29 novembre 2010

En finir avec Novembre.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. La consigne était d’insérer ou de débuter le texte par: La nuit je mens. Ma copie:

La nuit, je mens…
Nan, merde j’arrive même plus à écrire avec ce froid qui m’engourdit les doigts…
La nuit, je mens, je mange en pensées ce que j’ai vu dans les vitrines du jour…
La nuit, je m’en remets quelques louches et je vais jusqu’à plus faim, jusqu’à repus parce que la nuit je m’en fous, je peux bien manger ce que je veux puisque ça ne coûte pas un sou que je n’ai pas de toutes façons, alors la nuit je mens, je m’en ressers toujours…
La nuit je m’en balance d’être là parce que personne ne m’y voit et s’ils me voyaient me regarderaient-ils ? La nuit, je m’en balance parce que je m’en verse une gorgée puis une autre et une autre encore pour m’en embrumer le cerveau, voilà, la nuit je m’embrume le cerveau pour m’en aller ailleurs, au chaud. Je mens, je m’envole. La nuit, je m’embarque sur des cargos de fortune, dans des cabines surchauffées pour oublier, un peu… Voilà, la nuit je m’en vais sous des cieux plus cléments… La nuit clément… Clément c’était le prénom de mon petit que j’ai dû laisser en déroute, ce n’était pas un endroit pour lui, ici. Même couché sur une bouche d’égout, une bouche dégoût… La nuit qui ment ? Qui m’embrasse?
Une gorgée, encore pour m’enfuir. La nuit je mens, je m’enfuis. J’essaie de filer de moi-même et de là où je suis. Ces larmes… De partout. La nuit, je fuis.
J’ai froid. Je mens, je m’enrhume, oui.
Et dans cette péniche qui m’illumine en longeant mon quai, je peux y voir ceux qui y mangent en smokings noirs qui ont payé deux mille euros pour cette soirée de gala de lutte contre la misère… Eux, au chaud et j’entends venir d’elle, étouffé, le titre de Bashung que j’aimais.
La nuit, je ne m’en accommode toujours pas de cet écart entre ceux qui ont tout en triple et ceux qui n’ont rien, qui sont dehors sans rien, sous les neiges sales des villes comme des chiens de traineaux mais sans l’utilité ni les poils, ni le blanc.
La nuit je mens, je m’entoure de ces duvets plutôt sales et j’attends. La nuit j’attends. Le jour. La nuit je mens, je m’enferme dans le silence et le noir et le froid et la peur.
La nuit je men..., je m’en fonce, je m'enterre… en terre, encore vivant.
Mais si peu.
La nuit, je m'en... dors, épuisé avec le jour… revenant.
Comme... moi.


Mur décrépi

27 novembre 2010

Un mauvais soir.

