29 août 2015

De toi.

J’attendais de toi que tu lèves le pouce
Tu l’as gardé vers le bas tourné
J’espérais de toi que les remords s’émoussent
Ils sont restés malgré tout gravés.
Je ne voulais de toi que tes paumes douces
C’est le gel nu qui m'a caressé.

Je comptais sur toi, sur ta bienveillance
Je me suis trompé, me suis floué
De toi, je n’ai eu que la dure vaillance
De tes piques acérées, aiguisées.
De venins tu as enduit le fer de tes lances
Et, dans le vif des plaies, as tourné.

De toi je m’attendais au pire
Je dois dire que je n’ai pas été déçu.
Il arrive que le doute expire
Une fois les certitudes venues
Et s’il te prenait l’idée saugrenue
De me briser, de me mettre à nu
Dis toi que je ne t’aurais pas attendue
Mais que souffrir ne m’a pas forcément plu.

Je pensais à toi, pour des minutes douces
L'été en hiver s'est transformé
Je croyais en toi pour les tapis de mousse
C’est sur des clous que tu m’as couché.
Je l’aurais enfin décrochée même rousse
Mais tu as vite quitté le quartier.

J’ai pesé de tout mon poids dans la balance
Elle n’a pas très longtemps résisté.
Je nous détestais vraiment dans l'absence
C'est sur un quai que je suis collé, 
Alors ce que tu prends pour de l’arrogance
N’est que tristesse pas même déguisée.



25 août 2015

Un petit tas.

Dans les périodes de disette, sans Grands Moments, on peut se rattacher à ces petites secondes qui ne changent rien au fond mais qui font basculer l’instant, celui qui arrive, qui font la vie plus douce et le moment plus émouvant :

Quand on sort d’un supermarché et que, comme d’habitude, on a oublié de prendre un sac pour y mettre ce qu’on a acheté, que dans le berceau de nos bras tout tient en équilibre précaire, l’instant où tout va s’écrouler sur le parking et qu’on réussit en un geste à tout rattraper… Et même si on sait bien que dans les secondes qui suivent, on va arriver  à la voiture, et qu’alors il faudra bien en trouver les clefs, enfouies au plus profond d’une de nos poches. Laquelle ?…
Quand dans un train de nuit, on se réveille  dans une gare inconnue, qu’on écarte légèrement le rideau du compartiment, juste pour voir où on en est du voyage…
Quand on a acheté au petit bonheur la chance une housse de couette, qu’on l’installe et qu’elle s’adapte pile poil exactement, ce qui est assez rare, à la couette…
Quand, dans le noir, on tente de glisser au jugé, une clé  dans une serrure et qu’elle y rentre, droit, sans se rebeller…
Quand dans une queue de supermarché on croise le regard d’un nourrisson jovial, bouddha définitif et qu’il t'envoie un sourire à décrocher la mâchoire des galaxies…
Quand, dans un matin de brumes, on laisse tomber le tube dentifrice au sol ET qu’on ne pose  aucun pied dessus…
L’instant où l’on  se glisse dans des draps propres suivi de celui où on se défait de ses lunettes et qu’on éteint la lumière…
Quand sur le  quai d’une gare, on vient chercher un être cher, les secondes où le train est annoncé, puis entre en gare, jusqu’au moment où il s’arrête… L’attendu est là, quelque part dans la foule qui sort des voitures…
Le dernier passage d’une lame de rasoir neuve sur une joue désormais douce…
Quand après une longue balade en montagne où l’on a pas mal souffert à cause de la raideur de la pente et de toutes ces cigarettes qu’on n'aurait pas dû fumer, l’instant où l’on s’arrête et pose son sac dans le vert de l'herbe humide…
Les secondes où l’on se réveille dans la nuit, qu’on regarde l’heure et qu’il en reste cinq à dormir…
Quand on sort d’un restaurant bruyant où l’on a passé trop de temps, les premières secondes de silence sur le trottoir désert avant de se mettre en route pour rentrer chez soi…
Après le dernier bain de l’année, le moment où l’on se sèche, quand on sait que le prochain sera au mieux dans une année presque entière…
À l’ouverture d’une bouteille de vin, le moment où l’on sent que le bouchon va céder voire se briser en deux puis finalement décide de sortir entièrement avec un joli bruit en prime...
Quand dans le noir d’une salle de cinéma on sent les larmes monter et qu’on les laisse filer sur sa joue, certain de n’être vu de personne d’autre que soi…
Quand on vient de courir trois heures dans une banlieue moche à la recherche d’un sac aspirateur introuvable, qu’on en ramène un paquet, l’installe, appuie sur l’interrupteur de l’engin, pose l’embout sur une poussière et qu’elle DISPARAIT, avalée goulûment…
Après une brûlante journée d’été, lorsqu’un orage éclate, les premières bouffées d’odeurs tièdes qui montent du sol…
Ces secondes où l’on consulte son compte bancaire en début de mois et que le solde est ENCORE positif.
Décacheter une lettre reçue le matin en lire les premiers mots quand est écrit : « Mon bel amour ». Il faudrait se contenter de ça, il arrive que cela se gâte après.
Prendre une saison chaude, une fin de belle journée, une plage des Landes, une compagnie souhaitée, une paire de doigts, un poulet grillé, une bouteille de bon vin, deux verres ballons, attendre l’heure du coucher du soleil, se sécher du dernier bain, changer de maillot (pour ne pas garder l’humide sur soi) enfiler un vieux pull de coton, s’installer sur le sable… Manger et boire en regardant le ciel… L’autre à son côté.
Se réveiller le matin et s’apercevoir qu’on n’a mal nulle part. 
Sortir d’un vilain cauchemar et se rendre compte que c’en était un…
Les toutes premières caresses où notre main se pose sur une peau encore inconnue et les vibrations qu’elle y sent, qui nous font chavirer, tout entier…
Ce moment dans le cabinet d'un médecin où l’on entend l’adjectif : banal.
Voir une araignée repoussante dans la maison, passer au-delà de sa peur, l’attraper, la mettre dehors et la regarder s’enfuir. 
Quand, un peu après l'histoire une petite voix vous appelle de la chambre réclamant un câlin...
Entendre en mars les dialogues amoureux des crapauds habiter les soirées, enfin entièdies.
Vivre la dernière centaine  de mètres d’une sortie difficile où l’on a maltraité ses mollets, son souffle, son cœur, ses fesses, ses cuisses et savoir que, dans quelques secondes, toute cette souffrance va s’arrêter.
Ces secondes où les pleurs d’un enfant s’apaisent au creux de vos bras, que le sommeil s’en empare et que sa peine s’enfuit.
L’instant précis où, dans un livre, on tombe sur une phrase qui exprime exactement ce qu’on sent vrai depuis longtemps mais qu’on n'arrivait pas à dire. Précisément.

