22 juin 2017

Entre nous soit tu.

Je ne savais pas d’où c’était venu mais depuis quelques semaines, je sentais que je l’agaçais. Elle essayait encore de me le cacher ou de s’en défendre mais quand elle je l’appelais le plus gentiment du monde elle ne pouvait s’en empêcher. Ainsi quand je lui susurrais mon petit chat… J’entendais répondre dans sa barbe : mon pauvre vieux. Et aussitôt je lui en voulais.
De me mentir et de penser que je ne me rendais compte de rien. C’est dire si nos rapports se tendaient.
Nous n’étions d’accord sur à peu près rien. Sauf peut-être un endroit : Nous nous rejoignions sur nos désaccords mais sans encore rien nous en dire. Nous étions dans l’agacement, cette période étrange et injuste ou rien absolument rien de ce que fait, pense, décide l’autre ne provoque en nous un sentiment bienveillant.
Ce que j’avais remarqué bien nettement c’est, qu’auprès d’elle, tous mes points forts étaient petit à petit devenus des faiblesses. De gentil, j’étais passé à trop gentil. De drôle, voire léger, j’étais devenu superficiel, peu profond, de prévenant, j’étais passé à volontiers collant, pégueux… J’avais beau trouver ça d’une injustice terrible, c’était ainsi. Ça ne faisait pas mes affaires ni ne les arrangeait mais la bascule avait eu lieu. Tout ou presque de ce qui l’avait séduite au début, tout ce qui, en moi lui avait plu devenait peu à peu une tare lourde à porter, une source de reproches infinie, une infamie dont j’avais de plus en plus de mal à me défaire et tous mes efforts étaient pathétiques puisqu’ils ne contribuaient qu’à m’enfoncer. Plus je tentais d’opposer la bienveillance à ses ressentiments plus elle me trouvait insupportable et n’hésitait plus maintenant à montrer son agacement d’une manière évidente. C’est comme ça qu’elle ne supportait plus aucune de mes caresses et, à l’éloignement commençait à ajouter le regard noir ou même le geste furtivement agressif. 
Quand je lui donnais ses croquettes, elle ne se frottait plus à mes jambes mais semblait trouver mon geste juste normal. Il n’y avait plus, de sa part,  ces remerciements effusifs autrefois frottement démontrés. Elle s’y penchait dessus, les boulottait et son affaire faite, s’en allait sans un regard, ni pour moi ni pour sa coupelle désormais vide.
Il me fallait m’y résoudre, notre lien, autrefois si puissant, si fusionnel battait bien de l'aile et n’était plus devenu que du simple commerce:
Finis les câlins, les ronrons. Entre nous c'était le minimum. Je la nourrissais, elle me débarrassait des mulots du garage. 


Et encore! 
J'avais remarqué, là aussi, qu'elle y mettait un poil moins de coeur qu'il y a seulement quelques mois...


10 commentaires:

*Terre indienne* a dit…

Très bien amené, je me suis reconnue, je suis donc une féline?

chri a dit…

@ *Terre indienne* Ah ça, je ne sais pas mais qu'en pensez vous, vous? Merci pour le très bien amené... :-)

*Terre indienne* a dit…

Je pense que le désir, d'une femme pour un homme, n'est pas contrôlable, ni celui d'un homme pour une femme. Que par contre, grâce à la pratique bienveillante de deux êtres de bonne volonté, le désir de grandir ensemble, par exemple à travers des techniques de massage ou de yoga ou encore, plus à la mode, l'amour tantrique, le désir peut être entretenu. Malheureusement, peu d'hommes sont d'accord de se mettre "au travail" dans les choses de la vie. (danse, yoga, sexualité tantrique) Ce que je vois autour de moi est qu'ils préfèrent que les choses tombent toutes crues et dans la spontanéité dans leur assiette. Les femmes de mon entourage et moi-même, nous nous sentons très seules dans notre quête d'harmonie féminin-masculin. Tout cela est bien subjectif.... Pour les chats femelles, et les croquettes, je ne sais rien.

chri a dit…

@ Terre indienne Pour les connaître quand même mieux que les femmes, je serai assez d'accord avec vous sur la relative fainéantise des hommes et ce contentement, dont ils peuvent se satisfaire. L'exigence est féminine et ce sont du reste très souvent elles qui prennent si je peux dire le taureau par les cornes et qui engagent la rupture. Elles sont plus au fait du "dur désir de durer"...

chri a dit…

Avec brio, Marie Pierre Cherouot a écrit:


"Quand le chat se fait greffier, le juge n'est pas loin !"

Brigitte a dit…

Belle comparaison avec une femme je trouve... sauf qu'une femme ne mange pas de croquettes ! Mais elle peut être très féline c'est certain .
Belle fin de semaine

chri a dit…

@ Brigitte Pas de croquettes mais des cracottes, oui!
Bonne fin de semaine aussi.

Tilia a dit…

Un chat très âgé(e) - une chatte, en l’occurrence - peut devenir Alzheimer. Hélas !

Pastelle a dit…

Oui mais c'est rarement à sens unique.
En tout cas bien amené je m'y suis laissée prendre. :)

chri a dit…

@ Pastelle J'en suis bien content!!!

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