Il faisait, pour l'instant, une encore douce tiédeur de fin d'été.
J'étais monté m'asseoir sur un des  bancs du haut du village, celui qui reste exposé le plus tard au soleil du soir. J'avais, sur moi,  le carnet qui me sert à prendre des notes pour mes histoires. Ils étaient assis avant que j'arrive. Comme souvent, j'avais fait mine de lire, mais en vrai, j'avais noté leur conversation en me disant que ça pourrait peut-être faire une note. Ils disaient:
___ Dis ça fait un moment que tu n’as rien posté sur ton blog…
___ C’est normal, ça fait un moment que je n’ai rien écrit.
___ Il faudrait t’y mettre, aussi, ça ne vient pas tout seul, tu n’as plus d’idée ? Plus d’envie ? Tu es à sec ?
___ Non, ce n’est pas vraiment ça. J’en ai marre.
___ Marre ? Et de quoi ? On ne te demande pas un Nobel de littérature, juste un feuillet ou deux, un truc soit rigolo, soit sensible, un peu universel où tout le monde puisse se reconnaître, qu’on lise en vitesse entre deux cafés, en rentrant le soir du boulot ou même le matin devant un thé, avant de plonger dans les nouvelles noires du monde, un truc qui vide la tête, la prépare, déclenche un sourire, arrache une larmichette, un 21-29.7 pas trop mal tourné avec deux trois jolies phrases, sans faute d’accord ni de conjugaison enfin, tu vois le genre...
___ Ben justement j’en ai marre de tout ce cirque, je ne ponds que des pages qui ne valent rien.
___ Qui ne valent rien ? Ne crois pas ça ! Un sourire, une larme ça vaut, non.
___ Ben non justement, il est bien là le problème, tout ce que j’ai pondu au kilomètre durant cet été ça ne vaut rien. Et pire, sais-tu ce que ça m’a coûté en après-midis, enfermé dans ce foutu bureau alors qu’il faisait si beau dehors ?
Personne ne m’a filé deux ronds pour ça. Donc ça ne vaut pas tripette. CQFD. Tu te souviens de ce type que j’étais allé voir qui dirigeait une agence photo, du temps où je voulais lui caser les miennes ? Tu te rappelles de ce qu’il m’avait répondu quand je lui avais demandé ce qu’était, pour lui, une bonne image ?
___ Non, je ne me souviens pas ? Il avait dit quoi ?
___ Il avait juste répondu : Une bonne photo c’est une photo qui se vend bien. Ben voilà, une nouvelle, un texte c’est exactement pareil. C’est un truc qui rapporte, que des gens sont prêts à payer pour lire.
___ Oulah ou bien tu deviens cynique ou bien tu es gagné par le discours ambiant, toi : Ecrire plus et gagner plus… N’oublie pas qu’il a du plomb dans l’aile ces temps ci…
___ Heu pas vraiment, moi ce serait écrire encore mais gagner un peu, juste un peu, alors que tout ça ne m'a rien rapporté, pas même des ennuis.
___ Tu noircis tout ce soir, ils n’étaient pas si mal tes derniers…
___ Tu veux rire ? Tu plaisantes, j’espère ? N’importe quel neuneu peut en aligner des tonnes sans une égratignure, il suffit de s’asseoir à une table et de mettre la machine en route. Une botte de poireaux est capable d’en fournir, n'importe quel blaireau est à même d'en aligner des kilotonnes de ce truc là, il suffit de s'y atteler…
___ En fait, si je te comprends bien tu n’aimes pas écrire, je veux dire écrire pour écrire…
___ Ben finalement, tu vois assez clair, je ne crois pas que j’aime ça ! Ce que j’aime, tu vois…
___ Dis moi, ça va me plaire, je sens ça…
___ Ce que j’aime c’est : « avoir écrit ». Avoir dessiné une jolie phrase avec mes doigts qui fait une belle musique quand tu la dis à haute voix… J’aime quand c’est fini que j’appuie sur la touche "bloguer" et que j’envoie mon bouzin par delà les écrans. Ça oui, j’aime. Le reste, pas trop.
___ C’est quoi, le reste ?
___ Le reste c’est rester assis là à chercher le mot, la phrase, la manière de la construire pour qu’elle sonne juste, que quand je parle du vent, on entende le vent, que quand j’évoque une eau qui serpente on la sente serpenter, tout ça m’emmerde.  Ça m'amuse mais ça me fatigue et me pèse. Ça m’est difficile et, ne te moque pas, parfois douloureux tellement ça me semble difficile… Alors, vois-tu, si en plus ça ne me rapporte rien, au bout d’un moment ce n’est pas seulement pénible, ça devient chiant ! Tout ça ne me fait pas sourire, si tu veux savoir ! Si tu savais que quand j’en poste une j’ai à chaque fois le sentiment que ce sera la dernière, qu’il n’y en aura pas d’autre, jamais…Quelle misère !
___ Tu devrais te mettre à écrire un livre. Un vrai.
___ Merci bien! C'est tout ce que tu me souhaites? Comment faudra-t-il que je te le dise? Je ne suis pas un écrivain! Définitivement pas. Résolument pas. Absolument pas. S'il y a un truc que j'ai c'est cette lucidité! Ne me l'enlève pas, s'il te plait! Et surtout ne me fais pas le coup de penser que je dis ça pour entendre le contraire, ne t'abaisse pas à ça!
L'autre, après un silence entendu:
___ Tu sais, je ne voulais pas trop te le dire mais parfois, ça se voit que tu bâcles... On a l'impression que tu files à la fin et que tu te débarrasses... Je ne dis pas ça pour t'enfoncer parce que tu n'as pas l'air d'avoir grand moral, toi ce soir ! Mais je me dois te le dire. Il me semble quand même que tu oublies un peu vite tous ces gentils commentaires élogieux qui caressent ton égo dans le bon sens du poil et te font les bras tout lisses…
___ Et te remettent le cœur à l’endroit ? Ah ça c’est une belle chose! Tu postes un texte, quelques phrases et tu imagines qu’à l’autre bout, quelque part, tu ne sais même pas où quelqu’un va tomber dessus, lire JUSQU’AU bout et que ça va peut-être même lui arracher un sourire ou une larme, enfin quelque chose va être provoqué parce que tu auras posté…
Puis, comme s’il se reprenait en mains…
… Oui, les coms, bien sûr, évidemment, les coms, ça flatte mais j’achète quoi avec les flatteries? Et puis tu m’emmerdes toi aussi avec tes questions, voilà, je ne souhaitais pas être particulièrement désagréable, surtout avec toi, mais c’est dit, et je peux même te le redire si tu as manqué l'épisode : Tu me gonfles !
___ J’ai beau t’enquiquiner, mais ça t’est utile, c’est fait...  tu l’as ta page, non ?
___ Et tu serais prêt à me filer combien pour la lire ?
___ Ah mais rien du tout, t’as juste une page, et c’est marre, tu vas pouvoir copier, coller et appuyer sur bloguer, tu ne voudrais pas en plus que je te paie pour ça, non ! Ne te mets pas à rêver, mon Grand !
___ Dis... t’avais pas des photos à faire, toi, pour ton blog? Photographe aveugle...

