04 avril 2015

À qui ça tient?

À quelques signes presque imperceptibles, à de vagues messages qui nous sont envoyés par on ne sait qui, d’on ne sait où,  mais qui nous arrivent en plein dans le mille de l'âme...
À des sensations qu’on pensait enfouies, dissimulées, oubliées,  perdues... mais qui nous traversent et nous éclairent.
À des instants qu’on se remet à voler au temps qui s’égraine, à des regards croisés dans les rues, à des sourires échangés, à des mots envoyés, à des énergies ressenties qui nous font nous lever plus tôt, marcher moins vite, coucher plus tard...
À ce soleil qu’on ne voyait plus disparaître et qui, désormais, nous cueille le soir venu... 
À cet horizon qu’on pensait effacé et qui dit: « Dites, les gars, je suis là, vous aviez perdu l’habitude de me voir mais je suis bien là, présent... Regardez moi, un peu, maintenant... »... À ces tiédeurs ressenties  au dos d’un mur Sud sur les coups du midi, à ces odeurs qui reviennent portés par des vents désormais moins mordants, à ces envies de terrasse, le front levé, tourné vers une chaleur qui enveloppe...
À ces soirées qui s’étirent, un brin et nous offrent des minutes à vivre, à ce linge propre qu’on se remet à étendre dehors...
À ces corps qui se dévêtent de peu: envolées les  peaux  de laine, égarées les moufles, dévoilées les gorges...
À ces oiseaux fragiles qui semblent plus gais, à ces écureuils très maigres entre aperçus sur les troncs des arbres des jardins enfin accessibles, à ce lapin que j’ai vu gambader toutes pattes dehors et  traverser, en flèche rousse, le cœur vert de l’herbe...
À ces portes fenêtres qu'on entrouvre, à ces chambres qu'on aère, à celles qu'on ne referme pas de suite en venant du dehors...
À ces forces nouvelles qui dans notre sang bouillonnent et surprennent…
À ces brins d’herbe qui s'allongent, à ces pelouses qui fleurissent, à ces mots qu’on prend le temps de s’échanger dans la rue, moins pressés par le froid et ses gifles...
À ces couples de canards qui se chamaillent à plumes que veux-tu, à ces chiens qui se reniflent les culs avec davantage d'insistance, à ces chats qui, les nuits de lune pleine s'en miaulent de rauque... 
À ces repas qu’on se remet à prendre en terrasse, pendant qu’il fait encore bon… À cette légère tristesse qui vous attrape en présence de choses joyeuses, à ta main dans les siennes...
À ces horizons qui se dévoilent le matin tôt sans plus être enveloppés de brumes ou de brouillards épais comme des soupes... À ces arbres qui s’ébrouent débarrassés du gel ou du givre dont ils étaient emmitouflés... à ces haies qui se repeuplent et se remettent à vibrer des vols agités, des présences farfouilleuses...
À ces vignes taillées, prêtes à grandir... à cette terre remuée, prête à donner...
À ces enfants qui traînent au sortir des écoles et qui restent là à jouer, encore, un peu, "s'il te plait, il fait si jour..."
À ces plantes qu’on arrose, qu’on nourrit, qu’on observe d’un œil sourcilleux...  « Va-t-elle enfin repartir, celle là ?  Allez vas-y, quoi, fais ta belle, démarre...» 

Alors voilà à qui ça tient.
À ces petits riens, qu'on perçoit, qu'on devine mais qui vont bien finir par nous éclater aux visages. On le sent, il est là, il se retourne, il s'éveille doucement, il s'étire, il se lève, il revient, et  franchement, franchement qui songerait à s’en plaindre ?

À ces quelques notes joyeuses, chantées par Léo Ferré, entendues, qui venaient du coin d’la rue, fêtant les coquelicots,  les lilas mauves et puis les blancs… 


C’est l’printemps...


2 commentaires:

Brigitte a dit…

Oui il est là et la samaine s'annonce avec un beau soleil !
Belle semaine Chri

chri a dit…

@ Brigitte Merci à vous Brigitte! Et à vous aussi.

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