Quand on vient d’écrire une page à propos des petites secondes, qu’on en arrive à poser le dernier des trois points de suspension… 
Mais on sait bien qu’il y en a des milliers d’autres à attrapper… De petites secondes…





14 août 2015

Quatre ans, déjà...


Les mots d’Allain ont épuisé plus d'un tonneau,
Nous laissant du ciel, des rhums aux cerveaux.
Les derniers verres de Socrate, aux saveurs de ciguë
Des coups de pieds aux culs aux flaques des rues.
Des ballons de Grand Cru dans des bains de limonade,
Des poignées d’entre frères, des amours camarade.
C’est un souffle de petit, au visage des puissants,
La vengeance des gueux sur la morgue des Grands.
C’est de la sciure d'or fin sur le parquet d’un rade,
Des paillettes d'argent sur nos humeurs maussades.
Des gerbes de génie, des bouquets de fulgurances,
Des images allumées en feux, de la bêtise en vacance.
C’est du poil à gratter l’aïe d’un frère qui tangue,
Des cheveux mal peignés sur le bout de nos langues,
C’est un médicament d’Achille qui armure les talons,
Des pilules d’espoir qui font l'infini moins long.
C'est une poignée de main à vous broyer le malheur,
Une systole à cent sou qui vous abreuve le cœur,
Des lames d’Atlantique dans les poches des yeux,
Des désirs d’Andalousie dans des valises de vieux.
Une musique romaine qui saurait danser l’espagnol,
Des croissants de lune en goguette, un bâton Guignol.
Les mots d’Allain, c’est le train du soir parti la veille,
C’est un cargo d’espoir pour les années vermeilles,
C’est une trace de bleu sur le gris des trottoirs,
Une tâche de sang à l'autre bout d’un couloir,
C’est le partage de midi à toutes les heures du jour,
Des maux à lire même quand on ne sait pas toujours.
Les vers d’Allain sont comme des sourires d’enfants,
Des images d’outre Manche, de vie et de vent,
Qui condamnent l'auteur à la sciure des comptoirs,
Et disent à demain comme on invite au Grand Soir.
C'est une corde passée au cou du malheur,
Qui là, lovée dans l'ombre, attendait son heure.





10 août 2015

Encerclés.