L'un des deux s'est levé, plutôt fâché et a fichu le camp comme une mauvaise idée se  glisse le long d'un caniveau et disparait dans une bouche d'égout.
L'autre est resté assis un instant, un vague sourire dessiné sur son visage, presque soulagé.

Le soleil avait maintenant disparu derrière la colline, au loin. Puisque le vent s'était levé, le froid a déboulé en hurlant sur la place, comme un chien fou courant vers son maître...  Mais pour le mordre...

Mur 75 Rue Py

24 novembre 2010

Régime sec.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. Le texte devait commencer par l’incipit: Un matin - mais était-ce un matin -, il fallut bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.” 
C'est devenu:


Un matin - mais était-ce un matin -, il fallut bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.
Il lisait, lisait et relisait à voix haute et sur l’écran 21 pouces du mac dernier cri, l’ultime phrase qu’il venait de taper et à chaque fois, lui venait la même grimace. Elle ne lui disait rien qui vaille. Ça ne va pas, ca ne va pas ! Alors, il changeait un temps :
Un matin - mais était-ce un matin -, il fallait bien se rendre à l'évidence : le temps avait bel et bien disparu.

Alors, il recommençait sa lecture et n’en était pas davantage satisfait. Et tout ces tirets et puis cette virgule, là ! Que fichait-elle là celle-là ? A quoi servait-elle ? A rien. Et ce « bel » imbécile qui s’insinuait comme une vilaine douleur chronique… A qui était-il utile ce bellâtre ? « Bien se rendre », « bel et bien »... Oh, le vide abyssal de ce « bien » !!!
Il reprit en élaguant :
Un matin, mais était-ce un matin ? Il fallait se rendre à l'évidence : le temps avait disparu.

Ah ! Déjà, cela commençait à boiter un poil moins bas. Il la relut à voix haute pour en entendre le rythme. Je tiens le bon bout, du moins je tiens quelque chose. Il se leva et alla chercher une bouteille d’eau minérale et gazeuse. Que les bulles viennent à son secours. S’il avait osé, il aurait ouvert une de champagne… Quitte à invoquer les bulles… En vrai, il s’aperçut qu’il était chiffonné par cette histoire de matin. C’était le matin, les lecteurs le savaient pertinemment que c’était le matin, ils le savaient puisqu’on n’arrêtait pas d’en parler au chapitre précédent. Pourquoi donc se poser la question ? Pour faire genre, pour se donner une contenance ? Faisons court :
Un matin, il fallait se rendre à l'évidence : le temps avait disparu.

Mieux, de mieux en mieux et cette évidence, si elle est évidente pourquoi la convoquer ? Allons–y ! Sabre au clair, Mon Surcouf !!! A la hussarde ! Trace ta route à la machette !
Un matin, le temps a disparu.

Voilà enfin une phrase qui a du nerf, du muscle, de l’os. En voilà une qui va droit devant, qui coule dru, qui fonce, sans se retourner !
Comme il n’était pas homme à faire les choses à moitié, il a remonté ainsi, un coupe-coupe dans chacune de ses mains, amputant de-ci, de-là, le corps du livre à qui il avait sacrifié ... ses six derniers mois, son couple et sa santé.
C’est dans le fleuve de sang dégoulinant du Mac, que les trois cent soixante pages de son obèse roman sont devenues une maigre note de deux cent vingt trois signes… qu’il a publiée dans son blog, somme toute heureux, d’être allé, enfin, à l’essentiel.
Sans fioriture. Sans surplus. Sans crème. Sans gras…
Et puis, qu'il disparaisse, le temps! S'il s'imagine qu'on va le pleurer, il se trompe... et lourdement, en plus. On fera sans lui, aussi.


Mariage Emylie 005

Bientôt Noël.

Voilà venu le temps des  cadeaux à offrir, on a toujours un peu de mal à choisir. Je vous aide et vous propose d’offrir du plaisir, ce qui vous l’avouerez n’est pas rien!
Un livre. Un livre où l’on peut lire ça:

“…Nous avions besoin d’un miracle. Je posai le sac sur le banc à côté de moi, ouvris largement la fermeture. Les reliques pouvaient faire des miracles, c’était un fait indubitable de l’histoire religieuse. Je plongeai la main dans le sac en quête d’un petit morceau d’os, en tirai une vertèbre de la taille d’un bouton de culotte. Elle était percée d’un trou pour la moelle et de quelque côté qu’on la tourne, on pouvait, en plissant les paupières, y voir une figure. Je ne pouvais pas être victime d’un charme. J’étais trop éduqué pour ça. Je l’enfermai dans mon poing. Quelle que soit la taille, quelle que soit la partie préservée, la grâce restait intacte.
___ Donne m’en un, me demanda Héléna en tendant la main. Je lui donnai une clavicule légère, légère, qu’elle pressa sur son front.
Rien.
Elle essaya avec le mien, sans plus de succès. Nulle trace de cette odeur de sainteté qui élevait les plus bas esprits. Rien du tout. Nous nous sentîmes déçus, fatigués, ordinaires, encombrés pas un sac d’os inutile…”

