29 novembre 2010

En finir avec Novembre.

Pour les Impromptus littéraires de la semaine. La consigne était d’insérer ou de débuter le texte par: La nuit je mens. Ma copie:

La nuit, je mens…
Nan, merde j’arrive même plus à écrire avec ce froid qui m’engourdit les doigts…
La nuit, je mens, je mange en pensées ce que j’ai vu dans les vitrines du jour…
La nuit, je m’en remets quelques louches et je vais jusqu’à plus faim, jusqu’à repus parce que la nuit je m’en fous, je peux bien manger ce que je veux puisque ça ne coûte pas un sou que je n’ai pas de toutes façons, alors la nuit je mens, je m’en ressers toujours…
La nuit je m’en balance d’être là parce que personne ne m’y voit et s’ils me voyaient me regarderaient-ils ? La nuit, je m’en balance parce que je m’en verse une gorgée puis une autre et une autre encore pour m’en embrumer le cerveau, voilà, la nuit je m’embrume le cerveau pour m’en aller ailleurs, au chaud. Je mens, je m’envole. La nuit, je m’embarque sur des cargos de fortune, dans des cabines surchauffées pour oublier, un peu… Voilà, la nuit je m’en vais sous des cieux plus cléments… La nuit clément… Clément c’était le prénom de mon petit que j’ai dû laisser en déroute, ce n’était pas un endroit pour lui, ici. Même couché sur une bouche d’égout, une bouche dégoût… La nuit qui ment ? Qui m’embrasse?
Une gorgée, encore pour m’enfuir. La nuit je mens, je m’enfuis. J’essaie de filer de moi-même et de là où je suis. Ces larmes… De partout. La nuit, je fuis.
J’ai froid. Je mens, je m’enrhume, oui.
Et dans cette péniche qui m’illumine en longeant mon quai, je peux y voir ceux qui y mangent en smokings noirs qui ont payé deux mille euros pour cette soirée de gala de lutte contre la misère… Eux, au chaud et j’entends venir d’elle, étouffé, le titre de Bashung que j’aimais.
La nuit, je ne m’en accommode toujours pas de cet écart entre ceux qui ont tout en triple et ceux qui n’ont rien, qui sont dehors sans rien, sous les neiges sales des villes comme des chiens de traineaux mais sans l’utilité ni les poils, ni le blanc.
La nuit je mens, je m’entoure de ces duvets plutôt sales et j’attends. La nuit j’attends. Le jour. La nuit je mens, je m’enferme dans le silence et le noir et le froid et la peur.
La nuit je men..., je m’en fonce, je m'enterre… en terre, encore vivant.
Mais si peu.
La nuit, je m'en... dors, épuisé avec le jour… revenant.
Comme... moi.


Mur décrépi

5 commentaires:

Brigetoun a dit…

et la nuit quand on n'a rien l faut bouger pour avoir chaud et chercher un lieu le jour pour dormir - beau rythme dans ta nit

Tilia a dit…

Ce texte est parfait, on pourrait l'encadrer. Si on n'avait pas déjà mauvaise conscience en cette fin d'automne glaciale, il se charge de nous la donner.
Mais je trouve l'illustration peu adaptée...

chri a dit…

@Brigetoun: Merci pour le rythme...
@Tilia: Merci! Je vais revoir l'illustration!

nathalie a dit…

Argh. Et toujours cette question : dis papa, c'est quand qu'on va où ?

Vivre, passer quelque temps sur cette terre, à quoi ça sert? A tirer son épingle du jeu du mieux possible à titre individuel ou essayer que le monde soit un peu moins moche après notre passage ? Une combinaison des deux pour la plupart d'entre nous - avec des résultats pas du tout à la hauteur de nos espérances, de nos illusions...


Je ne sais pas si l'illustration que je vois est l'ancienne ou une possible nouvelle?

chri a dit…

@Nathalie: Oui, une combinaison des deux mais quand même un gout amer certains jours de grand froid... Tilia m'a fait changer! C'est une nouvelle image...

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