répondre… on l’enterre demain… elle est morte avant-hier. Vous comptez venir à la cérémonie, mademoiselle Agrigel?
J'ai laissé, alors planer un silence infini.
Puis: Sonia? Sonia? Où êtes vous? Le bec cloué, la Sonia. Elle fera p'têtre un peu moins sa maline avec mon numéro de téléphone Mam'selle Agrigel...

Villeneuve d'Aveyron 018

06 septembre 2010

Il est là...

Il est arrivé le Swans de Septembre... 

Avec, dedans, une nouvelle rencontre... Après "Le pris de la Bastide", raconté ici c'est L'éprise de la Bastide... qui est racontée là-bas...

Bonne lecture...

04 septembre 2010

Une pincée de monde…

COMME SES MAINS...
Un footballeur de l'équipe de France  qui joue en Allemagne a déclaré, après sa suspension pour cinq matches suite aux évènements de l'été dernier en Afrique du Sud (mine de rien on voyage, par ici...):
"Beuh j'comprends pas!"
Tu m'étonnes, Franky... Tu m'étonnes, vieux...

BRUIT D'ESPADRILLES.
Nous serions bientôt en guerre avec l'Iran…
Un média iranien dans les sphères du pouvoir a  traité la femme du président de" putain".
(La dentelle ne serait pas trop leur spécialité en Iran... Alors que le jet de pierre, oui...)
Bientôt la guerre?
L'affrontement semblerait inévitable... 
Une solution à l'épineux problème des retraites?
Je file à l'hyper acheter de l'eau minérale et une paire de joyeuses espadrilles. Je préfère entendre des bruits d'espadrilles à des bruits de bottes...

ENTENDU, HIER…
Hier en écoutant la radio, mon oreille (oui, j'écoutais d'une distraite) est tombée sur ça:
... C'était Nicolas Demorand pour Europe 1 soir...
Je ne sais pas vous, mais moi ça m'a fait bizarre.
Et pourquoi pas un Philippe Val directeur de France Inter aussi, ou une Morano et un Estrosi ministres pendant qu'on y est!!!
Comment?
Non?

LES CLÉS.
Mon arrivée est prévue dans cet endroit depuis deux mois.
J'y suis venu la date annoncée.
Trois jours après il n'y a pas eu moyen d'avoir un trousseau de clés qui permettrait d'ouvrir les nombreuses portes pour simplement... fonctionner.
Je débute vraiment lundi à l’aube... Sans clé.
Qui, à part moi, s'en inquiète un petit peu? Personne.
Un bon résumé de l'institution? Des tas de portes fermées, pas de clés!

SONGE.
On ne doit plus dire: Mr Eric Woerth, mais Mr Eric, est-ce-que j'ai une tête à mentir? Woerth.

LA MORT A UN GOÛT CERTAIN...
Ces derniers temps, saleté, tu t'es surpassée:
Corneau ?    Choisi...      Estrosi oublié.
Giraudeau?  Choisi...      Morano éconduite.
Avron?        Choisi...      Douillet évincé.
Terzieff?     Choisi...      Hortefeux expulsé.
Kremer?      Choisi...      Besson reconduit.
Ma parole ! Si tu t’imagines qu’on ne voit pas clair dans ton petit jeu malsain…

DEUX.
Deux phrases lues dans le beau livre de Nicolas Rey "Un début prometteur" (Au diable vauvert):
"Le chagrin sert à réduire la largeur des rues."
"Je ne supporte plus les vies que j'abandonne..."

VINCENT.
Vincent est un enseignant qui, durant l'été, a changé de sexe, mais il est resté dans le même établissement.
On a prévenu les élèves pour éviter la surprise, on leur a dit comment s'appelait désormais leur prof...
La vache!
S'il m'arrivait de changer de sexe en un été, rappelez-moi d'être vigilant sur le choix du prénom... Vincent est devenu Martine...
Tout ce bazar pour s'appeler Martine...
Et puis, quitte à changer vraiment sa vie, plutôt que de changer de sexe, autant changer de boulot... Non?

A part: une peine éperdue, je ne connais pas d'expression plus attristante que: Peine perdue...


aout2010 065

01 septembre 2010

Dans les rues de Septembre.