image

Le sujet du bon livre écrit par Richard Beard:
James Mason est diacre. Il a perdu son père. Sa mère l'a abandonné. Sa foi vacille. Sa fiancée est enceinte. Son église va fermer, faute de fidèles, rachetée par un antiquaire interlope. L'orteil de saint Thomas à Becket, précieuse relique de l'église de Tous-les-Saints de Genève, s'empare de l'esprit du jeune homme... Sous cette pieuse influence, James entame une carrière de pilleur de tombes pour le compte d'un trafiquant. Décidément, les Voies du Seigneur empruntent des chemins étranges, le long des allées des cimetières suisses, troublant le repos de quelques défunts célèbres -Jung, Calvin, Richard Burton, Chaplin... et même les chiens d'Elizabeth Taylor !
- Jay, mon garçon, comment vas-tu sortir de pareil sac d'os ?, aurait commenté feu James Mason Senior. Editions In octavo.
Le livre a été traduit par Marie Rennard.

La chanson de Romain ou un petit de saison.

Je suis retombé sur lui... Tant pis, je le remontre...

                     J'aimerais tant qu'on se souvienne Que dès que l'hiver s'amène Les feuilles mortes font des tas chiants Dans les jardins désormais trempés, Les manches des pelles, des ampoules Aux mains de qui va les ramasser. Peuvent donc pas rester sur l'arbre, Au lieu de nous forcer à ratisser ? Peuvent donc pas rester de marbre, Au lieu, de, bêtement, dégringoler ? Les mortes feuilles font les malines A se mettre en bans sur les pelouses Comme le beurre sur les tartines, Ou le soupçon chez les jalouses. Mais le pire ce sont les souffleuses, Elles vacarment un boucan d'enfer, En poussant au cul les chuteuses, Qui finissent de planer dans l’air... Heureusement, les feuilles à terre Inspirent de très jolies chansons Dont on sifflote gentiment l’air... En balayant nos paillassons, Alors que nous reviennent Celles de Gainsbourg et Kosma Il serait bon qu'on se souvienne De celle que Didier Romain écriva....


22 novembre 2010

Ta manière…

Ta manière d’être à moi me séduit
Ton regard alors s’étonne
Tu n’appartiens à personne
Je me le tiens pour dit.

Ma tanière d’honnête homme te ravit
Mon regard alors détonne
Si je ne suis rien ni personne
Qu’il en soit ainsi.

Ces manières, que chez moi tu décris,
D’un bref regard atone...
Je les abandonne…
Cela, seul m’est permis.

Les bannières que souvent je brandis
Changent les donnes.
Mais toi tu ne me pardonnes,
Que si je les... replie.

Les lanières qui me lacent à ton lit
M’attachent et me donnent,
L'allure ni mauvaise, ni bonne,
De celui a qui tout sourit.

L’art et ta manière de mener ma vie
Ne m’effraient pas, jolie Madone,
Mais l’air que j'y fredonne...
En douce, me suffit...


