Affichage des articles dont le libellé est Poème. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Poème. Afficher tous les articles

17 décembre 2019

Un jour de marché

Le cauchemar du matin m’avait laissé d’humeur maussade,
J’ai voulu sortir pour m’en défaire.
Un peu roulé dans la campagne inondée,
Puis trainé dans les rues de la ville.
C'était animé comme un jour de marché.
Un monde plutôt gai déambulait, commerçait.
J’ai rencontré des visages connus
Et croisé d’autres, encore inconnus.
Mais tous ou presque avaient le sourire aux lèvres.
Ça m’a, sur le champ, consolé. 
Ces sourires ont fait revenir le mien.

Et puis, d'un journal me sont parvenues les nouvelles du monde...




20 mai 2017

Du sud.

Au loin, tes collines, par le mistral giflées,
Là, de la lavande au bleu qui espère.
À l’est, un faux soleil, une pâleur gercée.
Ici, de longs cyprès, que le vent exaspère...

Là, les basses Alpilles ou le pays de Sault,
L’hiver, l'Ouvèze  rugit, rougne y fait ses grands sauts.
Le chaud, l'été y règne, souverain sans trône,
Ses sourires aux pieds,  babouches du Rhône.

Au vieux mas isolé, une cloche sonne,
Au village ensseulé, c’est l’heure du midi,
Les ombres s’allongent, le pas s’ abandonne,
Le gros du jour y file comme le chat s’enfuit.

Terre de sèches pierres et de mistral emmêlés,
Toits de tuiles rondes, poussières d’ocre rouge,
Platanes parasolant, toutes feuilles mêlées,
Le gel mordant, l’hiver, quand plus rien ne bouge,

Que les arbres fruitiers, et les vignes taillées.
Province Provence, à la voix déguisée,
Cinglante badine, couette de fièvre,
Insolente et pingre, coquette orfèvre.

De l’Estaque en estocs, monde en vrac, âmes en toc,
Du Palais des Papes, aux salins des Saintes,
Des remparts d’Avignon aux parfums d’absinthe,
Qu'on y galèje en o, ou bien dans celle d'oc...

Du sommet du Ventoux, aux droites de Buoux,
Des villages tranquilles, aux places des marchés,
Des frêles campaniles, jusqu'aux sorgues glacées,
De la Sainte Victoire, aux bars beaux du Barroux...

Que ce soit quand tu pArles ou survole la Crau,
Des ravins de Senanque, aux ravis du Prado,
Les phrases s’enroulent, s'habillent d'épique,
Enrubannées, brassées d'un vent catabatique.

Les mots déraisonnent au long des hauts remparts,
Forteresses assagies, invectives domestiquées,
On l’entend de partout, on ne le voit nulle part,
La langue s’y agrippe comme vague au noyé.

Ah le Sud, le baroque, le beau personnage,
Qui balaye le temps, se moque des sages,
Qui, comme chez Seguin, est toujours herbe et loup,
Le sud, le Beau Prince qui devait guérir de vous.



05 mars 2017

Le v'là.

Les figuiers ont trempé le bout de leurs doigts dans les pots de peinture verte,
Le jour est réveillé par le boucan des bouquets de mésanges,
Les amandiers sortent, pimpants, de chez le blanchisseur
Le soir, le soleil trainaille un peu avant de rougeoyer
Les rouges-gorges jouent à cache cache avec la lumière.
Les pies et les merlettes s’envolent dans les fourrés.
Dans les pots, les petites pousses poussent.
Dans les champs, les chevaux s’enchevêtrent.
Des tapis de violettes voilent les pelouses.
Aux bosquets, le bouvreuil flirte avec la bouvreuil,
Sur les mares, les canards décollent après les canes.
En ville, les chats repeignent les gouttières,
Il y a dans l’air une tiédeur surprenante,
Les chiens dénichent la truffe à l’air.
Les bourgeons s’embourgeoisent,
Les nuits raccourcissent leurs robes,
Le soleil brille de nouveaux rayons
Les jardiniers retroussent leurs manches
Les jardinières s’animent de semis,
Les larmes des saules reverdissent.
Le ciel se change cinq fois par jour
Les cabris, les ânons naissent,
Les pissenlits et les racines aussi.
Les paumes ont envie de peau,
Les nuques de doux baisers.
On sent sa jeune force en nous
Qui nous réveille, nous réanime
Et nous sourit.

Alors, on sifflote au ciel, 
Aux roses nouvelles,
Aux belles rebelles,
Sacré printemps puisque te v'là.



01 mai 2016

L'ami(e).