Quitte à tourner en rond autant le faire en cercles et que ce soit bon...
Préparer une polenta. Un peu de culture générale : La polenta ou polenta ou encore poleinte est une farine de maïs. Elle se présente sous forme de galette ou de bouillie . Nature ou crémeuse, elle peut être servie chaude, cuite au bouillon ou au lait ou encore en galettes revenues à la poêle (ou à la plancha…). Il y en a à cuisson rapides qui sont pré cuites, ce ne sont pas les plus mauvaises.
Une fois cuite versez la, encore coulante sur une plaque de four sur une épaisseur d’environ UN centimètre. Dedans, tu découperas, une fois refroidie et solidifiée, autant de cercles que tu as besoin. Ce sont des cercles de quatre ou cinq centimètres de diamètre.
Pendant que la polenta cuit, ne perds pas ton temps à musarder, émonde des tomates et découpe les en rondelles d'un demi centimètre. (Une tomate pour quatre cercles de polenta).
Découpe pareil le boudin. Oui, du boudin rouge. Une ou deux tranches par cercle. Tu t’y retrouves ?
Découpe des ronds de pommes. Une pomme pour quatre cercles de polenta. 
(Prends des pommes un peu sucrées qui tiennent le passage à la plancha, comme la Pink Lady qui est bien sucrée, par exemple).
Prépare du persil haché tu peux y glisser un peu d’ail mais je ne suis pas pour.
Allume le feu sous ta plancha.
Quand elle est bien chaude (la plaque) et que tu l’as huilée, mais pas avant tu n’es pas stupide, pose-z-y dessus les tranches de pommes et retourne les fréquemment ce ne doit pas être cramé mais roussi.
Mets-z-y les cercles de polenta et les tranches de boudin et surveille et retourne.
Une fois que c’est cuit, monte tout ça comme un mille feuille ou un immeuble en commençant par la polenta au rez de chaussée, (on a dit que tu n’étais pas stupide)  puis la pomme au premier, le boudin au second et la tomate au troisième. Tu peux y ajouter, en déco, une demi tomate cerise dans les combles, tenue par une pique. Sel poivre pincée d’espelette.
Sème du persil frais haché dessus ton assemblage. Il faut bien  compter au moins deux immeubles par personnes, c’est si bon.
Oui, si on aime le boudin bien sûr.
Mais si on ne l’aime pas, si on y est allergique, qu’est-ce-qu’on va s’embêter à faire cette recette ?
Bon d’accord, allez plan B : Remplace le boudin par du chorizo (fort ou doux selon tes goûts qui ne m’ont pas l’air simple) et sur la tomate pose une ou deux coquilles St Jacques gentiment planchées et ne nous aguichonne plus.
Tu auras ouvert une bouteille de rouge pour fêter ça.
Oui, pour la boire bien sûr, pas pour la regarder…
Et si tu n'as pas de plancha? Tu as une poêle, au moins?





07 août 2015

Pourquoi elles?

Alors que la boutique allait fermer, j'ai reçu ce texte, elle est restée ouverte.