Lampe à pétrole

21 novembre 2010

Il mio refugio…

J’étais passé la prendre, façon de parler, chez elle. 
Je l’avais attendue dans la rue. Elle était arrivée un peu après-moi. J’avais donc eu matériellement le temps de faire deux ou trois fois demi-tour pour lever le camp. Je n’avais pas bougé. J’avais laissé les choses arriver. Scrupuleusement respectueux de la maxime qui dit que: Quand tu ne sais pas quoi faire, le mieux est de ne rien faire.
Oui, mais voilà, j’étais au pied de son appartement.
Quand elle est montée dans la voiture c’est un souffle qui est entré avec elle. Un souffle de vie. Nous avions vingt quatre heures devant nous. Autant dire une éternité. Jusque là nous n’avions réussi qu’à grappiller une heure ou deux, de ci, de là, toujours entre deux portes, deux arrivées, deux départs à chaque fois. Cette fois, l’avenir (jusqu’au lendemain soir) était entre nos mains. Qu’allaient elles en faire ? Allaient elles seulement savoir s’en dépatouiller ? Sauraient elles faire avec ça ?
Pour la première étape, nous ne sommes pas allés bien loin. Le Bois voisin, pour y marcher un peu et nous poser les deux ou trois questions qui se bousculaient: Est-on bien certain que ces heures nous allons les vivre ensemble ? Le souhaites-tu ? Vraiment, je veux dire ? Est ce que ça ne risque pas de tout compliquer ? Oui, je suis d’accord, nous avions du mal à faire simple… Mais est ce que ce n’est pas, justement le plus délicat qui soit ? Et puis ce n’était pas le genre de la boutique. N’y revenons pas. Quand il y avait deux options, il nous en fallait toujours une quatrième. Alors, sans avoir rien résolu, si ce n’est le fait qu’après la balade au bois, il y aurait un restaurant, puis une chambre à trouver pour y passer la nuit (nous avions écarté l’idée de dormir dans la voiture, pour une première nuit, nous voulions du confort et de la douceur), nous avons roulé. J’avais fait le plein en prévision. Nous avons choisi de nous éloigner un peu du coin où nous vivions. Plus d’une centaine de kilomètres plus tard, la nuit tombée, quelques endroits qui ne nous disaient pas grand-chose, visités, certains éliminés d’office après avoir vu le hall d’entrée, des fous rires étouffés après un regard qui signifiait : « Ah ben non quand même, nous n’en sommes pas là ! » ou bien : « Ah ! Ben là ça va pas être possible, nous méritons mieux » des courses sous la pluie pour regagner la voiture, nous étions sur le point de rompre face à l’adversaire, de battre retraite en pleine campagne et de rentrer. Chacun chez nous. Et puis nous avons fini par trouver. Vue, l’heure, pour le repas, il nous faudra attendre le petit déjeuner mais ce n’était pas grave, ce n’est pas de nourriture dont nous avions faim, c’est de nous-mêmes. La chambre ressemblait à une bonbonnière rose, touffue de taffetas pour un tarif étouffant mais peu importe. Il suffisait d’éteindre les lumières. Nous nous sommes allongés sur le lit, têtes bêches à l’image de ce qu’était nos vies à cet instant. Nous ne nous sommes débarrassés que de nos chaussures pour ne pas salir le couvre lit et nous avons parlé. Jusqu’au lever du jour. Je ne crois pas que nous nous soyons touchés. Je ne me souviens pas qu’un millimètre carré de ma peau ait frôlé un millimètre carré de la sienne. Quand il y a trop de désir, il lui arrive de rester coi. La peur? Ce sont nos mots et nos mots seuls qui se sont entremêlés dans le milieu du lit. Du coucher au lever. Nous n’avons pas dormi. C’est défaits, les visages froissés, mais pas pour ce que les sourires en coin des serveurs  laissaient supposer, que nous avons dévoré tout ce qui était sur la table, du jus d'orange à tous les croissants. Puis, une fois repus, nous avons repris route pour rentrer et nous séparer. Il pleuvait sur les champs balayés par un vent glacial. La plaine était d'un morne effarant. J’ai allumé le poste. Pendant les trois minutes et quelques de la chanson de Cocciante " Il mio refugio " nous n’avons pas prononcé un seul mot, mais un subtil mélange de larmes, à la fois peinées et joyeuses, s’est écoulé de tous nos yeux.
Est-ce que se sentir amoureux, c’est être amoureux? Qu'est ce que c'est aimer? Quand sait-on qu'on aime vraiment? Qui aime-t-on quand on dit qu'on aime? Aime-t-on si on manque? S'il n'y a pas besoin de beaucoup d'amour pour dire je t'aime, il en faut pas mal pour aimer vraiment...
Chacun pour soi, enfermés dans nos silences, nous nous posions ces questions en ne voulant pas connaître nos réponses. Ni, surtout, nous les dire...
Là, une voix intérieure m'a dit: "Tu en fais beaucoup, non? Sortons tous nos mouchoirs..."
Pour nous, tout était en place, nous n'avions plus qu'à croiser, à pleine vitesse, la trajectoire d'une bétaillère à cochon échouée, en panne, au plein milieu d'un carrefour à venir...
Et ce sera parfait.

Les zamoureux Antibes N&B_edited (Medium)

16 novembre 2010

L’as-tu vu?

Dis, l’as-tu vu le ciel, ce soir?
Une fonderie, un beau foutoir.
Une merveille, un anti malheur,
Une mystique, un  grand bonheur.

Oh! Quelle magie le ciel, ce soir
Cet incendie au cœur des cœurs
Des rouges droit d'un encensoir,
Brasiers brûlants, torrides rougeurs…

Dis, mais tu l'as vu le ciel, ce soir?
Où donc étais-tu pour ne pas le voir?
En toi, dans ta peine?  En tes espoirs?
Si tu avais pu voir, le ciel, ce soir...

Un champ de braises et de victoires,
Torchères flambantes à émouvoir,
Des oreillers sanglants d'étoupe noire,
Un vrai don du Ciel, le ciel, ce soir.

Moi, je l'ai aperçu le ciel flamboir,
Et encore, il était un peu tard…
Un Ouest, deux Est tout en miroirs,
Aussi, le voilà, pour toi, ce ciel d'un soir...

Qu'on me donne la main, puisque j'ai peur du noir...

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Nov 029



Nov 027

14 novembre 2010

Une pincée de monde.

