11 mai 2016

L'odeur et les goûts.

Pour Les impromptus littéraires de la semaine. Il fallait débuter le texte par l'incipit:
Un étrange parfum flottait dans les couloirs ...

___ C’est pas mal comme début, c’est bien, même, mon chéri, on est plongé dans une ambiance, on a la curiosité piquée, mais quel est donc ce parfum se dit-on. On a envie d’en savoir davantage, c’est bien, tu as avancé…Bravo, je te félicite ! Du reste, si tu me permets, puisque tu me demandes, je trouve qu’on a une indication un poil trop précise si tu emploies parfum, tu nous guides vers un point plutôt désigné, ne vaudrait-il pas mieux, pour commencer, parler d’odeur, ça reste plus diffus, plus vaste. Un parfum déclenche toute une série d’images, on est dans le plaisir, la finesse, le subtil alors qu’une odeur nous laisserait dans le mystère, Non ? Qu’en  penses-tu, toi ?
___ Heu, je ne sais pas.
Et puis, cet « étrange », là qui vient. Ce qui est étrange c’est ce qu’on ne connaît pas donc « inconnu » me paraîtrait bien, aussi. Pourquoi étrange ?
Et, dis, excuse moi deux secondes, mon amour, c’est bien « flottait » que tu as écrit ? Un parfum, une vapeur qui « flotte » je ne sais pas pourquoi mais moi, ça freine, ça me fait sortir du truc, toi, ça ne te dérange pas plus que ça ? C’est peut-être moi. Qu’une odeur soit posée au-dessus de quelque chose et qu’elle ne s’y enfonce pas, ça ne te semble pas bizarre ?
Le contraire de couler en somme ? Un parfum ne coule pas, il flotte ?
___ Tu en es là ? C’est une façon de parler, je veux dire qu’il se répand comme une trace d’huile sur une surface.
___ Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux qu’elle plane, ton  odeur… Elle serait dans l’air, diffuse, presqu’imperceptible, elle volerait autour des choses et des gens comme une nappe de brouillard, sans réelles limites, sans début ni fin, elle serait là autour mais sans contours… À toi de voir, c’est toi l’écrivain… Pendant que j’y suis, tu comprendras que je ne dise trop rien des couloirs mais là encore ça nous entraîne vers quelque chose d’assez précis, si tu parlais de pièce, de maison ou mieux de bâtisse tu resterais davantage dans le vague, le suggéré, le mystérieux…
Aussi, écoute, ta première phrase deviendrait :
Une odeur inconnue planait dans la bâtisse…
___ Qu’en dis tu ?
___ J’en dis que c’est dans un couloir que ça se passe, que ta phrase ne ressemble à rien, qu’elle est moche, qu’elle ne sonne à rien. Pire qu’elle chante faux.
Avant de lui asséner le mot de grâce, il l’a regardée droit dans les yeux et lui a envoyé :

___ Dis, Amour, tu joues à quel jeu?  
Tu vas me disséquer tout le bouquin de cette manière ou bien je t’aurais étranglée avant ?


22 commentaires:

Anonyme a dit…

Elle le mériterait bien ! :) Comme l'Hélène d'Althusser trop fort :)

Papy René

chri a dit…

@ Papy Il a dégainé son 49.3, lui aussi.

Pastelle a dit…

Excellent. :)
Non non, pas l'étrangler. Changer de femme !

chri a dit…

@ Pastelle Oui, aussi! :-)

Brigitte a dit…

Hé hé... retrouver le goût de l'odeur, pas facile hein !!!
Changer de femme mais pourquoi ?

chri a dit…

@ Brigitte On a l'air de la trouver... pointilleuse!

véronique a dit…

alors là ! vous êtes fort Christian ... le défi chaque fois semble se transformer en routine dites moi ! ça semble être si facile d'écrire quand on vous lit !
bref ! celle ci je l'aime bien.

Et puis quelle emmerdeuse ! qu'elle essaie donc... une fois !

chri a dit…

@ Véronique Oui, jetez vous à l'eau, non pas emmerdeuse!

