20 octobre 2017

Et toi?

Bien sûr, il y eut ces douces soirées s’éternisant, aidées par la pâleur roucoulante de vins frais…

Bien sûr, il y eut ces instants de partage sous le silence infini des étoiles tremblantes…

Evidemment, nous nous sommes étonnés de ces chaleurs étouffantes et nos pas plombés nous ont porté, les fins de journée, vers des eaux espiègles, galopantes et fraîches…

Oui, oui, nous avons passé de jolies soirées dans les salles de spectacles de cette ville en fête dont certaines sous un ciel de pépites... Je pense à tous les mirages de ce cirque…
Oui, avec les amis de passage, il y a eu quelques débuts de nuit peu sages, seul, le son éparpillé des bouteilles vides permet encore de s’en souvenir…
Bien sûr, je t'ai aperçue deux ou trois fois, de dos, dans le magma d'une foule assise à une terrasse ou dans le reflet opaque d'une vitrine mais... Malheureusement ce n'était pas toi...
Oui, oui, il nous est arrivé de nous endormir dans le creux accueillant d’un hamac multicolore et surtout doux et parfois même en dehors des heures légales de sieste…
Oui, encore oui, nous avons bu des apéritifs au sortir des petits déjeuners, juste après avoir secoué les nappes et poussé les bols…
Bien sûr, il y eut ces bains interminables dans des piscines nouvelles endimanchées par les ferveurs des capucines...
Bien sûr, nous avons mangé des poissons grillés… plus que de raison … entre boire et mal cuire nous avions choisi…
Oui, toujours oui, nous sommes allés nous asseoir aux couchants, face aux paysages pyromanes en train de se mettre en flammes. Alors que  c’est aussi dans nos yeux et nos âmes qu’il était l’incendie à éteindre…
Oui, nous avons parlé fort autour de certaines donnes de cartes devant l’insolente chance des uns et la terrible déveine des autres, la roublardise maudite des uns, la maladresse insigne des autres…
Oui, nous nous sommes repus de salades estivales dans des bouges de travers à des heures impossibles…
Bien sûr, nous avons croisé le sillage de beaux humains et navigué dans les eaux de belles humaines ce qui nous a même fait dire qu'il suffirait de pas grand chose pour qu'on se sorte enfin de tout ce grand merdier...
Bien sûr, nous nous sommes trempés les pieds, les chevilles et les jambes dans des fraîcheurs courantes entrevues à l’ombre noire des sous-bois de rencontre…
Evidemment, nous avons stupidement pesté contre la stupidité de tous ces autres, d'être là, au même endroit que nous, au moment où nous y venions….
Oui, nous avons passé du temps à l’ombre de grands arbres sur des places animées à parler de tout, et même de rien, enfin juste à nous en dire.

Et que la légèreté, en fin de compte, ça pèse son poids…

Oui, nous avons eu des envies de valises pour des bouts de monde de préférence inconnus mais finalement pourquoi partir ailleurs alors qu’il est si facile d'être aussi mal en restant ici ?

Evidemment, durant ces jours, nous avons enfoncé davantage de portes ouvertes que prononcé de phrases impérissables...
Bien sûr, nous nous sommes dit qu’on ne nous y prendrait plus et que les prochaines seraient différentes, qu’il fallait nous croire sur parole… Sur parole de vent...

Evidemment, j’ai souvent pensé à ce que tu pouvais faire à l’instant même où je faisais quelque chose que d’ordinaire il nous arrivait de faire ensemble…

Et toi, si loin, si Nord, toi qui ne me lis plus, qui ne me dis plus, à qui je ne dis plus, que je ne vois plus, toi, que je ne sais presque plus, dont je commence à oublier le son de la voix, qu’en as-tu fait des  longs mois de cette année sans nous, là haut, dans cette contrée de malheur ?

D'un mot ?


2 commentaires:

M a dit…

J'hésite entre nostalgie et mélancolie. La première et ses promesses de douleurs, la seconde et ses espoirs de bouquets de jolies fleurs si fragiles. La vie se charge parfois de la métamorphose et ceçakebo!

chri a dit…

@ M Une nostalgie mélancolique... mais pas trop? Comme une mélancolie gaie?

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