C'est dès leur entrée dans le Pub Peel, celui avec des écrans géants sur tous les murs, qui était au coeur de Montréal mais qui aurait pu être partout ailleurs dans le monde, que j'ai su que les deux, là, qui se pointaient, en tapant des pieds pour se débarrasser de la neige, allaient profondément m'agacer. Ca n'a pas loupé.
Dehors, les flocons tombaient comme des appels au calme à l'ONU ou des bombes sur la Palestine et des roquettes sur Israël. Il neigeait dru. Je m'étais assis à une table près d'une fenêtre pour profiter du spectacle des rues s'empoudrant. J'avais échoué là parce que j'étais fatigué, j'avais faim, je voulais me poser. Je venais de faire, à pied, le tour complet du Mont Royal en partant du Plateau, en montant par la route et redescendant par le chemin Imolstead, puis la rue Peel, c'est dire si j'en avais abattu des miles.
Du reste, je vous recommande la balade. Vous y verrez apparaitre, vers la fin, depuis ce chemin de forêt, où des écureuils viennent vous sentir le doigt, où des jeunes gens courageux y pratiquent le ski de fond, de derrière le rideau d'arbre, tel un gigantesque vaisseau fantôme, les tours vertigineuses d'une masse comparable à celle d'un New York savoyard...
Un vrai grand choc.
Je n'avais pas choisi ce pub là en particulier, je n'en connaissais aucun autre.
Qu'il y ait eu de la lumière à l'intérieur m'avait suffi.
Très peu après mon entrée, dès que je me suis épelé des épaisseurs accumulées, pour tenter de lutter contre le froid, puis assis, exténué, rougi, transpirant par ces efforts supplémentaires un verre d'eau claffi de glaçons s'était pointé sur la table...
Une plaisanterie? Non, une coutume.
Et, c'est là qu'ils sont entrés et qu'ils n'ont évidemment pas trouvé d'autre endroit où s'asseoir qu'à la table d'à côté...
Un jeune couple, grand, les deux, beau, les deux, mais surtout elle... Une trentaine resplendissante, pas un gramme de maquillage, fine comme un mannequin anglais, le visage un peu pâle, diaphane, une nostalgie dans le sourire, des yeux, deux, très vifs, rieurs et tristes à la fois, un regard profond. Et des mains, deux, d'une extrême finesse avec de longs doigts très expressifs. Lui, un grand brun légèrement frisé avec de grands yeux bleus hollywood, une bouche à mâcher du chewing gum, une voix à faire de l'ombre a Barry White... Ils étaient habillés, classe, les deux, visiblement du chic haut de gamme mais sans clinquant, du chaud, du confortable, du léger tendance soie cashemere, vous voyez? Du créateur japonais, boutique à Manhattan, certainement. Loin du Quetchua de banlieue...
Pas une once de fatigue ne se lisait sur leurs visages, pas même une petite rougeur causée par le vif du froid, ils étaient souriants, gais, semblant heureux d'être là, d'y être ensemble... Assis, ils se sont séparés de leurs petites écharpes fashion, de leurs petits bonnets marrants, qui leur allaient si bien, ils ont sorti de leurs poches les derniers modèles de téléphone à touches sensibles et japonaises, ils ont consulté leurs mails en sirotant chacun leur morceau de banquise...
Ce qu'ils m'ont agacé ces deux là! Leur genre "Yes we can Ada...", leur côté jeunes niouyorkais chouchous des fées, en vadrouille dans le "so exotic montewéal, so kioute, so old..." Old, tu parles, le plus jurassique des plus vieux immeubles date du 18 ème...
Quand ils ont attaqué leurs steacks noyés dans une sorte de sauce rouge vif et leurs paquebots de frites, l'agacement est monté d'un cran...
Une seule chose nous a épargné l'affrontement: Ils étaient américains ET amoureux, ainsi, Ô Joie d'calice, je n'allais rien comprendre des niaiseries mielleuses qu'ils ne manqueraient pas de s'échanger en pouffant...
Parce que je me battais avec une mini salade Caésar pour anorexique nain?
Parcequ'ils étaient deux ensemble et que j'étais un tout seul?
Les deux, sans doute!
Pénibles...
Quand ils ont attaqué leurs steacks noyés dans une sorte de sauce rouge vif et leurs paquebots de frites, l'agacement est monté d'un cran...
Une seule chose nous a épargné l'affrontement: Ils étaient américains ET amoureux, ainsi, Ô Joie d'calice, je n'allais rien comprendre des niaiseries mielleuses qu'ils ne manqueraient pas de s'échanger en pouffant...
Parce que je me battais avec une mini salade Caésar pour anorexique nain?
Parcequ'ils étaient deux ensemble et que j'étais un tout seul?
Les deux, sans doute!
Pénibles...
2 commentaires:
D'où l'on conclue que quand la barrière de la langue nous met en train, c'est un passage à niveau.
(Bon, d'accord slevtar .. mais on est qu'en janvier, faut s'échauffer un peu).
Slev... Gaffe la surchauffe est frisée...
Chriscot.
Enregistrer un commentaire