ON LE SAVAIT.
Florent Pagny est comme un crétin. Lui qui, depuis vingt cinq ans martyrise la langue française dans ses chansons débiles (presse qui roule pas vraiment cool… j’en passe et des pires) vient de mettre ses enfants à l’école à... Miami (!) pour, dit-il, les protéger du parler reubeu...
J'peux vider mes poches sur la table
Ca fait longtemps qu'elles sont trouées
Baisser mon froc j'en suis capable, mais vous n'aurez pas
Ma liberté de penser
On te la laisse, garçon, on te la laisse. Imbécile. Il s’est excusé un jour après. Pas pour toutes les  inepties qu’il a chanté. Si j'avais un  enfant, je veillerais à ce qu'il aille à l'école à Oulan Bator... Pour le mettre à l'abri des scies de Pagny.

VALSE.
C’est lui. Non, c’est toi. Nan, ce sera lui. Ou peut-être pas. Ou un autre. Ou pas…
Dis donc, garçon, gouverner c’est hésiter? Nous ne l’avons pas vraiment cru quand il disait qu’avec lui tout était possible. Nous avons eu fichtrement  tort.
Tout est vraiment possible, même le pire.

D'OU ?
Il m'est venu un titre que j'ai trouvé joli pour une histoire d'escrimeur: Les parades d'Octave.

BANG! BANG!
En partant au marché ce matin, dans le chemin des Nesquières, ça tirait dans tous les coins. Les perdrix et les lièvres vont devenir sourds! Je crois que je ne comprendrais jamais le plaisir qu’il peut y avoir à stopper net le vol ou la course d’un animal dans un  champ.  Où est le bonheur de transformer une merveille de grâce en mouvement en un amas mou de chair  sanguinolente et morte… Incompréhensible.
Et qu’on ne me serve pas le couplet sur l’amour de la nature et des animaux!

ON S’EN MOQUE.
Au marché, je n'ai pas acheté de topinambours, ils étaient encore trop chers en revanche, j'ai acheté six œufs et j’ai lâché la boite en sortant de la voiture... J'ai marché dessus après. Combien en ai-je sauvé?


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11 novembre 2010

Un, de ces quatre matins.