Tilia a dit…

"Un étrange parfum flottait dans les couloirs"
- C'est un bon début, ça. On pense tout de suite aux couloirs d'un établissement scolaire, ou bien d'un hôpital.. ou même du métro.
- Du métro ! tu as raison c'est plus intéressant. Plus mystérieux qu'un hôpital, ou qu'un lycée, dans lesquels on imagine vite de quel parfum il peut s'agir ! Merci, merci ! Allez, je recommence.

Un étrange parfum flottait dans les couloirs du métro. C'était la première fois que je changeais de ligne dans cette station et le trajet n'en finissait plus. Les plats succédaient aux dénivelés et le parcours s'allongeait toujours. De petits escaliers, tantôt montant, tantôt descendant, alternaient avec des portions de couloirs tournant tantôt à gauche, tantôt à droite. Malgré toute la distance parcourue l'odeur bizarre, qui m'avait assaillie sur le quai en descendant de la rame, persistait. J'avais même l'impression qu'elle s'intensifiait. Allais-je finir par rencontrer sa source ?
Toute occupée à suivre ce curieux mélange de clou de girofle, de bergamote et de chocolat qui flirtait gentiment avec mes narines, voilà que j'étais totalement perdue dans le dédale des couloirs de la station. J'avais dû louper plusieurs fois les panneaux indiquant la direction de ma correspondance et à présent, c'est à vue de nez que j'avançais...

chri a dit…

@ Tilia Oui, c'est bien! Dépéchez vous il vous reste quarante minutes pour l'envoyer!!!

impromptuslitteraires@gmail.com

véronique a dit…

vous voulez que j'essaie d'écrire ... non, non, non ! je ne sais faire que des courtes phrases ! et encore, aucune suite dans les idées !

( on me l'a déjà dit vous savez que j'étais une emmerdeuse ! et j'ai pas aimé du tout, du tout ! mais ce devait être sous le coup de la colère ! mais peut être l'étais je aussi ... en colère ! ) c'était juste une petite parenthèse Christian :o)

véronique a dit…

@ Tilia
c'est vachement bien dites donc ! je l'aime bien aussi votre histoire !

Nathalie H.D. a dit…

Je pense que Tilia est mûre pour les impromptus, et qu'il est indispensable de dégainer son 49.3 quand on a une épouse castratrice.
Non que les deux éléments de ma phrase aient le moindre rapport entre eux.

chri a dit…

@ Tilia Ah nous sommes d'accord pour Tilia! La semaine qui vient, le texte doit débuter par: C'est bien la dernière fois..."

@ Véronique Ça ne peut pas faire plaisir d'être appelée ainsi... même si c'est justifié, parfois on peut tous être perçu comme l'étant à un moment

Tilia a dit…

C'est bien la première fois que l'un de vos articles disparait subitement avant que j'ai eu le temps de donner mon avis et j'espère que c'est aussi la dernière !...

Merci pour la tentation de l'attente et bonne fin de semaine, Chri

chri a dit…

@ Tilia: -:)!!!

Anonyme a dit…

une chose est sûre, un parfum qui flotte, ou des remugles qui persistent, ça évoque pas tout à fait les mêmes images. Il faut choisir, la romance ou la politique.
Marie.

chri a dit…

@ Marie on a connu des choix plus difficiles!!!

Nathalie H.D. a dit…

Je suis revenue te relire. Ta chute est bien compréhensible mais je trouve bien étonnant d'avoir "amour" et "étranglé" dans la même phrase. Il va peut-être falloir que ton héros repense sa vie de couple...

chri a dit…

@ Nathalie Ces deux là s'aiment pour entendre ce qu'ils se disent! On peut dire à quelqu'un qu'on aime: Je vais t'étrangler, surtout si on ne va pas le faire!

Nathalie H.D. a dit…

Hmmmm, je veux bien te croire. Les fonctionnements des couples sont des choses bien étranges.

PS - ah, il fallait laver les cerises !!?!!! Tu as sûrement raison, surtout qu'il y a la vigne juste à côté et je ne crois pas qu'elle soit bio! Mais je n'y ai pas pensé un seul instant. Heureusement que j'en ai mangé très peu. Ah la vie est bien triste, si on ne peut même pas grappiller trois cerises sans flipper !

chri a dit…

@ Nathalie Le plaisir vaut bien le risque d'une petite courante!!!

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