09 juin 2021

De loin.

Fatu Hiva. Archipel des Marquises. (10°29’08 35" Sud 138°29’59 58" 0uest)

 

Monte la lueur d'un feu immense dans la vallée. Son reflet derrière la crête, lèche la couronne de nuages, des rosés, des pourpres, des orangés ; c'est l'aube, au dessus du village la montagne toute entière, bientôt, brûlera. 

On appareille dans une heure. Cap sur Hiva Oa, 45 milles dans le nord ouest. On a besoin d'une bonne connexion pour régler la dernière phase de vente de notre appart. Mais on reviendra ici, à Fatu Hiva, en juillet j'espère. Cette île est à part, loin dans le temps, foisonnante ; en trois semaines, on a fait que l'effleurer. Les 17 kms de marche tout en dénivelés reliant les 2 villages, n'y ont pas suffi. C. y voit encore des séances de yoga dans la forêt ; d'y planter aussi son chevalet. Et il y a André qui m'emmènera à la chasse, trois jours de bivouac en montagne, pour me remercier d'avoir - avec un copain de bateau- réparé son fusil 22 Long Rifle cassé en plusieurs morceaux lors d'une chute. (Toujours avoir bout de mousse à tailler pour recréer une crosse, avec un pot de résine et de la fibre de verre). Sauver un fusil, ici, c'est presque sauver une vie. Il nous a déjà apporté un plat de viande de chèvre et de coq, cuisiné avec du riz et du fruit à pain. Et des kilos de mangues, citrons, oranges, pamplemousses, plus un régime de bananes. 

Il y a Hubert, le fils de l'épicier, qui a mal aux oreilles sous l'eau, à qui j'ai promis une initiation à l'apnée. Il nous a déposé une carangue de trois kilos, pêchée dans la baie, à 100m du bateau. Et Sissi et Simon, couple de sculpteurs, qui nous ont fait sur mesure des manches de couteaux, un croc et une matraque à poisson, une râpe à coco en Aito, le bois de fer, et nous ont offert des fruits et un quartier de porc sauvage capturé au piège deux jours auparavant. On lui a donné du cordage pour sa barque de pêche et les pièges. C'est son fils surtout, qui maitrise cette chasse, et comme c'est le meilleur copain d'Hubert ....

Puis d'autres qui ont des terres dans des vallées dont eux seuls connaissent l'accès, et qui, avec du temps, racontent leur histoire. Tous sont pêcheurs, chasseurs, sculpteurs sur bois, pierre, os. L'un des meilleurs, Piri, le mari de l'institutrice, à qui on a commandé une tortue et deux plats en bois de rose, est un excellent plongeur. "Quand tu reviens, on ira ensemble" a-t-il dit en roulant les "r" et en nous remplissant le sac de papayes.

À Christian, j'ai prêté une de mes perceuses ; puis je lui ai laissée, contre une herminette magnifiquement sculptée et un Tiki en pierre fleurie que Catherine a choisi. Il trône dans le carré en protecteur du bateau. Le lendemain, Christian m'emmenait à la pêche, me montrant ses leurres, ses montages de lignes à 90 ou 200 kg selon que bonites ou tazars. Je sais maintenant pourquoi, trop souvent, mes lignes cassent. Ce soir là, on a eu du poisson pour 3 jours.

Bref, ça ne fait que commencer.

 

à plein bras,

Martial  

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