La matinée se présentait sous les meilleurs augures...
Je venais d’être réveillé par un brillant atterrissage,  tout en glissades contrôlées, allongé nu dans une baignoire de bébé  en plastique crème, dans les ruelles  sombres de Pointe à Pitre(!), baignées dans les touffeurs moites des nuits tropicales. J'avais levé les yeux et aperçu de suite le bleu pétant du ciel dans le rectangle de la fenêtre, j’entendais vaguement de la radio, des bribes de mots me parlant d’une future guerre des monnaies, mais, mon président allait pouvoir s’envoler, lui, dans son tout bel avion flambant neuf, pour l’autre bout de la terre et  tenter de régler cette affaire en deux mots trois mouvements... L'imaginer dans la nuit, à dix mille pieds entre Paris et Séoul , seulement vêtu d'un seul tee-shirt NYPD en soie noire, de chez Dolce Gabanar, (cadeau de sa douce), l'imaginer dans le ronronnement rassurant des moteurs de son engin, à lui seul qu'il a. L'imaginer refermant puis reposant sur la tablette de la table de nuit en acajou fauve, La Princesse de Clèves, qu'il n'arrive décidément pas à finir,  tirer  à lui la couette en pilou  shintzé des Andes, un conseil de Minc, il faut l'entendre dire d'une voix ferme: "Eteins-toi, plenel!" à la lampe  de chevet. Oui, comme dans son espace privé, tout était à commande vocale, réglée pour ne reconnaître que DEUX voix, ils avaient donné à chaque interrupteur un nom de journaliste... Imaginer son contentement à cet instant là... Imaginer le redoublement d'aise qui l'envahit, là, en pensant à sa suite, journalistes, ministres, assis à l'arrière, dans le même avion, tassés, en boules sur des sièges éco ridiculement étroits. Ça aussi il l'avait expressément demandé pour qu'ils voient bien la différence avec la taille des siens... Enfin moi, c'est ce que j'éprouverais si j'avais le malheur d'être à sa place. Ah, pendant qu'on y est, pour l'abat-jour de la lampe, je suis content que vous l'aimiez, Président, car bien que ce ne soit pas moi qui l'a choisi directement, j'en ai payé  une partie, alors autant qu'il vous plaise... Pour l'heure, je n’avais pas à me lever de suite, juste me laisser bercer encore un peu par l’ambiance, sans la perspective d'aller au boulot,  tout ça parce que, voilà plus de quatre vingt dix ans on avait demandé à de pauvres bougres  affamés de sonner le clairon pour mettre fin à une des pires sauvageries que les hommes avaient organisé et Dieu sait s’ils s’y connaissaient en horreurs sanglantes. J'ai, en cent mille pensées   chaleureuses, offert des douches chaudes, des wagons de crêmes anti-feu et des rasoirs quatre lames à tous les poilus de la terre...
Ici, maintenant, ce onze là, tout n’était que paix, calme et douceur. Même si  chaque époque a sa croix, je me suis réjoui un bon quart d'heure de n’être pas né en mille huit cent quatre vingt dix et de n'avoir pas perdu ma jeunesse dans les froids, les boues,  le sang, la peur, les gaz, les souffrances, les merdes et la mort….
La veille nous avions, à plusieurs, fêté l'anniversaire d'un bon homme, au premier sens du terme, un gars bien, tout jeune (oui, ce petit salaud ne soufflait  que TRENTE ans !).  Ce fut, en même temps, une jolie soirée et, évidemment, l'occasion  rêvée, si  l'on peut dire, de me demander: qu'avaient-ils craint de si épouvantable, mes trente ans? pour filer si vite?  Et, où avait-elle  foutu le camp ma trentaine à moi, que j'ai eue?  (Sans avoir, bien entendu, d'autre réponse , que celles, peu satisfaisantes, de la glace de la salle de bains, de certaines douleurs dans le bas du dos et... la venue même de ce type de questions...).
Maintenant, le soleil tapait en plein sur l’oreiller et une envie de café plus une autre de pisser m’ont poussé aux fesses, m'ont forcé à me lever. Je me suis habillé avec ce qui trainait, il était fini le temps où je pouvais descendre comme je dormais... Désormais, ça caillait le matin surtout quand la veille j’avais eu la flemme d’allumer le feu dans la cheminée.  Pour m’en assurer, avant de dévaler les marches, j’ai jeté un œil par le fenestron qui donnait vers le Nord et la vue du sommet du Ventoux, poudré  de blanc comme une vieille marquise a achevé de me convaincre. L’hiver avait débarqué dans le secteur. J’ai enfilé une polaire sur le tee-shirt. Après avoir fait ce que j’avais à faire, j’ai ouvert les volets et laissé entrer, laissez entrer, le soleil qui frappait aux volets. (Je me suis dit là, gars, tu ne t’es pas trop foulé avec l’image mais bon, je venais de me lever, aussi, je pouvais espérer, de votre part,  un poil d’indulgence… Non?) Le grand jour ayant noyé la pièce, je me suis rendu compte combien les vitres étaient sales mais c’était un peu normal, avec toute la pluie des derniers jours… Si le temps se met au beau, il faudra que je les nettoie.  (Je ne me dis pas que des choses profondément intelligentes à mon réveil mais au moins, le peu que je prononce semble cohérent et sensé).
J’ai enfilé une veste et je suis allé acheter le journal. J’y vais de suite après le lever, avant que l’envie ne me quitte, avant que la flemme de sortir ne m'attrape. Après avoir échangé, comme tous les matins quelques bêtises d'une finesse douteuse avec le buraliste: La guerre ils auraient mieux fait de l'arrêter en Juin... pour les cérémonies, ils auraient eu moins froid, enfin, vous voyez le niveau, je suis rentré. Je me suis préparé un café. J’ai fait ça comme un automate. Toujours les mêmes gestes au même moment, dans le même ordre, comme un ordi sous windows, comme commandant de bord sous pilote automatique: appuyer sur le bouton pour la chauffe, vider le réceptacle du café utilisé la veille, remettre de l’eau dans la cafetière, remplir de café neuf, vissage du réceptacle,  remise à niveau d'eau, appuyer sur le bouton rouge passé au vert, et ce qui n’était pas le plus facile surveiller que le liquide ne déborde pas de la tasse. Une fois la tasse pleine à volonté, je l’ai posée sur la sous tasse et j'ai remonté  le tout dans le bureau en,  (ah merde!) en perdant un peu en route... Ca me rassurait un peu cet automatisme. Si, par malheur, je devenais aveugle, j'aurais sans doute du mal à me préparer une blanquette mais je pourrais toujours boire un café...
J’ai allumé l’ordinateur. Je me suis croisé les doigts, je les ai fait craquer...

C’est que je tenais un blog, moi, messieurs dames et que je n’y avais pas publié de post depuis plusieurs jours… Alors, dans une suffisance  blette, stupide, coupable et déplacée, je me suis entendu minauder: Mes deux, trois lecteurs doivent commencer à trépigner... d’impatience…

Aussi, j’ai attaqué en commençant par un L:
La matinée se présentait sous les meilleurs augures…
(Et oui, augure est masculin, mon petit bonhomme...).


Thé_cr_cr

06 novembre 2010

Tandis que.

Tandis qu’il tombait des parpaings de saumure
Les ruelles s'ensevelissaient de lueurs obscures.
Le ciel, d’un coup, sous l’effet rageur de l’orage
S’était assombrit, la ville revenue d'un autre age.

Tandis que des pluies baroques dévalaient des collines,
Charriant des roches et des troncs d’arbres morts
Entrainant au passage, des pans de murs bleu marine
Les enfants nus s’en revenaient, chœur en désaccord.