L’ami, le vrai, n’attend rien de toi, rien,
pas même des reproches. Il prend ce que tu donnes,
et donne ce que tu peux prendre.
Il est là, quelque part, il vit très bien sans toi
parce qu’il lui suffit de savoir que tu existes,
Tu vis bien sans lui parce que tu le sais, qui vit.
Avec l'ami entame une conversation,
Puis restez-en là. Vous la reprendrez plus tard,
Trois semaines, six mois, deux ans,
Avec l'ami, c’est ainsi, le temps n’a pas de prise.
L’amitié c’est une affaire de siècles.
Un vrai pense à toi quand tu penses à lui.
Ça se vérifie à chaque fois, chaque jour. 
Quand tu entendras : Je pensais à toi, justement…
Tu sais que celui-là en pourrait en être un.
L'ami sait tout de toi, tout de tes forces,
Mais il sait aussi la plupart de tes failles.
Heureusement qu’on en n’a pas cargos.
Pour remplir une vie, un ou deux suffisent.
L’ami ne donne son avis que si tu lui demandes,
Mais il te dit sa vérité. Soit prêt à l’entendre,
Tu devras sans doute la craindre.
Si tu n’as besoin ni de rien, ni de personne,
Si tu n’as rien à dire, ni à lui, ni au monde,
Appelle-le, passez un moment ensemble,
Parmi tes connaissances, c’est LA personne
Avec qui le silence  n’est jamais pesant.


Un(e) ami(e) c'est quelqu’un avec qui bien se taire.


Merci Jordan!

04 avril 2015

À qui ça tient?

À quelques signes presque imperceptibles, à de vagues messages qui nous sont envoyés par on ne sait qui, d’on ne sait où,  mais qui nous arrivent en plein dans le mille de l'âme...
À des sensations qu’on pensait enfouies, dissimulées, oubliées,  perdues... mais qui nous traversent et nous éclairent.
À des instants qu’on se remet à voler au temps qui s’égraine, à des regards croisés dans les rues, à des sourires échangés, à des mots envoyés, à des énergies ressenties qui nous font nous lever plus tôt, marcher moins vite, coucher plus tard...
À ce soleil qu’on ne voyait plus disparaître et qui, désormais, nous cueille le soir venu... 
À cet horizon qu’on pensait effacé et qui dit: « Dites, les gars, je suis là, vous aviez perdu l’habitude de me voir mais je suis bien là, présent... Regardez moi, un peu, maintenant... »... À ces tiédeurs ressenties  au dos d’un mur Sud sur les coups du midi, à ces odeurs qui reviennent portés par des vents désormais moins mordants, à ces envies de terrasse, le front levé, tourné vers une chaleur qui enveloppe...
À ces soirées qui s’étirent, un brin et nous offrent des minutes à vivre, à ce linge propre qu’on se remet à étendre dehors...
À ces corps qui se dévêtent de peu: envolées les  peaux  de laine, égarées les moufles, dévoilées les gorges...
À ces oiseaux fragiles qui semblent plus gais, à ces écureuils très maigres entre aperçus sur les troncs des arbres des jardins enfin accessibles, à ce lapin que j’ai vu gambader toutes pattes dehors et  traverser, en flèche rousse, le cœur vert de l’herbe...
À ces portes fenêtres qu'on entrouvre, à ces chambres qu'on aère, à celles qu'on ne referme pas de suite en venant du dehors...
À ces forces nouvelles qui dans notre sang bouillonnent et surprennent…
À ces brins d’herbe qui s'allongent, à ces pelouses qui fleurissent, à ces mots qu’on prend le temps de s’échanger dans la rue, moins pressés par le froid et ses gifles...
À ces couples de canards qui se chamaillent à plumes que veux-tu, à ces chiens qui se reniflent les culs avec davantage d'insistance, à ces chats qui, les nuits de lune pleine s'en miaulent de rauque... 
À ces repas qu’on se remet à prendre en terrasse, pendant qu’il fait encore bon… À cette légère tristesse qui vous attrape en présence de choses joyeuses, à ta main dans les siennes...
À ces horizons qui se dévoilent le matin tôt sans plus être enveloppés de brumes ou de brouillards épais comme des soupes... À ces arbres qui s’ébrouent débarrassés du gel ou du givre dont ils étaient emmitouflés... à ces haies qui se repeuplent et se remettent à vibrer des vols agités, des présences farfouilleuses...
À ces vignes taillées, prêtes à grandir... à cette terre remuée, prête à donner...
À ces enfants qui traînent au sortir des écoles et qui restent là à jouer, encore, un peu, "s'il te plait, il fait si jour..."
À ces plantes qu’on arrose, qu’on nourrit, qu’on observe d’un œil sourcilleux...  « Va-t-elle enfin repartir, celle là ?  Allez vas-y, quoi, fais ta belle, démarre...» 

Alors voilà à qui ça tient.
À ces petits riens, qu'on perçoit, qu'on devine mais qui vont bien finir par nous éclater aux visages. On le sent, il est là, il se retourne, il s'éveille doucement, il s'étire, il se lève, il revient, et  franchement, franchement qui songerait à s’en plaindre ?

À ces quelques notes joyeuses, chantées par Léo Ferré, entendues, qui venaient du coin d’la rue, fêtant les coquelicots,  les lilas mauves et puis les blancs… 


C’est l’printemps...


Publications les plus consultées