Elle avait beau réfléchir, elle ne comprenait pas. À chaque fois qu’elle y pensait, elle finissait presque toujours par se dire : Je ne comprends pas.
Elle essayait de se consoler en se disant que c’était quand même difficile à comprendre : Quoi, comment une fille comme moi, n’arrive à trouver un type gentil avec qui vivre. Quand je dis une fille comme moi, n’allez pas croire que je me crois sortie de la cuisse de l’autre, là. Mais je me connais un peu, ça m'a coûté assez cher, je vois les autres, je les regarde, elles m'intéressent et je sais que je ne suis pas inadaptée au point de ne pas me trouver un type gentil avec qui vivre. Et je dis bien vivre. Habiter le même endroit, sous le même toit, je ne parle pas forcément de dormir dans le même lit tous les soirs. Juste habiter avec lui, partager le quotidien, faire des choses ensemble. Manger aux mêmes heures, assis à la même table, se demander le soir qui prend la douche en premier, est-ce que tu as des trucs à laver, je fais une machine, on pensera à acheter du sopalin, il n’en reste plus qu’un rouleau, as-tu fait le plein de la voiture, hier la réserve clignotait quand je suis rentrée… Enfin des questions qui se posent à propos de choses de la vie réelle, de celles qu’on évoque ensemble, quand on habite sous le même toit. Dis, demain soir je n’ai pas très envie de sortir on pourra annuler ? Comment peux-tu savoir, ce soir, que demain soir tu n’auras pas envie de sortir ? Et non on ne peut pas annuler, on a déjà annulé une fois, ils vont finir par se fâcher si on continue. Ce serait bien. Ce serait bien quoi ? Qu’ils se fâchent ? Des amis comme eux on n’en a pas douze donc il vaut mieux qu’on les garde, ceux là. Bien sur, ils sont un peu lourds parfois mais crois moi, ils nous ont bien aidé… Ne serait-ce qu'à ne pas devenir comme eux et s'engueuler en public par exemple... Mais il y avait un match demain soir, Hé bien tu le regarderas en rentrant, pour une fois, tu n’en mourras pas. Et puis si ça se trouve, tu vas passer une très jolie soirée… Allez viens, s'il me plait. Bon je viens mais c'est pour être avec toi, alors...
C’est certain tout ça lui était absolument étranger. Quand elle rentrait le soir, elle donnait des croquettes au petit noir qui lui tournait entre les jambes parce qu’il réclamait, qu’il avait faim, pas parce qu’il était content de la voir. Elle n’était pas dupe, non plus. Et puis, c’en était fini de sa vie sociale qui se bornait à dire à un chat : Voilà, voilà ça vient t’es chiant, tu pourrais y mettre les formes. Plus une parole à un autre jusqu’au lendemain. Ensuite, si l’envie, la fatigue de la journée, son souhait de se débarrasser des toxines du jour, sa volonté de se changer ne l’obligeait pas à passer sous la douche, elle n’y allait pas, voilà tout. Elle ne devait sentir bon pour personne d’autre qu’elle même. Tout ce qu’elle faisait de l’ordre du domestique elle ne l’accomplissait que pour elle-même et elle ne comprenait pas pourquoi elle. Pourquoi moi disait-elle souvent.
Je ne suis pas moche à ce point là ? Je ne suis pas stupide à ce point là ? Je ne suis pas chiante à ce point là ? Je ne suis pas exigeante au point de n’en pas trouver UN seul, quand même. Il fallait croire que si.  Elle en voyait bien certaines  dans la rue,  le sourire un peu niais,  bras dessus bras dessous avec des types vaguement quelconque. Oui, sans doute, mais avec un gars au bras. Elle se demandait bien, parfois mais celle là qu’est ce qu’elle a de plus que moi, elle là qui passe ? Comment fait-elle ? Pourquoi pas moi ? Oui, même avec ce type là, il a l’air plutôt gentil, celui-là.
Bien sur, il y avait cet amant qui venait la voir de temps à autres, de moins en moins souvent maintenant que sa femme était en préretraite… Remarque il ne lui avait pas menti, jamais, il lui avait toujours dit qu’elle ne serait jamais qu’une parallèle, une merveilleuse parallèle, même avait-il cru bon d'ajouter… Le jour où je m’attache, je me détache avait-il poursuivi tout fier de son mot. Elle avait pensé : Cause toujours. Et puis, elle n’avait jamais changé de trajectoire, elle était restée une parallèle. Une de celles qui ne se rencontrent jamais.
Juste un qui me parle gentiment, qui soit prévenant mais indépendant, qui ne soit pas le petit garçon à sa maman, qui partage les tâches, qui soit foutu de s’habiller seul, de faire un menu et pas qu’un, qui sache où se rangent les couverts, qui puisse changer les draps sans qu’on lui dise, repasser ses chemises, choisir un vin, décider d’un soir pour sortir, téléphoner à la compagnie pour des billets de train, changer le sac poubelle, en mettre un vide, aller voir un film polonais en noir et blanc sans souffler, passer l’aspirateur, payer le gaz avant la date limite, connaître ma date d’anniversaire, savoir quel jour nous nous sommes rencontrés, le temps qu’il faisait ce jour là, savoir quel métier je fais et où je travaille… Et quelques autres trucs qui pourraient facilement me revenir si je me mettais à y réfléchir un petit peu…
Un peu de prévenance, de bienveillance, d'attention, de finesse de drôlerie et de douceur mais dans certaines circonstances suivez mon regard, je ne suis pas contre un peu de poigne, un soupçon d'intelligence, un brin de curiosité, quelqu'un capable de prendre des décisions, d'étarquer une balancine aux petits oignons, qui ne soit pas engoncé dans ses rituels mais presque débarrassé des fantômes de son enfance, qui peut réparer un robinet qui fuit, cueillir un bouquet de fleurs des champs qui se tienne, repeindre une pièce en deux jours , monter une armoire suédoise sans jurer et préparer un tajine de poulet pour six sans lire la recette c'est trop demander? Enfin quoi, est-ce-que oui ou non, je réclame la lune ?
Je vais finir par croire que oui se disait-elle, des larmes pas loin de ses DEUX yeux.





05 août 2015

Tout comme Loïc...




https://www.youtube.com/watch?v=j0WmMEMZSLY



C'était chez vous surtout chez moi
Vous étiez roi j'étais le fou.
On riait, il pleuvait froid
On va au moulin, ça redevient flou.

On a vieilli dans mon croisement,
C'est d'autres gens qu'en sont sortis,
C'est réussi on est plus grands
Mais maintenant y'a moins d'ici.

Je les ai vues toutes vos rencontres
Contre la montre vous m'avez plus.
Je n'ai rien su de toutes vos hontes
Vous étiez nus j'étais tout contre.

Messieurs dames, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle,
La bonne, il ne pleut pas dehors,

Et la mauvaise, je ferme.

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