Tandis qu’en lisière, dans des déserts déserts
Des gamins tremblant, assassinaient leurs pères,
Attendaient, abandonnés, que le soir les reprenne
Que la nuit, un rien ou autre chose les surprenne.

Tandis que des mères épuisées d’aller et venir,
Se tuaient à tenter, à durer, se tuaient à tenir,
Des frères défaits laissent filer les heures, les jours
En disant sans sourire qu’un jour c’est pour toujours.

Tandis que cela, ailleurs, des repus à grossir s'attellent,
Absents, insensibles à ceux qui, à l'aide, appellent.

Gwad 08 105

03 novembre 2010

A deux mains…

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. Le texte devait débuter par: les mains disent beaucoup sur un homme… Et voilà le travail:

« Ah, mais tu te demandes ce que je fabrique là, Graag ? Tu fais bien ! Tu vois,  c'était devenu une évidence pour moi, depuis bien longtemps, au moins trois printemps, je pense que les mains disaient beaucoup de choses sur un homme…
Est-ce que tu comprends quand je te parle, Graag fils de Haan ? Ne baisse pas la torche s’il te plait sinon, je vais finir par me brûler la paume et en cette saison nous risquons de ne pas trouver de plantes cicatrisantes ! Vois-tu Graag, c’est parce que je suis persuadé de ce que je viens de te dire que je trempe les miennes dans ce liquide qui  pue l’auroch mort et les baies macérées, et que je m’échine à aller les plaquer dans toutes les cavernes du coin comme une sorte de Damidot obsessionnel…
Graag, mon petit, je suis peut-être primitif mais pas entièrement débile, je sais bien que tu ne peux pas connaitre Damidot, mais fais moi un peu confiance, accorde moi quelque crédit je t’en supplie, ne remets pas en cause sans arrêt la parole d’un ancien de cinquante deux lunes ton ainé…
Il faut que tu me crois, je t’affirme que dans quelques millénaires quand ceux qui vivront à notre place reverront ces paumes plaquées, ils se diront ce que je viens de te dire :
« Les mains disent beaucoup de choses sur un homme… » Et ce sera nous qu’ils étudieront. Alors, vois-tu, cela va se dire même s’ils ne sont pas encore eux-mêmes, tout à fait, devenus des hommes. L’important c’est d’avoir le désir d’en être, un jour, un siècle ou un millénaire et d’y tendre chaque jour. Retiens bien ce que je te dis, petit!
Bon, allez, la leçon est finie, tu peux éteindre la torche, on a terminé pour aujourd’hui, on sort, on retourne à la grotte. Je me suis laissé dire qu’Haan avait préparé son fameux ragout de mammouth…
On va se régaler, mon ptit Graag, j’en mettrais ma... main au feu! »

image
Mains de la grotte Cosquer attrapées grâce à Google.

02 novembre 2010

De retour…

De Paris où je suis allé respirer un peu le bon air de LA ville et me rincer les yeux de tous ces paysages de campagnes montagneuses…
Oui, nous avons marché sous les jaunes des tilleuls dans les jardins du Palais Royal...  Oui, nous sommes allés trainer dans la Galerie Vivienne... Oui, également sur les Grands Boulevards où il y a… tant et tant de choses à voir... Oui, dans les allées vertigineuses du Jardin des Plantes et de ses alentours, la Grande mosquée, le marché de la Place Monge, où j'ai appris à me bleuir les genoux en patins à roulettes, l'entrée de la caserne des gardes républicains, d'où j'admirais le carrousel des chevaux peignés de frais, les arènes de Lutèce... Oui, nous avons grignoté au café Costes du MK2 Bibliothèque et au Café Blanc  celui du 10 rue de la Croix des Petits Champs dans le premier arrondissement, là où je suis né… Oui, nous avons vu l’exposition des images de la France de Raymond Depardon à la BNF François Mitterrand… Oui j’ai traversé la Seine sur la passerelle des Arts d’où j’ai vu le square Henri IV... Oui, nous sommes allé fleurir des tombes en  ayant des pensées pour tous les absents… Oui, il faisait doux et les allées des parcs, les terrasses des bistrots, les trottoirs des avenues étaient claffies d'un monde souriant d'être là… Oui, les rue de Buci, de Seine et la plaçounette de Furstenberg... Oui, nous sommes allés rassasier nos regards d'un couchant à tomber sur les genoux sur les côteaux de Chennevières... Oui, nous nous sommes dit ce que nous avions à nous dire et même davantage... Oui, oui, nous avons pensé à ceux qu'étaient loin... Même que nous aurions aimé qu'ils soient avec nous... Oui c'était tout bizarre de se dire qu'en fait nous étions trois...
Oui, oui… En ce moment même, à l'heure où j'écris,  vers le Pont de La Varenne,  au-dessus de la Marne, des roux étincelants saupoudrés sur le vert et des pluies d’or fin sur les marronniers penchés,  comme s'ils voulaient s'abreuver au fleuve…

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