11 février 2015

Si on m'avait dit.

Pour Les impromptus littéraires de la semaine. Le texte devait débuter par: Si on m'avait dit.


                                  Si l'on m’avait dit qu’il faudrait, dans le muscle de l’été, se sortir du sommeil vers les  trois heures du matin, s’habiller en silence pour ne pas réveiller ceux qui, dans la maison, ne venaient pas, avaler vite fait un café noir et engloutir une tartine pour ne pas y aller le ventre vide...
Si l'on m’avait dit qu’il nous faudrait une bonne heure de route dans cette nuit d’été chaude et toute noire, quitte à se rendormir un petit peu pendant le trajet, bercé par les virages de la route...
Si l'on m’avait dit que nous devrions descendre de la voiture au coeur d’une aube à peine naissante, dans le bruissement léger des branches des pins, dans leurs odeurs puissantes exhalées sous l’effet des souffles...
Si l'on m’avait dit que nous devrions marcher deux belles heures sous un fin croissant de lune, à la frontale, en croisant les perles brillantes de chevreuils ou de renards pas même apeurés...
Si l'on m’avait dit que nous ne serions accompagnés que par les hululements des chouettes et les aboiements des chiens de la plaine d’en bas qui monteraient le long des pentes raides des ravines, en cascades à l'envers...
Si l'on m’avait dit que nous arriverions en presque sueur au sommet du géant du coin alors qu’une très pâle lueur nous viendrait de l’Est et que nous ne devrions pas être étonnés puisque c’était pour assister à ça que nous nous étions levés de si bonne heure...
Si l'on m’avait dit qu’assis, posés à même le dur du sol nous nous régalerions d’un thé encore brûlant sorti du thermos, de quelques biscuits sablés au beurre et que nous échangerions entre nous des sourires de brigands complices en nous extasiant du miracle arrivant...
Si l'on m’avait dit qu’il faudrait se soumettre à ces contraintes pour ressentir l’immense bonheur d'être là, à cet instant précis dans les lumières de ce petit jour naissant, le souffle retrouvé mais le corps rompu, posé sur cette pierre et partager avec son fils qui était l'autre…


Si l'on m’avait parlé de tout cela, avant, je me serais débrouillé pour y monter... avant tout...



9 commentaires:

M a dit…

Une merveille ! Un de ces moments qui n'appellent que le silence pour seul commentaire

chri a dit…

@ M: :-)

odile b. a dit…

!!!
:-)

Brigitte a dit…

Cette photo est une merveille ...
Ah si j'avais su j'y serais montée plus tôt moi aussi !!!

chri a dit…

@ Brigitte Merci! Allez-y, ça vaut le coup!

Tilia a dit…

Ma-gni-fique !
Quel bon coup de plume, on s'y croirait (la fatigue en moins ;-))
Merci pour le partage

chri a dit…

@ Tilia: Merci, merci!!!

Laurence Chellali a dit…

Oh comme tu as si bien écrit cette sensation de plénitude née de l'effort de ces moments rares ! Merci Chri !!!

chri a dit…

@ Laurence Merci! C'était si beau ce matin là.

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