Dans les rues de Septembre, je marche, enseulé.
D'ordinaire, une pluie battante cognerait salement aux portes des visages des gens.
J’aurais froid. L’épais manteau de regrets qui me couvrirait le dos, ne me protègerait de rien.
J’aurais enfilé par-dessus mes os, qui pourraient être gercés, un pull en laine de ville.
Autour du cou, serrée avec un nœud coulant, une écharpe de soi grise. 
Les bandes blanches des passages piétons luiraient comme des vitrines illuminées d’orgueil.
Les phares des feux des voitures croisées n’en mèneraient pas large.
Les rouge et vert scintilleraient en boules allumées d’arbres de défaites.
Il nous tomberait dessus les têtes, des fils de rasoir à rendre dix lames.
Les gris des trottoirs seraient devenus des flaques océanes.
Je devrais me sentir gorgé comme une éponge d’habitudes.
Peut-être que mes pieds barboteraient, dans l’humide et les tremblements.
Le ciel paraîtrait en colère.

Alors qu'il n’en est rien.
Je suis trempé, je marche et je souris, seulement.
Mon étoile me l’a appris hier, tout pile hier matin, au saut du froid.
Et, depuis, je flotte dans les rues de Septembre avec LA nouvelle vissée au cœur.
Je survole d'un vol de plume, les lacs, les mares, les étangs, les boues noires des pavés.
Il arrive que j'y plonge un pied en m'éclaboussant de rire.
Il y a cette annonce légère comme une fabrique de nuages clairs.
Celle-là qui, maintenant, portera chacun de mes pas.
Alors que je devrais… Tout à l'envers, je ne saurais pas être triste, il me reste tant à faire…
Déjà, j’ai, là, devant moi, un petit soleil à accueillir…
Désormais, je sais que le bonheur se fiche pas mal de ce qui dégouline dans les rues de Septembre…

Feuille bananier goutte

La Geneviève.

(Pour les impromptus littéraires de rentrée, le thème : Si je ne rentrais pas).

Si je ne rentrais pas ?
Qui s’en apercevrait ? Voilà plusieurs jours que Geneviève, une des petites hirondelles de l’année passée, née dans une grange de Sault, Vaucluse, se posait cette question. Elle avait de mauvais souvenirs de son premier grand voyage, celui qui dure deux semaines et qui passe au-dessus de l’Espagne et franchement, elle n’avait pas très très envie de se taper toutes ces heures de vol pour aller passer l’été dans le  Nord. Je n’ai rien contre le pays, mais je n’ai rien pour non plus, je ne le connais pas disait-elle à qui voulait l’écouter. Je n’en ai rien à faire de voyager, je suis né là bas, d’accord mais je n’y ai vécu que deux mois. Pourquoi ficher le camp si loin alors qu’ici, j’ai tout. Le nid est maintenant fait, les gens ne nous jettent pas de pierres, ils sont contents de nous avoir. Qu’est-ce qu’on a besoin d’aller s’emmerder à traverser deux pays entiers juste pour passer l’été. Ici, autour de ce village, il fait toujours bon, il y a une jolie lumière, de la nourriture à foison avec tous ces moutons.
Qui s’en apercevra si je reste là ? Hein, qui, je vous le demande. Qui se soucie encore de nous ? Cette position quasiment révolutionnaire et radicale était loin de faire l’unanimité et ça papotait ferme sur les fils électriques. Il y avait les pour et il y avait les contre. II faut retourner là-bas, c’est notre condition qui le veut. Cela fait des générations et des générations qu’on fait le Grand Voyage, il n’est pas possible de s’y dérober, l’été c’est là-bas qu’on le passe, la nourriture y est abondante, les petits y apprennent à voler etc…
Que n’a-t-elle entendu ?
Mais rien n’a suffit à la faire flancher. Ni les menaces du père, ni les suppliques de la mère,  ni les recommandations des sages, ni les injonctions du clan, ni les ordres des chefs d’escadrille. Sa décision était prise, elle ne partirait pas. Elle ne rentrerait pas passer l’été de l’autre côté de la mer.  Elle ne remettrait pas les ailes là-haut... Comme c’était une sacrée fichue têtue, on pouvait compter sur elle pour s’y tenir.
Elle s’y tint, Geneviève ! Ah! Ça, elle en a siroté des Perrier hirondelle, au-dessus de la Médina, la Geneviève...
Qui s’en est aperçu ici bas? Enfin, ici-haut devrait-on écrire! Personne.
Cet été, il a volé une hirondelle de moins, ici, dans le ciel de ce village du Vaucluse et personne, pas même parmi les anciens, ne s’en est rendu compte.
Décidément, s’il fallait une preuve que le monde allait tout de traviole, on l’avait.
S’il fallait un signe qu’il était désormais tout de guingois, le monde, c’était une hirondelle qui l’envoyait et, le pire, c'est qu'il n’y avait pas grand monde pour le recevoir.
Avouez que ne pas recevoir le signe d'une hirondelle peut troubler...


Lucenay Hirondelles 1

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