16 mars 2009

Noir pétrole.











C’était un jeudi soir. Un jeudi de Novembre. Le vingt du mois. Je m’en souviens pour d’autres raisons. J’avais pris des places deux bons mois avant, pour être certain d’en avoir, pour pouvoir le fêter là et n’en plus parler. Il n’y a pas de quoi se réjouir de ces moments là, on n’y est pour rien. On ferait mieux de fêter les évènements pour lesquels on est un peu responsable.

Qui a dit qu’on ne ferait jamais la fête, si c’était ça ?
Ce n’est pas tout à fait exact. Pas tout à fait faux non plus, tu me diras…
De plus, je ne voulais pas manquer son passage dans le coin. J’avais entendu parler du mal qui l’atteignait et contre lequel il se battait. En chantant. Entre parenthèses , s’il fallait en convaincre certains qu’une ou deux chansons peuvent devenir des armes redoutables, ils n’avaient qu’à le voir faire. Qu’il était beau, qu’il était émouvant… Comme une porcelaine dans une boutique d’éléphants… Comme un cristal de bohème sur un chantier d’autoroute, un coquelicot au chemin des Dames…
J’aurais donné cher pour être une pilule, un sirop, un pansement, une pommade, un anti quelque chose, moi aussi, un peu comme tous ceux qui étaient là. Après avoir fait la queue une bonne heure dans la nuit congelée par un mistral qui faisait son voyou en nous donnant de furieux coups d'épaules, nous sommes entrés dans la salle comme on entre en cathédrale. Puis, la nef bondée, le noir fait, IL est arrivé, comme un roseau penchant. Un roseau malingre et élégant et il s’est mis à chanter. En trois temps, deux mouvements de ses mains dessinantes, il nous a emportés.
On a, j'espère comme lui, oublié cette saloperie qui le minait. Il nous a choppé l’âme et ne nous a plus lâchés jusqu’à ce : "Faites de beaux rêves…" bienveillant dont il nous a couvert les épaules…

Malade ? Mais, ce soir de magie, qui nous l’a passée la pommade, qui nous l’a injecté l’elixir, qui nous les a servis, les vers, qui nous a apaisés, qui nous a réparés? Qui nous a bordés? Malade ? Lui ? De quoi donc ? D’où ?

L'escroc! Ce soir là, le vingt de Novembre deux mille huit, dans la banlieue d’Avignon, un soir de mistral gelé, un soir de bougies à souffler, ce n’était pas du pétrole qu’il nous a versés, c’était du coeurosène…


Aujourd'hui, alors que les réservoirs sont, depuis peu, tristement à sec, ça donne encore...

7 commentaires:

Véronique a dit…

çà donne que tous nous mourrons et qu'il faut faire sans

( quelle chance vous avez eu de le voir, vous ! moi pas )

chri a dit…

Oui, de la chance...

Anonyme a dit…

C'est beau, Chriscot.
Oui, une porcelaine .Madame rêve...

Anonyme a dit…

ça donne encore des montagnes de questions, où subsitent encore son écho... mais il avait prévenu, aux équinoxes, il arrive que je penche. Ben voilà, s'est trop penché sur celui là.

Anonyme a dit…

comme j'aurai aimé y être, mais ton "coeurosène" me console un peu.
slev

coquelicot a dit…

oui quelle chance vous avez eu d'avoir pu y aller et de l'avoir rencontré pour un moment que j'imagine "magique" comme un instant d'éternité... osez, osez Joséphine car madame (en) rêve de résidents (conscients) de la (vraie) république ;-)

Bien à vous "Mrs" Chriscot et Bachung ...
Bon voyage... à lui dans l'éternité et à vous aussi en ce printemps revenant enfin !

Merci de nous offrir de si jolis mots pour un aussi grand personnage, une si belle âme... merci à vous vraiment et aussi (car votre "coeurosène" me console un peu aussi !)

chri a dit…

Slev Coq: Un merci à vous deux!

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